Nous
connaissons relativement bien la vie de Léger.
Il vivait à une époque qui, elle, était plus que
relativement sauvage : le VII° siècle.
Les successeurs de Clovis ayant donné l'exemple de la lutte
sans merci, les grands de l'époque les imitèrent.
Le seul élément stable venait de l'Eglise et
particulièrement des évêques.
En ce temps-là, pour avoir la paix dans une région ou
dans la ville, on nommait un évêque
célèbre par sa sainteté, ou son courage.
Il semble que Léger fut d'abord célèbre par son
énergie : il le devint plus tard par sa sainteté.
Il est facile de dire, comme le fait un historien
célèbre, que "la
piété populaire a transformé en saint un
évêque brouillon et agité"
; il est trop rapide
également de dire qu'il mérita la sainteté par
sa mort car s'il était mort d'un coup, on pourrait discuter,
mais il a mis longtemps pour mourir.
Sa mort a été une Passion, c'est autre chose qu'un fait
divers.
statue de saint
Léger du XVIe siècle, à St Léger du Bois
(71)
Le pouce, l'index et le majeur levés signifient : la force, la
tempérance et l'enseignement.
Léger était fils de famille.
Il devait arriver, il arriva.
En ce temps-là, on se faisait brigand ou moine. Chez les
moines, on rencontrait parfois des brigands, mais des saints
également. Chez les brigands, on rencontrait quelquefois des
saints.
Léger fut rapidement, peut-être trop rapidement.
abbé de Saint-Maixent. Il avait des appuis : pourquoi n'en
aurait-il pas eu ? Pourquoi n'en aurait-il pas profité ?
L'extraordinaire, dans la vie de Léger, c'est que,
arrivé à un poste élevé de la
cléricature, après s'être laissé
entraîner à des excès d'autoritarisme, il
étudia, à l'heure de la misère, sa situation, et
acquit l'esprit de son état. Il devint ce qu'il était :
un prêtre.
Attiré ou poussé à la
Cour, il fut le conseiller de la reine Bathilde : Saxonne vendue par
des pirates, elle mit de l'ordre en France en s'entourant
d'évêques.
Vers 663, Bathilde fit nommer Léger évêque
d'Autun, avec mission de continuer son rôle de conseiller.
On avait besoin, à Autun, de retrouver un peu d'ordre. Depuis
deux ans, il n'y avait plus d'évêque. Deux hommes
s'étaient disputé le siège épiscopal ;
l'un fut assassiné, l'autre envoyé en exil, et
après cette aventure les abus ne se comptèrent
plus.
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saint
Léger, Patron de l'église de Leulinghen-Bernes
(62)
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Léger commença par restaurer
les murs de sa ville, il embellit sa cathédrale qui tombait en
ruine et se mit en devoir de faire appliquer les Canons de la
Religion, à défaut de l'esprit :
"Ceux que la prédication ne ramena pas à la concorde,
la justice et la terreur les y forcèrent."
C'est un peu glacial pour un
évêque. C'est le premier aspect de la vie de
Léger : la religion imposée par la force et le
couteau.
Bathilde s'étant retirée, les
affaires se gâtèrent. Le conseiller officiel fut
désormais Ebroïn.
On a souvent opposé Ebroïn le brigand à
Léger le saint, mais à l'origine Ebroïn et
Léger se ressemblaient : ils utilisaient à peu
près les mêmes méthodes.
Ebroïn n'était pas encore un brigand et Léger
n'était pas encore un saint, mais Ebroïn devint un
brigand et Léger un saint.
Ebroïn avait son candidat : Thierry
III. Léger avait le sien : Childéric.
Ce dernier l'emporta : Thierry fut rasé et Ebroïn
envoyé au monastère de Luxeuil, en
pénitence.
Ebroïn ne devint pas évêque, mais, vous ne le
saviez peut-être pas, il prit l'habit monastique et fut
tonsuré ; il ne fut pas rasé, mais tonsuré -
c'est différent -
Ebroïn dans les Ordres, Léger est donc victorieux.
Les auteurs de Vies de Saints nous disent qu'il fut mal
considéré par Childéric parce qu'il lui
reprochait son mariage anormal. Les historiens, eux, nous disent que
Léger lassa tout le monde par sa dureté. Ils ont tous
raison.
Deux
statues du saint Léger
dans l'église de St Léger en Gaume
(Belgique)
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la
première,
à l'entrée
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près
du choeur,
une deuxième
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Une nuit de Pâques, à Autun,
Childéric, invité, refusa de venir à l'Office
à la cathédrale de Léger, la cathédrale
Saint-Nazaire. Mais il eut tort de boire.
Il eut peut-être raison car il donna à Léger
l'occasion de devenir un saint.
Il finit par se rendre à la cathédrale, mais il
était ivre : il poussa des hurlements, dans la
cathédrale, en plein office, mais comme il était le
roi, personne ne dit rien.
Voyant que personne ne disait rien, le roi crut qu'il n'y avait
personne et il sortit comme il était entré. Sa haine
contre Léger ne passa pas avec la nuit.
Léger décida de fuir : il partit, mais il fut vite
rattrapé, jugé et envoyé en exil à
Luxeuil, monastère, et là il retrouva Ebroïn,
moine.
Il pria à côté d'Ebroïn. Ebroin pria
à côté de Léger et lui promit une
amitié éternelle.
Childéric trouva le moyen de se faire
assassiner.
Du coup, Ebroïn, son ancien ennemi, sortit du
monastère.
Ebroïn prit la route d'Autun. Léger prit la route
d'Autun. Ils se suivaient à une journée de marche, le
moine précédant l'évêque.
L'évêque pénétra cependant le premier dans
Autun ; iI y fut très bien reçu.
Ebroïn commençait à regretter ses serments
d'amitié.
Léger reconnaît le roi Thierry. Il ne restait qu'une
chose à faire à Ebroïn : reconnaître un
autre roi. Il le fit en extirpant de l'ombre un certain Clovis.
Nous voilà revenus au même point qu'au début,
mais maintenant, Léger est décidé à
devenir un saint et Ebroïn un brigand.
Il envoie une armée sur Autun. Léger prie, fait prier,
donne ses biens et demande pardon de ses erreurs :
"Si j'en ai
blessé par mes paroles, que ceux-là me pardonnent."
L'armée arrive, encercle
Autun, Autun qui possède de belles murailles mais qui n'a
jamais su les défendre.
Léger se sacrifie, il s'offre. On le prend, on lui
crève les yeux, il accepte tout sans se révolter.
Prisonnier, Léger reste silencieux. Sa passion commence dans
le silence, dans la nuit.
Léger n'arrive pas à mourir, il faut qu'il souffre
avant de mourir. Il souffrira en silence, en priant.
Ebroïn le fait envoyer dans une forêt et ordonne de le
laisser mourir de faim. Le gardien en a pitié, il en a respect
; au bout de quelques jours, il l'emmène chez lui et le
réconforte.
Léger n'a pas assez souffert.
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statue de
saint Léger à Vicq sur Gartempe
(86)
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On le sort de chez son gardien et on le
conduit devant un tribunal : on l'accuse d'avoir fait tuer
Childéric.
On en profite pour lapider Guérin, son frère, mais lui,
Léger, il ne faut pas le tuer parce qu'on se rend compte que
c'est un saint vivant, et on sait bien qu'un saint mort est beaucoup
plus dangereux qu'un saint vivant.
Il faut éviter d'en faire un martyr, il faut le conduire au
désespoir, au trou.
On lui déchire les pieds, on lui coupe la langue, les
lèvres, on le laisse mourir à petit feu, sous bonne
garde.
Léger ne meurt pas, Léger n'a pas assez souffert,
Léger est devenu saint Léger.
Il n'a plus rien d'un homme d'action, c'est une loque, une sainte
loque.
Une fois de plus, son gardien est retourné : il le conduit
à l'abri, dans un monastère à Fécamp.
Mais Ebroïn apprend la chose. Voyant que saint Léger ne
désespère pas, il trouve des hommes d'Eglise à
sa solde pour tenir un synode.
Les hommes d'Eglise condamnent leur pair et le dégradent.
Saint Léger ne désespère toujours pas.
Ebroïn finit par donner l'ordre de le tuer, mais en
cachette.
Léger meurt en cachette, mais il est saint depuis
longtemps.
Il avait commencé à devenir un saint le jour où
il avait commencé à échouer dans ses
entreprises.
Denis Grivot
Maître de Chapelle Honoraire de la Cathédrale
d'Autun
Conservateur Honoraire des Antiquités et Objets d'Art de
Saône et Loire
|
La
version officielle souligne :
"Denis Grivot, dit le Chanoine Grivot,
né le 3 novembre 1921 à Rully et
décédé à Autun le 11 juillet
2008, fut ordonné prêtre en 1947 et vicaire de
la cathédrale St-Lazare d'Autun. Homme
d'église, historien et écrivain
français, il fut Conservateur des Antiquités
et Objets d'Art de Saône et Loire, et est connu comme
auteur spécialisé dans l'art roman et en
particulier d'ouvrages consacrés à
Autun."
Pour l'avoir eu plusieurs fois au
téléphone, c'était aussi un bon homme,
érudit étonnamment tonique et drôle. Un
rebelle.
Christophe, webmaster du
site - juin 2009
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"Vie de Saint Léger,
Evêque d'Autin"
par un moine de St Symphorien d'Autun qui vécut
auprès du saint
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La Vie de Saint Léger,
évêque d'Autun
vers 980 - manuscrit de la bibliothèque de
Clermont-Ferrand
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|
"Saint Léger - La
Légende Dorée"
de Jacques de
Voragine, nouvellement traduite en français -
1261-1266
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|
"De
St Léger, évêque et
martyr", par le R.P. Simon
Martin
Les Nouvelles Fleurs des Vies des Saints - 1654
|
|
"Saint Léger - 2
octobre"
Les Vies des Saints - 1724
|
|
"Histoire de saint
Léger, évêque d'Autun et martyr"
par le R.P. Dom Pitra - 1846
|
|
"Saint Léger - son
martyre - sa première sépulture à
Lucheux"
par l'abbé Théodose Lefèvre -
1884
|
|
"saint Léger,
évêque d'Autun, martyr"
Imprimeur E. Petithenry, Paris - vers
1900
|
|
"Vie de Saint
Léger"
par le R.P. Camerlinck, de l'Ordre des Frères
Prêcheurs - 1906
|
|
"Léger, d'Autun"
par Dom H.
Leclercq - 1929
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|
"Eléments pour une
étude sur la diffusion du culte de Saint
Léger"
parue dans "la revue du Bas Poitou" tome IV -
1971
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|
"Saint Léger -
fête le 2 octobre - 3 octobre"
La Légende Dorée d'Autun, par Denis Grivot -
1974
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"Saint Léger", par Denis
Grivot,
Maître de Chapelle Honoraire de la Cathédrale
d'Autun
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La prédication sur
Saint Léger faite à l'église
protestante
de St Légier la Chiésaz (Suisse) -
1997
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"Saint Léger,
évêque d'Autun et martyr"
2 homélies du Père Alexandre, St Léger
sous Beuvray - 1998 et 2003
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"Saint Léger,
porte-parole des élites bourguignonnes"
tiré du
Journal de la Bourgogne - 2002
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"le bon et la brute" ou
"Léger contre Ebroïn"
sur le très joli site "Auxonne, capitale du Val de
Saône" - 2009
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https://www.stleger.info