Bien
que l'on ne puisse, à l'heure actuelle, établir d'une
façon formelle les origines du fondateur de notre famille, il
nous a paru d'un certain intérêt de chercher à en
percer le mystère car, outre qu'il nous concerne plus
spécialement, il est l'exemple assez typique de ce que furent
les origines d'autres familles féodales.
Tous les historiens et
généalogistes ont admis sans discussion que l'auteur
des Saint-Léger d'Angleterre et d'Irlande est Robert de
Saint-Léger, compagnon de Guillaume le Conquérant en
1066. Le problème reste à savoir qui était ce
personnage. D'où venait-il ? De qui sortait-il ? C'est tout le
sujet de la petite étude que nous nous proposons de faire
ici.
Nous pouvons constater en premier lieu que
Robert de Saint-Léger n'était pas un soldat parvenu que
la Conquête normande en Angleterre avait promu à une
haute fortune. C'était un personnage puissant et riche, et qui
s'établit solidement dans plusieurs comtés du Sud de
l'Angleterre, où sa descendance vécut avec beaucoup de
splendeur "cum magno splendore", ainsi que l'affirme un historien du
XVIIIe siècle*.
* Molloy : archives
familiales
On remarque également qu'au nom de
Robert de Saint-Léger est presque toujours associé
celui de Robert, comte d'Eu, et que notre ancêtre tenait de ce
dernier la majeure partie de ses fiefs, tant en Normandie qu'en
Angleterre. La tentation est alors forte de faire des premiers
Saint-Léger une branche issue des comtes d'Eu, tentation
d'autant plus forte que plusieurs auteurs anglais nous ont
précédé dans cette opinion.
St Léger en Yvelines - la
Promenade des Oiseaux
Ainsi William Smith Ellis dit que "les deux
principaux vassaux féodaux des comtes d'Eu dans le "Rape de
Hastings" étaient les Saint-Léger et les Echyngham",
qui, d'après leurs grandes tenures, devaient être, sans
aucun doute, de proches parents de leurs suzerains. Il
considère les Saint-Léger comme faisant partie de la
caste des "Grands Barons" du Rape de Hastings qui adoptèrent
pour meuble principal de leurs armoiries le "fretté" et
l'auteur ajoute : "On peut penser, sans crainte de se tromper, que ce
meuble a été adopté et porté par l'un des
premiers comtes et, ensuite, conservé par les
différentes branches de sa famille.*"
* W.S.Ellis : Observations of the
Earls of Eu (Sussex Arch. Soc. Review, vol.X, p.63 et
suivantes)
M. Salzmann, dans une étude concernant
"l'origine des armoiries de quelques familles du Sussex", reprend
à peu près le même thème, "les Echyngham
et les Saint-Léger, dit-il, d'après leurs grandes
possessions dans le Kent et dans le Sussex, avaient non seulement un
lien féodal, mais également une proche parenté
familiale avec les comtes d'Eu, dont ils adoptèrent
vraisemblablement les armoiries.*"
* Salzmann : Origin of the arms
of some Sussex families. Même revue.
Nous pourrions ajouter que ces auteurs
n'avaient sûrement pas eu connaissance du "Métier" de
Saint-Léger, découverte qui fut pour nous une
révélation et dont nous aurons l'occasion de parler
plus longuement ; leur opinion en aurait encore été
renforcée évidemment.
Enfin, les prénoms de Robert, de
William, de Gilbert, de Geoffroy, de Ralph, de John, fréquents
dans la famille d'Eu, se retrouvent de la même façon
chez les Saint-Léger des deux premiers siècles qui
suivirent la Conquête normande. Et nous savons que la
similitude des prénoms avait une très grande importance
dans le haut Moyen Age : "du VIe au XIIe siècle, les membres
d'une famille ne portaient qu'un nom individuel. Mais les familles
possédaient une sorte d'exclusivité de leurs noms
habituels. Nul n'avait le droit de porter un nom s'il n'avait
été porté par ses ancêtres en ligne
directe ; et la possession de ce nom était comme un titre
à l'héritage du parent homonyme qui l'avait
imposé.*"
* Abbé F. Bernard : Les
origines féodales en Savoie et en Dauphiné.
Il est donc possible que notre famille soit
issue d'un cadet de la famille comtale. Cependant, notre opinion
serait plutôt favorable à une parenté par
alliance, et cette alliance a pu se faire par un mariage entre Robert
de Saint-Léger et une fille de Robert, comte d'Eu.
|
la Vesgre et le Chemin
des Oiseaux
|
la Lavoir des
Oiseaux
Quoi qu'il en soit, et comme cette
parenté ne paraît pas douteuse, il est
intéressant de faire ici un bref aperçu historique de
cette famille des "comtes d'Eu par la Grâce de
Dieu".
Le premier comte d'Eu et de Brionne,
créé en 966 par Richard II, duc de Normandie, fut
Geoffroy, fils naturel du duc Richard Ier, dit Sans Peur. Son fils
Gilbert s'étant révolté, le comté d'Eu
lui fut retiré et donné à son oncle William. Ce
Gilbert fut seigneur d'Orbec et de Bienfaite dans le Calvados, et ce
fut son fils aîné, Richard Fitz Gilbert, qui
reçut le comté de Clare en Angleterre. De lui est issue
la fameuse famille de Clare dont les armoiries "d'or à trois
chevrons de gueules" sont nettement différentes de celles de
l'autre branche des comtes d'Eu.
Cette dernière, celle nous
intéressant, eut pour auteur un autre fils naturel de Richard
Sans Peur : il s'agit de William (ou Guillaume), que son père
créa comte d'Hièsmes, puis ensuite comte d'Eu, lorsque
ce comté fut confisqué à son neveu Gilbert. De
son mariage avec Lesceline d'Harcourt, morte en 1057, il laissa trois
fils.
L'aîné, William d'Eu, comte
d'Hièsmes, puis de Soissons par son mariage avec
Adélaïde, ne laissa qu'une fille et
héritière, Rantrude, comtesse de Soissons.
Le second, Hugh, évêque de
Lisieux, mourut en 1057.
Le troisième, Robert, comte d'Eu, ami et
familier de Guillaume le Conquérant, commanda la cavalerie
normande à la bataille d'Hastings en 1066. Ce fut lui le
premier possesseur du "Rape d'Hastings" dans le comté de
Sussex. Il en inféoda les principales parties à ses
proches parents, au nombre desquels figuraient Robert de
Saint-Léger et son fils William.
Le comte Robert d'Eu laissa lui-même
trois fils : William, Robert et Ralph (Raoul). L'aîné,
comte d'Eu à la mort de son père, survenue en 1090,
continua la descendance.
Celle-ci se termina, d'ailleurs, par son
arrière-arrière-petite-fille, Alice ou Adelise ou
Aelis, dernière comtesse d'Eu de cette dynastie normande. Elle
épousa en premières noces Raoul de Lusignan, tué
en 1218 au siège de Ptolémaïs, ensuite Simon de
Echyngham, dont une fille, Sibille (ou Sibilla) épousa William
de Saint-Léger de Werlinges. A partir de cette époque,
le comté d'Eu étant passé aux Lusignan, sa
destinée devint naturellement toute française. C'est
actuellement l'un des titres de la Maison
d'Orléans.
le Lavoir des
Oiseaux
Pour en revenir à Robert de
Saint-Léger, il fut plus probablement un fils d'un autre
Robert de Saint-Léger, cité dans plusieurs documents
datant de la première moitié du XIe siècle.
C'est de lui dont nous allons parler maintenant.
Le document le plus ancien où nous le
trouvons mentionné est une charte datée de 1038,
consistant en une donation par Gilduin, vicomte de Chartres et comte
de Breteuil (Breteuil en Beauvaisis), de l'alleu de Mortoeuvres,
près de Châteaudun, en faveur de la déjà
célèbre abbaye de Marmoutiers. Après le nom de
Garnier, chapelain de Gilduin, et précédant celui de
Hervé, vicomte de Blois, nous trouvons parmi les
témoins de cette donation "Robertus de Villa Pari vel de
Sancto Leodegario", c'est à dire Robert de Villepair ou de
Saint-Léger. Et ce nom de Villepair nous a aidé
à identifier cette localité de
Saint-Léger.
C'est dans la grande châtellenie royale
de St Léger en
Yvelines que nous avons pu trouver ce
nom de lieu de "Villa Pari". En pleine forêt, à
proximité du bourg de Saint-Léger, l'on trouve Vilpert,
appelé Villepaire ou Vilpair dans les anciens documents. On
peut fort bien penser que les premiers rois capétiens, ayant
là leur résidence de choix où ils chassaient
beaucoup, l'avaient appelée leur villa de Paris ; ajoutons
d'ailleurs qu'un lieu dit "le Petit Paris" se trouve à
proximité.
le Lavoir des Oiseaux,
toujours
Donc, Villepair devait être le nom
primitif de St
Léger en Yvelines et, en effet,
certains archéologues et historiens admettent que ce nom de
Saint-Léger ne date que du début du XIe siècle,
bien que l'on sache que cette commune existe depuis les temps
mérovingiens. C'est, pense-t-on, Robert le Pieux qui, en
consacrant l'église du lieu en 1030 au saint Léger,
évêque d'Autun, lui donna le nom qui s'est, en quelque
sorte, substitué peu à peu au nom primitif, sans
disparaître complètement puisque nous voyons au XVIIe
siècle que Vilpert était encore un fief important
:
"Fief de Vilpert, sis es paroisse de Poigny,
Saint-Léger et les Bréviaires, consistant en bois,
taillis et bruyères, ayant droit de haute, moyenne et basse
justice... en un tenant, et tenant d'un côté les bois de
la Pommeraie, d'autre la forêt de Montfort, d'un bout les
bruyères de Poigny et les étangs de Saint-Léger,
et d'autres les terres des Bréviaires et du Mas."
Le Lavoir des Oiseaux,
aujourd'hui
Ces 2 photos proviennent du site
http://assoc.wanadoo.fr/cyclos-cyclotes/lavoirs/lavoirs_sud.htm
Ajoutons que Vilepert -ou Vilpair- situé
en pleine forêt de Saint-Léger, aujourd'hui de
Rambouillet, est maintenant un lieu de promenade pour les touristes ;
on y voit une ancienne Croix, la Croix-Vilpair, et, à quelques
centaines de mètres de là, une série
d'étangs, ne semblant être que partiellement naturels,
situés en bordure de l'ancienne route de Rambouillet à
Saint-Léger ; nous ne serions pas étonné qu'il
se fût élevé là un château fort,
gardien de cette route.
la
Croix-Vilpert
Ce monument, constitué d'un
obélisque surmonté d'une croix, est situé au
milieu d'un carrefour où confluaient jadis dix routes,
à la limite des communes des Bréviaires, de St
Léger en Yvelines et de Poigny la Forêt. Elle tient son
nom du bois voisin de Vilpert, qui rappelle lui-même celui d'un
ancien fief incorporé dans la seigneurie de Rambouillet.
Cette croix signalait un lieu de rendez-vous, par exemple pour un
départ de chasse à courre. Elle a probablement
été restaurée à l'époque de
Charles X. Le 26 juillet 1830, ce roi est descendu de cheval devant
la croix pour mettre fin à une mauvaise chasse et rentrer en
voiture au château de Rambouillet.
la Croix Vilpert - carte
oblitérée en 1904
Robert de Vilpair ou de Saint-Léger,
personnage déjà important en 1038, comme nous le prouve
le document déjà cité*, nous permet de penser
qu'il dut naître dans les premières années du XIe
siècle. Autre remarque intéressante, le comte Gilduin
avait pris part à l'invasion de la Lorraine en 1036-1037. Il
fut blessé à la bataille de Bar, et c'est au retour de
cette expédition qu'il fit plusieurs donations pour
l'âme du comte Eudes de Blois, son suzerain, qui y avait
trouvé la mort. Il est assez vraisemblable que notre Robert,
associé à cette donation, et l'un des principaux
vassaux de ce comte Gilduin, avait pris part également
à cette expédition guerrière.
* Cartulaire de Marmoutiers, par
Emile Mabille, Châteaudun 1874, charte XXI.
Le 29 avril 1046, "Rotbertus de Villa Pari" est
témoin d'une autre charte de donation à l'abbaye de
Saint-Père. Il s'agit de dons de franchises dans les faubourgs
de Chartres, par "Gilduinus vicecomes Carnotinae urbis" ; par son
épouse Ermeline et par ses enfants*.
* Cartulaire de
Saint-Père-de-Chartres, Benj. Guérard, Bibl. Nat.,
casiers n° 24 et 25.
Deux ans plus tard, le 17 avril 1048, à
Paris, le roi Henri Ier donne au Chapitre de Chartres le bourg
d'Ingré, près d'Orléans. Nous voyons
apparaître "signum Rotberti de Sancto Leodegario" parmi les
noms des témoins. Figurent également parmi eux le
vicomte Gilduin et son fils Evrard*.
* Archives Dép.
d'Eure-et-Loir, G1112, Cartulaire de N.D. de Chartres, par de
Lépinois et Merlet ; vol.1, p.89, n°XIV.
St Léger en Yvelines, Seine
et Oise à l'époque - route de Vilpert aux étangs
de Hollande
les mares de Vilpert -
1919
Entre 1048 et 1060, le vicomte Gilduin et son
fils Harduin confirment la fondation du prieuré de Chuisnes,
faite par leur vassal Ives de Courville (Curbavilla). "Rotbertus de
Sancto Leodegario" est le second témoin de cet acte*.
* Cartulaire de Marmoutiers,
Arch. Dép. d'Eure-et-Loir, II 2307, pièce
originale
Robert de Saint-Léger est encore le
premier témoin d'une charte d'Ebrard, vicomte de Chartres,
fils du vicomte Gilduin. Cette charte, sans date, de Marmoutiers*,
dit qu'à la mort d'Hardouin, vicomte de Chartres, fils
aîné de Gilduin, son frère Ebrard lui ayant
succédé dans cette charge avait voulu révoquer
les dons faits au monastère par son père Gilduin et son
frère Harduin, et qu'il ne céda qu'aux instantes
prières des moines et avec une forte somme d'argent. Il est
permis de penser que Robert de Saint-Léger, vieux compagnon
d'armes de Gilduin, et qui avait participé à ses
libéralités, joua un rôle dans le revirement de
cet Ebrard en faveur des moines.
* id.
Cette brève étude de chartes
royales ou seigneuriales rend frappant le fait que le nom de Robert
de Saint-Léger est toujours associé à ceux de
Gilduin, vicomte de Chartres, et de ses fils, Hardouin et
Ebrard.
Il y a probablement parenté entre la
famille du vicomte de Chartres et celle du châtelain de
St Léger en
Yvelines. Cependant, on ne retrouve
jamais, chez les descendants issus de Robert, les prénoms de
Gilduin, d'Arduin, d'Ebrard ou de Valerand, ceux les plus couramment
employés chez les vicomtes de Chartres. Et nous avons
déjà souligné l'importance des prénoms
communs à une même souche ; s'il y a parenté, ce
serait plutôt par alliance que par communauté
d'origine.
Il est certain, cependant, ainsi que nous
l'avons déjà écrit, que Robert de
Saint-Léger ou de Villa Pari est l'un des principaux vassaux
de Gilduin.
Il est intéressant de noter, aussi, que
St Léger en
Yvelines ne relève pas du
vicomte de Chartres. Ceci nous montre que Robert devait tenir
plusieurs fiefs et était vassal de plusieurs
seigneurs.
L'un de ses fiefs doit être
identifié avec la localité actuelle de
St Léger des
Aubées, située en pleine
Beauce, à une dizaine de kilomètres à l'est de
Chartres. L'on peut supposer, également, que l'un des fils de
Robert a dû continuer là une branche de seigneurs de
St Léger des
Aubées. L'on y retrouve les
prénoms de Robert, de Ralph (Raoul), de Gilbert, communs avec
ceux de la famille de Saint-Léger anglo-normande.
Cette branche s'éteignit d'ailleurs en
ligne masculine dans la première moitié du XIIIe
siècle, avec Radegonde de Sancto Leodegario qui apporta cette
seigneurie à son mari Gilbert Galles*.
* Archives Départ.
d'Eure-et-Loir, G 2715.
Notons, à propos de cette branche de
St Léger des
Aubées, deux chartes de
donations du comte de Rochefort (Rochefort en Yvelines), Guy le
Rouge, et de sa femme Adelise au prieuré de Berthincourt
(Bertildis Curiae), l'une datée des environs de 1080 et
l'autre du tout début du XIIe siècle, toutes deux
souscrites par "Radulfus de Sancto Leodegario" chevalier. Nous
retrouverons, d'ailleurs, ces Rochefort en Irlande, un siècle
plus tard, dans le comté de Kilkenny, voisins des
Saint-Léger et comme eux vassaux du comte de Pembroke,
héritier des Clare*.
* Cartulaire de Marmoutiers,
Archives Dép. d'Eure-et-Loir, H 2253 et 2256, Bibl. Nat., Mss
Latins 54412.
Mais revenons à St
Léger en Yvelines qui nous
intéresse davantage car c'est peut-être de là
qu'est sortie notre famille.
Sans en raconter toute l'histoire, intimement
mêlée à celle de nos rois, nous rappellerons que
c'est Hugues Capet qui y fit élever un château à
la fin du Xe siècle et que l'église fut construite
entre 1026 et 1030 par Hugues, moine de Fleury. Certaines parties de
l'église actuelle datent du XIe siècle. Jusqu'à
Philippe Auguste, les rois de France résidèrent
fréquemment à St Léger qui était le
chef-lieu du domaine royal de la forêt de l'Yvelines. Les
Capétiens y possédaient donc le haut domaine, mais le
fief était administré par un officier nommé
gruyer, dont la résidence était au château royal
de Saint-Léger. Voilà, croyons-nous, l'origine de
"Robertus de Villa Pari vel de Sancto Leodegario".
Le fait que son prénom soit toujours
suivi de son nom de terre prouve qu'il était seigneur ou
châtelain -ici gruyer- de Saint-Léger*. Pour nous,
Robert faisait partie de la classe des "Ministeriaux" -de
Ministerium- dans le sens de fonction spécialisée :
* Ce n'est qu'au XIIIe
siècle seulement que, d'une façon
générale, le titre de "Dominus" commence à
précéder le nom du fief.
"De lourdes préoccupations assaillent le
possesseur d'une grande fortune foncière. Il en partage le
poids avec de nombreux serviteurs, agents supérieurs vivant
dans son entourage : prévôts, maires, doyens et
forestiers chargés de la surveillance, de la police et de la
perception des droits... Qu'ils soient attachés à la
Maison ou propriétaires ou éparpillés sur le
territoire des Villae, qu'ils exercent des fonctions de premier plan
ou de modestes charges, ces hommes constituent un monde à
part, celui des Ministeriaux... Certains font escorte au chef, sont
armés et équipés par lui... leurs fonctions sont
rétribuées par des fiefs.*"
* Seigneurie et
Féodalité, par R. Boutruche
oblitération de
1912
Fonctionnaire royal, possesseur de fiefs dans
la Beauce, tel semble être Robert de Saint-Léger. Il
n'est cependant pas exclu de penser qu'il tenait son office des
Yvelines d'un héritage, car les ministeriaux, qu'ils soient
comtes ou vicomtes, connétables ou maréchaux,
chambellans ou gruyers..., sont devenus peu à peu
héréditaires, et, en ce début de XIe
siècle, c'est un usage bien ancré dans les moeurs que
de transmettre à ses enfants le poste de confiance que le
monarque vous a octroyé.
Si c'est un héritage, de quelle
façon cet office de châtelain de Vilpair ou de
Saint-Léger a-t-il pu être transmis à Robert
?
Il est évidemment bien difficile de
répondre à cette question, les renseignements
généalogiques de l'époque du haut Moyen Age sont
rares et souvent contradictoires. Il est certain, cependant, que le
premier tenant connu du château de St
Léger en Yvelines est le comte
palatin Hugues de Beauvais.
St Léger en Yvelines -
berger et son troupeau
Lorsqu'en 988, Hugues Capet, à peine
maître de la couronne de France, s'associa son fils Robert,
encore adolescent, il le mit sous la direction de sa mère
Adélaïde et lui donna pour précepteur Hugues de
Beauvais. Ce personnage, fort mal connu du reste, contresigne toutes
les chartes données par le jeune roi du vivant de son
père. Il fut probablement l'instigateur du mariage de son
royal élève avec Berthe de Bourgogne, veuve depuis peu
de Eude Ier, comte de Blois et de Chartres. Après qu'elle eut
été répudiée en 998, il demeura le chef
du parti qui la soutenait contre la nouvelle reine, Constance
d'Arles. Vers 1010, à l'instigation de cette princesse,
Foulques Nerra, comte d'Anjou, et le rival de Hugues, envoya des
émissaires qui le surprirent à la chasse en compagnie
du roi et le percèrent de coups sous les yeux de Robert,
impuissant à le défendre.
Outre le comté de Nogent, le roi Robert
avait donné à Hugues l'office (ministerium) de gardien
ou concierge du château de Saint-Léger. D'autres
documents disent également qu'il était le gruyer de la
forêt Yvelines, avec résidence au château de
Saint-Léger.
Rendez-vous en forêt de St
Léger en Yvelines
Chasse de Mme la duchesse
d'Uzès - un rendez-vous à la Colonie près St
Léger (Seine et Oise)
Mme la duchesse d'Uzès -
carte postale ayant voyagé en 1910
une chasse à courre - le
piqueur ramenant ses chiens après le
défaut
Nous connaissons mal sa parenté, mais
nous savons que sa succession fut partagée entre Eude II,
comte de Chartres et de Blois, Roger évêque de Beauvais
et comte de Sancerre, probablement frère d'Eude, et les comtes
de Breteuil. Il est particulièrement intéressant de
retrouver ici la famille des vicomtes de Chartres, comtes de
Breteuil, et cette succession prouve bien qu'ils devaient être
les parents les plus proches d'Hugues de Beauvais.
hallali sur pied à la
maison forestière de St Léger en
Yvelines
Dans une autre étude, le comte A. de
Dion suggère qu'Hugues de Beauvais aurait eu aussi une fille,
laquelle ayant épousé Guillaume de Hainaut lui apporta
"les châtellenies de Montfort et d'Epernon, démembrement
du comte de Nogent... et aussi des droits dans le château de
Saint-Léger et sur la forêt d'Yvelines". Son fils Amaury
fut l'auteur de cette célèbre famille des Sires de
Montfort-l'Amaury. Mais cette hypothèse nous paraît
moins probante, car, à l'origine, Monfort-l'Amaury et
St Léger en
Yvelines formaient deux fiefs bien
distincts ; ce n'est qu'en 1204 que les Montfort ont acquis la pleine
propriété sur St
Léger en Yvelines, par
l'échange officiel qui fut décidé entre Philippe
Auguste et la veuve de Simon de Montfort, comte de Leicester. Pour
des raisons stratégiques, le roi désirait
acquérir une place sur la frontière normande, et la
comtesse lui abandonna ses droits sur le fief de Breteuil-sur-Iton et
sur Pacy-sur-Eure, obtenant à la place la pleine
propriété de la châtellenie de
St Léger en
Yvelines (Sancti Leodegarii in
Aquilina).
Il est probable que la possession de ce fief
fut controversée, vraisemblablement à la suite
d'héritages. On peut se demander, enfin, si Robert de
Saint-Léger, proche parent de Gilduin, par sa femme ou par sa
mère, n'a pas reçu Vilpair, alias Saint-Léger,
des Breteuil, eux-mêmes proches parents, cohéritiers de
cet Hugues de Beauvais, dont nous venons d'esquisser
l'histoire.
Il peut très bien se faire, aussi, que
Robert n'ait été qu'un fonctionnaire royal ou
seigneurial, de naissance obscure, et que son office l'ait
élevé dans la hiérarchie féodale de
l'époque.
Ce dont nous sommes sûrs, c'est qu'un
Robert de Saint-Léger prit part à la bataille
d'Hastings en 1066 et qu'il s'établit dans le sud de
l'Angleterre. Nous savons par le "Doomesday Book" qu'il vivait encore
en 1086. Tenant compte de ces dates, il est difficile de le confondre
avec Robert de St
Léger en Yvelines, né
tout au début du XIe siècle. Il pourrait plutôt
s'agir de son fils portant le même prénom, ou
plutôt de l'un de ses fils, puisque les Saint-Léger,
seigneurs de St
Léger des Aubées, ont
continué en Beauce.
Au sujet de ce second Robert de
Saint-Léger, il est peut-être nécessaire, pour
retrouver sa trace, de revenir sur la première charte que nous
avons déjà mentionnée, correspondant à la
donation faite par Gilduin, vicomte de Chartres, de l'alleu de
Mortoeuvres à l'abbaye de Marmoutiers.
Citons, dans l'ordre, le nom des témoins
de ce document : "Thibaut, comte de Blois et de Chartres, Etienne,
comte de Champagne, Ermengarde, leur mère, Gilduin, vicomte de
Chartres, Hardouin, Ebrard et Galerand, ses fils, Garnier, chapelain
de Gilduin, Robert de Vilpair ou de Saint-Léger, Hervé,
vicomte de Blois, Dadon de Saint-Amant, Dadon son fils, Archambaud,
Théodoric, etc"
Or, dans une donation faite à la
même époque, c'est à dire entre 1037 et 1040, par
Thibaut, comte de Blois, à l'abbaye de
Saint-Florent-de-Saumur*, nous relevons, et dans le même ordre,
la même liste de souscripteurs, sauf qu'à la place de
Robert de Saint-Léger, on trouve ce nom : "Rotberti infantis",
Robert enfant... S'agit-il d'une coïncidence ? Une solution
séduisante, et qui vient cependant à l'esprit, serait
que cet enfant, porteur du même prénom, aurait pu
remplacer son père, empêché pour une raison
quelconque, et ratifier à sa place, avec tous ces puissants
barons, un acte important. Il est à noter aussi qu'il avait un
rang élevé, car, n'étant qu'un enfant, il aurait
dû figurer en dernier parmi les témoins. N'est-il pas
singulier de le trouver à la place de Robert de
Saint-Léger, alias de Vilpair ? Ce fait méritait
d'être mentionné, et il nous a paru intéressant
de le verser au dossier que nous traitons ici.
* Cartulaire de
Saint-Florent-de-Saumur, Bibl. Nat., Na1 n° 1930
St Léger en Yvelines -
carrefour de la Croix Pater
la Croix Pater, entre St
Léger en Yvelines et Poigny
Orderic Vital nous apprend que Guillaume, duc
de Normandie, avait pour favori, entre les années 1063 et
1066, Valéran de Breteuil en Beauvaisis, "Vualerannus de
Britoglio Belvacensis". Et Valéran était le petit-fils
de Gilduin de Breteuil, vicomte de Chartres. Peut-être est-ce
grâce à l'influence de Valéran que Robert, que
nous appellerons Robert II pour la compréhension de ce
récit, fut attiré en Normandie et y fit le riche
mariage qui l'apparentait à une des plus nobles familles du
duché, celle des comtes d'Eu. Et c'est là que nous
arrivons tout naturellement à la création du
"Métier de Saint-Léger".
On appelle ainsi le territoire tenu par les
Saint-Léger, en Normandie. Il englobait toute la basse
forêt d'Eu actuelle, connue alors sous le nom de forêt de
Saint-Léger, et s'étendait à l'est du village
d'Aubignemont, jusqu'à Bois-Geffroy à l'ouest, de
Foucarmont au nord jusqu'au village des Ventes au sud. Le "caput
baroniae" du fief semble bien avoir été
St Léger aux
Bois, où ses seigneurs
élevèrent un château fort à une
époque très ancienne. Son dernier possesseur,
héritier des Saint-Léger en ligne féminine par
les Bailleul puis les Haucourt, fut le maréchal de Mailly, duc
d'Haucourt, qui mourut décapité à la
Révolution ; le château de Saint-Léger fut alors
incendié et il n'en subsiste plus aujourd'hui qu'une tour
ronde à trois étages.
Dans les documents du XIIe siècle, ce
territoire est donc qualifié de "Métier" -en latin
"ministerium". Aux XVIe et XVIIe siècles, les moines de
Foucarmont, se voyant contester la possession des dîmes du
village des Essarts par l'abbaye voisine de Saint-Martin-au-Bosc,
durent fournir la preuve de leur bon droit en montrant que cette
dîme leur avait été octroyée par Jean,
comte d'Eu, et que le village des Essarts faisait partie du
Métier ou du Canton de Saint-Léger que le comte d'Eu
avait acquis de Geoffroy de Saint-Léger peu avant 1144. Pour
mieux illustrer leurs prétentions, un plan de l'ancien
Métier ou Triège de Saint-Léger était
joint à leur dossier, nous permettant d'en reconstituer les
limites*.
* Bibl. Mun. de Rouen, Cart. de
Foucarmont, Mss 1224, XIIIe siècle.
Arch. Dép. de Seine-Maritime : 8 H 77, D20, 21, 8 H
12.
Ce fief qui, outre une douzaine de villages,
s'étendait sur cette superbe forêt d'Eu n'était
donc pas un alleu ordinaire, mais quelque chose
d'important.
Fiché en plein milieu du comté
d'Eu, on voit mal les comtes d'Eu l'octroyer à un quelconque
étranger. Son premier titulaire a été sans doute
un personnage influent, prochement apparenté à la
famille comtale ; sa création n'a pu provenir que de la
formation de l'apanage d'un fils cadet ou de la constitution d'une
dot.
Nous ne connaissons malheureusement pas la date
de sa formation, ni l'acte d'inféodation. Si on le retrouvait,
il y a de grandes chances qu'il nous donne la solution du
problème quant à l'origine de la famille.
Nous supposons qu'il doit dater de la
conquête de l'Angleterre en 1066 ; tout au moins, d'une date
assez voisine. Il ne semble pas qu'il ait existé avant, car on
ne le voit figurer nulle part. Nous pensons particulièrement
aux documents concernant la fondation de l'abbaye du Tréport
en 1058. On y voit que Robert, comte d'Eu, donna à cette
abbaye les dîmes du Mesnil-Allard ; il ne parle pas de
Saint-Léger, ce qui est assez surprenant puisque cette
localité est un hameau de la paroisse de St
Léger aux Bois. On a
l'impression que ce nom est encore inconnu en ce lieu ; de là
vient peut-être cette antique tradition locale qui veut que
l'ancienne église ne se trouvait pas au chef-lieu, mais au
Mesnil-Allard, pour la raison bien simple que Saint-Léger
n'existait pas encore.
Il est assez caractéristique, aussi, de
remarquer que dans l'ouvrage récemment imprimé sur les
"Actes des Ducs de Normandie avant la Conquête", le nom de
Saint-Léger ne figure jamais. Tout ceci semblerait nous donner
à penser que Robert II de Saint-Léger venait
d'ailleurs, et l'hypothèse de l'Yvelines gagne sur la
Normandie ...
route Croches
Ce grand alleu des Saint-Léger n'a pas
duré longtemps, puisque, comme nous l'avons déjà
remarqué, il fut cédé à Jean, comte d'Eu,
par Geoffroy de Saint-Léger, petit-fils de Robert II et fils
de William (vers 1144). Trois générations à
peine, mais la famille a conservé, pendant plus d'un
siècle encore, le village avec son château, son
église et ses hameaux, dont l'un appelé "les preux de
Saint-Léger" évoquait le souvenir d'une brillante
époque chevaleresque.
Les comtes d'Eu désiraient beaucoup
adjoindre à leurs possessions cette forêt de
Saint-Léger qui coupait le comté en deux. De plus, ils
venaient de fonder une grande abbaye à Foucarmont et les
moines avaient besoin de place pour s'étendre plus au sud. On
remarque, aussi, qu'à peine maître des lieux, le comte
d'Eu donna à la naissante abbaye la dixième partie des
récoltes et toutes les dîmes qu'il percevait dans le
Métier de Saint-Léger, et il y en avait beaucoup. C'est
là que l'on voit bien que la paroisse de Saint-Léger
fut démembrée du reste et forma un fief à part
-un plein fief de haubert- car son église, avec sa dîme
et ses appartenances, fut donnée vers 1180 par Thomas de
Saint-Léger, fils aîné de Geoffroy, à
l'abbaye N.D. d'Eu. Thomas s'y fit moine à la fin de sa vie et
y mourut en 1182, ainsi que le relate l'Obituaire de cette abbaye,
soumise à la règle de l'ordre des Chanoines
réguliers de Saint-Augustin. C'était un homme bon et
lettré, aussi un artiste, car il aimait écrire et
enluminer lui-même les chartes lorsqu'il avait
décidé de faire quelque donation à un
monastère du voisinage*.
* Bibliothèque
Sainte-Geneviève, Mss 2030, p. 152.
Bibl. Nat. : Historiens de France, tome XXIII "Ex Obituario Ecclesiae
Augensis".
San Marino Hutington Library of Californy, Cartulaire de
Saint-Martin-de-la-Bataille (Hastings).
Archives de Lord de Lisle and Dudley, Kent Archive Office, Cartulaire
de Robertsbridge.
Nous n'avons pas retrouvé l'acte de
cession du Métier de Saint-Léger ; c'était,
somme toute, un apanage qui fit retour au chef de famille à la
suite d'arrangement. Si cet acte n'existe peut-être plus, la
vente est heureusement mentionnée à plusieurs reprises
dans les cartulaires de Foucarmont et de
Saint-Martin-au-Bosc.
Si l'on considère que cette cession eut
lieu vers 1144, on remarque que c'est une date intéressante,
car c'est celle de la deuxième croisade, et l'on sait qu'elle
comprenait un fort contingent de Normands. Il est assez vraisemblable
que Geoffroy de Saint-Léger prit part à cette croisade,
mais il fallait s'équiper, et cela coûtait très
cher. Les croisades ont ruiné bien des familles. De là
vient peut-être la vente du Métier de
Saint-Léger. Enfin, Geoffroy n'était pas sans savoir
qu'une partie non négligeable des revenus de son fief allait
servir à une oeuvre pieuse, et cela était primordial
pour ces hommes qui avaient la Foi.
la butte à
l'Ane
Quittons le milieu du XIIe siècle pour
revenir à la Conquête de l'Angleterre, point de
départ des quelque trente générations qui vont
s'égrener pendant neuf siècles.
La petite histoire familiale nous raconte qu'en
débarquant sur le rivage de Pevensey, le duc Guillaume
s'appuya sur le bras de Robert de Saint-Léger. La duchesse de
Cleveland estime cette traduction ridicule*, disant, en effet, que ce
bras était bien peu secourable puisque c'est en sautant de sa
nef que le duc chuta sur le rivage et se retrouva à plat
ventre sur le sable, devant l'armée consternée par ce
mauvais présage. Mais, se relevant avec vivacité, et
les mains pleines de sable, il s'écria : "Voyez, seigneurs,
par la splendeur de Dieu, j'ai pris possession de l'Angleterre avec
mes deux mains !"
* Duchesse de Cleveland : The
Battle Abbey Roll.
Sotte ou pas la tradition, secourable ou non le
bras de notre ancêtre, l'anecdote est très ancienne.
C'est au château d'Ulcombe, dans le Kent, que cette histoire de
bras s'est transmise, et le château d'Ulcombe est resté
dans la possession de la famille depuis Robert de Saint-Léger
jusqu'en 1660.
Robert II eut pour successeur son fils William
de Saint-Léger. Le père et le fils sont
mentionnés en de nombreuses reprises dans le "Doomesday Book".
A ce sujet, d'ailleurs, on peut faire quelques remarques
intéressantes.
Le "Doomesday Book", comme on le sait, date de
1086-1088 ; c'est un livre de recensement, le premier du genre, que
le duc Guillaume, devenu par sa victoire roi d'Angleterre, ordonna de
faire, comté par comté, hundred par hundred, paroisse
par paroisse, avec les noms des seigneurs et des vassaux, le nombre
de vilains et d'hommes libres, de charrues et de porcs..., sans
oublier les églises et les clercs.
St Léger en Yvelines - en
forêt
On remarque, grâce à ce document,
que les fiefs tenus par Robert et par William de Saint-Léger
forment deux groupes distincts.
Le premier groupe comprend principalement les
quatre fiefs de Farley dans le Rape de Hastings, aujourd'hui
Fairlight (Sussex), et les deux fiefs d'Ulcombe dans le Kent. Il est
tenu par Robert de Saint-Léger du comté d'Eu, et semble
lui avoir été octroyé après la victoire
d'Hastings, probablement en récompense de ses services
militaires.
Le second groupe, apparemment plus important,
montre que William de Saint-Léger tient les cinq fiefs de
Wertlingles et les deux fiefs de Cortesley, également dans le
Rape de Hastings.
L'importance du fils, le père
étant vivant, nous paraît assez surprenante, et il
semble qu'une explication pourrait être suggérée
: William dut recevoir ces fiefs en héritage. Cet
héritage ne vient pas de sa femme, car celle-ci, nous la
connaissons bien : elle s'appelle Caecilia, et son père,
Lambert de Lamport, un seigneur important du comté de Kent,
appartenait à la famille normande de Romenel ou Romesnil. Ces
Romenel ont donné leur nom à Romney Marsch, et les
Saint-Léger ont hérité d'eux un certain nombre
de fiefs à la limite des comtés de Kent et de
Sussex.
Il est donc vraisemblable que William a
reçu ses fiefs en héritage de sa mère, et que
cette dernière appartenait à la famille des comtes
d'Eu, comme nous l'avons déjà supposé,
peut-être une soeur ou une fille de Robert, comte d'Eu. A noter
également le prénom de William, donné au
premier-né de Robert de Saint-Léger, et se retrouvant
aussi à chaque génération dans la famille
comtale. C'était celui du père de Robert d'Eu, de son
frère aîné le comte de Soissons, et de son fils
aîné. Ce dernier eut d'ailleurs deux fils qui
portèrent l'un et l'autre ce prénom de
William.
Tous ces fiefs tenus par William de
Saint-Léger venaient sans doute des comtes d'Eu -à la
suite de partages familiaux- et le cas qui illustre le mieux cette
idée de partage est la forêt de Dallington (Comté
de Sussex), dont une moitié appartenait au comte d'Eu et
l'autre moitié à William de
Saint-Léger.
Les Saint-Léger semblent avoir eu une
prédilection particulière pour ces grandes forêts
féodales : forêt d'Yvelines, forêt d'Eu,
forêt de Dallington. Peut-être pas seulement une
coïncidence, mais la continuité de ce que fut cet office
de Gruyer ou de Forestier que le premier Saint-Léger avait
sans doute possédé tout au début du XIe
siècle.
Forêt de Rambouillet - la
Colonie, entre St Léger et Condé
Ces quelques réflexions peuvent-elles
prouver l'origine de ce mystérieux Robert de
Saint-Léger ? Evidemment non.
Les preuves de filiation à cette
époque lointaine sont inexistantes, même pour des
familles royales où l'on relève encore bien des lacunes
et des confusions. Cependant, à la lumière des faits
que nous avons signalés, il semble, en définitive,
assez vraisemblable que l'Yvelines soit le berceau du guerrier de la
Conquête de l'Angleterre. De nouvelles découvertes
pourront peut-être modifier ou bouleverser cette opinion ; nous
pensons, quant à nous, que l'intérêt du chercheur
est de ne pas rester emprisonné dans une idée toute
faite.
Nous croyions, comme tous les historiens et
généalogistes qui se sont penchés sur l'histoire
de notre famille, que cet aïeul, contemporain des premiers
Capétiens, était originaire de Normandie... Les faits
semblent le démentir et il nous a paru intéressant de
sortir de l'ombre ce châtelain de l'Yvelines.
Aucun historien ou archéologue n'a
apparemment fait ce rapprochement de Villepair et de
St Léger en
Yvelines, et, pourtant, Villapari est
dans une certaine mesure le mot clef du mystère.
Bernard de Saint-Leger
juin 1972
l'oratoire de Notre-Dame de la
Forêt et l'église
l'oratoire de Notre-Dame de la
Forêt - fresque de Ehlinger
|
Cet
oratoire, érigé à proximité des
étangs de Hollande, est orné d'une fresque qui
représente un personnage féminin
entouré d'animaux sylvestres.
Une statue,
représentant Notre-Dame de la Forêt, est
placée dans une niche, autour de laquelle est peinte
l'inscription : "Notre-Dame, protégez les habitants
de ces lieux".
Source :
http://fr.topic-topos.com
|
Pour un complément sur
l'origine de St Léger aux Bois (Seine Maritime -
76)
les
étapes d'un touriste en France : St
Léger en 1892
vues générales de St
Léger en
Yvelines
|
|
le
patrimoine historique du village
cartes postales anciennes des
bâtiments
|
|
l'histoire
de St Léger en Yvelines
cpa des rues et des
gens
|
|
Robert
de Vilpair et la famille des "de Saint
Léger",
originaire de St Léger en Yvelines
!
cpa de la forêt
d'Yveline
|
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les
Etangs du Roi, hier et aujourd'hui
cartes postales anciennes des
étangs
|
|
A
l'aube de l'an mil : le comté de
Montfort
cpa des auberges et hôtels de St
Léger
|
|
hommage
à Peter Townsend
cpa des châteaux et des
écarts
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|
Saint
Léger aujourd'hui - les
jumelages
cartes postales anciennes de
groupes
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|
erci
de fermer l'agrandissement sinon.
https://www.stleger.info