LE VIEUX BOURG
LES PRESBYTÈRES - LA VIEILLE ÉGLISE

 

Au 18e siècle, St Léger se composait du bourg (vieux bourg actuel), le quartier de la Croix, le manoir seigneurial du Landreau, le Bas Saint Léger et les fermes et écarts. Le village se trouvait entre la forêt de Cholet et le Bois de Mortagne. Aucune relation directe avec Cholet. Il n'existait qu'un chemin par le Pontreau pour se rendre à Cholet ou au May.

St Léger était situé dans les "Marches", entre Bretagne, Poitou et Anjou, zone que l'on dirait "franche" aujourd'hui ou de non droit : exemption de certains impôts, justice à l'un ou l'autre seigneur selon les usages en vigueur...

St Léger avait été rattaché à l'Anjou en 1641. Trafic de sel entre la Bretagne, pays producteur, et l'Anjou, où les prix étaient très élevés.

Les paroisses du canton de Cholet ont longtemps fait partie du diocèse de Poitiers, puis de celui de Maillezais, de celui de la Rochelle jusqu'en 1802. Depuis, elles font partie du diocèse d'Angers.

 

carte de Cassini - 18e siècle

 

L'ancienne église se trouvait à l'emplacement du presbytère (actuellement propriété privée). Elle fut dédiée à saint Léger par les moines de Mortagne qui le vénéraient. C'était à l'origine la chapelle seigneuriale de la maison noble du Landreau, relevant féodalement de Mortagne, avant de devenir l'église du bourg. On estime sa construction entre 1650 et 1700.

 

1739

Visite pastorale de l'évêque Monseigneur Augustin Roch de Menou de Charnizay, nommé par Louis XV évêque de la Rochelle.
Du 2 septembre au 20 octobre 1739, il visite 62 paroisses.
Il visite la chapelle de St Léger à 7 h du matin (et St Pierre de Cholet à 8 h !), rencontre le curé Aubron : "500 communiants. Tout le monde communie. Ni baptême, ni enterrement"
Pourtant, on a trouvé une exception : le 14 novembre 1698, le baptême de la petite Angélique Milpié par Pierre Coiffard, curé de la chapelle de St Léger. Sans doute en danger de mort.
En 1739, lors de sa visite pastorale, l'évêque de la Rochelle trouve la chapelle en bon état et bien tenue. On ne pourra pas en dire autant un siècle plus tard : l'évêque la trouve indigne des fonctions qu'elle est appelée à remplir et autorise la paroisse du May à en construire une neuve. Etant simple "fillette", ou annexe du May, on n'y pratique ni baptême ni enterrement, tout se passe au May.

 

extrait du "Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de Cholet et de l'arrondissement" de 1907 :

Saint-Léger, annexe du May, 8 octobre 1739, 7 heures du matin

"Nous nous sommes transporté à la chapelle de Saint-Léger, annexe de l'église paroissiale de Saint-Michel du May. Le sieur Louis Le Redde, curé de la paroisse du May, accompagné du sieur Aubron, desservant l'annexe, sont venus nous prendre à la porte de l'église et nous ont reçu avec les cérémonies ordinaires. Après quoi nous avons donné la bénédiction du Saint-Sacrement et visité le tabernacle ; nous y avons trouvé un ciboire d'argent et une custode aussi d'argent, bien dorés en dedans. Le tabernacle est de bois doré très propre ; il y a un petit retable aussi fort propre. Il y a deux petits autels collatéraux, le premier sous l'invocation de la sainte Vierge et le second sous celle de saint Jean ; ils sont l'un et l'autre fort bien tenus ; nous avons ordonné de faire mettre une pierre sacrée sur celui de saint Jean, où il n'y en a point. Nous sommes ensuite entré dans la sacristie ; nous y avons trouvé des ornements de toutes les couleurs bien tenus, du linge suffisamment, un calice d'argent avec sa patène bien dorés en dedans. La chapelle est très propre et bien tenue. Il y a environ 500 communiants. On n'enterre ni ne baptise dans l'annexe ; tout se fait à la paroisse du May. La chapelle est entretenue par les libéralités et les offrandes des habitants du lieu."

 

1741

Conseil de fabrique - élection du procureur de fabrique en remplacement du nommé Voizin - convocation à l'issue de la messe où l'on donne les nouvelles du royaume

 

1744

1744 : Mission des Montfortains au May : "Un tiers des paroissiens de la fillette de St Léger ne se sont pas présentés. Ne se sentent pas concernés." (en raison de l'absence de sacrements à St Léger ?) - autre texte relevant l'indolence des habitants de St Léger à se présenter aux cérémonies.

 

16 juillet 1803

Création de la paroisse de Saint Léger (décret épiscopal de Monseigneur Charles Montault, évêque d'Angers) : Haut et Bas St Léger réunis, avec les métairies de la Malville, de la Casse, de la Trollière, des Grand et Petit Plessis et du Plessis Tilleau

 

20 février 1809

Ce décret est aboli et St Léger redevient un simple oratoire dépendant du May.
Autorisation pour les paroissiens de Cholet Notre-Dame de venir à la messe à St Léger. Il en sera de même pour les enfants allant à l'école à St Léger (enfants de la Séguinière - l'Epinette).

 

1816

Décès du curé Mathurin Lepeu. St Léger reste presque 10 ans sans curé. Absence de revenus - enterrements et baptêmes au May - éloignement - intempéries - mauvais chemins - transport avec les bœufs

 

1821

Requête des habitants au Ministre de l'intérieur et des cultes

 

19 juillet 1826

La paroisse est rétablie mais son territoire a subi des modifications : les fermes citées ci-dessus n'en font plus partie. C'est ce territoire diminué qui donnera la commune en 1863.

Le vieux presbytère et la maison du curé se situaient aussitôt après l'église, entre le presbytère (privé) et l'église actuelle. Le jardin du presbytère s'étendait jusqu'au terrain où est située l'église actuelle, en face du cimetière (actuelle salle de tennis de table) - Construction du mur du jardin grâce à la vente de vieux chemins inutilisés, par la mairie du May

 

 

1834 - plan napoléonien

 

 

1858 - plan du bourg de St Léger en la commune du May
A. église "actuelle" - B. cour du presbytère - C. bâtiments du presbytère
en rose, le projet de nouvelle église

 

 

plan du bourg en 1858
"Projet de reconstruction de l'église paroissiale en la commune du May"
1. la vieille église - 2. le presbytère et la maison du curé - 3. projet de la nouvelle église

 

 

1858 - l'ancienne église

 

 

1864

L'église neuve est construite. Le presbytère est dans un tel état de délabrement qu'il est même dangereux d'y habiter. Il est occupé à l'époque par le curé Félix Bretaudeau, qui a lieu de se plaindre de ses conditions de vie dans son presbytère (toitures effondrées, poutres pourries menaçant de se rompre) et de son état de santé qui se dégrade.
Il demande l'autorisation de réunir son conseil de paroisse afin de trouver les moyens de s'abriter, car il ne peut plus tenir dans sa cure : les murs croulent par l'humidité, les pièces de l'étage n'ont que 2 mètres de hauteur - nombreux courriers à l'évêque, au préfet, au maire

 

 

le bourg, vers 1860

 

 

le quartier de la Croix, vers 1860
à noter le carrefour du Chêne, dit "la Pelote" ou "La Pelotte", près de l'actuelle Impasse de la Croix
La route du May n'existait pas. La route à droite menait à l'étang.

 

 

1865 - plan d'une partie du bourg
à gauche, la nouvelle église, la fontaine publique et le passage du cimetière

 

 

1866

Projet de construction d'un nouveau presbytère par la commune, les travaux pour réparer le vieux bâtiment s'avèrent trop importants.
Mais la commune est déjà endettée après la construction de la mairie-école (actuel centre social) et repousse cette construction à 1873. M. Jouitteau, architecte à Cholet, présente un projet qui sera retenu.

 

1868

Le curé Bretaudeau est toujours dans son vieux bâtiment et décrit de nouveau à l'évêque ses conditions de vie : pan de mur écroulé, humidité excessive, plafond à 2 m de hauteur, complètement défoncé, fenêtres ne pouvant plus tenir de vitres, remplacées par du papier.
Réponse : "Monseigneur ne peut que faire des voeux." (!!)

Réunion du conseil paroissial en novembre 1868 : La paroisse ne peut aider au financement des travaux du presbytère, car déjà lourdement endettée par la construction de l'église (dette de 17.000 F). Par contre, elle accepte de payer les intérêts de l'emprunt qui sera réalisé par la commune.
Le devis s'élève à 10.649 F. Preuve de sa bonne volonté, le curé Bretaudeau prête 7.700 F à la commune au taux de 4,5%, prêt autorisé par décret de l'empereur Napoléon III.

 

2 août 1870

Réunion du conseil municipal afin d'envisager la construction d'un nouveau presbytère. Sont présents : Pierre Braud, maire, Pierre Rousselot, marchand de grains, Augustin Brémond, marchand de moutons, Joseph Audusseau, cultivateur au Landreau, Alexandre Jouitteau, architecte, demeurant Rue Impériale à Cholet.

Adjudication par voie d'affiches dans le bourg - Ont soumissionné :

M. Jean Simon est retenu.

 

10 septembre 1870

M. Jouitteau, l'architecte, est rappelé à l'activité dans la garde mobile. Il est remplacé par M. Vincent Benaitreau, rue St Pierre à Cholet.

 

22 février 1872

Réception des travaux - coût total 11.869 F12
Une partie de l'emprunt sera payée par l'impôt de la garde mobilisée : 390 F environ chaque année pendant 5 ans.
Le curé Bretaudeau, né à Tillières en 1821, restera 9 ans dans sa nouvelle cure.
Il sera remplacé par le curé Jean Baptiste Humeau qui détient le record de durée dans le poste : 53 ans !
Le bail entre curé et commune sera régulièrement reconduit jusqu'en 1970 : obligation de vendre alors, car le coût d'entretien est trop élevé - construction du pavillon actuel.

 

 


 

 

 

L'ÉGLISE - LA PAROISSE

 

1826 (rappel)

Création de la paroisse (décret du 19 juillet 1826 de Monseigneur Montault, évêque d'Angers) qui comprend les hameaux des Haut et Bas St Léger - 22 métairies - 770 habitants.

 

1830

L'évêque fait état du mauvais état de l'église de St Léger : basse, petite, sans valeur artistique - impropre sous tous les rapports à sa destination.
Il y a lieu de la remplacer par une neuve : "Nous sommes d'avis que la commune du May soit autorisée à en bâtir une nouvelle" écrit l'évêque.
La paroisse ne dispose pas de moyens financiers importants. La commune du May ne veut pas construire à St Léger qui veut se séparer d'elle.

 

 

l'ancienne église de Saint Léger sous Cholet, construite avant 1739 - côté Ouest
Le clocher était situé à l'extérieur, couvert en ardoises. La nef était couverte en tuiles.

 

 

1857

Don à la paroisse d'une maison par le sieur Coëffard et la dame Landreau
Code rural (code Napoléon) : interdiction de sonner les cloches pendant l'orage sous peine d'amende, ce qui se faisait autrefois.

 

1858

L'église est de plus en plus délabrée.

 

1860

L'évêque autorise le conseil paroissial à emprunter pour construire une église neuve. Aucune participation de la commune du May, compte tenu des demandes répétées du bourg de St Léger pour se séparer d'elle.
Evaluation : 28.684 francs

 

1861

Architecte M. Simon - curé Denéchau "style ogival en croix latine avec clocher porche, flèche couverte d'ardoises, granit rose"
Coût du projet : 35.246 F, sans le clocher, dont la construction est reportée à une date ultérieure. La commune de St Léger n'existe pas encore et n'est donc pas concernée...

Le montant des honoraires de l'architecte (18.000 F) ne figure pas dans le devis. Le conseil de paroisse a-t-il été trompé ? Il fait édifier le clocher et la flèche peu après l'achèvement de la tour. La paroisse contrainte de payer s'endette encore plus.
Ne peuvent intervenir ni la commune nouvellement créée, ni la sous-préfecture, ni la préfecture qui n'ont pas été informées. La préfecture rejette la demande d'aide...

 

30 octobre 1863

L'église sans clocher est bénie et ouverte au culte. Première messe par le curé Bretaudeau, dédiée au curé Charles Denéchau "décédé il y a 18 mois" - procession avec un canon, musique, chants, oriflammes, décorations

 

 

la nouvelle église - dessin à la plume par J. Bondu, instituteur - fin XIXe s.

 

 

1868

Arrêté de police générale du maire de St Léger :

 

1872

Demande de secours au sous-préfet (refus) : "dépenses exagérées sans rapport avec les ressources de la paroisse"
Même rejet par la préfecture qui n'a pas été informée de la construction de la flèche
décembre 1872 : même demande au Conseil Municipal qui transmet au Conseil Général (Y a-t-il eu une aide ?)

 

1887

Le curé Humeau demande un devis pour une horloge (Ets Lussault à Marçay - Vienne) : 800 F.

 

1892

Le conseil vote 1.500 F pour l'achat de l'horloge.

 

1893

Demande de subvention annuelle - Travaux de couverture de l'église et de la cure, par la commune

 

1897

Travaux de consolidation des voûtes par un chaînement (160 F)

 

1898

Aménagement du chœur aux frais du curé Humeau : panneaux de chêne provenant des portes du château Colbert de Maulévrier, portes ayant les mêmes dessins côté mur

 

1899

Dallage en ciment payé par le chanoine Barrau, enfant de St Léger

 

1905

Importantes réparations
Loi de séparation de l'église et de l'état - inventaire des biens de la paroisse

 

1906

Inventaire des biens de l'église le 9 mars - pas d'incidents - absence du conseil paroissial et de représentants de la mairie - deux témoins réquisitionnés à Cholet
11 décembre : protestation du conseil paroissial (Jean David - Joseph Lefort - Joseph Audusseau - Adolphe Lefort - Pierre Gadras et le curé Bruneau) - restitution des objets donnés par les paroissiens pour décorer l' église
Dette pour la construction de l'église : 15.650 F

 

1908

Rattachement des paroissiens allant à Notre-Dame de Cholet (3 maisons situées sur Cholet)

 

1915

Le 31 octobre à 15 heures, foudre sur l'église, pluie violente, incendie du clocher après les Vêpres - pompiers de Cholet 2 h plus tard - habitants de St Léger et militaires du 77e RI - croix du clocher (500 kg) à terre ainsi que les cloches et l'horloge - pas de paratonnerre - Mutuelle du Mans.
Le reste de l'église n'est pas touchée et la Toussaint y est célébrée.
Une cloche non brisée est remontée à l'emplacement de l'horloge.

 

1916

Assurance : 8.216 F - reconstruction du clocher devis de M. Benaitreau : 6.800 F - horloge neuve : 1.790 F

 

1920

Travaux effectués en 1916 (temps de guerre) insuffisants
Travaux urgents au clocher : toiture - gouttières - humidité dans les murs et la charpente - fissures sur les murs et sur les voûtes - devis 6.500 F

 

1922

De nouveau, la foudre sur le clocher - toitures et tour endommagées - pas d'incendie - cloches et horloge intactes
Réparation et pose d'un paratonnerre par l'entreprise Descoings de Cholet : 7.890 F

Le vieux chemin de croix (dit d'Alban), en peinture sur toile, est remplacé par un chemin de croix en carton romain (2.000 F) fourni par les Ets Moulin de Toulouse - payé par les cotisations paroissiales - quelques tableaux en bon état placés dans le chœur

 

1924

Heure d'été

 

1931

Une voûte présente des fissures graves.
Toiture et gouttières à refaire - devis de 29.400 F par l'architecte départemental
Le maire souligne à nouveau la mauvaise qualité des bâtiments construits à cette époque (1860) qui entraîne des dépenses élevées d'entretien.

 

1934

Un battant de cloche est tombé sur l'horloge, réparée par la maison Lussault, de Torfou (123 F).

 

1954

Réparation de l'horloge après 40 ans de bons services - usure générale : 142.000 F (pivots en bronze, détentes des sonneries, crémaillères, modification du balancier, des marteaux, du cadran, poulies des poids, câble du carillon, rééquilibrage des aiguilles).

 

1959

Maçonnerie au clocher - changement des planchers

 

1965

Dégâts aux vitraux par tirs de frondes des gamins

 

1966

Electrification des cloches - Ets Bodet, de Trémentines

 

1971

Installation chauffage infrarouge (M. Samoreau)

 

1973

Transformations : enlèvement de la chaire et changement de l'autel

 

 

Un grand merci à Yves Meignan pour son travail de recherches - Journée du Patrimoine le 21 septembre 2008

 


 

Quelques photos de cette première Journée du Patrimoine à St Léger - 21 septembre 2008

 

Pour cette première, plus de 50 personnes ont répondu à l'invitation des Amis de Léo.

 

 

La visite est commentée par Yves Meignan, chercheur infatigable de l'association,
qui a narré, avec beaucoup de vérité et des pointes d'humour, l'histoire de St Léger.

 

 

 

 

 

 

 

 

Yves Meignan, chercheur infatigable de l'association

Daniel Guyon présente à un public attentif son travail.

 

 

La visite s'est terminée par l'église, son histoire, ses vitraux mis joliment en lumière par l'exposition réalisée par Daniel Guyon.

 

 


 

 

COMPLÉMENT - DEUX ÉVÊQUES DE LA ROCHELLE

 

Sources : Archives de la Rochelle et de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Cholet et de sa région

 

Après avoir fait partie du diocèse de Poitiers, les paroisses du canton actuel de Cholet ont été rattachées au diocèse de La Rochelle jusqu'en 1802, avant de faire partie du diocèse d'Angers.

Monseigneur Augustin Roch de Menou de Charnizay fut nommé évêque de la Rochelle le 15 octobre 1729 par Louis XV, où il restera pendant 38 ans, jusqu'à sa mort.

Une dizaine d'années après son arrivée, il a entrepris trois visites pastorales dans son diocèse :

C'est le 8 octobre 1739, lors de la seconde tournée pastorale, qu'il fut accueilli à 7 heures du matin à la chapelle de Saint Léger, annexe de l'église paroissiale Saint Michel du May, par le curé Louis Le Redde, du May, et par le vicaire de Saint Léger, André Julien Aubron (né vers 1696 et décédé le 25 mai 1746 à Saint Léger).

Voici le compte rendu de sa visite :

 

Saint-Léger, annexe du May, 8 octobre 1739, 7 heures du matin

"Nous nous sommes transporté à la chapelle de Saint-Léger, annexe de l'église paroissiale de Saint-Michel du May. Le sieur Louis Le Redde, curé de la paroisse du May, accompagné du sieur Aubron, desservant l'annexe, sont venus nous prendre à la porte de l'église et nous ont reçu avec les cérémonies ordinaires. Après quoi nous avons donné la bénédiction du Saint-Sacrement et visité le tabernacle ; nous y avons trouvé un ciboire d'argent et une custode aussi d'argent, bien dorés en dedans. Le tabernacle est de bois doré très propre ; il y a un petit retable aussi fort propre. Il y a deux petits autels collatéraux, le premier sous l'invocation de la sainte Vierge et le second sous celle de saint Jean ; ils sont l'un et l'autre fort bien tenus ; nous avons ordonné de faire mettre une pierre sacrée sur celui de saint Jean, où il n'y en a point. Nous sommes ensuite entré dans la sacristie ; nous y avons trouvé des ornements de toutes les couleurs bien tenus, du linge suffisamment, un calice d'argent avec sa patène bien dorés en dedans. La chapelle est très propre et bien tenue. Il y a environ 500 communiants. On n'enterre ni ne baptise dans l'annexe ; tout se fait à la paroisse du May. La chapelle est entretenue par les libéralités et les offrandes des habitants du lieu."

 

 

Augustin Roch de Menou de Charnizay - son parcours

Augustin Roch est né le 15 mai 1681 à Menou dans le diocèse d'Auxerre (actuellement département de la Nièvre), fils du marquis Armand François de Menou, seigneur de Charnizay (en Touraine, arrondissement de Loches) et de Françoise Marie de Clère.

Prêtre en 1707, docteur en théologie de la Sorbonne en 1708, commendataire de l'abbaye d'Angles au diocèse de Poitiers, archidiacre de Dunois et vicaire général de l'évêché de Chartres, il est désigné à 48 ans évêque de la Rochelle par le roi Louis XV, le 15 octobre 1729.

Malgré son âge et ses infirmités, il a mené un long épiscopat de 38 ans et fait construire la cathédrale Saint Louis de la Rochelle,

Décédé le 26 novembre 1767, il a été inhumé dans la chapelle de l'hôpital Saint Louis. La transcription de ses obsèques montre la vénération qu'avait inspiré sa conduite et son long épiscopat.

Relation de l'enterrement de Monseigneur Roch de Menou, évêque de la Rochelle :

 

"Après 20 ans de maladie, 37 ans d'épiscopat, 87 ans de vie, monseigneur Augustin Roch de Menou fut appelé à Dieu pour recevoir la récompense de ses éminentes vertus et mourut le jeudy 26 novembre à quatre heures de l'après midi, muni de tous les derniers sacrements qui lui furent administrés par monseigneur de Roussy, doyen, accompagné du vénérable chapitre.

Le lendemain, le chapitre s'assembla, et pour donner tout le temps de faire les préparatifs de la pompe funèbre, on décida que l'enterrement ne se ferait que la mardi suivant 1er Xbre, on renvoya l'élection des nouveaux grands vicaires après la cérémonie et on publia un mandat qui enjoignait aux paroisses et aux communautés de se trouver selon l'ordre qui était marqué à la salle de l'évêché, soit pour y chanter l'office, soit pour y célébrer le saint sacrifice. Les aumôniers de cet hôpital ne furent point compris dans le mandement, on les y invita verbalement.

Dans ce même chapitre, on délibéra sur le lieu de la sépulture. Les chanoines étaient fort d'avis de garder l'honneur pour lui, puisqu'il n'y avait aucune disposition dernière, mais monsieur l'abbé de Menou, parent et grand vicaire du défunt prélat, représenta que les désirs de monseigneur avaient toujours été d'être inhumé au milieu des pauvres qu'il avait depuis si longtemps nourris. En conséquence, on l'accorda aux vœux ardents de cette maison. Le corps fut embaumé et les intestins renfermés dans une boëte de plomb qu'on fut obligé d'ouvrir pour en retirer le cœur que les dames de Sainte Claire demandèrent.

Le corps fut exposé découvert dans la grande salle de l'évêché où il y avait deux autels et celui de la chapelle. Pour arrêter la foule, on avait posté de distance en distance des grenadiers qui se succédèrent jusqu'au mardi 1er décembre. Pour la cérémonie, on y invita tous les prêtres et religieux de la ville. Les vicaires de la ville portèrent le corps et les quatre premiers dignitaires... Monsieur le doyen officia. Tous les pauvres, filles et garçons, suivirent la marche qui passa par la rue Saint Yon et celle des Augustins. Les religieux suivaient immédiatement les pauvres et succédaient le clergé séculier. Enfin venait le corps à découvert et en habits pontificaux. La maison de ville et le présidial fermaient la marche. Le militaire à cause de sa préséance n'y assista point. On chanta une messe solennelle en l'église de Saint Barthélémy, pendant laquelle on put admirer la beauté du catafalque, surtout du dôme. Après l'absoute, le chapitre jugea de substituer une méchante brunette dans la place d'une belle que la succession avait donnée au défunt, ce qui étonna beaucoup les spectateurs. On reprit alors la route de l'hôpital. A la porte de l'église étaient les aumôniers pour présenter l'eau bénite à tout le convoi, même aux corps laïques. En entrant dans l'église, l'aumônier présenta le goupillon à l'officiant, qu'il accompagna le reste de la cérémonie qui ne fut point longue. On ne chanta qu'une absoute, pendant qu'on déshabillait le défunt.

Sans bas ni mules, ni rochet ni croix, revêtu seulement d'une soutane et d'une aube, on le descendit dans le caveau du milieu du choeur, autrefois construit pour feu monseigneur Henry de Laval qui fut inhumé pontificalement car j'en ai trouvé les minutes. L'aumônier présenta le goupillon à tous les corps qui jetèrent de l'eau bénite. En cérémonie, vingt-huit de nos garçons qui avaient des flambeaux les déposèrent pour notre sacristie ; plusieurs chanoines firent la charité de leur cierges,

On ferma le caveau avec la tombe de monseigneur de Laval parce que le marbre n'était pas encore acheté pour celle de monseigneur de Menou. C'est le troisième évêque de La Rochelle enterré dans cette église, tous trois morts en novembre, monseigneur de Laval vers l'an 1700, monseigneur de Chamflour en 1724, monseigneur de Menou en 1767. Tous trois ont été les pères des pauvres et les insignes bienfaiteurs de cette maison."

 

L'an suivant, 1768, monseigneur Joseph François Emmanuel de Crussol d'Uzès fut nommé à l'évêché de La Rochelle. Il sera évêque jusqu'en 1789. En 1784, il aura achevé le chantier de la cathédrale commencé par son prédécesseur.

Voici quelques appréciations laissées dans son journal sur cet évêque par Pierre Dangirard, de la Rochelle (dit "le pape des protestants" de cette ville) :

 

"En 1781, il [l'évêque de Crussol] a fait une tournée épiscopale en mai et juin, visitant une soixantaine de paroisses du bas Poitou. Il voyageait en litière avec un grand vicaire et quelques domestiques. Il allait loger chez les curés qui l'ont reçu, hébergé et régalé. Ce fut plus un voyages de festins et de repas qu'un voyage d'ordre, de pîété, car rarement a-t-il fait assembler les paroissiens et pris connaissance de la fabrique, et de la manière dont les curés s'acquittent de leurs fonctions. Il coucha à Thouarsais chez le curé, homme du monde et de mœurs du siècle. Il eut un beau festin le lendemain où il y avait plus de 20 personnes, gentilshommes et bons bourgeois. Il y avait au dessert une petite assiette de fraises qui se trouva placée fort loin de lui. Il la demanda et, sans en offrir à personne, assaisonna ces fruits et les mangea. Les convives ne trouvèrent cela nullement honnête. On pourra leur répondre que l'évêque savait bien que c'était pour lui et que ç'aurait été en vain qu'il en aurait offert. Il coucha aussi chez le curé de Saint Maurice qui se mit en grands frais mais en petit comité.

On a trouvé beaucoup à redire sur la manière dont cet évêque a fait sa tournée, mettant à contribution de pauvres curés qui, pour le recevoir, ont dépensé, pour certains, six mois de leur bénéfice. Il aime la bonne chère et tient une table à dîner et à souper toujours bien garnie. Il serait à souhaiter qu'il pensât et qu'il agît autrement, car les pauvres et les hôpitaux souffrent toujours qu'il n'est pas "aumônier" comme son prédécesseur, monseigneur de Menou. La desserte de la table n'est pas même envoyée à l'hôpital et il ne fait aucune charité. Il a cent mille livres de rente et pourrait en faire meilleur usage. On l'appelle à la cour le sot enfant, sa naissance l'a fait évêque, c'est là tout son mérite. On parle de sa conduite, on prétend que ses mœurs ne sont pas pures et qu'il aime excessivement le jeu. Est-ce une calomnie ?

Il ne plaît ni à son chapitre, ni au monde, ni aux dévots. Il avait pris un parti contre les protestants, qui entraîna un procès au parlement de Paris. Le tribunal a imposé silence au zèle momentané du prélat car on n'a plus parlé de cette affaire."

 

Comme les jours, les évêques se suivent mais ne se ressemblent pas...

 

 

 
le vieux bourg et la vieille église
les vitraux de l'église
les clefs de voûte de l'église
en grimpant dans le clocher
le chemin de fer - le "Petit Anjou"
l'eau de la commune
le stade de football
le petit pont Reigner, rebaptisé pont du Petit Anjou
le parcours-découverte de la commune
d'autres petits panneaux disséminés dans le bourg
la reconstruction du bateau-lavoir
la journée du patrimoine 2019
le passage de la gare - le chalet en 2011
le passage de la gare - la fresque en 2021
le passage de la gare - on continue en 2022

 

Merci de fermer l'agrandissement sinon.

 

 

 

https://www.stleger.info