Cette
biographie de St Léger n'a pas la prétention
d'être une vie complète : le Cardinal Pitra y a trop
bien pourvu. Elle n'a pas non plus l'allure scientifique de la
savante notice du regretté Chanoine Flahault sur le culte de
St Léger à Socx. C'est le simple récit, suivi
autant que possible, des actions du grand Évêque
d'Autun.
En l'écrivant, nous avons eu en vue
l'édification des nombreux pèlerins qui, chaque
année, en Octobre, viennent à Socx "servir" St
Léger.
Dans ces quelques pages, ils trouveront un
homme qui défendit jusqu'au martyre les droits sacrés
de la justice. De noble origine, formé à l'école
des Saints, pourvu très jeune de charges importantes, St
Léger parut, au VIle Siècle, armé de toutes
pièces pour faire pénétrer l'esprit
chrétien dans les âmes et dans la
société.
Dans son diocèse, il accomplit les
réformes exigées par les saints Canons. Conseiller des
rois, il remet en vigueur des lois tombées en
désuétude, affermit l'autorité royale en,
luttant contre le despotisme, rassure les consciences en,
stigmatisant les déportements de Childéric,
relève les courages en condamnant les injustices
d'Ebroïn.
On le relègue à Luxeuil, on
lui arrache les yeux ; on le couvre d'ignominies, on le dépose
: que lui importait ? Il rayonne et chante le triomphe de la justice.
On le met à mort : ses restes glorieux continuent, de nos
jours encore, à dire qu'il y a une justice, que cette justice
a des droits inviolables, que ces droits veulent être
respectés, sous peine d'encourir de terribles
châtiments.
Il y a là une leçon toute
d'actualité.
Les faibles les peureux, y trouveront du
réconfort ; les intrépides, les altérés
de justice, de nouvelles lumières et des forces plus grandes
pour les combats de la vie ; tous, un amour plus
désintéressé de la justice.
C'est ce que nous souhaitons.
Vie de
Saint Léger
I.
Naissance, Education, Emplois
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St Léger naquit vers 616. Son
père, dont l'histoire ne nous a pas conservé le nom,
avait épousé Sigrade, sur de Béreswinde
mariée à Adalric duc d'Alsace et descendant par
alliance de St Sigismond, roi de Bourgogne. Adalric et
Béreswinde donnèrent le jour à Ste Odile,
patronne de l'Alsace. La famille de notre saint unissait donc
à la noblesse du sang la noblesse plus haute et plus pure : la
Sainteté.
Ses parents le présentèrent,
suivant la coutume des seigneurs francs, au roi Clotaire II qui
l'envoya à Didon, évêque de Poitiers et
frère de Sigrade, lui ordonnant de pourvoir à son
éducation. Didon confia son neveu aux soins d'un prêtre
dont il avait éprouvé la science et la vertu. A
l'école de ce prêtre, Léger devint très
habile dans l'explication des Saintes Lettres,
l'interprétation du droit civil et
ecclésiastique.
"Plein
d'esprit, dit un de ses biographes,
aimable et fort,
sage, il parlait facilement et avec beaucoup de
grâce."
Sa formation littéraire
achevée, Didon le reprit chez lui pour développer en
son âme les germes précieux que Dieu y avait
déposés. Léger, docile aux conseils qu'on lui
donnait, fit de rapides progrès dans la vertu et se distingua
par sa virilité de caractère, son mépris des
richesses et des grandeurs, sa piété solide : signes
non équivoques d'une vocation divine qui frappèrent
Didon et le remplirent de joie. Néanmoins, il éprouva
sa vertu et quand il fut persuadé que Dieu appelait au
sacerdoce son neveu, il l'ordonna diacre (636).
Le plaça-t-il ensuite à la
tête de l'école épiscopale ? C'est probable. Le
jeune diacre s'initia en même temps, sous la prudente direction
de son oncle, à l'art difficile entre tous du gouvernement des
âmes, aux détails aussi de l'administration
ecclésiastique et civile. Le sacerdoce, en comblant ses
désirs, mit le sceau à une formation si soigneusement
poursuivie. L'évêque de Poitiers le nomma archidiacre et
recourut à lui pour l'administration du
diocèse.
Tous les devoirs de cette charge, notre
Saint les remplit avec une capacité bien supérieure
à celle de ceux qui l'avaient exercée avant lui. Son
zèle éclairé s'appliquait aux moindres choses.
Soucieux avant tout de la gloire de Dieu et du progrès des
âmes dans la vertu, il reprenait les pécheurs,
instruisait les ignorants, consolait les affligés, ramenait
doucement à leurs devoirs ceux qui, par erreur ou vice, s'en
étaient écartés.
A la mort de l'abbé de St-Maixent,
l'évêque de Poitiers lui confia la conduite de ce
monastère. Pendant six ans, Léger y fit l'uvre de
Dieu. Sans négliger la prospérité
matérielle de l'abbaye, il s'appliqua surtout à
développer dans ses religieux l'esprit de leur vocation. Il
voulut que parmi eux régnât la charité, forme de
la perfection, et veilla constamment au maintien de la discipline
régulière, puissant moyen de sainteté et
d'apostolat.
Son mérite lui acquit l'estime
générale dans la province : on le tenait capable des
emplois les plus élevés. Ste Bathilde, qui administrait
le royaume pendant la minorité de son fils Clotaire III,
entendit faire l'éloge de l'archidiacre de Poitiers.
Désireuse de profiter de ses conseils, elle pria
l'évêque de lui envoyer son neveu.
Bathilde
A la cour, la conduite de Léger
répondit pleinement à l'opinion qu'on avait de lui. Sa
droiture et son bon sens lui concilièrent les bonnes
grâces et le respect de tous. Aussi la reine se
félicita-t-elle de ravoir comme Conseiller ; les
évêques et les grands virent sans aucune jalousie la
faveur dont il jouissait dans tout le royaume.
On le jugeait digne de
l'épiscopat.
L'occasion pour la reine de confirmer de son
autorité ce jugement unanime ne tarda pas à se
présenter. Il s'agissait de donner à St Ferréol
un successeur à l'évêché
d'Autun.
L'Eglise d'Autun, à la mort de St
Ferréol, resta deux ans privée de
pasteur.
Deux prétendants indignes
s'étaient disputé le siège jusqu'à
l'effusion du sang. L'un était mort dans la lutte ; l'autre,
accusé du meurtre de son concurrent, venait d'être
banni.
Le scandale causé par cette honteuse
compétition, les troubles qui s'en suivirent menaçaient
de se prolonger quand Bathilde y mit un terme en choisissant, pour
diriger ce diocèse, son habile conseiller.
A part notre Saint, tous, prélats et
seigneurs, clergé et peuple d'Autun, furent heureux du choix
de la reine. Léger, malgré ses résistances, dut
céder et partit pour Autun.
Les habitants le reçurent comme un
envoyé de Dieu. On avait tant souffert depuis la mort de St
Ferréol, la paix se trouvait à ce point compromise que
l'arrivée de Léger, homme prudent, énergique,
plein de charité, fut considérée par tous comme
la fin des troubles et le commencement d'une ère de
tranquillité et de bonheur.
Le nouveau pasteur ne démentit pas
ces espérances. Devant sa fermeté, les factieux durent
s'incliner et accepter les réformes jugées
nécessaires. Par sa douceur, il réussit à calmer
les esprits, à unir tous les curs dans le service de
Dieu.
Bientôt reparurent à Autun le
bon ordre et la paix.
Ce premier devoir accompli,
l'évêque s'adonna aux fonctions plus spéciales de
sa charge.
Assidu à prêcher la parole de
Dieu, à visiter son diocèse, il fit refleurir partout
le culte divin, ranima le zèle affaibli des prêtres
chargés de conduire les âmes dans les sentiers abrupts
de la vie chrétienne. A cet égard, il ne passait aucune
négligence aux ministres de Dieu ; le zèle dont il
avait fait preuve à Poitiers, il sut le faire paraître
où clergé et fidèles en avaient
besoin.
Il corrigea divers désordres qui
s'étaient introduits dans les murs pendant la vacance du
siège et rétablit la discipline ecclésiastique
suivant les règlements portés par
l'Eglise.
En 670, il tint à Autun un concile
provincial auquel assistèrent 54 évêques. On y
élabora des statuts touchant l'observance monastique, statuts
que St Léger fit rigoureusement observer dans son
diocèse.
Son zèle s'appliqua aussi au
soulagement de la misère : les pauvres furent toujours ses
préférés.
Pour eux, il fonda près de
l'église St-Nazaire un hospice où l'on reçut le
gîte et la subsistance quand, la maladie ou la vieillesse se
joignant à la misère, le travail devenait
impossible.
A ces uvres d'apostolat et de
charité ne s'arrêtèrent pas les efforts du saint
prélat.
Il enrichit sa cathédrale d'ornements
et de vases précieux pour la célébration des
saints mystères. Il en fit réparer le pavé et
dorer les lambris et présida à la translation du corps
de St Symphorien en un lieu plus décent où, par ses
ordres, on lui éleva un tombeau magnifique.
Ces faits montrent que rien
n'échappait à la clairvoyante sollicitude de
l'évêque d'Autun : clergé séculier et
régulier, fidèles reçurent de lui une direction
appropriée à chaque état, suivant les besoins
actuels ; églises et monuments publics furent
réparés et embellis.
La paix affermie, le culte de Dieu remis en
honneur, les vertus privées et sociales mieux
pratiquées ; il en fallait moins pour concilier à
l'évêque, l'amour, le respect et l'admiration de tous
ses diocésains.
Léger cependant ne put jouir du fruit
de ses travaux.
Il avait des ennemis : anciens factieux qui
ne lui pardonnaient pas ses réformes et le bien accompli
à Autun ; vils courtisans qui, pour s'attirer les bonnes
grâces d'Ebroïn, maire du Palais de Neustrie et de
Bourgogne, le dénoncèrent comme insoumis aux lois du
royaume.
En 669, Ste Bathilde avait quitté la
cour pour se consacrer au service de Dieu dans le monastère de
Chelles près Paris.
Clotaire III, son fils aîné,
gouverna par lui-même assisté de ses ministres. Parmi
ceux-ci, le principal était le Maire du Palais qui s'occupait
de l'administration du royaume.
Chef des grands, il devait maintenir leurs
privilèges ; représentant du roi, garder intactes ses
prérogatives, lever les impôts, exiger le service
militaire.
Au dehors, le Maire du Palais assurait la
prééminence de son royaume, car Neustrie, Bourgogne,
Austrasie aspiraient chacune à dominer les deux
autres.
Ainsi, comme surveillant de
l'autorité royale, préposé à toute
administration, mandataire des grands, le Maire du Palais
détenait une puissance dont il lui était facile
d'abuser pour satisfaire son ambition.
Ebroïn, qui succéda à
Grimoald dans cette charge importante, prouve à lui seul
jusqu'où l'on pouvait aller, quels abus l'on commettait quand
la poursuite du bien public n'était pas l'unique ambition du
Maire du Palais.
Habile, ayant le génie de l'intrigue,
Ebroïn sut, de naissance infime qu'il était,
s'élever jusqu'à la Mairie du Palais.
Voulut-il, comme d'aucuns le
prétendent, rétablir dans son intégrité
le pouvoir royal, y voyant le seul moyen de sauver une
société qui se décomposait ? Certes, il
était de force à réaliser ce
dessein.
Mais, au témoignage de ses
contemporains, à des qualités sérieuses d'homme
politique et d'administrateur, il joignait un caractère des
plus défectueux. Il était, paraît-il, rapace,
cruel, ambitieux, perfide, violent, soupçonneux et vindicatif.
Ses faits et gestes donnent trop raison à ce portrait peu
flatteur pour que nous puissions en douter.
Il voulut être tout dans le royaume,
dominer le roi lui-même, non pour le bien commun, mais pour la
satisfaction de ses instincts de barbare ambitieux.
Aussi longtemps que Bathilde gouverna,
Ebroïn contint la fièvre qui le poussait en haut. Mais
Clotaire III majeur, la reine-mère dans la solitude de
Chelles, il avoua brutalement son caractère.
Clotaire III, esprit faible dans un corps
débile, n'offrit aucune résistance aux audaces
d'Ebroïn, et se laissa complètement circonvenir par lui.
Dès lors, Ebroïn, maître absolu du roi, souverain
potentat de deux royaumes, armé contre les grands, n'eut plus
aucune retenue. "Il
défendit son autorité à coups de
hache." dit un historien
moderne.
Les uns étaient-ils trop riches
à son goût ; il les dépouillait sous couleur
d'impôts ou redevances de guerre ; les autres
menaçaient-ils de lui ravir son prestige à la Cour ; il
les renvoyait chez eux ou les exilait dans un monastère.
Osait-on enfin lui résister ouvertement ; on payait de sa vie
pareille audace. N'étaient épargnés que les bas
courtisans ou les trop faibles pour lui porter
ombrage.
Léger ne fléchit pas devant
l'idole.
Trop fier, l'âme trop haut
placée, il offrit alors le singulier spectacle d'une
conscience honnête et ferme qui se refuse aux compromis des
courtisans et des faibles.
Grand Seigneur, il l'était par
naissance ; puissant, il le prouvait par ses actes ; riche, il
faisait du bien autour de lui et s'attirait toutes les sympathies :
il avait donc sujet de craindre le ministre Ebroïn. Autre grief
et plus sérieux, si l'on peut dire : Léger
dépassait Ebroïn par le prestige dont il jouissait dans
le royaume, son intelligence plus prompte des affaires, et surtout sa
conduite irréprochable.
Le Maire du Palais détestait
l'évêque d'Autun.
Et voilà que cet évêque
ose censurer les actes de son administration, à lui,
Ebroïn ; il n'approuve pas les mesures qu'il prend en vue
d'affermir son pouvoir. Bien plus, il s'élève contre ce
qu'il appelle de criantes injustices, des meurtres, et soulève
contre lui les Francs déjà trop excités
!
La mesure est pleine : Ebroïn,
conscient des droits que bénévolement il s'était
arrogés, ne voit plus en Léger qu'un adversaire
incommode : il faut qu'il disparaisse.
Cet état d'esprit devait conduire
Ebroïn aux pires extrémités. Que surgisse une
occasion de perdre l'évêque d'Autun, et le Maire du
Palais la saisira de suite.
Clotaire
III
La mort prématurée de Clotaire
III (670) prépara les voies à un conflit entre ces deux
hommes si opposés l'un à l'autre par leurs tendances et
leurs actes.
Clotaire III ne laissant pas
d'héritier direct, Ebroïn, de son propre chef, sans
consulter les grands du royaume, mit sur le trône Thierry III,
le plus jeune des fils de Bathilde. Les Seigneurs, craignant à
juste titre qu'Ebroïn n'abusât de la faiblesse du nouveau
roi pour les opprimer tous, offrirent la couronne à
Childéric II, roi d'Austrasie et frère
aîné de Thierry.
Childéric
II
On créa Maire du Palais Wulfoald ;
Thierry fut relégué dans un monastère ;
Ebroïn ne dut la vie qu'à l'intervention de Léger
qui conseilla au roi de renvoyer à l'abbaye de
Luxeuil.
L'évêque d'Autun s'était
nettement déclaré pour Childéric, non par
dépit de n'avoir pas été consulté, mais
parce qu'il n'admettait pas l'omnipotence
d'Ebroïn.
Childéric le retint à la Cour
et lui confia une grande partie de l'administration.
La tâche était
difficile.
L'étendue des affaires depuis la
réunion des trois royaumes de Neustrie, de Bourgogne et
d'Austrasie réclamait un génie exercé, patient ;
la répression des désordres causés par l'incurie
de Clotaire et les injustices d'Ebroïn exigeait une
autorité sans conteste, forte et commandant le respect ;
certains ménagements à prendre avec les Seigneurs dont
les droits avaient été méconnus sous le
règne de Clotaire III, n'allaient pas sans beaucoup
d'habileté et de prudence : enfin la protection due au peuple
maltraité lui aussi par Ebroïn demandait une
répartition mieux entendue des pouvoirs secondaires, un
contrôle plus exact et moins arbitraire de ces mêmes
pouvoirs.
Tout se réunissait pour créer
au gouvernement une situation des plus épineuses et des plus
délicates.
Or, à cette époque, la
royauté était incapable d'efforts soutenus, de sagesse
dans le gouvernement, d'autorité morale. Elle manquait de
prestige.
"La
race mérovingienne, dit
Eginard, n'avait
plus ni vigueur, ni autorité, ni rien sinon le vain titre de
roi. Les ressources du royaume et tout le pouvoir se trouvaient entre
les mains du Maire du Palais. Orné d'une abondante chevelure,
le roi prenait place sur le trône et figurait le souverain. Il
écoutait les ambassadeurs et leur donnait quand ils partaient
les réponses qu'on lui avait dictées. Il se rendait au
Palais ou à l'assemblée du peuple sur un chariot
traîné par des bufs..."
Cette incapacité des "rois
fainéants" entrait trop bien dans le jeu de l'ambitieux
Ebroïn pour qu'il songeât à y remédier. Au
contraire, l'évêque d'Autun, investi par
Childéric d'une autorité quasi royale, employa tous ses
efforts à rendre son prestige à la
royauté.
N'ayant qu'un but, la
prospérité du royaume, il exigea de tous le respect de
la justice et l'exacte observation des lois.
Il fit rétablir l'ancienne police et
protéger le peuple.
Aux gouverneurs de province, qui avaient
pris l'habitude d'empiéter sur leurs droits
réciproques, il enjoignit de garder les limites de leur
juridiction : cette juridiction elle-même, dans sa
durée, fut restreinte par Childéric qui porta qu'elle
ne serait plus à vie.
On supprimait ainsi les abus d'un pouvoir
excessif, toujours dangereux pour l'autorité royale,
exposé à faire subir au peuple les caprices d'une
administration sans contrôle.
Pour compenser ces restrictions,
Léger affermit l'autorité des gouverneurs en ordonnant
aux juges de garder intactes les anciennes lois
provinciales.
A la Cour de Childéric, comme
à Autun, Léger fut à hauteur de la tâche
qu'on lui avait confiée.
C'en était trop pour certains
Seigneurs, jaloux du prestige toujours grandissant de Léger,
frustrés par ailleurs dans leurs ambitions que
réfrénait la sagesse du gouvernement. Anciens ennemis,
pour la plupart, de l'évêque d'Autun, ils
rééditèrent, sous une autre forme, les calomnies
qu'ils avaient essayées auprès
d'Ebroïn.
A Wulfoald, le vrai Maire du Palais, ils
représentèrent Léger comme un ambitieux qui
s'efforçait de le supplanter.
A la Cour, ils manoeuvrèrent
autrement.
Vils flatteurs toujours, ils favorisaient
les plaisirs du jeune prince. Childéric laissa transgresser
les lois que lui-même avait édictées ; à
son tour, il les transgressa en épousant la fille de son
oncle.
St Léger le reprit en secret de ses
déportements.
Les ennemis de notre Saint
l'accusèrent pourtant de se faire complice de la scandaleuse
conduite du Roi. L'Evêque en remontra publiquement au Roi et le
menaça des châtiments divins ; les courtisans, changeant
de tactique, aigrirent le jeune Prince contre son conseiller, lui
représentant la droiture et la fermeté de Léger
comme l'effort d'une ambition mal contenue qui le poussait à
profiter des défauts du Roi pour le dominer.
Ils avaient touché
juste.
A ces perfides insinuations,
Childéric, qui d'abord avait bien reçu les observations
de l'Evêque d'Autun, s'en crut désormais le jouet. Il
s'en prit à lui des désordres qui reparaissaient dans
le royaume, et finit par le haïr.
Léger, qui croyait encore à
l'amitié du Roi, l'invita à venir passer les
fêtes de Pâques à Autun.
Childéric s'y rendit avec les
Seigneurs de la Cour.
Or l'Evêque avait reçu chez lui
le Patrice Hector Gouverneur de Marseille, ignorant qu'on accusait
son hôte devant le Roi d'avoir enlevé la fille d'une
Dame de Clermont pour s'assurer les biens que cette Dame avait
légués à un hôpital.
L'occasion de perdre Léger, que
cherchaient avidement ses détracteurs, s'offrait à eux
d'une manière inespérée. Ils s'en
emparèrent aussitôt.
Pour eux, l'Evêque d'Autun connaissait
le délit dont on accusait le Patrice Hector ; il savait aussi
qu'Hector n'avait pas la faveur du Roi. Pour quel autre motif
l'aurait-il hébergé sinon pour tramer avec lui un
complot contre Childéric ?
Ils dénoncèrent donc au Roi le
complot dont il était l'objet.
Celui-ci, heureux de trouver un
prétexte à son ressentiment, fatigué des
remontrances que lui adressait son fidèle conseiller,
résolut d'exécuter aussitôt son projet de le
faire mourir.
On avertit l'Evêque des calomnies
dirigées contré lui et des intentions du Roi. Ces
menaces, loin de l'émouvoir, affermirent son courage. Il
désirait ardemment mourir pour les droits de la justice. Que
lui importait, d'autre part, le jugement des hommes ? Sa conscience
ne lui reprochait rien.
Dans ces dispositions, il se rendit chez le
Roi le Vendredi-Saint. Childéric voulut de sa propre main le
frapper ; mais, sur l'avis de quelques Seigneurs, il se retint.
L'heure de Dieu, qui réservait à Léger de plus
grandes souffrances, n'avait pas encore sonné.
"La
nuit où l'on célébrait à Autun les
vigiles du saint jour de Pâques,
raconte le biographe anonyme, le
roi Childéric ne se rendit pas à la Cathédrale ;
mais, rempli de mauvais desseins contre le serviteur de Dieu, il alla
au monastère de St-Symphorien où, sans aucune
préparation, il ne craignit pas de faire ses
Pâques.
Ce crime accompli,
déjà pris de vin, tandis que les autres attendaient
à jeun les saintes solennités, il entra dans la
Cathédrale et, criant à haute voix, appela Léger
par son nom comme si l'Evêque avait pris la fuite au bruit
déjà répandu que l'on en voulait à sa
vie.
L'Evêque se trouvait
au baptistère.
L'ayant appris,
Childéric y entra aussitôt. Il resta stupéfait
devant l'éclat des lumières, à l'odeur aussi que
d'une manière inaccoutumée exhalait le Saint
Chrême.
"Me voici" répondit
Léger aux clameurs du Roi.
Celui-ci, ne reconnaissant
ni sa voix, ni sa personne, passa outre et rentra au
palais.
Les Evêques, qui
avaient assisté aux vigiles avec l'homme de Dieu, s'en
retournèrent chez eux. Léger, l'office achevé,
se rendit sans crainte chez le Roi, et doucement lui demanda pourquoi
il n'était pas venu avant les Vigiles, selon la coutume,
pourquoi aussi il était irrité. Ce calme étonna
beaucoup Childéric : il balbutia un semblant de réponse
et finit par avouer qu'il le tenait en
suspicion."
Childéric avait résolu sa
perte : telle fut dès lors la conviction de
l'Evêque.
Le Patrice Hector était
condamné avec lui.
Craignant plutôt pour son hôte,
Léger s'enfuit d'Autun avec lui pendant la veillée
pascale.
Averti, le Roi les fit poursuivre. Hector,
après une vigoureuse résistance, fut tué, mais
l'Evêque ne subit aucun attentat. On le conduisit au
monastère de Luxeuil où il devrait attendre que
Childéric eût statué sur son sort.
D'aucuns, ses ennemis, voulaient sa
déposition et sa mort ; d'autres, usant d'un compromis,
persuadèrent au Roi de l'enfermer à Luxeuil
jusqu'à la fin de ses jours. Childéric, sur les
instances d'Ermenaire, abbé de St Symphorien, embrassa le
parti des modérés et condamna Léger à la
réclusion perpétuelle.
A Luxeuil, notre Saint se réconcilia
avec Ebroïn qui lui promit de ne plus rien entreprendre contre
lui. Fourberie nouvelle, moyen pour l'ancien Maire du Palais
d'attendre et de frapper ainsi plus sûrement son
ennemi.
Privé des conseils de l'Evêque
d'Autun, adonné de plus en plus aux plaisirs, Childéric
laissa toutes choses aller à la dérive.
"Surgirent
alors, dit le chroniqueur
Frédégaire, les
séditions, les insultes et les troubles. Il fit tant et si
bien que s'éleva contre lui une violente
haine."
Par ses ordres, on attacha à un arbre
et on battit de verges un noble Franc nommé Bodilon. Cet
indigne traitement mit le comble à la fureur des
grands.
Deux Seigneurs, Ingolbert et Amabert,
enveloppèrent Childéric dans une sédition.
Bodilon le tua dans la forêt de Livry, avec Blichilde sa femme
et Dagobert son fils (673).
Ce meurtre rendit la liberté aux deux
reclus de Luxeuil.
St Léger revint à Autun sous
la garde d'une bonne escorte : il pouvait craindre les troubles qui
accompagnèrent l'avènement de Thierry.
Ses ennemis n'avaient pas
désarmé.
Quant aux partisans d'Ebroïn, venus eux
aussi pour le faire sortir de Luxeuil, ignorant que l'ancien Maire du
Palais devait la vie à Léger, ils voyaient en lui un
persécuteur d'Ebroïn et se proposaient d'en tirer
vengeance.
Les deux escortes se
rejoignirent.
On allait en venir aux mains lorsqu'arriva
St Genès, archevêque de Lyon, à la tête
d'une troupe nombreuse qui renforça l'escorte de
l'Evêque d'Autun.
Ebroïn, jugeant qu'il n'aurait jamais
l'avantage, renonça, contre son gré, à s'emparer
de son ennemi. Dissimulant ses desseins, il suivit jusqu'à
Autun les deux Evêques.
Léger fut reçu avec grande
joie par son peuple.
"On
orna les rues, dit son biographe,
le clergé
vint à sa rencontre portant des flambeaux et chantant des
hymnes."
Le lendemain de ce retour triomphal,
Léger et Ebroïn quittèrent ensemble Autun pour
présenter leurs hommages à Thierry, le nouveau Roi.
Mais Ebroïn, prêt à vendre
ses services, désireux qu'il était de redevenir Maire
du Palais, quitta brusquement son compagnon de route pour nouer avec
ses amis de nouvelles intrigues.
Quelque temps après, il apprit que
les Francs, sur le conseil de Léger, avaient choisi pour Maire
du Palais Leudésius, fils d'Erchinoald.
A cette nouvelle, Ebroïn, furieux
d'avoir été prévenu et, par ailleurs,
frustré dans ses desseins ambitieux, réunit tous les
mécontents et marcha contre Thierry. Il attira
Leudésius à une conférence et le fit assassiner.
Puis, inventant à Clotaire III un fils qu'il nomma Clovis, il
publia la mort de Thierry et mit son Clovis sur le
trône.
En ce temps de compétitions et de
troubles, l'imposture devait réussir. Elle réussit.
Ebroïn se rendit maître de plusieurs provinces et lutta
jusqu'à ce que Wulfoald écarté, Ludésius
mort, Thierry reclus dans un monastère, les trois royaumes de
Bourgogne, de Neustrie et d'Austrasie réunis en un seul sous
le gouvernement fictif de Clovis, il put régner seul, ayant
satisfait l'ambition d'être tout qui ne lui laissait aucun
repos.
Ebroïn cependant, malgré sa
puissance reconquise au prix du mensonge et du meurtre, craignait
encore. Son ennemi, le seul capable de lui résister
efficacement, l'Evêque d'Autun vivait, toujours prêt,
pensait-il, à protester contre son usurpation, à
ranimer les courages abattus en vue de détruire un pouvoir si
péniblement acquis.
Il ne se trompait qu'à
demi.
Léger, retiré dans son
diocèse, faisait disparaître peu à peu les
désordres occasionnés par son absence.
Que pouvait-il à la Cour d'un Roi
qu'il réprouvait comme illégitime ? Prendre part aux
intrigues que nouaient des ambitions particulières lui
répugnait souverainement. Il tenait pour Thierry, frère
de Childéric et de Clotaire, partant leur successeur
légitime.
Déplorant les désordres
auxquels donnait lieu le dépit d'Ebroïn, il attendait
dans le calme et la prière qu'une occasion lui fût
donnée d'intervenir utilement dans les affaires du royaume,
soit pour qu'on reconnût Thierry, soit, encore, si cette
reconnaissance était impossible, pour détruire
l'influence néfaste du Maire du Palais.
Ebroïn s'inquiétait donc
à juste titre et ne souffrait pas à Autun la
présence de son antagoniste. Il devait en finir avec
lui.
Comment s'y prendre ? Quel prétexte
inventer ?
Il en était à
réfléchir au moyen de porter ce dernier coup quand deux
méprisables personnages, Diddon et Waimer, s'offrirent
à satisfaire sa haine.
Qu'on les mît à la tête
d'une armée ; ils assiégeraient Autun, exigeraient
comme rançon que Léger leur fut livré.
Ebroïn pourrait alors s'en débarrasser comme de
Leudésius et tant d'autres victimes de son
ressentiment.
Cet audacieux projet combla de joie le Maire
du Palais qui l'approuva pleinement et donna des ordres en
conséquence.
Diddon et Waimer marchèrent sur
Autun.
Nous laissons au biographe anonyme de notre
Saint le soin de raconter le siège d'Autun et comment on
préluda au Martyre de St Léger.
"L'Evêque,
à la nouvelle qu'une armée s'avançait sur Autun
pour s'emparer de sa personne, refusa de s'enfuir et sans crainte
attendit le jugement de Dieu.
Il ordonna aux gardiens de
la ville de porter à l'extérieur les plats et autres
vases d'argent ; puis, faisant appeler les argentiers, il leur dit de
briser ces plats et`ces vases afin d'en distribuer aux pauvres les
morceaux. Il en réserva une partie pour le service des
églises et monastères tant de la ville que du
diocèse.
Alors, rempli de l'Esprit de
sagesse, l'homme de Dieu parla de la sorte aux fidèles
:
"J'ai résolu, mes
frères, d'oublier le siècle et de craindre bien
plutôt le mal spirituel que celui pro-venant d'un ennemi
terrestre. Si un fils de la chair a reçu de Dieu une telle
puissance pour la persécution, le meurtre et l'incendie,
comment pourrions-nous lui échapper, en fuyant ? Si, au
contraire, la perte des choses qui passent nous conduit à
l'observation des saints commandements, ne désespérons
pas : réjouissons-nous dans l'attente des dons de Dieu. Que
l'exercice des vertus fortifie notre âme ; et pour que:
l'ennemi ne puisse nous mettre en péril en entrant dans la
ville, faisons-la garder avec soin."
Ame de tout son peuple,
l'Evêque prescrivit un jeûne de trois jours, parcourut
l'enceinte de la ville avec la croix et les reliques des Saints. A
chaque porte, il se prosternait contre terre, priant le Seigneur avec
larmes que, s'il l'appelait au martyre, il ne permît pas que
son peuple tombât en captivité.
Son désir fut
exaucé.
Le peuple des environs,
craignant l'ennemi, se retira dans la ville. On ferma les portes et
des gardes y furent placés.
L'homme de Dieu fit entrer
tout le monde dans l'église et pria ses ouailles de lui
pardonner la peine que, dans ses réprimandes
nécessaires, il aurait causée.
L'armée d'Ebroïn
arriva et campa autour de la ville. Un premier combat eut lieu entre
assiégeants et assiégés. Mais quand, la ville
cernée de tous côtés et pressée par les
ennemis qui rôdaient jour et nuit en vociférant comme
des chiens, Léger se fût rendu compte du danger, il
arrêta le combat et dit à son peuple :
"Cessez, je vous prie, de
combattre contre ces gens. S'ils sont venus à cause de moi
seulement, je suis prêt à les satisfaire, à
calmer à mes dépens leur fureur. Nous ne devons pas
toutefois sortir d'ici avant d'avoir été entendus.
Envoyons quelqu'un d'entre nous qui leur demande pourquoi ils
assiègent la ville."
On fit descendre
aussitôt par les remparts l'abbé
Méroald.
Arrivé devant Diddon,
Méroald le pria de faire cesser le combat et d'accepter telle
rançon qu'il voudrait. Diddon lui répliqua,
menaçant qu'il n'arrêterait pas le siège d'Autun
avant d'avoir pris Léger et assouvi dans son sang la fureur
des soldats ; à moins que Léger ne jurât
fidélité à Clovis qu'Ebroïn avait
illégitimement couronné.
L'homme de Dieu, mis au
courant de cette réponse, fit publier ses intentions
:
"Sachez, vous tous tant mes
frères et amis que mes adversaires et ennemis, qu'aussi
longtemps que Dieu me gardera en vie, je serai fidèle à
Thierry. Plutôt mon corps au glaive que cette honteuse trahison
!"
Les assaillants reprirent
alors et multiplièrent leurs attaques contre la ville, y
mettant le feu et lançant des projectiles.
Léger dit adieu
à son peuple, communia, raffermit les âmes
inquiètes, leur recommanda le souvenir de sa passion. Il
marcha résolument vers les portes, les fit ouvrir et se
présenta à ses ennemis qui furent remplis de
joie.
Inventant les supplices les
plus odieux, ils lui arrachèrent les yeux de la tête. On
le vit, durant cette torture, supporter d'une manière
surnaturelle l'extraction par le fer. Plusieurs témoins
affirment qu'il ne souffrit pas qu'on lui liât les
mains.
Aucun gémissement ne
sortit de sa bouche quand on lui creva les yeux : il louait Dieu en
chantant des psaumes."
Les ennemis, après s'être
joyeusement partagé les dépouilles provenant du sac
d'Autun, remirent Léger à la garde de Waimer et
quittèrent la ville.
Ebroïn ordonna à Waimer
d'égarer le saint évêque d'Autun dans une
forêt. Après l'y avoir laissé mourir de faim, on
publierait qu'il s'était noyé. On lui
élèverait un tombeau. La postérité ne
croirait-elle pas, sur ces témoignages, qu'on l'avait
traité avec honneur ?
La haine et la vanité d'Ebroïn,
son ambition seraient satisfaites. La mort de Léger, on la
voulait ; car son prestige, grandi encore depuis le siège
d'Autun, diminuait le sien, à lui, Maire du Palais. Les
honneurs posthumes accordés à ses restes lui
enlevaient, dans l'opinion, l'auréole des
persécutés et protégeaient. Ebroïn contre
la réprobation publique.
Ces calculs hypocrites autant que barbares
échouèrent de la façon la plus
inattendue.
Waimer fit souffrir notre Saint, suivant les
ordres qu'il avait reçus.
La courageuse patience du martyr le toucha.
Les tortures endurées par lui passaient les forces humaines ;
et puisque Léger les supportait vaillamment, c'est que Dieu
l'y aidait : il était donc un homme de Dieu, et, par suite,
les accusations dont on le chargeait n'avaient aucun
fondement.
On le calomniait. Et lui, Waimer,
s'était fait l'instrument de ces calomnies : il exposait
à la plus cruelle des morts un innocent.
Saisi de compassion pour son prisonnier, il
le conduisit dans sa maison et lui fit donner tous les soulagements
que son état misérable
nécessitait.
Les entretiens qu'il eut avec lui
achevèrent sa conversion. Frappé de crainte, à
la pensée des jugements de Dieu, il honora, de concert avec sa
femme, les vertus de son hôte. L'argent, qu'il avait
enlevé à l'Eglise d'Autun, appartenant à
l'évêque, il le lui restitua pour qu'il en
disposât à son gré.
Léger remit ce trésor entre
les mains de l'abbé Betton avec ordre de le distribuer aux
pauvres d'Autun.
Waimer garda chez lui quelque temps
l'évêque, puis le fit conduire dans un monastère
où il resta deux ans.
Cependant, la fable du faux Clovis ne tenait
plus. Thierry dut sortir de St-Denys, où Ebroïn l'avait
fait entrer, et reprit, avec son titre de roi, le gouvernement du
royaume.
Ce coup, dû au réveil de la
conscience nationale, loin de surprendre et d'irriter Ebroïn,
fit jouer en lui les nombreux ressorts de son hypocrite
fourberie.
Il abandonna son fantôme de roi et,
sans scrupule ni pudeur, se rallia à Thierry. Tout ce qu'on
exigea de lui, il le promit, craignant que son passé ne
prévint contre lui l'esprit du roi.
Son passé, il le
renia.
Il offrit ses services à Thierry que
jadis, contre l'avis des Seigneurs, il avait mis sur le trône,
ne voulant pas de Childéric, puis, après la mort de
Childéric, remplacé par un roi de sa façon. Les
Seigneurs qu'il détestait, à qui il n'avait pas
ménagé les avanies, il les flatta ; se fit
auprès d'eux très petit, jusqu'au jour où, par
la sottise de Thierry et la faiblesse des grands, Maire du Palais, il
redevint plus fort que jamais.
Alors il jeta le masque. Celui qu'on avait
accueilli humble et repentant brusquement se redressa, disant
à tous qu'il faudrait compter avec lui. Il se vengea de ceux
qui ne l'avaient pas servi jusqu'au bout : Waimer fut pendu. Il
dépouilla les uns de leurs biens, enferma les autres Ni
religieuses, quand elles étaient de qualité, ni
abbés, ni évêques ne furent
épargnés. Pour échapper à ses coups, des
Seigneurs s'enfuirent au fond de l'Aquitaine ; d'autres se
réfugièrent en Austrasie sous la protection de Dagobert
II.
Léger, qu'on avait, malgré ses
ordres, laissé vivre, ne fut pas
épargné.
Que pouvait-il cependant craindre d'un
vieillard aveugle, retiré dans un monastère ? N'importe
! L'opinion voyait en lui un martyr et l'on accusait publiquement
Ebroïn des tortures infligées à
l'évêque d'Autun. Ebroïn n'en voulait pas davantage
: Léger devait mourir.
Cette fois, il eut recours à un
moyen, légal en apparence, mais qui cachait mieux son
jeu.
Sous prétexte de rendre justice
à la mémoire de Childéric, il fit rechercher ses
meurtriers. On répandit, par ses ordres le bruit que
l'évêque d'Autun avait coopéré au
régicide avec le Comte Guérin son
frère.
Tous deux eurent à comparaître
devant le roi.
Ebroïn les accabla de
reproches.
Léger lui répondit :
"Tu veux te mettre
au-dessus de tous en France ; mais bientôt cette dignité
que tu mérites si peu te sera
enlevée."
A ces paroles, Ebroïn entra en fureur
et fit endurer à ses victimes mille indignités. Il
ordonna qu'on les séparât pour les priver de la
consolation de se voir et de s'encourager
mutuellement.
Léger exhorta le Comte Guérin
à la patience, lui dit de se soumettre complètement
à la volonté de Dieu :
"Courage,
mon frère ; il faut que nous souffrions tout ceci : les maux
de cette vie, que sont-ils, en face de la gloire future ? Si nos
péchés sont grands, la miséricorde de Dieu l'est
encore plus. Le temps de nos souffrances sera court ; éternel
celui de notre récompense."
Guérin fut attaché à un
poteau et lapidé. Pendant ce supplice, il disait
:
"Seigneur
Jésus venu pour appeler les pécheurs, recevez mon
âme. Puisque vous daignez m'accorder une mort semblable
à celle des martyrs, ô Dieu de bonté, couronnez
cette grâce en me remettant tous mes
péchés."
Ebroïn persécutait la famille de
St Léger. Il confisqua les biens de sa mère Sigrade et
l'envoya au monastère de Notre-Dame à Soissons. Sigrade
y embrassa la vie religieuse avec une grande ferveur.
Elle vivait encore quand le Comte
Guérin, son fils, mourut victime des calomnies d'Ebroïn.
Pour la consoler, Léger lui écrivit en ces termes
:
"A
Madame et très sainte mère Sigrade, à celle qui
autrefois était ma mère selon la chair, mais qui l'est
devenue bien plus selon l'esprit, Léger serviteur des
serviteurs de Jésus-Christ Notre Sauveur, la grâce et la
paix de la part de Dieu notre Père et de Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
Je rends grâces
à mon Dieu qui ne m'a point privé de sa
miséricorde, mais qui m'a fait entendre la joie et
l'allégresse pour la foi et la patience avec laquelle vous
avez supporté toutes les tribulations, à l'exemple de
celui qui doit nous juger.
Aucune langue, Madame, nul
discours ne peut exprimer la joie que vous devez éprouver dans
le Seigneur. Vous avez quitté ce qu'il fallait abandonner et
obtenu ce que votre âme désirait. Le Seigneur a
exaucé vos prières, il a considéré vos
larmes. Il vous a enlevé ce qui paraissait vous retarder dans
la voie du Salut, afin que, dégagée des liens qui vous
attachaient au monde, vous viviez pour Dieu et goûtiez combien
doux est le Seigneur.
Heureuse mort qui donne la
vie I Heureuse perte des biens qui mérite des richesses
éternelles ! Heureuse tristesse qui procure la joie des anges
I
Déjà vous avez
éprouvé les miséricordes du Seigneur
Jésus ; il vous a inspiré le mépris du monde
pour vous faire pratiquer les observances d'une sainte règle.
Vos enfants, il les a délivrés des misères du
siècle et leur a donné l'espoir d'une vie
éternelle ; au lieu que vous auriez dû les pleurer comme
morts, si en mourant vous les eussiez laissés
ici-bas.
A la suite de notre Roi,
prenons garde, nous ses fidèles soldats, qu'il ne trouve rien
en nous du vieil homme. Si peu qu'il en restât, cela nous
causerait un détriment considérable, surtout si nous
gardions au cur quelque ressentiment contre nos ennemis. Que
Dieu préserve toujours de cette rancune ses fidèles
chrétiens !
Est-il une vertu plus
parfaite que l'amour des ennemis pour devenir enfant de Dieu et
obtenir, en remettant aux autres, le pardon de nos propres fautes ?
Et si l'Auteur de la vie qui a pris une chair immaculée a
prié pour ses ennemis, combien plus nous qui sommes remplis de
péchés, ne devons-nous pas aimer nos ennemis et prier
pour eux !
Et s'il y en a que leur
perversité éloigne de notre communion, nous ne devons
pas les haïr pour cela, mais les aimer selon le précepte
du Seigneur qui nous a créés.
Rien de meilleur que la
crainte de Dieu ; rien de plus doux que de vivre sous sa loi. Ô
Bonne Dame, ce que le Seigneur nous prépare, l'il de
l'homme ne l'a point vu, son oreille ne l'a point entendu, son
cur n'a pu le sentir... Rendez grâces à Dieu dans
les siècles des siècles."
Ainsi, comme un autre Ignace, exilé
de son diocèse, dépouillé de ses biens et
dignités, torturé, bafoué, sur le point de subir
une mort ignominieuse, l'évêque d'Autun oublie ses
propres souffrances pour soulager celles de sa
mère.
"Telle
est cette lettre, dit le Cardinal
Pitra dans sa vie de St Léger, telle
est cette lettre, cher et inestimable trésor qui nous fait
regretter davantage que ce grand saint n'ait pas plus souvent
consigné ses éloquentes inspirations ou que le temps ne
les ait pas plus religieusement conservées. Cette page au
besoin suffit pour nous révéler Léger. Son
âme s'y peint avec cette sérénité du
juste, cette délicate sollicitude d'un fils et d'un
père, cette joyeuse et triomphante assurance du martyr qui
touche à la palme, toutes choses qui en un moment aussi
suprême supposent ou une étonnante force d'âme ou
des communications surhumaines."
Sigrade fut honorée comme sainte au
monastère de Notre-Dame à Soissons où l'on garde
ses reliques avec celles de son fils St Guérin.
X.
Nouvelles souffrances et mort de Saint
Léger
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haut
de page
|
Le Saint Evêque eût
souhaité, si Dieu l'avait voulu, de mourir avec son
frère.
Mais Ebroïn, par un raffinement de
cruauté qui chez lui n'étonne pas, lui réservait
de plus longs et plus cruels supplices. C'était un
persécuteur qui graduait savamment les effets de sa haine pour
déprimer peu à peu le courage, faire tomber sa victime
et lui ravir, si possible, la couronne du martyre.
Jeter son ennemi dans le désespoir,
le compromettre aux yeux du roi, de la cour et du peuple ; le
condamner enfin à une mort honteuse : telle était la
pensée intime d'Ebroïn au sujet de l'évêque
d'Autun.
Sur ses ordres, on conduisit notre Saint
dans une pièce d'eau pour qu'il y marchât sur des
tessons aigus. Il en sortit les pieds
ensanglantés.
Léger avait reproché à
Ebroïn ses injustices : on lui coupa les lèvres et la
langue ; on lui taillada les joues. Le peuple le
vénérait comme un martyr : on le dépouilla de
ses habits et, tout nu, on le promena par les villes et villages sur
des chemins boueux qui le souillèrent et le rendirent
méconnaissable.
A bout de forces, il ne pouvait plus marcher
ni se soutenir.
Il faudrait bien qu'enfin il
blasphémât ! Tant de hontes briseraient son orgueil ;
tant de souffrances abattraient son courage !
Ebroïn le croyait.
Mais jamais son ennemi ne parut plus fort et
plus heureux : en son cur, il bénissait Dieu. Jamais
aussi il n'inspira autour de lui autant de respect.
De guerre lasse, Ebroïn le remit entre
les mains du Comte Vaningue, gouverneur du pays de Caux, lui
enjoignant avec menaces de le laisser périr de
misère.
Vaningue l'attacha sur un cheval
rétif et l'emmena chez lui.
En chemin, on crut qu'il allait expirer,
sous la douleur que lui causaient ses blessures, affaibli de plus en
plus par la perte de son sang.
L'abbé Winobert, qui l'avait suivi de
loin pour l'assister, entra dans le gîte où il reposait,
étendu sur de la paille et recouvert d'une toile de tente. Le
saint martyr respirait avec peine.
Ayant reconnu Winobert, il se mit à
lui parler, bien qu'on lui eût coupé la langue et les
lèvres. Ce prodige fut constaté par beaucoup de
témoins qui l'attribuèrent à la puissance
divine. Winobert, transporté de joie, en informa Ermenaire,
abbé de St-Symphorien et administrateur du diocèse
d'Autun en l'absence de Léger.
Celui-ci, bravant la colère
d'Ebroïn, vint aussitôt visiter son Evêque. Il fit
panser les plaies du malade et le pourvut d'habits et de
nourriture.
A son arrivée chez Vaningue,
Léger était guéri : sa langue et ses
lèvres avaient complètement
repoussé.
Vaningue, homme de bien, indigné des
mauvais traitements qu'on avait fait subir à son hôte,
voyant en lui un serviteur de Dieu, l'entoura de
vénération et prit soin que rien ne lui manquât.
Il le conduisit dans l'abbaye de Fécamp. Là notre Saint
édifia les religieuses par ses vertus et ses
prédications. Tous les jours, malgré sa
cécité, il put célébrer la Messe. Dans
cette retraite, il apprit la mort de ses anciens persécuteurs.
Loin de s'en réjouir, il pleura sur eux, priant Dieu de les
épargner dans sa colère.
A cette époque, Thierry convoqua une
assemblée générale, composée
d'évêques et de seigneurs du royaume.
Ebroïn y traduisit
l'évêque d'Autun pour qu'il se justifiât de
l'accusation de régicide portée contre lui.
Léger protesta de son innocence, en appelant à Dieu qui
scrute les reins et les curs.
La scène se passait uniquement en
face du Roi et d'Ebroïn qui, par ce stratagème, avaient
espéré surprendre la bonne foi de l'Evêque.
Celui-ci leur prédit à tous deux des choses que
l'avenir confirma.
Aux instances par lesquelles on le pressait
de s'avouer coupable. Léger répondit qu'enfermé
à Luxeuil quand Childéric fut assassiné, n'ayant
de communication avec personne du dehors, sous les yeux d'Ebroïn
lui-même, il ne pouvait avoir coopéré au
régicide.
Dépité et rempli de fureur,
Ebroïn lui fit déchirer la tunique de haut en bas, signe
de dégradation. Thierry approuva la déposition. Ainsi
reconnut-il la fidélité de Léger qui, même
au prix de son sang, l'avait soutenu contre les prétentions
d'Ebroïn, son âme damnée maintenant
!
L'Evêque d'Autun déposé
devait mourir.
Robert, Comte du Palais, fut chargé
d'exécuter la sentence.
Brisé de fatigue, Léger dut
s'arrêter en chemin. Pendant qu'on lui cherchait à
boire, il parut à ses gardes la tête entourée
d'une auréole. Ceux-ci, pris de frayeur, lui
demandèrent quel était ce prodige.
Aussitôt Léger se prosterna et
rendit grâces à Dieu pour les consolations qu'il
daignait lui envoyer.
Les assistants stupéfaits se disaient
entre eux : "Cet
homme est un véritable serviteur de
Dieu."
Peu de temps après, Vaningue
reçut chez lui l'Evêque d'Autun. Dieu bénit sa
maison. Maîtres et serviteurs, remplis de la plus vive
componction, confessaient humblement leurs fautes.
La seule présence de Léger
inspirait l'amour de la vertu.
Hélas ! arrivèrent du Palais
des ordres pressants par lesquels Ebroïn exigeait qu'on
exécutât sans délai la sentence de mort
prononcée contre l'Evêque d'Autun. On le conduirait dans
la forêt de Sarcing où se trouvait un puits très
profond. On jetterait son cadavre dans ce puits. Bien habile serait
celui qui le découvrirait ! Dès lors, impossible
d'honorer les restes de Léger comme ceux d'un
martyr.
Ce calcul du haineux Ebroïn
reçut encore des évènements le plus absolu
démenti.
Le Comte Robert ne put se résoudre
à l'exécution de ces ordres : il en chargea quatre de
ses domestiques. Ceux-ci, parvenus en pleine forêt,
cherchèrent longtemps le puits qu'ils connaissaient bien
cependant. Ils ne purent le retrouver.
Après une marche pénible par
des sentiers à. peine formés, notre Saint les
arrêta :
"Mes
enfants, leur dit-il,
pourquoi vous
fatiguer en allant plus loin ? Faites ici ce qu'on vous a
commandé."
Trois d'entre eux, se prosternant à
ses pieds, le conjurèrent de les bénir et de leur
pardonner sa mort. Léger se mit à genoux et pria
:
"Seigneur
Dieu, Père de Jésus-Christ, soyez béni de
m'avoir conduit à cette heure dernière. Je vous conjure
de m'accorder votre miséricorde et de me faire participer
à la gloire des Saints dans l'éternité
bienheureuse. Mais, mon Dieu, pardonnez à mes
persécuteurs et par eux glorifiez-moi."
Il se leva et présenta la tête
que le quatrième bourreau impatienté trancha d'un seul
coup. Le martyr restant dans la même position, le bourreau le
frappa du pied. Au même instant - punition de son
sacrilège - un vertige frénétique secoua ses
membres et le précipita dans le feu où il périt
misérablement.
Le martyre de St Léger eut lieu le
deux Octobre 678 dans la forêt de Sarcing près
d'Arras.
La Comtesse Robert recueillit pieusement la
dépouille mortelle du Saint Martyr et l'ensevelit dans
l'oratoire de sa maison de campagne.
Le corps y resta trois ans et
demi.
Dieu rendit témoignage à la
sainteté de Léger par les nombreux prodiges qui
s'accomplirent au lieu de sa première
sépulture.
De toutes parts on y
accourait.
Confondu et alarmé. Ebroïn
dépêcha au tombeau un de ses affidés avec mission
de contrôler les faits miraculeux, au besoin même, de les
nier publiquement.
Celui-ci rencontra un homme guéri de
cécité par l'intercession du martyr qui partout
publiait la faveur dont il venait d'être l'objet.
Incrédule, l'envoyé d'Ebroïn frappa du pied le
tombeau du Saint en s'écriant : "Non
! ce mort ne saurait faire de miracles."
Cette insolence lui coûta la vie : il tomba
foudroyé.
Loin d'être ému par ce
châtiment, Ebroïn défendit, sous les peines les
plus rigoureuses, qu'on publiât les vertus et les miracles de
Léger.
Il n'arrêta pas cependant le bras de
la justice de Dieu levé sur lui pour venger le sang qu'il
avait répandu. Un Seigneur, nommé Hermanfroi, dont
Ebroïn avait décidé la mort, l'assassina en
681.
Ebroïn disparu, Léger sembla
revivre.
Ceux que la crainte et la complaisance
avaient retenus à l'écart, publièrent à
l'envi les louanges de l'Evêque d'Autun.
Thierry lui-même reconnut son
injustice ; et, après la vérification juridique des
miracles attribués à notre Saint, il honora comme
martyr celui que, sur l'accusation d'Ebroïn, il avait cru
coupable.
Dans une assemblée
générale, les évêques de Poitiers, d'Autun
et d'Arras réclamèrent, chacun pour son propre
diocèse, la possession des restes du martyr. Leurs droits
étant égaux, le Roi confia à Dieu le soin de
décider qui des trois Evêques posséderait les
précieuses reliques.
Après un jeûne et des
prières publiques, on célébra en grande pompe le
Sacrifice de la Messe. Sur l'autel trois billets portant les noms des
évêques avaient été placés. Le sort
désigna Ansoald de Poitiers.
Ansoald fit partir aussitôt pour
Sarcing Andulfe, abbé de St-Maixent et ancien disciple de
Léger. Celui-ci leva le saint corps solennellement et repartit
pour Poitiers.
Un concours prodigieux de peuple assista
à la translation : clergé et moines venaient de tous
côtés pour se joindre au cortège accompagnant les
reliques. Sur le parcours, un grand nombre de miracles
affirmèrent le crédit surnaturel dont notre Saint
jouissait auprès de Dieu.
Ces faits, les deux biographes de
Léger les attestent, tout en s'excusant de ne pouvoir les
consigner tous.
Au territoire de Chartres, une jeune fille,
nommée Radingue, sourde, muette et paralytique, recouvra la
santé en touchant le cercueil qui renfermait les restes du
Saint Evêque.
A Tours, on conduisait au supplice une femme
accusée d'avoir tué son mari. Au passage des reliques :
"Bienheureux
Léger, s'écria-t-elle,
secourez
moi." Aussitôt se brisa la
chaîne qui lui serrait le cou et les mains. Sans chercher
d'autre preuve de son innocence, les juges la mirent en
liberté.
Robert, évêque de Tours, suivit
les reliques jusqu'à Ingrandes. Là fut guéri un
boiteux.
Ansoald vint de Poitiers en procession
à la rencontre du cortège. A Poitiers, il déposa
le saint corps dans l'église Ste Radegonde, où un
paralytique recouvra l'usage de ses membres ; puis dans celle de
St-Hilaire où fut guéri un aveugle.
La dévotion du peuple satisfaite,
Ansoald remit les reliques aux moines de St Maixent qui firent au
corps de leur ancien abbé une grandiose réception. Une
mère éplorée y apporta son enfant qui
était sur le point de mourir. On le plaça devant le
cercueil. Après d'ardentes prières adressées au
Saint, le petit corps qui depuis trois heures ne donnait plus aucun
signe de vie, se remua et l'enfant de s'écrier :
"Ma mère,
où êtes-vous ?" Il
était complètement guéri.
Ansoald fit reconstruire l'église de
St Maixent et y plaça, recouverts d'un mausolée
magnifique, les restes du Saint.
Bientôt, pour satisfaire une
dévotion qui se répandait de plus en plus, on divisa
les reliques en nombreuses portions.
Lors de l'invasion des Normands, on porta de
province en province ce qui restait du corps de St Léger. Ces
voyages étendirent son culte en Bretagne, en Auvergne, en
Bourgogne, en Flandre. Sous son vocable furent érigées
de nombreuses églises. Le précieux trésor
demeura au monastère d'Ebrenettes, situé entre
l'Auvergne et le Bourbonnais. Néanmoins quelques fragments
furent rapportés à Poitiers où on les conserve
encore.
Le chef du Saint, dit-on, fut
déposé au monastère de Murbach et plus tard
à Chaux-les-Châtillon, où on le
vénère placé dans un buste
d'argent.
L'histoire complète du culte de St
Léger dépasse les limites de cette courte biographie.
On peut la trouver dans les notices particulières et dans la
vie du Saint par le Cardinal Pitra.
"Vie de Saint Léger,
Evêque d'Autin"
par un moine de St Symphorien d'Autun qui vécut
auprès du saint
|
|
La Vie de Saint Léger,
évêque d'Autun
vers 980 - manuscrit de la bibliothèque de
Clermont-Ferrand
|
|
"Saint Léger - La
Légende Dorée"
de Jacques de
Voragine, nouvellement traduite en français -
1261-1266
|
|
"De
St Léger, évêque et
martyr", par le R.P. Simon
Martin
Les Nouvelles Fleurs des Vies des Saints - 1654
|
|
"Saint Léger - 2
octobre"
Les Vies des Saints - 1724
|
|
"Histoire de saint
Léger, évêque d'Autun et martyr"
par le R.P. Dom Pitra - 1846
|
|
"Saint Léger - son
martyre - sa première sépulture à
Lucheux"
par l'abbé Théodose Lefèvre -
1884
|
|
"saint Léger,
évêque d'Autun, martyr"
Imprimeur E. Petithenry, Paris - vers
1900
|
|
"Vie de Saint
Léger"
par le R.P. Camerlinck, de l'Ordre des Frères
Prêcheurs - 1906
|
|
"Léger, d'Autun"
par Dom H.
Leclercq - 1929
|
|
"Eléments pour une
étude sur la diffusion du culte de Saint
Léger"
parue dans "la revue du Bas Poitou" tome IV -
1971
|
|
"Saint Léger -
fête le 2 octobre - 3 octobre"
La Légende Dorée d'Autun, par Denis Grivot -
1974
|
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"Saint Léger", par Denis
Grivot,
Maître de Chapelle Honoraire de la Cathédrale
d'Autun
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La prédication sur
Saint Léger faite à l'église
protestante
de St Légier la Chiésaz (Suisse) -
1997
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"Saint Léger,
évêque d'Autun et martyr"
2 homélies du Père Alexandre, St Léger
sous Beuvray - 1998 et 2003
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"Saint Léger,
porte-parole des élites bourguignonnes"
tiré du
Journal de la Bourgogne - 2002
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"le bon et la brute" ou
"Léger contre Ebroïn"
sur le très joli site "Auxonne, capitale du Val de
Saône" - 2009
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https://www.stleger.info