Saint Léger, porte-parole des élites bourguignonnes tiré
du Journal de la Bourgogne |
Il suffit de mesurer le nombre et
l'étendue des domaines issus de ses biens patrimoniaux et
légués par Léger à son Église pour
comprendre qu'il appartient à une des plus riches familles de
son temps. Rien d'étonnant donc à ce qu'il vive
dès sa jeunesse dans l'intimité des grands et à
la cour. Rien d'étonnant non plus à ce que, la
carrière ecclésiastique s'étant ouverte devant
lui, il reçoive la charge d'un diocèse
particulièrement prestigieux : Autun. Pendant une quinzaine
d'années, à partir de sa nomination en 659, il lance
une action de grande ampleur. carte
des royaumes francs à l'époque
mérovingienne Il se veut l'inspirateur, sinon le
maître, de la Burgondie tout entière. Dans cette
perspective, il ne pourrait avoir ennemi plus acharné que le
maire du palais de Neustrie, Ébroïn, les vieux
antagonismes sociaux et politiques se doublant comme toujours d'une
guerre d'alliances entre Austrasie et Neustrie.
L'évêque
Léger se rend à Luxeuil 677 - De
l'évêque au martyr L'affrontement entre Léger et
Ebroïn est si violent que le Neustrien finit par faire
arrêter l'évêque d'Autun dans sa propre ville
épiscopale. Non content de l'avoir en sa puissance, il le fait
mutiler, le privant notamment de ses yeux, et l'éloigne de son
pays, ordonnant de le transférer à Fécamp.
À vrai dire, le sentiment général est que
l'évêque blessé ne pourra survivre bien
longtemps. Mais la robuste constitution du prélat et les soins
des religieux normands en décident autrement, et Léger
se remet. C'en est trop pour Ébroïn qui envoie ses
sicaires, en 677, pour assassiner le malheureux. Son frère
Guérin, maître de la très puissante forteresse de
Vergy, dans Ies Hautes-Côtes, subit le même
sort. Tant de haine déployée ne sert
pas la cause d'Ébroïn : la vox populi canonise les deux
frères martyrs et assimile leur meurtrier à un
persécuteur. De fait, Ébroïn ne profite pas de son
apparente victoire : vers 683, il est mis à mort par Thierry
III, excédé par son autoritarisme. L'assassinat
d'Ébroïn par Thierry III
À la tête de l'Église d'Autun, un grand
aristocrate plein d'ambition
où se trouve Ébroïn, son pire
ennemi.
La vindicte d'Ébroïn poursuit l'évêque
aveugle jusqu'en son lointain refuge.
marque la fin de l'hégémonie
neustrienne.