Après
consultation des archives communales, il s'avère que
très peu de documents écrits nous éclairent sur
cette période. Seule une délibération du Conseil
Municipal datant d'octobre 1939 nous indique que, pour la protection
des enfants fréquentant l'école, des rideaux opaques
seront posés aux fenêtres de la classe et que des
tranchées abris devront être creusées dans le
jardin de l'instituteur. Ces précautions auraient
été bien vaines en cas de bombardements.
Bien qu'il n'y ait pas eu de grands faits
d'armes ni de résistance dans notre village, cette seconde
guerre mondiale a marqué beaucoup les esprits des habitants.
Elle est toujours une date référence dans les
conversations des personnes âgées. "Pendant la guerre",
"juste après guerre", "à la fin de la guerre", ces
expressions sont souvent présentes quand nos anciens
évoquent leur vie passée. Il est d'autant plus
intéressant de recueillir leurs souvenirs car, ayant
vécu ces dramatiques événements à
l'âge de l'insouciance et de l'innocence, ils nous les
rapportent avec leurs regards d'enfants.
Témoignage
de Alain Hidoux - 6 ans en 1938
"J'avais 6 ans en 1938 et je revois
ma mère lisant les lettres de mon grand frère,
alors militaire près de la frontière
allemande. Dans l'une d'elles étaient écrites
les paroles de cette chanson bien connue : "Nous irons faire
sécher notre linge sur la ligne Siegfried".
On ira pendre notre
linge sur la ligne Siegfried - 1939
paroles françaises de Paul Misraki -
arrangement de Ray Ventura et ses
Collégiens
Un p'tit Tommy chantait cet
air plein d'entrain
En arrivant au camp
Tous les p'tits poilus joyeux apprirent le
refrain
Et bientôt tout le régiment
Entonna gaiement :
Refrain :
On ira pendr' notre linge sur la ligne
Siegfried
Pour laver le linge, voici le moment
On ira pendr' notre linge sur la ligne
Siegfried
A nous le beau linge blanc.
Les vieux mouchoirs et les ch'mis' à
papa
En famille on lavera tout ça
On ira pendr' notre linge sur la ligne
Siegfried
Si on la trouve encore là.
Tout le monde à son
boulot en met un bon coup
Avec un cur joyeux
On dit que le colonel est très content de
nous
Et tant pis pour les envieux
Tout va pour le mieux
Refrain
pour écouter la
chanson
|
Les discussions de mon père
avec les voisins avaient la guerre pour principal sujet. A
mon grand désappointement, en 1939, la chasse ne fut
pas autorisée. L'hiver se passa dans
l'inquiétude, d'autant plus que les
préparations de la guerre devenaient de plus en plus
visibles. Une dizaine d'Anglais avait pris possession d'un
hangar situé au lieu dit "grand champ" sur la plaine
de Pas. Ils commencèrent à effectuer des
travaux d'aménagement du terrain en vue d'une piste
d'atterrissage pour d'éventuels avions.
J'étais fasciné par leurs petites berlines de
chantier et leur bulldozer à chenilles. Avec mon
voisin, nous allions souvent les voir. Une fois, ils nous
ont fait boire du thé au lait. Cela m'a semblé
infect. Ils cuisaient leurs frites avec de la graisse
blanche. Il leur arrivait également de traverser le
village en jouant de la cornemuse.
installation du terrain
d'aviation au lieu dit "le Grand Champ"
Roger Hossart au volant d'une pelleteuse avec un soldat
anglais, M. Reginold
Et puis Mai 40 est arrivé.
Mon père, alors Maire du village, reçut
l'ordre de faire déposer les armes à la
Mairie. Il montra l'exemple en déposant sa carabine 9
mm qui lui servait à tuer les ragondins dans le
jardin, et son fusil de chasse. D'autres chasseurs en firent
autant. Je me souviens que toutes ces armes sont
restées plusieurs jours sur les tables
d'écoliers. Personne ne se serait permis d'en prendre
une. Un fonctionnaire de la préfecture est venu les
récupérer. Mon père a conservé
le document d'inventaire rédigé par le
fonctionnaire. Aucune arme n'a été
restituée après la guerre. L'école ne
fonctionnait plus. L'institutrice avait rejoint sa
famille."
"L'ordre d'évacuation fut
proclamé par la préfecture. Un tiers des
habitants est parti début mai avec des moyens
motorisés. D'autres partirent plus tard, ce fut
notre cas ainsi que celui de quelques autres agriculteurs
qui ne pouvaient se résigner à abandonner
leurs bêtes.
Il fallait que quelqu'un reste pour
assurer la traite des vaches, nourrir la volaille, les veaux
et les porcs. Ma grand-mère âgée de 75
ans décida de rester. Elle serait aidée dans
sa tâche par un cousin de ma mère. Leur
présence allait éviter également le
pillage. Nous sommes donc partis, mon père ayant
attelé l'une des juments au tombereau et l'autre
jument conduite par ma mère, tirant une charrette.
Mon frère et moi étions assis sur la
charrette. Ma sur et son amie Germaine suivaient
à bicyclette. Nous avons parcouru vingt
kilomètres dans la journée et nous sommes
arrivés chez des gens qui partaient. Nous avons
étalé deux matelas par terre, sur lesquels
nous avons passé la nuit. La promiscuité
était indescriptible, le local étant
partagé avec d'autres réfugiés.
Très tôt, le lendemain matin, mon père,
très inquiet, fit le parcours inverse pour
vérifier si tout allait bien à la ferme. Une
fois revenu et les chevaux récupérés,
nous reprîmes la route. Dans ce village, il y avait
une foule de gens à pied avec des carrioles à
deux roues, toutes sortes de véhicules tirés
par des chevaux, des cyclistes et quelques voitures
automobiles. Il y avait beaucoup de Belges dans cet
invraisemblable cortège. Soudain, au milieu du
village, le cortège s'immobilisa et, du haut du
tombereau, nous aperçûmes un char
français.
char
français
Un militaire en descendit pour
discuter avec quelques réfugiés. En nous
approchant, nous vîmes également les deux
passagers d'une superbe voiture noire. Mon attention fut
attirée par la magnifique et grande poupée qui
était déposée sur la banquette
arrière. Cet homme et cette femme qui me paraissaient
âgés ne parlaient pas notre langue et leur
véhicule avait une immatriculation
étrangère. Ils semblaient suspects au regard
de la foule apeurée. J'ai le sentiment que l'officier
leur a évité un lynchage en les prenant sous
sa protection. Le char est donc reparti, suivi de la voiture
noire. Le cortège s'ébranla à nouveau.
Mais, après une demi-heure de marche, il y eut un
nouvel arrêt : un bruit assourdissant de moteurs se
fit entendre. Une colonne d'une cinquantaine de chars
allemands était arrêtée à un
croisement. Ne sachant que faire, nous avons stoppé
notre marche vers l'inconnu. Un Allemand, tête nue,
sortit de son char, s'approcha des attelages et donna un
morceau de sucre aux chevaux. Ma mère chuchota
à l'oreille de mon père : " Jean, il
empoisonne les chevaux ! " Il n'en fut rien. Peut-
être était-il lui même fils de
cultivateur ?
une colonne de chars
allemands - mai 1940
Le temps de pause étant sans
doute terminé, tranquillement, il repartit sur son
char et la colonne reprit la route dans un bruit d'enfer
dû au grincement des chenilles. Ce fut mon premier
contact avec l'ennemi. Mon père nous dit alors qu'il
avait aperçu dans le chariot qui nous
précédait trois soldats français qui,
à la vue des Allemands , s'étaient enfouis
dans les bottes de paille que transportait ce fermier
certain de partir pour un très long voyage.
un avion allemand -
1940
Très vite, mon père
prit alors la décision de rentrer. Notre escapade
était terminée. Elle avait donc duré
deux jours et une nuit. Les chevaux ont vite compris que
nous rebroussions chemin car ils marchaient à vive
allure alors qu'à l'aller ils traînaient des
sabots. Nous étions heureux. C'est alors que nous
avons entendu des avions qui mitraillaient au-dessus de nos
têtes. Ma mère réagit
immédiatement en me coiffant d'un seau
galvanisé qui servait pour l'eau des chevaux. Elle
posa également une casserole en aluminium sur la
tête de mon frère. Une fois le danger
écarté, nous avons retiré nos casques
de fortune, protections bien dérisoires. Nous avons
ri comme des fous, trop jeunes pour comprendre la
gravité de la situation. Sur le chemin du retour,
nous rencontrâmes des cyclistes et des piétons
qui criaient que les Allemands étaient
passés."
l'exode
"Une fois rentrés chez nous,
la vie a repris son cours avec des imprévus : plus de
charcutier, plus de boucher, plus de boulanger ni
d'épicier. Ce qui m'a marqué le plus, quelques
jours plus tard, après notre retour, c'est le passage
de centaines de prisonniers. Un camion
débâché ouvrait la marche. Il
était équipé d'une mitrailleuse
pointée sur ces pauvres victimes affamées et
assoiffées. Une halte de courte durée a permis
à quelques-uns de ces prisonniers de prendre la
nourriture que les habitants du village leur offraient. Ma
mère donna des frites à un prisonnier anglais
qui lui tendit une pièce en argent que bien entendu
elle refusa en lui expliquant qu'il en aurait sans doute
besoin plus tard... J'ai vu certains de ces hommes se ruer
dans un jardin pour déterrer les plants de pomme de
terre. Ils les frottaient sur leur pantalon et les
mangeaient crus. Il y avait des hommes de toutes les
nationalités, l'un avait une tenue qui ressemblait
à celle des Allemands. Mon père nous dit que
c'était un Autrichien. Je me souviens d'un autre qui
s'est emparé des habits souillés d'un
garçon de cour. La colonne est repartie sous la
surveillance des Allemands, baïonnette au canon. J'ai
vu un Allemand s'approcher d'un prisonnier assis contre un
mur, n'en pouvant plus, lui poser la baïonnette contre
sa poitrine pour l'obliger à avancer.
Les jours suivants, par
intermittence, les Allemands passaient avec des petits
chariots de forme évasée tirés par deux
chevaux. C'était curieux à voir. Ils
rentraient chez l'habitant pour manger. Chez nous,
c'était toujours des ufs en omelette avec des
frites. Au cours d'un repas, deux jeunes Allemands qui
parlaient un peu le français ont dit qu'ils
étaient étudiants et ont prononcé ces
mots : "la guerre pas bonne". Je me rappelle
particulièrement de l'un d'eux car il était
roux et avait le visage brûlé par le soleil. Je
me souviens également de deux autres Allemands qui
m'ont semblé plus féroces. L'un était
gradé et l'autre conducteur de la moto side-car avec
laquelle ils étaient arrivés. Pour le repas
(au moins six ufs chacun), le gradé a sorti son
révolver, l'a placé sur la table et l'a
gardé sans cesse à portée de mains. Il
a obligé mon père à goûter
l'omelette et à boire le cidre que ma mère lui
servait, sans doute avait-il peur qu'on l'empoisonne ? Ils
sont partis comme ils étaient venus, non sans avoir
auparavant changé une roue dégonflée de
leur moto.
le costume du
Feldgendarme
Nous n'avons plus vu de soldats
ennemis au moins pendant un an. Cependant un autre fait
marquant qui date de l'année 1941 me revient à
la mémoire. A la suite d'une dénonciation, les
Feldgendarmes sont venus perquisitionner chez nous à
la recherche d'armes. Ils ont eu beau chercher aux endroits
indiqués dans la lettre anonyme, ils n'ont rien
trouvé. Mon père leur a montré le
document administratif relatif au dépôt des
armes. Ils étaient très courtois, L'un d'eux
avait un nom à consonance française et parlait
le français. J'ai su qu'ils étaient
cantonnés à la caisse d'épargne de
Doullens.
Loin des villes, notre campagne
était plutôt calme. Ce que nous vîmes
ensuite, ce furent des avions bombardiers américains.
Au début il y avait des combats aériens mais
par la suite les avions de chasse allemands disparurent. Des
forteresses volantes groupées par quatre dessinaient
dans le ciel des sortes de damier. Elles passaient pendant
une heure environ et on se demandait bien pourquoi les
chasseurs allemands avaient disparu. Par la suite, elles
passèrent vers le soir. Nous les entendions arriver
de loin. On voyait à l'horizon les explosions des
obus tirés par les batteries allemandes ainsi que les
faisceaux des projecteurs cherchant à localiser les
bombardiers.
bombardier
Durant ces années
d'occupation, les agriculteurs furent soumis d'une part aux
réquisitions de chevaux (une belle mule noire nous
fut prise) et d'autre part à l'obligation de produire
des oléagineux. Certains cultivèrent de
l'oeillette, d'autres du colza. Mon père lui
récoltait de la cameline. Il fallait également
fournir aux occupants X kilos de viande bovine. Je me
souviens d'avoir accompagné mon père au
chef-lieu de canton distant de 7 km pour remettre une
génisse aux responsables de la réquisition.
J'ignore les détails de l'indemnisation. Chaque
lundi, les agriculteurs se rendaient également
à Acheux en Amiénois, notre chef-lieu de
canton, pour y déposer du beurre et des ufs,
les quantités étant définies par les
services de la préfecture. Des bons d'alimentation
furent institués concernant tous les aliments. Les
disparités étaient énormes. Nous, dans
la Somme, nous avions droit à 500 g de sucre par
personne et par mois alors que dans le Pas de Calais,
distant de chez nous de 500 mètres on avait droit
à 1 kg. Il ne restait alors que le marché noir
pour s'en procurer. Le troc fonctionnait bien : du beurre
contre du sucre. Contrairement aux habitants des villes,
nous n'avons pas souffert de la faim. Tous les habitants
avaient une basse-cour pour la volaille et les ufs et,
parfois, ils élevaient un porc. Dans les fermes, les
agents impliqués dans le contrôle
préfectoral posaient eux-mêmes des
médailles aux oreilles des porcs. Ma famille devait
en remettre un ou deux par an au chef-lieu de canton. On les
emmenait dans un tombereau que l'on recouvrait d'un grillage
pour qu'ils ne s'échappent pas. Le commerce
illégal était légion. Lorsqu'on
s'achetait des vêtements, on payait une partie en
argent et l'autre partie en X kilos de beurre ou volailles
prêtes à cuire. Nous faisions de même
pour les achats d'accessoires nécessaires au bon
fonctionnement de l'exploitation agricole. Tout était
en vente restreinte. Il fallait du beurre pour obtenir un
peu de ce qui était nécessaire. Seuls les fers
à chevaux échappaient à la
règle. Ils pouvaient être fournis en
quantité suffisante.
Nous vécûmes quatre
années végétatives. Mon frère
aîné, étant prisonnier en Allemagne,
souffrait de la faim. Chaque semaine, il fallait lui faire
parvenir un colis. C'était toujours le même
contenu : pain grillé et conserves de viande en
boîtes métalliques stérilisées
(morceaux de volaille, côtelettes
désossées et
pâtés)."
"Le débarquement avait
réussi. Nous avions retrouvé le moral, bien
que ne sachant pas grand' chose des
événements. La radio et le journal "le
progrès de la Somme" étaient soumis à
la censure et ne donnaient que des informations favorables
à l'occupant.
voiture
amphibie
Un matin, fin août 1944, on a
commencé à voir passer des soldats allemands
à pied, en vélo, et quelques véhicules
militaires. Un groupe de trois soldats s'est installé
au fond de notre cour avec leur voiture amphibie. Elle avait
une hélice à l'arrière au bout d'un
bras articulé remonté vers le haut. Pour
s'installer à l'intérieur, il fallait enjamber
le véhicule sans porte. Le soldat qui portait une
tenue de camouflage nous a révélé par
la suite qu'il était en fait Italien. Le repas dans
la salle à manger familiale fut des plus curieux. La
table centrale était occupée par notre
famille. Quant aux soldats, ils s'étaient
installés à une autre table près de la
fenêtre. Quelle ne fut pas ma surprise quand l'Italien
est venu me chercher afin que je sois avec eux ! J'ai donc
mangé de la semoule de blé avec une viande
excellente recouverte de sauce marron (je dirais aujourd'hui
du buf en daube). C'était bien chaud et je me
suis bien régalé. Après le repas, ce
soldat s'est dirigé vers le poste TSF et l'a mis en
marche. Nous avons donc entendu les informations "Ici
Londres, les Français parlent aux Français".
Nous étions très mal à l'aise. On n'en
revenait pas. Je comprends maintenant que, pour lui qui
comprenait le français, c'était le seul moyen
de connaître réellement la situation.
Après leur départ, mon père aidé
de mon frère cacha les chevaux dans un endroit
sûr car les soldats allemands n'hésitaient pas
à s'emparer des attelages pour s'enfuir au plus vite.
Ce fut alors dès le lendemain un défilé
incessant de soldats allemands battant retraite, à
pied, à vélo, ou alors avec des attelages
réquisitionnés. Les alliés
étaient proches. Je me rappelle l'image d'un
drôle d'équipage : une petite voiture
attelée à un cheval de petite taille d'une
beauté superbe. Un soldat dirigeait le cheval, un
autre dormait dans la charrette. Après discussion,
mon père m'indiqua que c'était un cheval
breton.
Le troisième jour, ce fut
plus calme dans les rues du village. Seule une colonne de
soldats anglais avait été aperçue sur
un chemin rural au milieu des champs loin du village. Enfin
nous étions libérés. Mon père
prit alors l'initiative d'aller installer le drapeau
national près du monument aux morts. Notre parcours
vers le monument fut vite interrompu : soudain, une rafale
d'auto mitrailleuse crépita non loin de nous. Nous
étions au niveau du pont, rue de l'église. Un
véhicule à chenilles arrivait vers nous. Mon
père jeta le drapeau dans le lit de la
rivière, asséché depuis plusieurs mois,
nous nous engouffrâmes à toute vitesse sous le
pont. Nous avons entendu passer la voiture, une vieille
femme Antoinette n'avait pas eu le temps de nous rejoindre
et s'était couchée dans l'herbe. Le
véhicule a fait demi-tour après avoir
aperçu les Anglais du haut de la côte de Pas et
a disparu. Le tir de mitrailleuse avait atteint un homme du
village qui portait un fusil afin de chasser les derniers
Allemands. Sans doute voulait-il s'acheter une conduite, vu
ses agissements plus que douteux pendant l'occupation.
Emmené chez un médecin, il y est
mort.
Après la guerre, 3
prisonniers allemands ont été contraints de
participer aux travaux des champs dans quelques fermes, mais
je ne me souviens plus combien de temps cela a
duré."
|
Témoignage
de Josiane Josse, née Leturque - 9 ans en
1939
"A la déclaration de guerre,
je me souviens du climat d'angoisse qui régnait dans
la famille. Très vite, papa, qui avait
été un combattant de la guerre 14 /18 (Verdun,
Aisne etc) a reçu un ordre de mobilisation. Il a
dû se rendre à Abbeville et heureusement, trois
jours plus tard, il rentrait chez nous, étant sans
doute jugé trop vieux pour faire un bon soldat. Il
avait 42 ans. Ce fut un immense soulagement et une grande
joie dans la famille. Papa qui se méfiait des ordres
a refusé de déposer son fusil de chasse
à la Mairie. Il a enlevé quelques
rangées de briques du sol de l'étable des
vaches, y a aménagé une cachette et l'arme est
restée cachée là jusqu'à la fin
de la guerre.
Quand nous avons reçu
l'ordre d'évacuation, nous étions à
l'école. C'est notre institutrice, Madame
Delécole, qui nous l'a annoncé. Bien entendu,
mon père refusait de partir en disant que cela ne
servirait à rien car les Allemands étaient
à nos portes et qu'on risquait la mort bien plus sur
la route qu'à l'abri dans notre maison. Je dois
reconnaître qu'il n'avait pas tout à fait tort.
En tout état de cause, à force d'être
supplié par ses voisins et amis, papa prépara
notre évacuation. Dans la fourragère
tirée par un cheval, on y entassa des matelas,
couvertures, victuailles, tout un tas de matériel
nécessaire à notre survie. Tout en haut du
chargement, on installa la grand-mère,
âgée de 81 ans. Dans une petite charrette
tirée par notre ânesse Jeannette, on avait
placé d'autres biens dont je ne me souviens plus. Je
me rappelle uniquement du poste TSF auquel nous tenions
beaucoup. Nous avons pris la route le 18 mai 1940,
accompagnés des familles Hidoux, Lefèvre et
Candelier. Nous sommes partis 3 jours. La première
nuit, nous avons couché à Talmas. Nous avons
croisé les Allemands à Fienvillers. Alors,
nous avons fait demi-tour. Quand nous sommes rentrés
chez nous, la maison était occupée par
d'autres émigrés qui venaient du Pas de
Calais. Ils ne voulaient pas croire que nous étions
les propriétaires des lieux. Ils sont restés
avec nous toute une journée et enfin ont cru à
notre parole quand nous sommes allés
récupérer nos vaches et veaux que l'on avait
libérés dans un pré traversé par
la rivière. Ils nous ont alors quittés pour
continuer leur périple.
Fin mai 40, durant 2 à 3
jours, beaucoup de prisonniers ont traversé le
village. Nous leur avons offert le pain que nous avions,
pain qui ressemblait davantage à des galettes car, ne
disposant plus de levure, la pâte n'avait pas
levée. J'ai vu quelques soldats allemands se moquer
d'un prisonnier asiatique et bien rire à ses
dépens.
prisonniers
français
Dès l'occupation, un
couvre-feu a été mis en place. Nous n'avions
plus le droit d'être dans la rue après 21 h. De
même il fallait balayer les rues du village chaque
samedi. Je ne me souviens plus si toutes ces obligations ont
été respectées durant toute la guerre.
Ce dont je me rappelle, c'est qu'on nous a demandé
également de rendre les postes TSF. Encore une fois,
mon père a bravé le règlement : nous
sommes allés acheter un vieux poste d'occasion
à Albert, ville distante de 17 km pour le
déposer au retour aux autorités
compétentes à Acheux en Amiénois. Nous
avons donc gardé notre beau poste que nous cachions
et le soir, nous écoutions Radio Londres. Mais les
émissions étaient si brouillées qu'il
nous était impossible de comprendre. Heureusement,
dans les années 42 / 43, de temps en temps, un avion
anglais jetait des tracts au-dessus des villages pour
informer la population de ce qui se passait
réellement, car tout n'était que propagande et
fausses informations dans notre journal local. Bien entendu,
il ne fallait pas être pris à les ramasser ou
les lire. Un jour, un Allemand a voulu emmener notre
ânesse Jeannette. Il est monté dessus mais
cette dernière, bien que battue violemment, a
refusé d'avancer. Il a donc renoncé à
son projet et j'ai été heureuse de voir
qu'elle avait du caractère.
l'ânesse Jeannette,
Yvonne Leturque et sa petite nièce Yvette,
réfugiée à St
Léger
Yvonne Leturque et sa
basse-cour
Paul Candelier, notre voisin, avait
été nommé "syndic" et à ce titre
devait organiser les réquisitions de nourriture
à fournir aux autorités.
Vers la fin de la guerre, je me
souviens d'un officier allemand à bord d'un camion
qui est resté dans notre cour de ferme pendant
plusieurs jours. Il avait un abord dédaigneux et
l'air très sévère. Jamais il nous a
adressé un sourire, ni la parole. J'enviais le
chocolat qu'il mangeait. Son aide de camp nommé Isaac
était un brave homme. Entièrement
dévoué à son service, il courait sans
cesse pour le satisfaire et allait même jusqu'à
le raser chaque matin avec un rasoir droit. J'avoue que dans
le contexte où nous vivions, devant cette
scène plus que surprenante pour moi, il m'est
arrivé d'avoir quelques petites pensées
meurtrières.
Suite au débarquement, la
conversation chez nous tournait autour de l'avancée
des alliés et des actions de la résistance. Un
des faits les plus marquants fut la mort tragique à
Haplincourt (62) d'un jeune de notre village, Roger Vasseur,
qui fut tué avec d'autres par des SS. Mon
frère Abel avait failli partir avec ce dernier et
c'est la gravité de la maladie de notre mère
qui l'avait fait renoncer.
A la fin du mois d'août 1944,
à l'approche de la libération de notre
région, les Allemands qui passaient me paraissaient
très inquiets. Ils demandaient à
écouter Radio Londres et certains expliquaient
à mon père qu'ils avaient peur de partir en
Russie. Je sais qu'à Authie certains se sont
sauvés et que leurs supérieurs ont fait
fouiller toutes les maisons du village, les granges, les
abris, à la recherche de ces déserteurs. On
sentait un peu la panique. Chez nos voisins, ils firent
sortir tout le matériel agricole de la ferme, afin de
pouvoir dissimuler leurs camions et autres véhicules.
Pour terminer sur une note plus
gaie, voici un fait qui me fait encore sourire. Notre
institutrice avait à l'époque un petit copain
allemand. Pour lui, elle nous avait demandé
d'apporter à l'école les peaux des lapins
à la fourrure blanche que l'on pouvait avoir chez
nous. J'ai toujours ignoré le but de cette
demande.
Le 1er septembre, nous
étions libérés."
|
Témoignage
de Christian Danicourt - 17 ans en 1940
"En mai 1940, il y avait un
campement d'une vingtaine de soldats français dans le
pré derrière notre maison (actuellement aux
environs du 13 et 15 Grande Rue). C'était la
débâcle. Je me souviens que, pour leur
nourriture, ils nous ont acheté un cochon et un veau.
Dès l'arrivée des Allemands, ils ont
été faits prisonniers et ont dû se
rassembler devant chez Pauline, le café du village.
L'officier qui les commandait nous avait laissé une
malle avec ses affaires personnelles en demandant à
ma mère de renvoyer le tout à son
épouse, ce que nous avons fait. Je me souviens que
dans ce groupe il y avait un soldat d'origine marocaine qui
n'a pas hésité à aller à la
rencontre de l'armée allemande à
l'entrée d'Authie. Il a tiré sur un char. Le
malheureux a été tué sur le champ. Ceci
m'a beaucoup marqué.
Le 19 mai 1940, un avion anglais a
été abattu près d'Authie, route de
Thièvres. Je me suis rendu sur place avec Roger
Hossart et Léon Seillier. Ma mère nous
accompagnait. Elle a déposé un bouquet de
fleurs sur les tombes provisoires des 2 aviateurs.
Actuellement, ils sont enterrés dans le
cimetière d'Authie.
1939 - aménagement
du terrain daviation dAuthie
Christian Danicourt,
Léon Seillier et Roger Hossart devant l'épave
de l'avion anglais
la tombe provisoire des
aviateurs anglais
A la débâcle, quand
les prisonniers français, anglais et belges sont
passés, ils étaient affamés. J'ai vu un
silo de betteraves à vaches situé dans la
ferme Hossart disparaître en quelques heures. Leur
offrir des ufs fut impossible car beaucoup se
ruèrent sur les paniers comme des bêtes
affamées et tout fut cassé et perdu. Ce sont
pour moi des souvenirs terribles. Les Anglais étaient
les plus maltraités.
Je me rappelle aussi du grand
nombre d'évacués qui traversaient le village.
Nous avons recueilli pendant plusieurs mois une famille qui
venait du Nord de la France. Ces gens nous ont
été reconnaissants et nous avons entretenu
pendant longtemps des liens d'amitié avec
eux.
Pendant l'occupation, il
régnait une drôle d'atmosphère, il
fallait surtout ne rien dire à qui que ce soit, ne
pas parler de ce que l'on faisait ou de ce que l'on voyait.
La vie sauve était à ce prix. Vers la fin de
la guerre, au cours de l'année 1944, je ne me
souviens plus exactement de la date, nous avons recueilli
deux prisonniers russes qui s'étaient
évadés d'un camp de prisonniers situé
près d'Arras. Ce qui m'avait frappé,
c'était qu'ils étaient chaussés de
sabots. Nous les avons cachés pendant plusieurs mois
dans une de nos granges située le long de la Grande
Rue. Tous les jours, je leur portais de quoi manger et les
voisins n'en ont jamais rien su. L'un des deux est revenu
après guerre avec sa famille. Malheureusement,
étant au service militaire, je n'ai pu le revoir.
Une autre fois, au lieu dit "le
calvaire", j'ai fait une étrange rencontre ; je pense
que c'était un parachutiste anglais. Il ne voulait
pas d'aide. Le lendemain, je ne l'ai plus revu. Qui
attendait-il ? Qui l'a aidé ? Etait-ce une personne
du village ? Toujours ce silence obligé pour la
sécurité de tous ! Il existait une
filière dans notre région qui assistait les
parachutistes en les aidant à repartir dans des lieux
plus sûrs.
A la suite du débarquement,
beaucoup de jeunes voulurent prendre les armes et rejoindre
la Résistance. Beaucoup étaient inconscients
du danger. Un soir, j'ai transporté un sac de
grenades récupéré du côté
de "la ferme des treize saules" pour l'emmener chemin de Bus
et le remettre à des jeunes FFI de Famechon qui eux
partaient rejoindre des résistants à
Grévillers, près de Bapaume, afin d'aller
combattre dans les Ardennes selon ce qu'ils m'avaient dit.
Sur dénonciation, je pense, un jour les SS sont
arrivés dans le village avec une liste de noms de
jeunes gens qu'ils voulaient arrêter. Pourquoi ?
Voulaient-ils des otages ou cherchaient-ils des
résistants ? Je n'oublierai jamais cette
journée. André Leclerc, un cultivateur du
village, a pu prévenir Marcel Lièvre, un de
ses ouvriers agricoles qui travaillait dans les champs. Il
s'est caché avec d'autres dans les carrières
souterraines du bois de Warnimont. Quant à moi, j'ai
eu la peur de ma vie. Vite, avec mon copain Léon,
nous nous sommes réfugiés dans le caveau de
famille Seillier où nous avons passé toute la
nuit suivante. La maison familiale a été
fouillée. Nous apprîmes ensuite que Roger
Vasseur et Michel Baillon avaient été
fusillés à Haplincourt le 11 juin
1944.
avec l'aimable
autorisation de Monsieur Coilliot
|
En 1943,
c'est un avion allemand qui a été
abattu, près de Bus les Artois
à droite de la route départementale
Authie-Bus :
récupération
des pièces de l'avion et de
l'équipement en armes
fouilles effectuées par Ghislain Lobel et
Pierre Bon
|
A la Libération, aux
environs du 1er septembre, je me suis rendu avec mon voisin
Achille Jacquemont à l'Arbret et nous avons
désarmé quelques soldats allemands
cachés dans une cave.
Afin de compléter le
témoignage d'Alain, René Corbillon a
été blessé à la cuisse par une
balle explosive tirée depuis l'auto-mitrailleuse. Je
pense qu'il a d'abord été transporté au
château de Couin pour y être soigné mais
les résistants l'ont signalé comme collabo et
finalement on a appris qu'il était mort. Les deux
Allemands de l'auto-mitrailleuse ont été
tués par de jeunes FFI, quelques kilomètres
plus loin, à Sailly au Bois."
|
article du Courrier
Picard en date du dimanche 11 janvier 2004
Pour en savoir
plus
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Témoignage
de Jean Favrelle - 19 ans à la fin de la
guerre
"Courant juin 1944, des Allemands
sont arrivés chez ma mère. Ils étaient
à la recherche de mon frère Elie. Ma
mère leur a répondu qu'il était parti
travailler dans les champs. On a su plut tard qu'il
s'était caché dans un premier temps dans le
clocher de l'église, puis au fossé Saint
Martin et que, très vite, il est parti se
réfugier chez des cousins à Albert afin
d'éviter d'être arrêté par les SS
allemands."
|
Témoignage
de Gilbert Lefèvre - 18 ans à la fin de la
guerre
"Au début de la guerre,
quand les Anglais sont arrivés, ils ont
aménagé un terrain d'aviation dans "le grand
champ", chemin d'Hénu. Je me souviens de leurs gros
bulldozers et ce qui m'a impressionné, ce fut
l'élargissement par leurs soins du chemin route
d'Hénu qui descendait directement vers le village
derrière la maison de Jean Favrelle. Tous les
véhicules militaires pouvaient ainsi passer.
Après la débâcle, le terrain d'aviation
fut vite occupé par l'armée allemande. Ce dont
je me souviens et qui m'a frappé, ce fut le jour
même où mon père est revenu à la
ferme avec un passe-partout qu'il avait acheté
d'occasion pour travailler ses champs. Ce jour-là, il
dut se rendre avec d'autres cultivateurs sur le terrain
d'aviation pour le remettre en état, ordre avait
été donné par Jean Hidoux, maire
à l'époque, sous la contrainte des Allemands.
Ainsi le passe-partout avait d'abord servi à
l'armée allemande. Je n'ai pas souvenance que ce
terrain connut une grande activité.
Un autre épisode dont je me rappelle fut le transport
du sac de grenades avec Christian Danicourt de "la Ferme des
13 Saules" au "Bosquet Maurois" en passant non loin de ce
terrain d'aviation. Je pense qu'il fallait une part
d'inconscience due à notre jeune âge pour se
lancer dans cette aventure qui aurait pu vraiment mal
tourner."
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Témoignage
de Bernard Labroy - 8 ans à la fin de la
guerre
"Mon père a
été prisonnier dès le début de
la guerre, il est resté 5 ans en Bavière pour
travailler dans une usine puis dans une ferme. J'ai
été élevé que par des femmes :
mon arrière-grand-mère, ma grand-mère
Madeleine, ma mère et Germaine qui était une
employée de maison. Le seul homme que je
côtoyais de temps en temps était mon voisin,
grand-père Bellettre. Il m'emmenait parfois dans les
champs avec ses chevaux. Je ne fréquentais pas
assidûment l'école, si bien que lorsque mon
père est rentré de captivité en mai 45,
trouvant que j'avais des lacunes dans mes apprentissages, il
m'envoya en pension, ce qui m'a profondément
déplu, d'autant plus que pour moi, c'était un
étranger. Pendant toutes ces années de guerre,
ce sont les femmes qui ont géré la ferme. Ma
grand-mère, qui savait tout faire dans une maison et
qui d'ailleurs m'a tout appris, s'est occupée, tel un
homme, des travaux des champs, conduisant les chevaux comme
n'importe quel charretier.
Je me souviens qu'en 40 lors de l'évacuation, j'ai vu
pour la première fois ma mère au volant d'une
voiture alors qu'elle ne savait pas conduire, c'était
son beau-frère Maxime qui dans la
précipitation lui avait servi d'instructeur avant de
nous faire partir sur les routes. Nous avons
évacué à Arnage du côté du
Mans où nous sommes restés plusieurs mois dans
une ferme. C'est là que j'ai mangé des
épinards pour la première fois et, ce dont je
me souviens parfaitement, c'est la table de cuisine avec les
écuelles creusées directement dans le bois de
la table. Nous mangions directement dans ces
écuelles, nous n'avions pas d'assiettes.
Je n'ai pas de mauvais souvenirs des Allemands qui sont
restés chez nous ; c'étaient des officiers :
un capitaine et deux lieutenants. Le capitaine parlait
français et était marchand de chaussures dans
le civil. Ils étaient tous les trois très
corrects. Une anecdote me revient en mémoire :
lorsqu'ils tuaient un cochon, ils faisaient beaucoup de
hachis et le mangeaient cru sur des tartines de pain. Un
jour, ils m'ont offert une de ces tartines. C'est alors que
je me suis enfui dans les prés derrière la
ferme pour la jeter car j'avais entendu une histoire qui me
semble absurde maintenant, on m'avait fait croire que les
Allemands empoisonnaient les enfants.
En septembre 45, les Anglais sont arrivés par le
chemin d'Hénu. Ma copine Germaine et moi sommes
allés les trouver pour échanger des ufs
contre des cigarettes."
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Plusieurs habitants du village furent
prisonniers de guerre en Allemagne : Jules Labroy, Louis Bury,
Léon Favrel. Ils ont plus ou moins souffert durant leur
captivité. D'après les témoignages oraux
racontés à leurs enfants, il est sûr qu'il valait
mieux travailler dans les fermes que dans les usines. Dans les
fermes, ils ne souffraient pas de la faim. Pendant un certain temps,
ils ont gardé des contacts avec ces familles allemandes qu'ils
sont allés retrouver après guerre. Tous ont souffert de
l'éloignement de leurs proches, de l'incertitude concernant
l'issue de la guerre et de la nostalgie de leur village
natal.
extrait d'une chanson
écrite par Louis Bury lorsqu'il était prisonnier en
Pologne
La tragédie du 11 juin
1944
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Le 11 juin 1944, des jeunes résistants
se faisaient fusiller par des soldats SS à Haplincourt. Le 10
juin, Roger Vasseur (20 ans), de St Léger les Authie, et
Michel Baillon (22 ans), de Sailly au Bois, partaient vers
Haplincourt pour rejoindre d'autres résistants. Rendez-vous
était donné à la maison Chevalier. Tous devaient
attendre une livraison d'armes avant de se rendre dans le maquis des
Ardennes pour chasser l'ennemi. Michel Givry, agent de liaison du
réseau de résistance du secteur, avait signalé
à tous les présents qu'ils étaient
repérés et qu'il fallait lever le camp. Ils
décidèrent malgré tout d'attendre la livraison
des armes.
Les résistants de Bapaume
livrèrent les armes comme convenu, mais une demi-heure plus
tard les Allemands encerclèrent la maison. Certains parmi tous
ces jeunes hommes furent tués sur place, d'autres
fusillés, d'autres gravement blessés. Sept d'entre eux,
par chance, réussirent à s'échapper (il restait
un endroit non surveillé derrière la maison). Michel
Givry n'était pas présent lors de cette funeste
journée. Il fut arrêté un mois plus tard et
mourut dans un camp de concentration le 2 décembre 1944. Une
fois les nazis partis, des cultivateurs d'Haplincourt
cachèrent les vivants et soignèrent les blessés,
au prix de leur vie car la nuit suivante les Allemands revinrent
interroger la population sur la disparition de certains
corps.
Lors de l'enterrement de Roger Vasseur dans
notre cimetière, un hommage solennel lui fut rendu.
Hélène Lebigre confectionna une croix de Lorraine avec
des reines marguerites bleues, blanches et rouges.
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Michel Baillon
le 11 novembre 1942 sans doute
Il était
bûcheron
dans le bois du Warnimont
à Saint léger les Authie
sur la pelle, on peut
lire :
"11 novembre
MIDI
Heure de
De Gaulle"
ici le discours
de Charles de Gaulle à l'Albert Hall
de Londres
le 11 novembre 1942
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Roger Vasseur
le monument commémoratif
d'Haplincourt (Pas de Calais)
"ont eu le
tort"
Récit
de Ghislain Lobel, d'après le témoignage de la
fille d'Emile Machtelinck :
" Fuyant l'invasion allemande, la
famille Machtelinck, de nationalité belge, est
arrivée à Bus les Artois au tout début
de la guerre. S'exprimant tous en flamand, il fut
très difficile pour eux de s'intégrer à
la population locale. Néanmoins, le père,
Emile Machtelinck trouva à s'employer dans le bois du
Warnimont, situé en grande partie sur le territoire
d'Authie mais également très près du
village de St Léger. Son travail de bûcheron
lui permettait de disposer d'un laisser-passer pour livrer
du charbon de bois dans différentes villes. Bien
vite, ce travail servit de couverture à des
activités clandestines et dangereuses. Faisant partie
d'une filière d'évasion, il emmenait avec sa
cargaison des personnes recherchées par la Gestapo,
principalement des Belges qui arrivaient de Mouscron en
Belgique. Il aida également plusieurs pilotes anglais
dont les avions avaient été abattus. De mars
1943 à février 1944, il fut auxiliaire du
service de renseignements du ministère de la
défense belge. Très surveillé par les
autorités allemandes, il finit par être
arrêté le 6 juin 1944 sous un prétexte
futile. D'abord emprisonné à Amiens puis
à Compiègne, il finit par être
emmené au camp de concentration de Dachau où
il travailla jusqu'à épuisement. A la
libération du camp, très amaigri et affaibli,
il ne retourna pas vivre avec sa femme et ses deux filles,
voulant les préserver d'un trop gros choc
émotionnel à la vue de sa dégradation
physique. Il préféra repartir à
Bruxelles chez sa sur où il mourut le 25 juin
1945.
Nul doute que Roger Vasseur et Michel Baillon, eux aussi
bûcherons dans ce même bois, furent en contact
avec lui.
Après guerre, Emile Machtelinck reçut les
honneurs des autorités françaises,
américaines, belges et britanniques, mais ce fut
à titre posthume..."
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"a
dû"
Emile
Machtelinck à son arrivée à
Bus, en 1940
|
Emile,
à son retour de Dachau
|
Il est
précisé que, sur le ruban de la
médaille, peuvent être apposés "deux
éclairs entre-croisés".
Ces éclairs croisés indiquent une
participation dans les
Renseignements.
croix du
prisonnier politique 1940-1945
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médaille
commémorative de la guerre
1940-1945
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"mais ce fut à titre
posthume..."
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l'exposition de 2006
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l'école au fil du
temps
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la Grande Guerre au
village
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la 2e Guerre Mondiale au
village
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la guerre
d'Algérie
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vers la
modernité
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fêtes, distractions et
coutumes
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la vie associative
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les activités dans le
village
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le patrimoine local
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l'évolution de
l'habitat
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erci
de fermer l'agrandissement sinon
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