la econde guerre ondiale à St Léger les uthie

par Marie-Josée Jacquemont - 2012

 

Après consultation des archives communales, il s'avère que très peu de documents écrits nous éclairent sur cette période. Seule une délibération du Conseil Municipal datant d'octobre 1939 nous indique que, pour la protection des enfants fréquentant l'école, des rideaux opaques seront posés aux fenêtres de la classe et que des tranchées abris devront être creusées dans le jardin de l'instituteur. Ces précautions auraient été bien vaines en cas de bombardements.

Bien qu'il n'y ait pas eu de grands faits d'armes ni de résistance dans notre village, cette seconde guerre mondiale a marqué beaucoup les esprits des habitants. Elle est toujours une date référence dans les conversations des personnes âgées. "Pendant la guerre", "juste après guerre", "à la fin de la guerre", ces expressions sont souvent présentes quand nos anciens évoquent leur vie passée. Il est d'autant plus intéressant de recueillir leurs souvenirs car, ayant vécu ces dramatiques événements à l'âge de l'insouciance et de l'innocence, ils nous les rapportent avec leurs regards d'enfants.

 

 

 

Témoignage de Alain Hidoux - 6 ans en 1938

 

L'avant-guerre

"J'avais 6 ans en 1938 et je revois ma mère lisant les lettres de mon grand frère, alors militaire près de la frontière allemande. Dans l'une d'elles étaient écrites les paroles de cette chanson bien connue : "Nous irons faire sécher notre linge sur la ligne Siegfried".

 

On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried - 1939
paroles françaises de Paul Misraki - arrangement de Ray Ventura et ses Collégiens

Un p'tit Tommy chantait cet air plein d'entrain
En arrivant au camp
Tous les p'tits poilus joyeux apprirent le refrain
Et bientôt tout le régiment
Entonna gaiement :

Refrain :
On ira pendr' notre linge sur la ligne Siegfried
Pour laver le linge, voici le moment
On ira pendr' notre linge sur la ligne Siegfried
A nous le beau linge blanc.
Les vieux mouchoirs et les ch'mis' à papa
En famille on lavera tout ça
On ira pendr' notre linge sur la ligne Siegfried
Si on la trouve encore là.

Tout le monde à son boulot en met un bon coup
Avec un cœur joyeux
On dit que le colonel est très content de nous
Et tant pis pour les envieux
Tout va pour le mieux

Refrain

pour écouter la chanson

 

Les discussions de mon père avec les voisins avaient la guerre pour principal sujet. A mon grand désappointement, en 1939, la chasse ne fut pas autorisée. L'hiver se passa dans l'inquiétude, d'autant plus que les préparations de la guerre devenaient de plus en plus visibles. Une dizaine d'Anglais avait pris possession d'un hangar situé au lieu dit "grand champ" sur la plaine de Pas. Ils commencèrent à effectuer des travaux d'aménagement du terrain en vue d'une piste d'atterrissage pour d'éventuels avions. J'étais fasciné par leurs petites berlines de chantier et leur bulldozer à chenilles. Avec mon voisin, nous allions souvent les voir. Une fois, ils nous ont fait boire du thé au lait. Cela m'a semblé infect. Ils cuisaient leurs frites avec de la graisse blanche. Il leur arrivait également de traverser le village en jouant de la cornemuse.

 

installation du terrain d'aviation au lieu dit "le Grand Champ"
Roger Hossart au volant d'une pelleteuse avec un soldat anglais, M. Reginold

 

Et puis Mai 40 est arrivé. Mon père, alors Maire du village, reçut l'ordre de faire déposer les armes à la Mairie. Il montra l'exemple en déposant sa carabine 9 mm qui lui servait à tuer les ragondins dans le jardin, et son fusil de chasse. D'autres chasseurs en firent autant. Je me souviens que toutes ces armes sont restées plusieurs jours sur les tables d'écoliers. Personne ne se serait permis d'en prendre une. Un fonctionnaire de la préfecture est venu les récupérer. Mon père a conservé le document d'inventaire rédigé par le fonctionnaire. Aucune arme n'a été restituée après la guerre. L'école ne fonctionnait plus. L'institutrice avait rejoint sa famille."

 

L'évacuation

"L'ordre d'évacuation fut proclamé par la préfecture. Un tiers des habitants est parti début mai avec des moyens motorisés. D'autres partirent plus tard, ce fut notre cas ainsi que celui de quelques autres agriculteurs qui ne pouvaient se résigner à abandonner leurs bêtes.

Il fallait que quelqu'un reste pour assurer la traite des vaches, nourrir la volaille, les veaux et les porcs. Ma grand-mère âgée de 75 ans décida de rester. Elle serait aidée dans sa tâche par un cousin de ma mère. Leur présence allait éviter également le pillage. Nous sommes donc partis, mon père ayant attelé l'une des juments au tombereau et l'autre jument conduite par ma mère, tirant une charrette. Mon frère et moi étions assis sur la charrette. Ma sœur et son amie Germaine suivaient à bicyclette. Nous avons parcouru vingt kilomètres dans la journée et nous sommes arrivés chez des gens qui partaient. Nous avons étalé deux matelas par terre, sur lesquels nous avons passé la nuit. La promiscuité était indescriptible, le local étant partagé avec d'autres réfugiés. Très tôt, le lendemain matin, mon père, très inquiet, fit le parcours inverse pour vérifier si tout allait bien à la ferme. Une fois revenu et les chevaux récupérés, nous reprîmes la route. Dans ce village, il y avait une foule de gens à pied avec des carrioles à deux roues, toutes sortes de véhicules tirés par des chevaux, des cyclistes et quelques voitures automobiles. Il y avait beaucoup de Belges dans cet invraisemblable cortège. Soudain, au milieu du village, le cortège s'immobilisa et, du haut du tombereau, nous aperçûmes un char français. 

 

char français

 

Un militaire en descendit pour discuter avec quelques réfugiés. En nous approchant, nous vîmes également les deux passagers d'une superbe voiture noire. Mon attention fut attirée par la magnifique et grande poupée qui était déposée sur la banquette arrière. Cet homme et cette femme qui me paraissaient âgés ne parlaient pas notre langue et leur véhicule avait une immatriculation étrangère. Ils semblaient suspects au regard de la foule apeurée. J'ai le sentiment que l'officier leur a évité un lynchage en les prenant sous sa protection. Le char est donc reparti, suivi de la voiture noire. Le cortège s'ébranla à nouveau. Mais, après une demi-heure de marche, il y eut un nouvel arrêt : un bruit assourdissant de moteurs se fit entendre. Une colonne d'une cinquantaine de chars allemands était arrêtée à un croisement. Ne sachant que faire, nous avons stoppé notre marche vers l'inconnu. Un Allemand, tête nue, sortit de son char, s'approcha des attelages et donna un morceau de sucre aux chevaux. Ma mère chuchota à l'oreille de mon père : " Jean, il empoisonne les chevaux ! " Il n'en fut rien. Peut- être était-il lui même fils de cultivateur ?

 

une colonne de chars allemands - mai 1940

 

Le temps de pause étant sans doute terminé, tranquillement, il repartit sur son char et la colonne reprit la route dans un bruit d'enfer dû au grincement des chenilles. Ce fut mon premier contact avec l'ennemi. Mon père nous dit alors qu'il avait aperçu dans le chariot qui nous précédait trois soldats français qui, à la vue des Allemands , s'étaient enfouis dans les bottes de paille que transportait ce fermier certain de partir pour un très long voyage.

 

un avion allemand - 1940

 

Très vite, mon père prit alors la décision de rentrer. Notre escapade était terminée. Elle avait donc duré deux jours et une nuit. Les chevaux ont vite compris que nous rebroussions chemin car ils marchaient à vive allure alors qu'à l'aller ils traînaient des sabots. Nous étions heureux. C'est alors que nous avons entendu des avions qui mitraillaient au-dessus de nos têtes. Ma mère réagit immédiatement en me coiffant d'un seau galvanisé qui servait pour l'eau des chevaux. Elle posa également une casserole en aluminium sur la tête de mon frère. Une fois le danger écarté, nous avons retiré nos casques de fortune, protections bien dérisoires. Nous avons ri comme des fous, trop jeunes pour comprendre la gravité de la situation. Sur le chemin du retour, nous rencontrâmes des cyclistes et des piétons qui criaient que les Allemands étaient passés."

 

l'exode

 

L'occupation

"Une fois rentrés chez nous, la vie a repris son cours avec des imprévus : plus de charcutier, plus de boucher, plus de boulanger ni d'épicier. Ce qui m'a marqué le plus, quelques jours plus tard, après notre retour, c'est le passage de centaines de prisonniers. Un camion débâché ouvrait la marche. Il était équipé d'une mitrailleuse pointée sur ces pauvres victimes affamées et assoiffées. Une halte de courte durée a permis à quelques-uns de ces prisonniers de prendre la nourriture que les habitants du village leur offraient. Ma mère donna des frites à un prisonnier anglais qui lui tendit une pièce en argent que bien entendu elle refusa en lui expliquant qu'il en aurait sans doute besoin plus tard... J'ai vu certains de ces hommes se ruer dans un jardin pour déterrer les plants de pomme de terre. Ils les frottaient sur leur pantalon et les mangeaient crus. Il y avait des hommes de toutes les nationalités, l'un avait une tenue qui ressemblait à celle des Allemands. Mon père nous dit que c'était un Autrichien. Je me souviens d'un autre qui s'est emparé des habits souillés d'un garçon de cour. La colonne est repartie sous la surveillance des Allemands, baïonnette au canon. J'ai vu un Allemand s'approcher d'un prisonnier assis contre un mur, n'en pouvant plus, lui poser la baïonnette contre sa poitrine pour l'obliger à avancer.

Les jours suivants, par intermittence, les Allemands passaient avec des petits chariots de forme évasée tirés par deux chevaux. C'était curieux à voir. Ils rentraient chez l'habitant pour manger. Chez nous, c'était toujours des œufs en omelette avec des frites. Au cours d'un repas, deux jeunes Allemands qui parlaient un peu le français ont dit qu'ils étaient étudiants et ont prononcé ces mots : "la guerre pas bonne". Je me rappelle particulièrement de l'un d'eux car il était roux et avait le visage brûlé par le soleil. Je me souviens également de deux autres Allemands qui m'ont semblé plus féroces. L'un était gradé et l'autre conducteur de la moto side-car avec laquelle ils étaient arrivés. Pour le repas (au moins six œufs chacun), le gradé a sorti son révolver, l'a placé sur la table et l'a gardé sans cesse à portée de mains. Il a obligé mon père à goûter l'omelette et à boire le cidre que ma mère lui servait, sans doute avait-il peur qu'on l'empoisonne ? Ils sont partis comme ils étaient venus, non sans avoir auparavant changé une roue dégonflée de leur moto.

 

le costume du Feldgendarme

 

Nous n'avons plus vu de soldats ennemis au moins pendant un an. Cependant un autre fait marquant qui date de l'année 1941 me revient à la mémoire. A la suite d'une dénonciation, les Feldgendarmes sont venus perquisitionner chez nous à la recherche d'armes. Ils ont eu beau chercher aux endroits indiqués dans la lettre anonyme, ils n'ont rien trouvé. Mon père leur a montré le document administratif relatif au dépôt des armes. Ils étaient très courtois, L'un d'eux avait un nom à consonance française et parlait le français. J'ai su qu'ils étaient cantonnés à la caisse d'épargne de Doullens.

 

 

Loin des villes, notre campagne était plutôt calme. Ce que nous vîmes ensuite, ce furent des avions bombardiers américains. Au début il y avait des combats aériens mais par la suite les avions de chasse allemands disparurent. Des forteresses volantes groupées par quatre dessinaient dans le ciel des sortes de damier. Elles passaient pendant une heure environ et on se demandait bien pourquoi les chasseurs allemands avaient disparu. Par la suite, elles passèrent vers le soir. Nous les entendions arriver de loin. On voyait à l'horizon les explosions des obus tirés par les batteries allemandes ainsi que les faisceaux des projecteurs cherchant à localiser les bombardiers.

 

bombardier

 

Durant ces années d'occupation, les agriculteurs furent soumis d'une part aux réquisitions de chevaux (une belle mule noire nous fut prise) et d'autre part à l'obligation de produire des oléagineux. Certains cultivèrent de l'oeillette, d'autres du colza. Mon père lui récoltait de la cameline. Il fallait également fournir aux occupants X kilos de viande bovine. Je me souviens d'avoir accompagné mon père au chef-lieu de canton distant de 7 km pour remettre une génisse aux responsables de la réquisition. J'ignore les détails de l'indemnisation. Chaque lundi, les agriculteurs se rendaient également à Acheux en Amiénois, notre chef-lieu de canton, pour y déposer du beurre et des œufs, les quantités étant définies par les services de la préfecture. Des bons d'alimentation furent institués concernant tous les aliments. Les disparités étaient énormes. Nous, dans la Somme, nous avions droit à 500 g de sucre par personne et par mois alors que dans le Pas de Calais, distant de chez nous de 500 mètres on avait droit à 1 kg. Il ne restait alors que le marché noir pour s'en procurer. Le troc fonctionnait bien : du beurre contre du sucre. Contrairement aux habitants des villes, nous n'avons pas souffert de la faim. Tous les habitants avaient une basse-cour pour la volaille et les œufs et, parfois, ils élevaient un porc. Dans les fermes, les agents impliqués dans le contrôle préfectoral posaient eux-mêmes des médailles aux oreilles des porcs. Ma famille devait en remettre un ou deux par an au chef-lieu de canton. On les emmenait dans un tombereau que l'on recouvrait d'un grillage pour qu'ils ne s'échappent pas. Le commerce illégal était légion. Lorsqu'on s'achetait des vêtements, on payait une partie en argent et l'autre partie en X kilos de beurre ou volailles prêtes à cuire. Nous faisions de même pour les achats d'accessoires nécessaires au bon fonctionnement de l'exploitation agricole. Tout était en vente restreinte. Il fallait du beurre pour obtenir un peu de ce qui était nécessaire. Seuls les fers à chevaux échappaient à la règle. Ils pouvaient être fournis en quantité suffisante.

Nous vécûmes quatre années végétatives. Mon frère aîné, étant prisonnier en Allemagne, souffrait de la faim. Chaque semaine, il fallait lui faire parvenir un colis. C'était toujours le même contenu : pain grillé et conserves de viande en boîtes métalliques stérilisées (morceaux de volaille, côtelettes désossées et pâtés)."

 

La libération

"Le débarquement avait réussi. Nous avions retrouvé le moral, bien que ne sachant pas grand' chose des événements. La radio et le journal "le progrès de la Somme" étaient soumis à la censure et ne donnaient que des informations favorables à l'occupant.

 

voiture amphibie

 

Un matin, fin août 1944, on a commencé à voir passer des soldats allemands à pied, en vélo, et quelques véhicules militaires. Un groupe de trois soldats s'est installé au fond de notre cour avec leur voiture amphibie. Elle avait une hélice à l'arrière au bout d'un bras articulé remonté vers le haut. Pour s'installer à l'intérieur, il fallait enjamber le véhicule sans porte. Le soldat qui portait une tenue de camouflage nous a révélé par la suite qu'il était en fait Italien. Le repas dans la salle à manger familiale fut des plus curieux. La table centrale était occupée par notre famille. Quant aux soldats, ils s'étaient installés à une autre table près de la fenêtre. Quelle ne fut pas ma surprise quand l'Italien est venu me chercher afin que je sois avec eux ! J'ai donc mangé de la semoule de blé avec une viande excellente recouverte de sauce marron (je dirais aujourd'hui du bœuf en daube). C'était bien chaud et je me suis bien régalé. Après le repas, ce soldat s'est dirigé vers le poste TSF et l'a mis en marche. Nous avons donc entendu les informations "Ici Londres, les Français parlent aux Français". Nous étions très mal à l'aise. On n'en revenait pas. Je comprends maintenant que, pour lui qui comprenait le français, c'était le seul moyen de connaître réellement la situation. Après leur départ, mon père aidé de mon frère cacha les chevaux dans un endroit sûr car les soldats allemands n'hésitaient pas à s'emparer des attelages pour s'enfuir au plus vite. Ce fut alors dès le lendemain un défilé incessant de soldats allemands battant retraite, à pied, à vélo, ou alors avec des attelages réquisitionnés. Les alliés étaient proches. Je me rappelle l'image d'un drôle d'équipage : une petite voiture attelée à un cheval de petite taille d'une beauté superbe. Un soldat dirigeait le cheval, un autre dormait dans la charrette. Après discussion, mon père m'indiqua que c'était un cheval breton.

Le troisième jour, ce fut plus calme dans les rues du village. Seule une colonne de soldats anglais avait été aperçue sur un chemin rural au milieu des champs loin du village. Enfin nous étions libérés. Mon père prit alors l'initiative d'aller installer le drapeau national près du monument aux morts. Notre parcours vers le monument fut vite interrompu : soudain, une rafale d'auto mitrailleuse crépita non loin de nous. Nous étions au niveau du pont, rue de l'église. Un véhicule à chenilles arrivait vers nous. Mon père jeta le drapeau dans le lit de la rivière, asséché depuis plusieurs mois, nous nous engouffrâmes à toute vitesse sous le pont. Nous avons entendu passer la voiture, une vieille femme Antoinette n'avait pas eu le temps de nous rejoindre et s'était couchée dans l'herbe. Le véhicule a fait demi-tour après avoir aperçu les Anglais du haut de la côte de Pas et a disparu. Le tir de mitrailleuse avait atteint un homme du village qui portait un fusil afin de chasser les derniers Allemands. Sans doute voulait-il s'acheter une conduite, vu ses agissements plus que douteux pendant l'occupation. Emmené chez un médecin, il y est mort.

Après la guerre, 3 prisonniers allemands ont été contraints de participer aux travaux des champs dans quelques fermes, mais je ne me souviens plus combien de temps cela a duré."

 

 

 

 

 

 

Témoignage de Josiane Josse, née Leturque - 9 ans en 1939

 

"A la déclaration de guerre, je me souviens du climat d'angoisse qui régnait dans la famille. Très vite, papa, qui avait été un combattant de la guerre 14 /18 (Verdun, Aisne etc) a reçu un ordre de mobilisation. Il a dû se rendre à Abbeville et heureusement, trois jours plus tard, il rentrait chez nous, étant sans doute jugé trop vieux pour faire un bon soldat. Il avait 42 ans. Ce fut un immense soulagement et une grande joie dans la famille. Papa qui se méfiait des ordres a refusé de déposer son fusil de chasse à la Mairie. Il a enlevé quelques rangées de briques du sol de l'étable des vaches, y a aménagé une cachette et l'arme est restée cachée là jusqu'à la fin de la guerre.

Quand nous avons reçu l'ordre d'évacuation, nous étions à l'école. C'est notre institutrice, Madame Delécole, qui nous l'a annoncé. Bien entendu, mon père refusait de partir en disant que cela ne servirait à rien car les Allemands étaient à nos portes et qu'on risquait la mort bien plus sur la route qu'à l'abri dans notre maison. Je dois reconnaître qu'il n'avait pas tout à fait tort. En tout état de cause, à force d'être supplié par ses voisins et amis, papa prépara notre évacuation. Dans la fourragère tirée par un cheval, on y entassa des matelas, couvertures, victuailles, tout un tas de matériel nécessaire à notre survie. Tout en haut du chargement, on installa la grand-mère, âgée de 81 ans. Dans une petite charrette tirée par notre ânesse Jeannette, on avait placé d'autres biens dont je ne me souviens plus. Je me rappelle uniquement du poste TSF auquel nous tenions beaucoup. Nous avons pris la route le 18 mai 1940, accompagnés des familles Hidoux, Lefèvre et Candelier. Nous sommes partis 3 jours. La première nuit, nous avons couché à Talmas. Nous avons croisé les Allemands à Fienvillers. Alors, nous avons fait demi-tour. Quand nous sommes rentrés chez nous, la maison était occupée par d'autres émigrés qui venaient du Pas de Calais. Ils ne voulaient pas croire que nous étions les propriétaires des lieux. Ils sont restés avec nous toute une journée et enfin ont cru à notre parole quand nous sommes allés récupérer nos vaches et veaux que l'on avait libérés dans un pré traversé par la rivière. Ils nous ont alors quittés pour continuer leur périple.

Fin mai 40, durant 2 à 3 jours, beaucoup de prisonniers ont traversé le village. Nous leur avons offert le pain que nous avions, pain qui ressemblait davantage à des galettes car, ne disposant plus de levure, la pâte n'avait pas levée. J'ai vu quelques soldats allemands se moquer d'un prisonnier asiatique et bien rire à ses dépens.

 

prisonniers français

 

Dès l'occupation, un couvre-feu a été mis en place. Nous n'avions plus le droit d'être dans la rue après 21 h. De même il fallait balayer les rues du village chaque samedi. Je ne me souviens plus si toutes ces obligations ont été respectées durant toute la guerre. Ce dont je me rappelle, c'est qu'on nous a demandé également de rendre les postes TSF. Encore une fois, mon père a bravé le règlement : nous sommes allés acheter un vieux poste d'occasion à Albert, ville distante de 17 km pour le déposer au retour aux autorités compétentes à Acheux en Amiénois. Nous avons donc gardé notre beau poste que nous cachions et le soir, nous écoutions Radio Londres. Mais les émissions étaient si brouillées qu'il nous était impossible de comprendre. Heureusement, dans les années 42 / 43, de temps en temps, un avion anglais jetait des tracts au-dessus des villages pour informer la population de ce qui se passait réellement, car tout n'était que propagande et fausses informations dans notre journal local. Bien entendu, il ne fallait pas être pris à les ramasser ou les lire. Un jour, un Allemand a voulu emmener notre ânesse Jeannette. Il est monté dessus mais cette dernière, bien que battue violemment, a refusé d'avancer. Il a donc renoncé à son projet et j'ai été heureuse de voir qu'elle avait du caractère.

 

l'ânesse Jeannette, Yvonne Leturque et sa petite nièce Yvette, réfugiée à St Léger

 

 

 

 

Yvonne Leturque et sa basse-cour

 

Paul Candelier, notre voisin, avait été nommé "syndic" et à ce titre devait organiser les réquisitions de nourriture à fournir aux autorités.

Vers la fin de la guerre, je me souviens d'un officier allemand à bord d'un camion qui est resté dans notre cour de ferme pendant plusieurs jours. Il avait un abord dédaigneux et l'air très sévère. Jamais il nous a adressé un sourire, ni la parole. J'enviais le chocolat qu'il mangeait. Son aide de camp nommé Isaac était un brave homme. Entièrement dévoué à son service, il courait sans cesse pour le satisfaire et allait même jusqu'à le raser chaque matin avec un rasoir droit. J'avoue que dans le contexte où nous vivions, devant cette scène plus que surprenante pour moi, il m'est arrivé d'avoir quelques petites pensées meurtrières.

Suite au débarquement, la conversation chez nous tournait autour de l'avancée des alliés et des actions de la résistance. Un des faits les plus marquants fut la mort tragique à Haplincourt (62) d'un jeune de notre village, Roger Vasseur, qui fut tué avec d'autres par des SS. Mon frère Abel avait failli partir avec ce dernier et c'est la gravité de la maladie de notre mère qui l'avait fait renoncer.

A la fin du mois d'août 1944, à l'approche de la libération de notre région, les Allemands qui passaient me paraissaient très inquiets. Ils demandaient à écouter Radio Londres et certains expliquaient à mon père qu'ils avaient peur de partir en Russie. Je sais qu'à Authie certains se sont sauvés et que leurs supérieurs ont fait fouiller toutes les maisons du village, les granges, les abris, à la recherche de ces déserteurs. On sentait un peu la panique. Chez nos voisins, ils firent sortir tout le matériel agricole de la ferme, afin de pouvoir dissimuler leurs camions et autres véhicules.

Pour terminer sur une note plus gaie, voici un fait qui me fait encore sourire. Notre institutrice avait à l'époque un petit copain allemand. Pour lui, elle nous avait demandé d'apporter à l'école les peaux des lapins à la fourrure blanche que l'on pouvait avoir chez nous. J'ai toujours ignoré le but de cette demande.

Le 1er septembre, nous étions libérés."

 

 

 

 

Témoignage de Christian Danicourt - 17 ans en 1940

 

"En mai 1940, il y avait un campement d'une vingtaine de soldats français dans le pré derrière notre maison (actuellement aux environs du 13 et 15 Grande Rue). C'était la débâcle. Je me souviens que, pour leur nourriture, ils nous ont acheté un cochon et un veau. Dès l'arrivée des Allemands, ils ont été faits prisonniers et ont dû se rassembler devant chez Pauline, le café du village. L'officier qui les commandait nous avait laissé une malle avec ses affaires personnelles en demandant à ma mère de renvoyer le tout à son épouse, ce que nous avons fait. Je me souviens que dans ce groupe il y avait un soldat d'origine marocaine qui n'a pas hésité à aller à la rencontre de l'armée allemande à l'entrée d'Authie. Il a tiré sur un char. Le malheureux a été tué sur le champ. Ceci m'a beaucoup marqué.

Le 19 mai 1940, un avion anglais a été abattu près d'Authie, route de Thièvres. Je me suis rendu sur place avec Roger Hossart et Léon Seillier. Ma mère nous accompagnait. Elle a déposé un bouquet de fleurs sur les tombes provisoires des 2 aviateurs. Actuellement, ils sont enterrés dans le cimetière d'Authie.

 

1939 - aménagement du terrain d’aviation d’Authie

 

Christian Danicourt, Léon Seillier et Roger Hossart devant l'épave de l'avion anglais

 

la tombe provisoire des aviateurs anglais

 

 

A la débâcle, quand les prisonniers français, anglais et belges sont passés, ils étaient affamés. J'ai vu un silo de betteraves à vaches situé dans la ferme Hossart disparaître en quelques heures. Leur offrir des œufs fut impossible car beaucoup se ruèrent sur les paniers comme des bêtes affamées et tout fut cassé et perdu. Ce sont pour moi des souvenirs terribles. Les Anglais étaient les plus maltraités.

Je me rappelle aussi du grand nombre d'évacués qui traversaient le village. Nous avons recueilli pendant plusieurs mois une famille qui venait du Nord de la France. Ces gens nous ont été reconnaissants et nous avons entretenu pendant longtemps des liens d'amitié avec eux.

Pendant l'occupation, il régnait une drôle d'atmosphère, il fallait surtout ne rien dire à qui que ce soit, ne pas parler de ce que l'on faisait ou de ce que l'on voyait. La vie sauve était à ce prix. Vers la fin de la guerre, au cours de l'année 1944, je ne me souviens plus exactement de la date, nous avons recueilli deux prisonniers russes qui s'étaient évadés d'un camp de prisonniers situé près d'Arras. Ce qui m'avait frappé, c'était qu'ils étaient chaussés de sabots. Nous les avons cachés pendant plusieurs mois dans une de nos granges située le long de la Grande Rue. Tous les jours, je leur portais de quoi manger et les voisins n'en ont jamais rien su. L'un des deux est revenu après guerre avec sa famille. Malheureusement, étant au service militaire, je n'ai pu le revoir.

Une autre fois, au lieu dit "le calvaire", j'ai fait une étrange rencontre ; je pense que c'était un parachutiste anglais. Il ne voulait pas d'aide. Le lendemain, je ne l'ai plus revu. Qui attendait-il ? Qui l'a aidé ? Etait-ce une personne du village ? Toujours ce silence obligé pour la sécurité de tous ! Il existait une filière dans notre région qui assistait les parachutistes en les aidant à repartir dans des lieux plus sûrs.

A la suite du débarquement, beaucoup de jeunes voulurent prendre les armes et rejoindre la Résistance. Beaucoup étaient inconscients du danger. Un soir, j'ai transporté un sac de grenades récupéré du côté de "la ferme des treize saules" pour l'emmener chemin de Bus et le remettre à des jeunes FFI de Famechon qui eux partaient rejoindre des résistants à Grévillers, près de Bapaume, afin d'aller combattre dans les Ardennes selon ce qu'ils m'avaient dit. Sur dénonciation, je pense, un jour les SS sont arrivés dans le village avec une liste de noms de jeunes gens qu'ils voulaient arrêter. Pourquoi ? Voulaient-ils des otages ou cherchaient-ils des résistants ? Je n'oublierai jamais cette journée. André Leclerc, un cultivateur du village, a pu prévenir Marcel Lièvre, un de ses ouvriers agricoles qui travaillait dans les champs. Il s'est caché avec d'autres dans les carrières souterraines du bois de Warnimont. Quant à moi, j'ai eu la peur de ma vie. Vite, avec mon copain Léon, nous nous sommes réfugiés dans le caveau de famille Seillier où nous avons passé toute la nuit suivante. La maison familiale a été fouillée. Nous apprîmes ensuite que Roger Vasseur et Michel Baillon avaient été fusillés à Haplincourt le 11 juin 1944.

 

avec l'aimable autorisation de Monsieur Coilliot

 

En 1943, c'est un avion allemand qui a été abattu, près de Bus les Artois
à droite de la route départementale Authie-Bus :

récupération des pièces de l'avion et de l'équipement en armes
fouilles effectuées par Ghislain Lobel et Pierre Bon

 

A la Libération, aux environs du 1er septembre, je me suis rendu avec mon voisin Achille Jacquemont à l'Arbret et nous avons désarmé quelques soldats allemands cachés dans une cave.

Afin de compléter le témoignage d'Alain, René Corbillon a été blessé à la cuisse par une balle explosive tirée depuis l'auto-mitrailleuse. Je pense qu'il a d'abord été transporté au château de Couin pour y être soigné mais les résistants l'ont signalé comme collabo et finalement on a appris qu'il était mort. Les deux Allemands de l'auto-mitrailleuse ont été tués par de jeunes FFI, quelques kilomètres plus loin, à Sailly au Bois."

 

 

 

 

article du Courrier Picard en date du dimanche 11 janvier 2004

 

Pour en savoir plushttp://www.somme-aviation-39-45.fr/pages/Authie/Lysander%20Mk%20II_Plan.html

 

 

 

 

Témoignage de Jean Favrelle - 19 ans à la fin de la guerre

 

"Courant juin 1944, des Allemands sont arrivés chez ma mère. Ils étaient à la recherche de mon frère Elie. Ma mère leur a répondu qu'il était parti travailler dans les champs. On a su plut tard qu'il s'était caché dans un premier temps dans le clocher de l'église, puis au fossé Saint Martin et que, très vite, il est parti se réfugier chez des cousins à Albert afin d'éviter d'être arrêté par les SS allemands."

 

 

 

 

Témoignage de Gilbert Lefèvre - 18 ans à la fin de la guerre

 

"Au début de la guerre, quand les Anglais sont arrivés, ils ont aménagé un terrain d'aviation dans "le grand champ", chemin d'Hénu. Je me souviens de leurs gros bulldozers et ce qui m'a impressionné, ce fut l'élargissement par leurs soins du chemin route d'Hénu qui descendait directement vers le village derrière la maison de Jean Favrelle. Tous les véhicules militaires pouvaient ainsi passer.
Après la débâcle, le terrain d'aviation fut vite occupé par l'armée allemande. Ce dont je me souviens et qui m'a frappé, ce fut le jour même où mon père est revenu à la ferme avec un passe-partout qu'il avait acheté d'occasion pour travailler ses champs. Ce jour-là, il dut se rendre avec d'autres cultivateurs sur le terrain d'aviation pour le remettre en état, ordre avait été donné par Jean Hidoux, maire à l'époque, sous la contrainte des Allemands. Ainsi le passe-partout avait d'abord servi à l'armée allemande. Je n'ai pas souvenance que ce terrain connut une grande activité.
Un autre épisode dont je me rappelle fut le transport du sac de grenades avec Christian Danicourt de "la Ferme des 13 Saules" au "Bosquet Maurois" en passant non loin de ce terrain d'aviation. Je pense qu'il fallait une part d'inconscience due à notre jeune âge pour se lancer dans cette aventure qui aurait pu vraiment mal tourner."

 

 

 

 

Témoignage de Bernard Labroy - 8 ans à la fin de la guerre

 

"Mon père a été prisonnier dès le début de la guerre, il est resté 5 ans en Bavière pour travailler dans une usine puis dans une ferme. J'ai été élevé que par des femmes : mon arrière-grand-mère, ma grand-mère Madeleine, ma mère et Germaine qui était une employée de maison. Le seul homme que je côtoyais de temps en temps était mon voisin, grand-père Bellettre. Il m'emmenait parfois dans les champs avec ses chevaux. Je ne fréquentais pas assidûment l'école, si bien que lorsque mon père est rentré de captivité en mai 45, trouvant que j'avais des lacunes dans mes apprentissages, il m'envoya en pension, ce qui m'a profondément déplu, d'autant plus que pour moi, c'était un étranger. Pendant toutes ces années de guerre, ce sont les femmes qui ont géré la ferme. Ma grand-mère, qui savait tout faire dans une maison et qui d'ailleurs m'a tout appris, s'est occupée, tel un homme, des travaux des champs, conduisant les chevaux comme n'importe quel charretier.
Je me souviens qu'en 40 lors de l'évacuation, j'ai vu pour la première fois ma mère au volant d'une voiture alors qu'elle ne savait pas conduire, c'était son beau-frère Maxime qui dans la précipitation lui avait servi d'instructeur avant de nous faire partir sur les routes. Nous avons évacué à Arnage du côté du Mans où nous sommes restés plusieurs mois dans une ferme. C'est là que j'ai mangé des épinards pour la première fois et, ce dont je me souviens parfaitement, c'est la table de cuisine avec les écuelles creusées directement dans le bois de la table. Nous mangions directement dans ces écuelles, nous n'avions pas d'assiettes.
Je n'ai pas de mauvais souvenirs des Allemands qui sont restés chez nous ; c'étaient des officiers : un capitaine et deux lieutenants. Le capitaine parlait français et était marchand de chaussures dans le civil. Ils étaient tous les trois très corrects. Une anecdote me revient en mémoire : lorsqu'ils tuaient un cochon, ils faisaient beaucoup de hachis et le mangeaient cru sur des tartines de pain. Un jour, ils m'ont offert une de ces tartines. C'est alors que je me suis enfui dans les prés derrière la ferme pour la jeter car j'avais entendu une histoire qui me semble absurde maintenant, on m'avait fait croire que les Allemands empoisonnaient les enfants.
En septembre 45, les Anglais sont arrivés par le chemin d'Hénu. Ma copine Germaine et moi sommes allés les trouver pour échanger des œufs contre des cigarettes."

 

 

 

Plusieurs habitants du village furent prisonniers de guerre en Allemagne : Jules Labroy, Louis Bury, Léon Favrel. Ils ont plus ou moins souffert durant leur captivité. D'après les témoignages oraux racontés à leurs enfants, il est sûr qu'il valait mieux travailler dans les fermes que dans les usines. Dans les fermes, ils ne souffraient pas de la faim. Pendant un certain temps, ils ont gardé des contacts avec ces familles allemandes qu'ils sont allés retrouver après guerre. Tous ont souffert de l'éloignement de leurs proches, de l'incertitude concernant l'issue de la guerre et de la nostalgie de leur village natal.

 

 

extrait d'une chanson écrite par Louis Bury lorsqu'il était prisonnier en Pologne

 

 

 

La tragédie du 11 juin 1944

 

Le 11 juin 1944, des jeunes résistants se faisaient fusiller par des soldats SS à Haplincourt. Le 10 juin, Roger Vasseur (20 ans), de St Léger les Authie, et Michel Baillon (22 ans), de Sailly au Bois, partaient vers Haplincourt pour rejoindre d'autres résistants. Rendez-vous était donné à la maison Chevalier. Tous devaient attendre une livraison d'armes avant de se rendre dans le maquis des Ardennes pour chasser l'ennemi. Michel Givry, agent de liaison du réseau de résistance du secteur, avait signalé à tous les présents qu'ils étaient repérés et qu'il fallait lever le camp. Ils décidèrent malgré tout d'attendre la livraison des armes.

Les résistants de Bapaume livrèrent les armes comme convenu, mais une demi-heure plus tard les Allemands encerclèrent la maison. Certains parmi tous ces jeunes hommes furent tués sur place, d'autres fusillés, d'autres gravement blessés. Sept d'entre eux, par chance, réussirent à s'échapper (il restait un endroit non surveillé derrière la maison). Michel Givry n'était pas présent lors de cette funeste journée. Il fut arrêté un mois plus tard et mourut dans un camp de concentration le 2 décembre 1944. Une fois les nazis partis, des cultivateurs d'Haplincourt cachèrent les vivants et soignèrent les blessés, au prix de leur vie car la nuit suivante les Allemands revinrent interroger la population sur la disparition de certains corps.

Lors de l'enterrement de Roger Vasseur dans notre cimetière, un hommage solennel lui fut rendu. Hélène Lebigre confectionna une croix de Lorraine avec des reines marguerites bleues, blanches et rouges.

 

 

Michel Baillon
le 11 novembre 1942 sans doute

 

Il était bûcheron
dans le bois du Warnimont
à Saint léger les Authie

 

sur la pelle, on peut lire :
"11 novembre
MIDI
Heure de
De Gaulle"

ici le discours
de Charles de Gaulle à l'Albert Hall
de Londres
le 11 novembre 1942


 

 

Roger Vasseur

 

 

le monument commémoratif d'Haplincourt (Pas de Calais)

 

 

 

 

"ont eu le tort"

 

Récit de Ghislain Lobel, d'après le témoignage de la fille d'Emile Machtelinck :

" Fuyant l'invasion allemande, la famille Machtelinck, de nationalité belge, est arrivée à Bus les Artois au tout début de la guerre. S'exprimant tous en flamand, il fut très difficile pour eux de s'intégrer à la population locale. Néanmoins, le père, Emile Machtelinck trouva à s'employer dans le bois du Warnimont, situé en grande partie sur le territoire d'Authie mais également très près du village de St Léger. Son travail de bûcheron lui permettait de disposer d'un laisser-passer pour livrer du charbon de bois dans différentes villes. Bien vite, ce travail servit de couverture à des activités clandestines et dangereuses. Faisant partie d'une filière d'évasion, il emmenait avec sa cargaison des personnes recherchées par la Gestapo, principalement des Belges qui arrivaient de Mouscron en Belgique. Il aida également plusieurs pilotes anglais dont les avions avaient été abattus. De mars 1943 à février 1944, il fut auxiliaire du service de renseignements du ministère de la défense belge. Très surveillé par les autorités allemandes, il finit par être arrêté le 6 juin 1944 sous un prétexte futile. D'abord emprisonné à Amiens puis à Compiègne, il finit par être emmené au camp de concentration de Dachau où il travailla jusqu'à épuisement. A la libération du camp, très amaigri et affaibli, il ne retourna pas vivre avec sa femme et ses deux filles, voulant les préserver d'un trop gros choc émotionnel à la vue de sa dégradation physique. Il préféra repartir à Bruxelles chez sa sœur où il mourut le 25 juin 1945.
Nul doute que Roger Vasseur et Michel Baillon, eux aussi bûcherons dans ce même bois, furent en contact avec lui.
Après guerre, Emile Machtelinck reçut les honneurs des autorités françaises, américaines, belges et britanniques, mais ce fut à titre posthume..."

 

 

"a dû"

 

 

Emile Machtelinck à son arrivée à Bus, en 1940

Emile, à son retour de Dachau

 

 

 

 

 

 

Il est précisé que, sur le ruban de la médaille, peuvent être apposés "deux éclairs entre-croisés".
Ces éclairs croisés indiquent une participation dans les Renseignements.

 

 

croix du prisonnier politique 1940-1945

médaille commémorative de la guerre 1940-1945

"mais ce fut à titre posthume..."

 

 

 

 

 

 

l'exposition de 2006

l'école au fil du temps

la Grande Guerre au village

la 2e Guerre Mondiale au village

la guerre d'Algérie

vers la modernité

fêtes, distractions et coutumes

la vie associative

les activités dans le village

le patrimoine local

l'évolution de l'habitat

 

erci de fermer l'agrandissement sinon

 

 

 

 

https://www.stleger.info