Saint Léger - La Légende Dorée

de Jacques de Voragine
nouvellement traduite en français
avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources
par l'Abbé J.-B. M. Rozé
Chanoine Honoraire de la cathédrale d'Amiens
Edouard Rouveyre, Editeur, 76 Rue de Seine, Paris MDCCCCII
(1902)

 

 

"La Légende dorée" ("Legenda aurea" en latin) est un ouvrage rédigé en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, qui raconte la vie d'environ 150 saints ou groupes de saints, saintes et martyrs chrétiens, et, suivant les dates de l'année liturgique, certains événements de la vie du Christ et de la Vierge.

 

Tiré de ses actes écrits par des auteurs contemporains :

 

"Saint Léger était orné de toutes les vertus, quand il fut promu à l’évêché d'Autun.
A la mort du roi Clotaire, il fut étrangement accablé par le soin des affaires du royaume; mais, par la volonté de Dieu et de l’avis des seigneurs, il établit roi Childéric, frère de Clotaire, jeune homme d'une haute capacité.
Ebroïn, de son côté, faisait tous ses efforts pour élever sur le trône Thierry, frère de ce Childéric ; ce n'était pas l’intérêt de l’Etat qui l’animait, mais c'est qu'ayant perdu le pouvoir et s'étant attiré la haine de tous, il avait à redouter la colère du prince et des seigneurs.

 

 

 

 

 

 

 

statue-reliquaire de saint Léger, en bois polychrome,
dans la petite église St Léger de St Léger sous Margerie (Aube)

 

Ebroïn effrayé entra dans un monastère, après en avoir demandé l’autorisation au roi.
Quand elle lui eut été accordée, Childéric mit son frère Thierry sous bonne garde, de peur qu'il ne machinât quelque complot contre le royaume, et, grâce à la sainteté et à la prévoyance de l’évêque, on jouit généralement d'une paix merveilleuse.
Peu après cependant, le roi, entraîné au mal par de mauvais conseillers, conçut une haine tellement profonde de l’homme de Dieu, qu'il s'attacha à chercher l’occasion et les moyens de le faire mourir.

Or, l’évêque, qui supportait tout avec douceur et qui accueillait ses ennemis comme s'ils eussent été ses amis, s'arrangea avec le roi pour qu'il célébrât la fête du jour de Pâques dans la ville dont il était le prélat.
Et, cette nuit-là même, on lui dit que le roi avait décidé de mettre à exécution, précisément dans la nuit de Pâques, ses projets de mort contre sa personne.
Mais le saint, qui ne craignait rien, dans ce même jour avec le roi, échappa à son persécuteur en allant servir le Seigneur dans le monastère de Luxeuil, où il rendit les services de la charité la plus attentive à Ebroïn, qui y vivait caché sous l’habit monacal.

 

statue de Saint Léger, en bois,
dans l'église St Léger de Lommerange (Moselle)

statue de Saint Léger sur le fronton
de cette même église - début du XVIe siècle

 

Peu de temps après, le roi mourut, et Thierry fut élevé sur le trône. Ce fut à cette occasion que Léger, touché des larmes et des prières de son peuple et forcé par les ordres de l’abbé, retourna à son siège.
Aussitôt encore, Ebroïn jeta le froc et fut établi sénéchal du roi. S'il avait été méchant auparavant, il devint bien pire après ; aussi employait-il tous les moyens pour parvenir à faire occire saint Léger.
Des soldats furent envoyés pour le prendre, et quand Léger le sut, il céda à leur fureur, et au moment qu'il sortait de la ville, revêtu de ses habits pontificaux, les soldats se saisirent de sa personne et lui arrachèrent aussitôt les yeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

saint Léger à Oyonnax (Ain)

 

Deux ans après, saint Léger fut amené au palais du roi avec son frère Garin, que Ebroïn avait exilé.
Comme il répondait avec calme et sagesse aux insultes d'Ebroïn, cet impie ordonna que Garin fût écrasé à coups de pierres, et que le saint évêque fût mené une journée entière, nu-pieds, dans le lit d'un fleuve qui roulait sur des pierres très aiguës.
Mais apprenant qu'au milieu de ces tourments, saint Léger louait Dieu, il lui fit couper la langue ; après quoi, il le confia à un gardien vigilant, dans l’intention de le réserver à de nouveaux supplices. Cependant, le saint évêque né perdit pas l’usage de la parole, matis il prêchait et exhortait comme il le pouvait ; il prédit encore à quelle époque et de quelle manière Ebroïn et lui mourraient.

 

Tympan de l'église St Léger de Guebwiller (Haut-Rhin)
Il est sculpté d’une représentation du Christ, entouré de la Vierge et de Saint Léger.

 

Alors, une lumière immense en forme de couronne entoura sa tête ; beaucoup de ceux qui en furent les témoins lui demandèrent ce que c'était. Mais le saint, après s'être prosterné en prières, rendit grâces à Dieu et avertit tous les assistants d'améliorer leur conduite.
Quand Ebroïn fut instruit de cela, il envoya de colère quatre bourreaux auxquels il donna l’ordre de couper la tète à saint Léger.
Or, pendant que ceux-ci le conduisaient, il leur dit :
"Vous n'avez pas besoin de vous fatiguer plus longtemps : accomplissez ici les voeux de celui qui vous a envoyés."
A ces mots, trois d'entre eux furent tellement touchés qu'ils se jetèrent à ses pieds, en lui demandant pardon ; mais le quatrième, après l’avoir décapité, fut aussitôt saisi par le démon, et termina misérablement sa vie en se précipitant dans le feu.

 

statue de saint Léger
dans l'église Saint Léger de Lens
(Pas de Calais)

vitrail représentant saint Léger
dans cette même église

 

Deux ans après, Ebroïn apprit que le corps du saint homme opérait de nombreux et éclatants miracles ; toujours rempli d'une misérable jalousie, il envoya un soldat afin de savoir par lui ce qu'il y avait de vrai en ce bruit.
Or, ce soldat orgueilleux et insolent ne fut pas plus tôt arrivé qu'il frappa du pied la tombe du saint, en s'écriant :
"Meure celui qui pense qu'un mort puisse faire des miracles !"
Mais il fut bientôt saisi par le démon et mourut subitement.

Cette mort rendit encore le saint plus célèbre. A ces nouvelles, Ebroïn, de plus en plus outré d'envie, prit tous les moyens d'étouffer la renommée de saint Léger ; mais, selon que celui-ci l’avait prédit, cet impie périt traîtreusement par le glaive.

Or, saint Léger souffrit vers l’an du Seigneur 680, du temps de Constantin IV."

 

 

 

 

 

 

 

saint Léger en bois polychrome - XIIe siècle
portant un livre dans la main gauche
aube à capuchon et chasuble gothique
église saint Amet de Nizon (Finistère)

 

Source : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/index.htm
sur le site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais (Suisse)
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/

 

 

 "Vie de Saint Léger, Evêque d'Autin"
par un moine de St Symphorien d'Autun qui vécut auprès du saint
La Vie de Saint Léger, évêque d'Autun
vers 980 - manuscrit de la bibliothèque de Clermont-Ferrand
 "Saint Léger - La Légende Dorée"
de Jacques de Voragine, nouvellement traduite en français - 1261-1266
 "De St Léger, évêque et martyr", par le R.P. Simon Martin
Les Nouvelles Fleurs des Vies des Saints - 1654
 "Saint Léger - 2 octobre"
Les Vies des Saints - 1724
 "Histoire de saint Léger, évêque d'Autun et martyr"
par le R.P. Dom Pitra - 1846
 "Saint Léger - son martyre - sa première sépulture à Lucheux"
par l'abbé Théodose Lefèvre - 1884
 "saint Léger, évêque d'Autun, martyr"
Imprimeur E. Petithenry, Paris - vers 1900
 "Vie de Saint Léger"
par le R.P. Camerlinck, de l'Ordre des Frères Prêcheurs - 1906
 "Léger, d'Autun"
par
Dom H. Leclercq - 1929
"Eléments pour une étude sur la diffusion du culte de Saint Léger"
parue dans "la revue du Bas Poitou" tome IV - 1971
 "Saint Léger - fête le 2 octobre - 3 octobre"
La Légende Dorée d'Autun, par Denis Grivot - 1974
"Saint Léger", par Denis Grivot,
Maître de Chapelle Honoraire de la Cathédrale d'Autun
 La prédication sur Saint Léger faite à l'église protestante
de St Légier la Chiésaz (Suisse) - 1997
 
 "Saint Léger, évêque d'Autun et martyr"
2 homélies du Père Alexandre, St Léger sous Beuvray - 1998 et 2003
 "Saint Léger, porte-parole des élites bourguignonnes"
tiré du Journal de la Bourgogne - 2002
 "le bon et la brute" ou "Léger contre Ebroïn"
sur le très joli site "Auxonne, capitale du Val de Saône" - 2009

 

 

https://www.stleger.info