la rande Guerre à Saint Léger les uthie

par Marie-Josée Jacquemont - 2011

 

 

 

 

Il est très difficile de relater la vie du village durant cette tragique période, les derniers témoins étant décédés et personne n'ayant eu la volonté d'en garder le souvenir, sans doute pour effacer au plus vite de la mémoire collective les heures sombres vécues par les uns et les autres et voulant se tourner au plus vite vers un avenir meilleur. Seuls des photos, témoignages oraux, graffitis et objets divers nous permettent de faire revivre ce douloureux passé.

 

Yvonne Leturque, 11 ans, et sa nourrice Maria Deleval, derrière leur maison
photo prise par un anglais en 1916, lors d'un ravitaillement en eau

 

La ligne de front se trouvant à Hébuterne, 10 km à l'est de St Léger, le village servit logiquement de cantonnement aux troupes alliées. D'après des récits anglais, on sait que beaucoup de soldats britanniques ont bivouaqué dans les prairies situées sur les deux versants de la vallée de l'Authie entre Couin et St Léger.

 

1re Guerre Mondiale - ancien aérodrome anglais Authie / St Léger les Authie
ouvert du 10- 12-1916 au 26-01-1917 - 6 Bessonneaux (grands hangars démontables)
http://www.anciens-aerodromes.com/?p=11764

 

Des écuries furent aménagées, notamment dans les prés le long du fossé St Martin. Des lignes de défenses avec tranchées et fils de fer barbelés traversèrent bois et champs. Fort heureusement, la première ligne de front résista aux assauts de l'ennemi, ce qui permit au village de ne rester qu'une base arrière pendant toute la durée de la guerre.

 

A St Léger - un morceau d'une scène typique juste à proximité de la zone immédiate des combats
croquis réalisé par un soldat anglais, probablement cantonné au fossé St Martin

 

Dès mai 1916, en vue de la bataille de la Somme, les militaires britanniques ont utilisé les bois et collines comme terrains d'entraînement. Le bois de Warnimont servait de campement derrière les lignes. A la mi-mai, il y avait abris et cabanes bien cachés des regards par de grands arbres. Ce lieu réputé sûr était pour les troupes britanniques un campement idéal. Un groupe d'hommes appelé "les Tonics" avait l'habitude de venir dans ce lieu distraire les soldats. Alors le bois résonnait des voix d'hommes entonnant des chansons. Même, le général Haigh, chef des armées britanniques, accompagné d'un superbe staff d'officiers gradés et autres lanciers, s'est rendu dans ce bois afin de passer l'inspection et de juger de l'entraînement des hommes.
On y organisait aussi des matchs de football et de rugby. Toutefois, il est rapporté qu'en octobre 1916 le campement était devenu très boueux.

 

 

 

plan des tranchées anglaises, provenant du musée de la guerre situé à Londres

 

Le seul témoignage oral qui nous est parvenu est celui de Louis Bury, alors enfant à l'époque. Il se souvenait bien sûr de la présence continuelle des troupes britanniques, en particulier du passage de cavaliers hindous, d'un soldat mort, allongé près du cimetière, dont personne n'a jamais su le nom ni ce qu'il est devenu [le lieutenant Joseph Baumevieille ? voir plus loin], d'un avion qui s'est écrasé en haut de la côte de Bus, et surtout de la ligne de chemin de fer construite par l'armée anglaise pour transporter les munitions et les troupes de Doullens vers le front à Hébuterne. Cette voie ferrée fut construite le long de la rivière en février 1917. La largeur de la voie (50 cm) permettait la circulation d'une locomotive Decauville. Un canon, placé sur des rails, dans le Marais, à la limite de territoire entre St Léger et Authie, bombardait les tranchées ennemies vers Hébuterne. On peut trouver encore des vestiges de cette voie ferrée dans le lit de l'Authie : les poteaux en chêne soutenant la voie lors de la traversée de la rivière sont toujours visibles lorsque les eaux sont basses.

 

 

 

 

 

Témoignage de Louis Bury, âgé de 11 ans en 1916

"Dans le Marais, un gros canon avait été placé par les Anglais pour tirer sur la ligne de front située à Hébuterne. Un coup à l'heure dans un bruit assourdissant, puis une heure de repos afin de refroidir le fût. L'angle de tir variait à chaque fois. Le canon était monté sur des rails en épis, ce qui permettait de changer sa position afin d'éviter qu'il ne soit repéré. Il m'est arrivé aussi de me cacher dans le fût du canon comme le petit garçon qu'on voit sur la photo. J'étais toujours avec les anglais. Le soir, j'allais assister aux combats de boxe qu'ils organisaient près de leur campement, dans le pré derrière la ferme de mes parents. Je n'étais pas toujours obéissant. Une fois, je suis monté sur un wagon du train en partance pour le front. Mon père m'a récupéré à Coigneux.

Il y avait également un ballon d'observation du côté du fossé St Martin, chargé sans doute de repérer les déplacements éventuels de l'ennemi.

 

 

Ma plus grosse bêtise, je l'ai commise en actionnant une espèce de sirène d'alarme accrochée par les Anglais sur le mur extérieur de notre maison, placée là pour avertir les troupes d'un danger imminent. Insouciant des conséquences, j'ai voulu tester le dispositif. Ce fut un beau branle-bas de combat dans la rue. Inutile de dire que j'ai pris un sacré savon par le gradé responsable et que les Anglais faillirent ne plus être mes copains."

 

 

 

 

 

le canon que les Anglais déplaçaient sur la ligne de chemin de fer entre Authie et Coigneux

 

 

 

Durant les jours qui précédèrent la bataille d'Hébuterne, qui commença le 7 juin 1915, les habitants du village virent passer de nombreux convois et troupes qui se rendaient sur cette partie du front. Du 10 au 13 juin 1915, les combats firent rage et entraînèrent de nombreuses pertes. 650 officiers et soldats périrent, parmi lesquels le lieutenant Joseph Baumevieille.

Joseph Baumevieille est né à Millau dans l'Aveyron le 10 février 1870. Ses parents étaient des marchands, chose peu surprenante dans cette ville réputée pour la fabrication et le commerce de gants de peau. Engagé volontaire et affecté au 2e Bataillon du 75e Régiment, il est nommé sous-lieutenant le 7 mars 1915. De fin mars à début mai, son régiment est cantonné à Bayonvillers. Le 27 mai, en vue de la bataille d'Hébuterne, le régiment est transféré en automobile dans notre secteur. Le 12 juin, à 18h30, les 2e et 3e bataillons quittent le secteur de Sailly au Bois (Pas de Calais) pour St Léger les Authie où ils établissent un cantonnement bivouac.

Le 17 juin, en se rendant sur le champ de bataille, le sous-officier Baumevieille est tué dans des circonstances mal définies : soit en inspectant les tranchées selon certains écrits, ou selon d'autres sources en relevant l'emplacement provisoire des tombes des officiers tués. Il fut enterré le soir même à 18h30 dans le cimetière communal et nommé lieutenant à titre posthume.

On peut logiquement penser que la sépulture a été érigée sur sa tombe provisoire. Etant célibataire, les frais ont été réglés par la famille. Celle-ci n'a sans doute pas souhaité que sa dépouille rejoigne un cimetière militaire.

 

 

 

le Lieutenant Joseph Baumevieille

Journal de Marche et Opérations du 75e Régiment d'Infanterie 75e RI J.M.O. • 7 mars-17 août 1915

12 juin 1915 : "le 1er Bataillon et la C.M (Compagnie de Mitrailleuses) cantonnent à Sailly. L'E.M (Etat-Major), C.H.R (Compagnie Hors Rang), 2e et 3e Bataillons partent à 18h 30 pour St Léger les Authie, où ils s'établissent en cantonnement bivouac."

15 juin : "le 1er Bataillon et la C.M rejoignent St Léger les Authie à 19h."

17 juin : "En allant reconnaître les emplacements des tombes des officiers tués sur le champ de bataille, le sous-lieutenant Baumevieille est tué. Ses obsèques ont lieu le soir à 18h 1/2 au cimetière de St Léger."

La mort du sous-lieutenant Baumevieille a lieu à Hébuterne, dans le Pas de Calais, à quelques kilomètres de Saint Léger.
Il a dû être élevé au rang de Lieutenant à titre posthume.

voir aussi : http://www.memorial-genweb.org/~memorial2/html/base1418/complement.php?table=recoup1&id=53703

 

la tombe du lieutenant Joseph Baumevieille
dans le cimetière de St Léger les Authie

la fiche du sous-lieutenant Joseph Baumevieille
sur le site
Mémoire des Hommes

 

 

A la suite de cette tragique bataille, dès l'été 1915, les troupes de l'armée britannique remplacèrent les troupes françaises jusqu'à la signature de l'Armistice.

Fin juin 1916, dans la semaine qui précéda le 1er juillet, date de l'assaut des lignes allemandes par les troupes britanniques, un intense bombardement est mis en place : 1437 canons britanniques tirent 1 500 000 obus de jour comme de nuit. Le 1er juillet 1916, peu avant 7h30, l'explosion simultanée de plusieurs mines marqua le début de la bataille, causant un bruit assourdissant qui s'entendit à des kilomètres.

Pour mémoire, rappelons ces terribles chiffres : le soir du 1er juillet, 58 000 britanniques étaient hors combat, dont 20 000 tués.

A la mi-novembre 1916, quatre mois et demi après le début de l'offensive, les alliés n'avaient repris que très peu de terrain à l'armée allemande. Sur 3 millions d'hommes engagés dans cette bataille, 1 200 000 avaient été mis hors combat.

"(...) les pluies torrentielles et incessantes avaient transformé le terrain en un immense cloaque, dans lequel, étaient englués hommes et animaux (...)"

 

 

Le 21 août 1916, la terrible explosion d'un dépôt de munitions à Coigneux dut surprendre plus d'un habitant.

 

21 août 1916 - explosion d'un dépôt de munitions à Coigneux


 

Le 21 mars 1918, les troupes allemandes lancèrent l'opération "Mickaël", visant à percer le front, à faire reculer les forces alliées pour atteindre, dans un premier temps, Amiens puis ensuite Paris.

Comme l'atteste le document suivant, ce fut à nouveau la panique parmi les populations civiles de l'arrière-front.

 

 

Votre aide

Nous avons retrouvé l'article qui suit du journal l'Annonceur Artésien. 
Malheureusement, nous n'en avons ni le début ni la fin.
Si quelqu'un a conservé le journal entier, merci de nous contacter


-lons de l'Hôtel de Ville - 26 mars 1918"

 

le château de Couin servit d'hôpital militaire durant toute la guerre

Il s'agit très sûrement de l'offensive allemande commencée le 21 mars 1918. 
Le commandement unique à Doullens sera signé quelques jours plus tard

 

Du nouveau

Trouvé sur Gallica https://gallica.bnf.fr :

"C'est sous le titre de : Un Coin d'Artois (1914-1918), que M. Aristide Detœuf, ancien percepteur de Foncquevillers, Izel-les-Equerchin et Croisilles, ancien chef de bureau à la Préfecture du Pas-de-Calais, a fait parvenir à l'Académie un recueil de notes imprimées, prises par cet ancien fonctionnaire et relatant des évènements et incidents de natures diverses relevés au cours de la grande guerre dans notre département, particulièrement dans la commune de Foncquevillers et la région de Pas.

Ces notes étaient destinées à un ami éloigné de sa petite patrie : l'Artois, qui l'avait prié de le documenter pour achever une histoire de Foncquevillers dont il s'occupait depuis plusieurs années. L'œuvre et l'homme ayant disparu en 1918, M. Detœuf communiqua ses notes au journal l'Annonceur Artésien, et ce sont celles-ci, publiées en feuilleton dans le courant de 1931, qui nous ont été transmises.

Elles ne peuvent comme telles, participer au Concours d'Histoire proprement dit, puisque pour celui-ci l'anonymat est exigé des concurrents qui y prennent part, mais un article de son règlement autorise l'Académie à recevoir en dehors des concours tous les ouvrages d'histoire, de science ou d'art, inédits ou non, qui lui seront adressés et à leur attribuer les mêmes médailles qu'aux concours annuels, pourvu qu'ils intéressent le département du Pas-de-Calais et n'aient pas été récompensés par une Académie ou Société savante.

L'intérêt des notes en question ne relatant que des faits dont leur auteur a été personnellement témoin, ou qui lui ont été rapportés par des personnes dont il déclare ne pouvoir suspecter le témoignage, ne réside pas, comme l'a fait remarquer le journal qui les a publiées, dans leur forme souvent anecdotique ; on le trouve tout entier dans leur source qui donne aux récits et épisodes ainsi mis en relief une valeur d'histoire locale.

Les souvenirs recueillis par M. Detœuf constituent un travail présentant le plus vif intérêt pour les régions qui, comme la nôtre, ont eu tant à souffrir de la guerre mondiale.

C'est bien volontiers que l'Académie usant du droit que lui confère l'article auquel je viens de faire allusion, accorde à M. Detœuf qu'elle remercie de sa communication, une médaille d'argent."

"Mémoires de l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras" - 1932

 

D'intenses combats se déroulèrent à nouveau dans le secteur d'Hébuterne. Ce fut une division de Néo-Zélandais qui retint l'avance de l'ennemi.

L'armée allemande ne put atteindre ses objectifs. La signature du commandement unique, à Doullens, permit de coordonner les actions à entreprendre. La vaillance et le courage des soldats des armées alliées stoppèrent la progression de l'ennemi. Ce sont les Australiens qui, le 25 avril 1918, au prix de rudes combats, évitèrent la prise d'Amiens.

 

 

Dès juin 1918, des troupes néo-zélandaises occupaient le bois du Warnimont, les prairies et champs environnants, leurs officiers ayant, quant à eux, réquisitionné plusieurs grandes maisons à Authie.

 

le 30 juin 1918, le 1er ministre néo-zélandais rend visite aux troupes qui bivouaquent le long du bois de Warnimont

 

Cette période de l'histoire fut sûrement très difficile à vivre et les drames qu'elle a engendrés eurent des conséquences irrémédiables pour les familles touchées aussi bien sur le plan affectif que sur le plan de la vie courante.

Dès 1914, six de nos concitoyens sont tués. Quatre le seront en 1915, deux en 1916 :

 

Félicien Hidoux

 

On peut imaginer l'angoisse des épouses et des mères quand elles voyaient le Maire du village traverser les rues du village. Chez qui se rendait-il ? Qui ne reviendrait pas ? 

 

le soldat Jules Octave Favrel

 

 

Quelques-uns purent revenir de cette terrible épreuve mais non sans conséquences, beaucoup étaient blessés dans leur chair mais aussi traumatisés à jamais.

Parmi ceux qui sont revenus, on se souvient de :

 

Fernand Danicourt, 42 ans en 1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Georges, son fils,
appelé sous les drapeaux en 1916

 

Maurice Hossart, deux ans de service militaire suivis de 4 années de guerre. Canonnier, il évoquait souvent l'enfer du "Chemin des Dames" où il a été "gazé".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"fait d'arme" de Maurice Hossart
132e régiment d'artillerie lourde
1916 : à Verdun "Les chambrettes"
et 1917 : dans l'Aisne, à Vailly

 

Eugène Leturcq, 1 an de service militaire et 4 années de guerre :

 

 

"fait d'arme" d'Eugène Leturcq - 75e Régiment d'Infanterie

 

Jean Lefèvre , 2 ans de service militaire suivis de 4 années de guerre dans le 77e Régiment d'Artillerie. Lors de son service militaire, il a été blessé par un coup de pied de cheval. Son père est allé, alors, lui rendre visite, à pied, à La Ferté , dans l'Aisne.

Jean Hidoux , 2 ans de service militaire suivis de 4 années de guerre dans un Régiment du Génie. Après une blessure au bras gauche, qui le laissa légèrement handicapé, et sa convalescence à La Rochelle, il continua la guerre au service d'un gradé, en conduisant son attelage.

Ernest Leturque , incorporé en janvier 1916, envoyé au front à Verdun jusque novembre 1917, puis dans la Marne. Il a été blessé lors de la contre-attaque allemande, dans l'Aisne, en août 1918. Il devait repartir au front, en Belgique, en novembre 1918.

 

Ernest Leturque

 

extrait de son livret militaire

 

Rendons hommage à ceux qui se sont installés à Saint-Léger et ont fondé une famille :

Paul Candelier, 2 ans de service militaire suivis de 4 années de guerre dans l'Artillerie.

Abel Bellettre, 2 ans de service militaire dans les Hussards et 4 années de guerre dans la Cavalerie :

 

Abel Bellettre

 

 

 

Une fois l'armistice signé et la paix revenue, il fallut que les habitants du village, à l'image de bien d'autres, pansent leurs plaies et fassent le deuil de tous ces hommes morts au combat. Les atrocités de cette guerre et les stigmates qu'elle avait engendrés ne pourraient s'effacer avant longtemps de la mémoire collective. Le 2 juillet 1922, le Conseil Municipal, considérant qu'il est de son devoir de perpétuer le souvenir du sacrifice des braves enfants de la commune morts pour la France, décida de faire ériger un monument aux morts sur la petite place au coin de l'école communale. C'est l'entreprise Leprêtre qui fut choisie. Le coût s'éleva à 4500 F. 1500 F furent réglés par la Commune et le solde grâce à la souscription lancée auprès des habitants du village qui rapporta la somme de 3305 F. Le surplus servit à payer la grille installée autour de ce lieu de mémoire.

 

1922 - projet pour l'érection d'un monument à la mémoire des enfants morts pour la France
http://archives.somme.fr

 

 

inauguration du monument aux morts le 27 juillet 1924

 

Ce monument aux morts tout simple représente un obélisque surmonté de la croix de guerre symbole de l'honneur officiel rendu aux combattants. Sur la façade avant sont gravés le drapeau, symbole de la République Française, et un rameau d'olivier, symbole de paix et de gloire. Le jardin a un caractère sacré et la grille délimite l'enclos où l'on commémore les absents et où seuls ont le droit de pénétrer le magistrat municipal, les anciens combattants et à la rigueur les enfants du village.

 

Mémorial

Mais où sont les amours
Que la grande guerre a fauchés
Jetant les fusils lourds
Dans les flaques de boue et les barbelés
Où sont les noms des camarades
Ouvert en deux par les grenades
Qui demain les reconnaîtra
Sur ces bouts de bois taillés en croix

Même les poètes tu vois font la guerre
Moi je suis le soldat Apollinaire.

Le 9 novembre 1918 meurt à Paris 7e des suites de ses blessures le lieutenant Kotrowitzky Guillaume, dit Apollinaire, du 96e R.I., né le 26 août 1880 à Rome - matricule 246AB/LM855 - Classe 1900

 

Des dommages de guerre furent également attribués à la Commune.
Dès juillet 1917, Stanislas Bury fut désigné comme délégué auprès de la commission cantonale chargée d'attribuer des dommages de guerre. Dans un premier temps, la Commune ne figura pas sur la liste des communes bombardées. Après réclamation de la Municipalité arguant que le village avait été bombardé une première fois en janvier 1916, puis quotidiennement de fin mars 1918 à fin août 1918, la commission cantonale réunie à Acheux le 20 février 1923 accorda la somme de 200 F. 600 F furent également alloués en dédommagement de la perte d'une partie du mobilier de l'église, entre autres pour les bannières enlevées (ont-elles servi comme pansements pour soigner des blessés ?), 625 F pour les arbres arrachés (était-ce les peupliers que l'armée anglaise avait dû abattre du côté de l'église pour faire passer la ligne de chemin de fer ?) En 1924, cette même commission accorda 8000 F pour la réparation de la toiture de l'église touchée par un obus.

Il faut néanmoins reconnaître qu'au vu de l'histoire les dommages matériels qu'a subis le village sont fort peu conséquents par rapport à tous ces villages martyrisés situés sur la ligne de front dont il ne restait que ruines à la fin de 1918.

 

 

 

 

L'histoire d'une carte-photo

avec l'aimable participation de Michel Guironnet, qui lui a redonné "vie"...

 

Tout est parti de cette carte-photo, apparemment envoyée de St Léger les Authie le 24 mai 1915 :

 

 

"Mon cher Alfred,
Je viens de recevoir ta carte-lettre, heureux que je suis de te savoir toujours en bonne santé, tant que moi je suis toujours bien portant, toujours dans l'espérance de savoir à quand la fin, enfin si l'on pouvait seulement s'en tirer, comme cela nous serions heureux un jour de pouvoir nous réunir tous ensemble, je te serre une bonne et cordiale poignée de main
Ton beau-frère pour la vie, Dufour"

 

Il s'agit de la lettre d'un soldat d'un "Escadron du Train des Equipages" chargé du transport des vivres, des munitions, et des blessés. L'uniforme est reconnaissable et très fonctionnel : veste bien ajustée, guêtres pour protéger lorsque le soldat est sur le cheval. La photo ci-contre en couleur représente l'uniforme d'un Maréchal des Logis.

Les régiments du Train des Equipages sont, durant la Grande Guerre, répartis par escadrons dans les Divisions d'Infanterie pour "la logistique" Les hommes de ces escadrons sont à l'arrière du front et font, par exemple, la liaison entre les gares ferroviaires d'arrivée du matériel et les dépôts de Parcs d'Artillerie, et entre ces dépôts et les batteries de canon… Idem pour le ravitaillement.

A l'inverse, ils vont chercher les blessés dans les Ambulances - elles-mêmes ont recueilli les blessés venant des Postes de Secours évacués par les brancardiers - pour les emmener "assis" ou "couchés" selon la détermination en vigueur vers les hôpitaux mobiles installés en arrière immédiat du front.

L'attelage hippomobile sur cette photo est, à première vue, destiné aux blessés. Quant au soldat qui pose sur la photo, il est quasi certain qu'il s'agit de celui qui écrit au dos… et qui n'a probablement aucun rapport familial avec St Léger.

 

 

Grande voiture pour blessés (modèle 1889). Ce véhicule à 4 roues, suspendu et attelé à 2 chevaux, peut transporter 10 blessés assis (5 assis et 2 couchés, ou 5 couchés). La voiture est surmontée d'une galerie qui peut recevoir 8 brancards. Les côtés, le devant et le derrière sont garnis de rideaux en toile qui préservent les blessés des intempéries.

 

Fin mai 1915 vers St Léger les Authie

la carte de Dufour à Alfred :

un extrait des volumes "Les Armées françaises dans la Grande Guerre" (Tome III Annexes 1er vol.) :

plus loin dans cette note :

Le 1er Corps de Cavalerie se compose des 1re, 3e et 9e Divisions de Cavalerie : rassemblées autour d'Amiens en vue de cette offensive, aucune ne sera engagée dans les combats.
C'est un stationnement de milliers d'hommes avec leur matériel.

pour voir les forces en présence le 24 mai 1915

 

Juin 1915



53e Brigade d'Infanterie au 13 juin 1915 (JMO 26 N 511/1) :

Brigade composée des 75e et 140e Régiments d'Infanterie et du 14e Bataillon de Chasseurs Alpins.
Ces soldats sont, pour la plupart, des Dauphinois.

Au 75e Régiment d'Infanterie, en juin 1915 :

 

 

 

Sur les traces de la Grande Guerre...

Beaucoup de passionnés d'histoire locale, dont Ghislain Lobel, de Bus les Artois, s'attachent, depuis de nombreuses années, à sauver de la destruction et de l'oubli de nombreux objets, témoins de cette horrible guerre.

Ghislain Lobel

Ghislain se passionne plus particulièrement pour les ustensiles de la vie courante et les divers outils de l'époque afin de faire revivre le quotidien de ces soldats qui, pendant 4 ans, ont vécu dans nos villages, parmi nos aïeux.

C'est en fouillant dans les poubelles des britanniques, poubelles qu'ils avaient l'habitude d'enterrer, qu'il a pu amasser une quantité d'objets divers, dont de nombreuses bouteilles, et créer ainsi un petit musée que l'on peut visiter.

de nombreuses bouteilles furent trouvées dans le fossé "Saint-Martin", à St Léger les Authie

 

 

Les habitants du village durent partager leur lieu de vie et de travail avec les troupes anglaises qui trouvaient un certain réconfort en fréquentant les cafés du village. A cette époque, des cafés dits "de guerre" ouvrirent leurs portes. Ce fut le cas du café "Carnel" situé au 6 Grand'Rue, du café-épicerie tenu par Hippolyte Froideval situé au 2 Grand'Rue, et du café Laétaré situé également dans la première partie de la Grand'Rue et appelé ainsi car ouvert pour la première fois au public le 4e dimanche du Carême, jour de la saint Laétaré.

 

différents graffiti relevés sur les murs de l'église du village

 

ils témoignent du passage de différentes troupes

 

graffiti canadien

 

 

 

Eloge fait à l'enseignante, restée à son poste...


in "Bulletin des régions libérées" du 12 mars 1921

 

 

le Courrier Picard - lundi 4 novembre 2013

  
La Somme dans la 1re Guerre mondiale (centenaire 2014-2018)
La bataille de la Somme (centenaire 1916-2016)
 

 

l'exposition de 2006

l'école au fil du temps

la Grande Guerre au village

la 2e Guerre Mondiale au village

la guerre d'Algérie

vers la modernité

fêtes, distractions et coutumes

la vie associative

les activités dans le village

le patrimoine local

l'évolution de l'habitat

 

erci de fermer l'agrandissement sinon

 

 

 

 

https://www.stleger.info