C'est
vers 615 que Léger naquit dans une famille qui habitait les
bords du Rhin ; il était cousin de sainte Odile. Il fut
confié à l'école du roi Clotaire avec d'autres
enfants de familles importantes. A la fin de son adolescence, il
rejoignit son oncle Diddon, évêque de Poitiers, qui
l'ordonna prêtre ; il devint abbé de Saint-Maixent ;
attiré à la cour, il devint conseiller de la reine
Bathilde, qui vers 663 le fit nommer évêque d'Autun ;
rien n'allait plus à Autun, après la mort de
l'évêque Ferréol, vers 660 : deux personnages se
disputaient le siège épiscopal ; les mérites ne
comptant guère pour la revendication du poste, chacun prenait
ses partisans où il pouvait ; on se fit la guerre : l'un des
prétendants fut tué et l'autre s'enfuit ; dans les
évêchés voisins, la situation était
identique ; à cette époque, les gens qui avaient du
caractère se faisaient évêques, brigands ou
moines ; il arrivait qu'il y ait quelques mélanges et la
situation n'était pas facile à
rétablir.
En arrivant à Autun, Léger
commença par consolider les remparts de la ville, non pas les
remparts de la grande ville romaine depuis longtemps
abandonnés, mais ceux du castrum, ceux qui entouraient sa
cathédrale Saint-Nazaire : la partie méridionale de la
tour dite de Saint-Léger, à l'Evêché, doit
probablement dater de cette époque. Cela fait, il restaura et
embellit la cathédrale, avec des marbres et toutes sortes de
décorations. Il institua également une aide pour les
pauvres : cette institution fut très durable et conserva
longtemps le nom d'aumône de Saint-Léger.
enluminure
représentant le saint Léger - bréviaire à
l'usage de Paris, daté d'aux environs de 1414
Léger devait se trouver à
l'étroit dans le cadre d'Autun qui ne suffisait pas à
son activité ; il avait conservé des relations à
la "Cour" où régnait en fait Ebroïn. Il est
certain que les deux caractères de Léger et
d'Ebroïn devaient être assez semblables ; les biographes
se sont trop plu à noircir Ebroïn qui n'avait pas besoin
de cette attention et à blanchir Léger qui faisait la
politique de son époque. La reine Bathilde fut mise à
l'ombre ; Ebroïn proposa alors son protégé Thierry
et Léger le sien, Childéric, fils de Bathilde ; ce
dernier l'emporta ; Ebroïn n'avait plus qu'à
disparaître ; on l'envoya au monastère de Luxeuil
où il prit l'habit monastique ; personne ne signale qu'il
vivait plus mal qu'un autre ; l'entente entre Childéric et
Léger fut de courte durée ; tout faillit se terminer
tragiquement le jour de Pâques 673 à Autun. Léger
était revenu dans sa ville épiscopale pour la Semaine
Sainte ; il avait invité le roi et toutes sortes d'autres
personnalités dont un certain Hector, ami de Léger.
Quelques esprits rapides, dont un reclus, Marcolin, arrivèrent
aisément à persuader Childéric que Léger
et Hector conspiraient contre lui. En plus de ces complications, une
sombre histoire d'héritage opposait Hector à sa femme
défendue par saint Prix, évêque de Clermont, qui
dut venir à Autun et réussit à confondre Hector
et du même coup Léger.
Pour Pâques, l'évêque de
Clermont refusa de dire la messe à la cathédrale, et
resta à Saint-Symphorien auprès du roi qui, pour se
consoler, but un peu plus que de coutume et décida au milieu
de la nuit de Pâques de monter à la cathédrale
pour arrêter Léger ; ébloui par la lumière
et les ornements, il n'osa s'en prendre à
l'évêque qui comprit cependant que sa situation devenait
intenable ; il décida de fuir avec Hector ; on les rattrapa et
Léger fut conduit à Luxeuil, où il retrouva
Ebroïn, le moine Ebroïn. On se réconcilia, mais
l'abbé de Luxeuil, homme prudent, plaça les deux
ennemis réconciliés dans des cellules assez
éloignées l'une de l'autre. Childéric restait
seul maître de la situation : on l'assassina ; Ebroïn et
Léger, moines de par la volonté de Childéric, ne
manifestèrent pas l'envie de continuer l'expérience
monacale ; ils quittèrent le monastère, à
quelques jours de distance ; sur la route d'Autun, ils étaient
redevenus ennemis.
Léger fit une entrée
triomphale à Autun, suivi à quelques jours de distance
d'Ebroïn, qui encercla la ville ; Léger, voyant qu'il ne
pouvait plus rien, décida de s'offrir au vainqueur qui
était accompagné de l'évêque de Chalon,
Diddo ; il espérait peut-être la pitié de son
confrère ; il n'en fut rien ; on le conduisit sur la montagne,
on lui creva les yeux, et on l'envoya en Champagne où il fut
jugé avec son frère Guérin : ledit Guérin
fut exécuté ; quant à Léger, on le fit
marcher sur du verre, on lui coupa la langue et on le confia à
un garde sûr ; plus tard, il fut dégradé par
quelques-uns de ses pairs et décapité.
Son prestige avait grandi au cours de ses
humiliations ; il devint très vite populaire dans la France
entière, en Allemagne et en Suisse ; la ville de Lucerne porte
son nom, en souvenir du monastère Saint-Leodigar
dépendant de Murback ; la légende de sa vie est
représentée à l'intérieur du pont de bois
de Lucerne.
Lucerne (Suisse) -
le pont de bois de la Chapelle ou Kappelbrücke, au début
du XXe siècle
Les historiens sont en général
assez sévères pour saint Léger ; il est probable
qu'il avait un besoin aigu de commander et un art consommé
d'embrouiller les situations ; il faut reconnaître que
l'époque se prêtait à ces jeux d'influence. Il
n'en reste pas moins que les contemporains de Léger admiraient
en lui le goût du risque, l'esprit d'à propos et le sens
des responsabilités qui le mena au martyre.
Quand on sème
à la Saint-Léger
On aura du blé léger.
A Laizy, on raconte une légende
relative à saint Léger ; après avoir
désigné l'emplacement de l'église de
Saint-Léger-sous-Beuvray, saint Léger et saint Julien
se donnèrent rendez-vous pour le lendemain ; le lieu où
ils se rencontreraient serait choisi pour y bâtir
l'église de Laizy ; la rencontre eut lieu à la
Planchotte, à 500 mètres du bourg de Laizy ;
l'emplacement ne plut pas du tout à Léger qui mit son
veto ; ils allèrent plus loin et s'arrêtèrent sur
le Buchenat, montagne qui sépare Saint-Léger de Laizy ;
on peut voir encore les deux roches taillées en forme de
siège sur lesquelles nos deux voyageurs se reposèrent
et qui portent le nom de selles de Saint-Léger et de
Saint-Julien ; après avoir conversé saintement, ils
descendirent et s'arrêtèrent au hameau de Méley ;
Léger dit alors à son compagnon :
"Jette ton
manteau,là où il tombera, ton église
bâtiras.", ce qui fut
fait.
Autun (Saône
et Loire) - vue prise de Couhard
A Autun, on vénérait
particulièrement saint Léger ; la fontaine du faubourg
de Breuil s'appelait fontaine Saint-Léger ; celle de Couhard,
sur le côté droit de la rue montant de Saint-Pancrace,
s'appelait également fontaine Saint-Léger ;
d'après la légende, c'est à cet endroit que
saint Léger eut les yeux crevés ; dans la petite niche
de la fontaine se trouvait autrefois une statuette de
l'évêque ; on y venait en pèlerinage le 2 octobre
; on y demandait la guérison des affections de la vue ; c'est
à cette fontaine que venaient les prêtres pour faire de
l'eau bénite ; la fontaine a malheureusement été
détruite en 1974 ; la confrérie de Saint-Léger
établie à Couhard subsista même pendant la
Terreur.
A Saint-Pantaléon, il existait une
chapelle Saint-Léger sur le chemin d'Autun à Nolay ;
cette chapelle était déjà en ruines au milieu du
XVIIIe siècle ; on voyait également une chapelle
Saint-Léger à Curgy au lieu-dit
Chapelle-Saint-Léger ; cet oratoire dépendait de
Saint-Denis-de-Péon. A Charnay-les-Mâcon,
l'église Saint-Léger, au hameau du même nom,
était paroissiale ; elle était bâtie à
côté d'une source et fut démolie au XIXe
siècle. Longtemps après la disparition de
l'église, les femmes du pays et des environs vinrent gratter
la pierre qui avait été l'entrée de
l'église pour mêler la poussière aux aliments des
enfants atteints du carreau. A Chapaize, non loin du lavoir, se
trouve la source Saint-Léger auprès de laquelle
était érigée une chapelle ; on y venait en
pèlerinage le 2 octobre. A Bissey-sous-Cruchaud, on voyait
dans le jardin de la cure une fontaine couverte dite de
Saint-Léger ; on y venait de loin pour y puiser de l'eau qui
guérissait du goître ; pour empêcher les abus, le
curé avait fait établir un mur, mais les fidèles
de la fontaine passaient par-dessus le mur ; depuis, la fontaine a
été entièrement bouchée. La fontaine
Saint-Léger du village de Saint-Léger-du-Bois se
trouvait à côté de l'église ; les femmes
venaient y laver les chemises des enfants malades afin de les
guérir des coliques ; elles emportaient de l'eau qu'elles
faisaient boire aux malades.
A Bourbon-Lancy, au faubourg
Saint-Léger, se trouvait une paroisse avec une église
qui fut détruite en 1803 ; la place Saint-Léger
s'appelle aujourd'hui place d'Aligre ; il reste encore un puits
Saint-Léger. A Viry-en-Charollais, il existait une chapelle
Saint-Léger ; il ne reste que le nom de la rue, rue de la
Chapelle.
enluminure
représentant le martyre de saint Léger
bréviaire à l'usage de Langres (cathédrale
Saint-Mammès) - elle date d'après
1481
A Saint-Yan s'élevait
également une chapelle Saint-Léger, ainsi qu'à
Chigy, hameau de Saint-André-Ie-Désert. A
Paray-le-Monial, il existait une paroisse Saint-Léger. A
Navilly, l'ancienne église était sous le vocable de
Saint-Léger ; elle a été détruite en
1778, on n'en a conservé que la chapelle actuelle qui se
trouve dans le cimetière et le lieu-dit appelé
Saint-Léger. On signale une fontaine Saint-Léger
à Verzé, aux sources du Talenchant ; l'écart
s'appelle Saint-Léger ; à Château, enfin, il
existe un hameau Saint-Léger et à Loché un bois
et un château Saint-Léger.
Saint-Léger est le patron de
l'église de Couhard, hameau d'Autun, de
Saint-Léger-du-Bois, Saint- Léger-les-Paray,
Saint-Léger-sous-Beuvray, Saint-Léger-sur-Dheune,
Saint-Léger-sous-la-Bussière, Terrans ; il
l'était autrefois de Cussy-en-Morvan.
Lieux où l'on trouve saint
Léger : Autun, cathédrale, saint Léger se livre
à Ebroïn, tableau de L. Lair, 1822 ; musée Rolin,
bois doré, XVIIIe siècle ; Couhard, église,
bois, XVIIe siècle ; statuette de procession, bois, XIXe
siècle ; façade de l'église, pierre, XVIe
siècle ; niche dans le village, saint Léger ;
Saint-Léger-sur-Dheune, église, bois, XVIIe
siècle ; vitrail de Bertrand, XXe siècle ;
Saint-Jean-de-Trézy, église, bois, XVIIe siècle
; Saint-Léger-du-Bois, église, saint Léger
assis, bois, XVIe siècle.
Denis Grivot
"Vie de Saint Léger,
Evêque d'Autin"
par un moine de St Symphorien d'Autun qui vécut
auprès du saint
|
|
La Vie de Saint Léger,
évêque d'Autun
vers 980 - manuscrit de la bibliothèque de
Clermont-Ferrand
|
|
"Saint Léger - La
Légende Dorée"
de Jacques de
Voragine, nouvellement traduite en français -
1261-1266
|
|
"De
St Léger, évêque et
martyr", par le R.P. Simon
Martin
Les Nouvelles Fleurs des Vies des Saints - 1654
|
|
"Saint Léger - 2
octobre"
Les Vies des Saints - 1724
|
|
"Histoire de saint
Léger, évêque d'Autun et martyr"
par le R.P. Dom Pitra - 1846
|
|
"Saint Léger - son
martyre - sa première sépulture à
Lucheux"
par l'abbé Théodose Lefèvre -
1884
|
|
"saint Léger,
évêque d'Autun, martyr"
Imprimeur E. Petithenry, Paris - vers
1900
|
|
"Vie de Saint
Léger"
par le R.P. Camerlinck, de l'Ordre des Frères
Prêcheurs - 1906
|
|
"Léger, d'Autun"
par Dom H.
Leclercq - 1929
|
|
"Eléments pour une
étude sur la diffusion du culte de Saint
Léger"
parue dans "la revue du Bas Poitou" tome IV -
1971
|
|
"Saint Léger -
fête le 2 octobre - 3 octobre"
La Légende Dorée d'Autun, par Denis Grivot -
1974
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|
"Saint Léger", par Denis
Grivot,
Maître de Chapelle Honoraire de la Cathédrale
d'Autun
|
|
La prédication sur
Saint Léger faite à l'église
protestante
de St Légier la Chiésaz (Suisse) -
1997
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"Saint Léger,
évêque d'Autun et martyr"
2 homélies du Père Alexandre, St Léger
sous Beuvray - 1998 et 2003
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|
"Saint Léger,
porte-parole des élites bourguignonnes"
tiré du
Journal de la Bourgogne - 2002
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"le bon et la brute" ou
"Léger contre Ebroïn"
sur le très joli site "Auxonne, capitale du Val de
Saône" - 2009
|
|
https://www.stleger.info