'ntiquité
: quelques vestiges ?
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Il semble que l'existence du village de
Saint-Léger-aux-Bois soit assez ancienne : on prétend y
avoir trouvé quelques vestiges romains. Toujours est-il qu'on
ne sait pas grand-chose sur cette époque, si ce n'est qu'il
est possible que le lieu-dit actuel ait été un
carrefour de pistes gauloises entre Foucarmont et
Vieux-Rouen-sur-Bresle, Aumale et Nesle-Nonnandeuse.
On est en revanche plus certain de la voie romaine de Lillebonne vers
Crécy qui franchissait la Bresle à Blangy et passait
par Foucarmont, et de celle qui allait de Dieppe à Beauvais
par la vallée de l'Eaulne. Toutefois, l'hypothèse du
carrefour des pistes semble être confirmée par une butte
de terre sur le territoire de la commune qui porte le nom de la Motte
des Câteliers.
la motte des
Câteliers
Il pourrait s'agir d'une antique fortification
qui remonterait au temps de Dioclétien, Maximien ou
Constance-Chlore. Les Câteliers étaient alors des vigies
retranchées établies sur des hauteurs pour surveiller
les routes. En effet, dès le IIe siècle, des incursions
franques ont lieu dans l'Empire Romain, parfois même
provoquées par les Romains en recherche de main-d'uvre
ou de mercenaires.
Il est possible en outre que
Saint-Léger-aux-Bois ait été
défriché très tôt, dès
l'époque gallo-romaine, en raison de la qualité du sol
propice à l'exploitation agricole ; il n'y a guère
d'autres raisons, puisqu'il n'y a pas d'eau sur le plateau. Mais il
est certain que les premiers défrichements de la forêt
d'Eu, commencés par les Gaulois, ont été
abondamment poursuivis par les Gallo-romains jusqu'à
l'époque des invasions, puisqu'on sait qu'il y avait environ
dans la région, une grosse ferme tous les 700 m ; certaines
regroupent même jusqu'à 400 personnes !
St Léger
aux Bois - l'église et l'école communale
oblitération
de 1908
carte postale
oblitérée en 1951 - la place
on lit les dates
1950-1955 - petit souci au niveau du clocher !
l'église
et, à droite, l'école communale
usqu'à
l'époque carolingienne : l'absence
d'information
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De 476 jusqu'au IXe siècle, l'histoire
semble amnésique : ni documents, ni vestiges ne concernent le
territoire de Saint-Léger-aux-Bois. Ce trou est dû tant
à la régression que fut la chute de l'Empire Romain
qu'au passage de troupes étrangères dites
barbares. Les structures sociales sont ruinées, le pays
et les voies de communication livrés à
l'insécurité. Les conséquences sur le paysage
agricole furent considérables : les fermes sont
désertées au profit des villes qui se fortifient et se
rétractent. La forêt reprend rapidement ses droits pour
s'étendre sur les terrains agricoles laissés à
l'abandon. Le fer devient un métal semi-précieux, en
raison du défaut de son approvisionnement. Plus de fer, plus
d'outils solides et efficaces : le rendement chute jusqu'au IXe
siècle.
Cette situation prend fin avec
l'avènement des rois carolingiens, en particulier le
célèbre Charlemagne, qui rétablissent la
sécurité sur les territoires qu'ils administrent. Le
fer redevient un métal accessible : on cercle les roues, on
forge à nouveau des outils. C'est en outre une époque
où fleurissent les inventions : on développe à
nouveau le moulin à eau ; le collier d'épaule et la
brouette font leur apparition ; tous ces moyens de production
d'énergie décuplent les rendements, y compris celui des
transports, multiplié par 6 ou 7. On recommence alors à
défricher la forêt d'Eu, en faisant appel en particulier
à des moines.
l'église et
son clocher penché
l'école et
la mare
l'époque normande : naissance
de
aint
eger
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L'absence de données significatives nous
conduit à échafauder plus une hypothèse sur la
naissance de Saint-Léger qu'à exposer une certitude.
L'abbé Decorde (1850), repris par l'abbé Cochet, note
qu'une tradition locale voudrait que la paroisse de
Saint-Léger-aux-Bois était sise primitivement au
lieu-dit actuel du Mesnil Allard. Des vestiges allant dans ce
sens auraient d'ailleurs été retrouvés. Cette
tradition semble vérifiée par les textes, alors
même qu'on ne parlait pas encore de paroisse (elle sera
érigée en 1253) : ce lieu-dit est mentionné en
1049 dans le cartulaire de l'abbaye de la Trinité de
Fécamp et, en 1059, il est cité comme fief donné
par le comte d'Eu, Robert, à l'abbaye du Tréport lors
de sa fondation (Maisnilem Adelardi). Rappelons à cette
occasion que Mesnil vient de mansionile qui signifie
maison, hameau. Quant à ce Allard, il s'agirait
d'un fidèle de la comtesse d'Eu Lesceline, dont le nom semble
aussi attaché à celui d'un moulin de Foucarmont en
1059.
Avec le XIe siècle débute
l'âge d'or de la Normandie ducale. La conquête de
l'Angleterre projetée par Guillaume le Bâtard l'oblige
à demander de l'aide aux seigneurs des domaines voisins,
Français et Bretons. Ainsi, un Robert de Saint Leger,
originaire vraisemblablement de Saint-Léger en Yvelines et
seigneur de Saint-Léger-des-Aubées (Pays Chartrain),
participe à la bataille d'Hastings. Nous sommes toujours dans
l'ordre des hypothèses, mais il paraît vraisemblable que
ce chevalier reçut une seigneurie du comté d'Eu soit
comme récompense pour son service, parmi d'autres donations
sises en Angleterre : Farlegh, Werling, Dallington, Corteslay
(Sussex), Ulcombe (Kent), soit par le mariage de son fils William
avec Caecilia de Lamport de Romenel. Le territoire avoisinant le
Mesnil Allard prit sans doute à ce moment-là le nom de
son propriétaire, Saint Leger. La mention
n'apparaît toutefois dans les actes officiels qu'à
partir de 1151, soit près d'un siècle plus tard,
où un "Rainald de Saint Leger" est cité, puis de
nouveau en 1165 ("clerc de Saint Leger" mentionné dans un
cartulaire latin), et encore en 1233 et 1277 où le nom du
lieudit est expressément nommé.
Notons que le qualificatif "aux-Bois"
n'apparaît durablement que vers la moitié du XVIIIe
siècle. Auparavant, on emploie indifféremment
"Saint-Léger-au-Bosc", "Saint-Léger-au-Bois" (ou
aux-Bois) ou plus simplement "Saint-Léger". Cet ajout
résulte d'un mot franc, bosk, qui signifie bois,
latinisé en boscus. Ce terme descriptif a
été employé fréquemment dans notre
région (Saint-Martin-au-Bosc, Millebosc
) pour des zones
défrichées et conquises sur la forêt.
A l'époque, on sait par plusieurs
chartes de l'abbaye de Foucarmont rédigées lors de sa
fondation que Geoffroy de Saint Leger, petit-fils de Robert
était tenant et gardien du Métier de
Saint-Léger, ce qui représente à
l'époque un ensemble forestier plus vaste que l'actuelle basse
forêt d'Eu. En 1144, une charte précise que les
dîmes de ce territoire sont cédées à
Henry, comte d'Eu, par ce même Geoffroy, mais il conserve le
fief de Saint-Léger, plein fief de haubert avec droit de
moyenne et basse justice, et peut-être de haute justice
à l'origine de la seigneurie ; ceci en dénote de toute
façon sa puissance qui s'exerçait alors sur près
de 2 000 hectares.
La Normandie est rattachée au domaine
royal français à partir de 1204. Au milieu du XIIIe
siècle, Henry III d'Angleterre somme donc ses barons de
choisir entre lui et le roi de France. Geoffroy et Gautier de Saint
Leger, petit-fils de Geoffroy, optent pour le roi de France Louis IX
(saint Louis) en 1232. Cette branche française avait pour
armoiries "de gueules (rouge) fretté d'hermine", alors que la
branche anglaise portait "d'azur fretté d'argent au chef
(bande supérieure du blason) d'or".
St Léger
aux Bois - le clocher incliné et la tour des ducs de Mailly
(carte écrite en 1904)
Fourcarmont - Tour
des Moines à St Léger aux Bois - carte écrite en
1904
on lit la date de
1908
à noter la
présence d'une Dauphine !
... Dauphine
que l'on retrouve ici
légende
erronée : il s'agit des routes d'Aumale et de Rétonval
(et non Bétonval !)
AD de Seine
Maritime, Rouen - Cartulaire de Fourcarmont, carte de 1666
Copie du XIIe siècle, 8 H 70. "le Métier de Saint
Leger"
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Armes de
la famille des "de Saint Leger"
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a
guerre de ent
ns
:
la fin des "de Saint Leger" de
Saint-Léger-aux-Bois
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En 1337, le roi d'Angleterre Edouard III
débarque en France pour affirmer ses droits sur la couronne de
France : commence alors la guerre qu'on dira de Cent Ans. Les
incursions anglaises s'intensifient dans la région : ils
débarquent à Mers en 1340, investissent et pillent le
Vimeu en 1346, avant de défaire les troupes françaises
à Crécy. Les fermes brûlent, les châteaux
sont livrés aux pillards, des bandes rebelles hantent la
forêt d'Eu... La situation locale est très dangereuse.
Ceci explique qu'en 1387, 44 familles de Saint-Léger (33 de
Saint-Léger et 11 de Mesnil-Allard) doivent faire le guet au
redoutable château de Monchaux qui fait partie des forteresses
destinées à verrouiller la vallée de la Bresle.
Cela n'empêche pas la place de tomber aux mains des anglais en
1418. Elle ne sera reprise qu'en 1432 puis rachetée à
son propriétaire et démolie en 1434, afin
d'éviter toute nouvelle installation des troupes anglaises
dans la région.
C'est à cette époque que
s'éteint la branche française de la famille de Saint
Leger, seigneurs de Saint-Léger-aux-Bois. Par mariage entre
Jacqueline de Saint Leger et Jean Adrien de Bailleul en 1431, la
seigneurie échoit donc à cette famille
artésienne jusqu'en 1503 où la puissante famille de
Mailly recevra le fief par le mariage de Françoise de Bailleul
avec Adrien de Mailly le 23 novembre 1503.
Ainsi se termine une des branches de la famille
de Saint Leger, sans doute fondatrice du village qui en porte encore
aujourd'hui le nom, mais dont il reste aujourd'hui de nombreux
représentants dispersés à travers le
monde.
Abbé Sébastien
Savarin, in
"Saint-Léger-aux-Bois" : Histoire d'un village / 1503-2003 :
500 ans de l'église"
carte ayant
voyagé en 1919
carte
écrite en 1916
carte-photo
légendée "une famille"
carte postale
oblitérée en 1955 - le café Poyer
le monument aux
morts - pour lire les 33 noms
Pour découvrir un
millénaire d'histoire de la famille "de Saint Léger",
originaire de St Léger en Yvelines
Pour parcourir les rues du
village autrefois, avec des cartes postales commentées
et des notices historiques et touristiques
inon,
merci de fermer l'agrandissement.
https://www.stleger.info