"A
la base prospèrent le frileux olivier et cette multitude de
petites plantes demi-ligneuses, telles que le thym dont les
aromatiques senteurs réclament le soleil des régions
méditerranéennes. Au sommet, couvert de neige au moins
la moitié de l'année, le sol se couvre d'une flore
boréale, empruntée en partie aux plages des terres
arctiques."
Jean-Henri Fabre
(1823-1915), "Une ascension au Ventoux" (1842)
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Les
6 derniers km de l'ascension par Sault et Bédoin se
font dans le paysage lunaire qui caractérise le
sommet du Mont Ventoux.
Plus rien ne pousse : la chaleur de l'été, le
froid de l'hiver, le vent, le gel et l'absence de terre,
c'est le sommet du Mont Ventoux, que l'on surnomme aussi "le
Mont Chauve".
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http://www.lemontventoux.net/
A gauche, la route venant de
Malaucène, à droite celle qui vient du chalet
Reynard
a
station hertzienne du Mont Ventoux
http://www.lemontventoux.net/
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Elle
a pour mission d'assurer le maintien en condition de
fonctionnement optimal des réseaux hertziens sol-sol
et radio air-sol, support de transmission dont la mise en
oeuvre est confiée à l'Armée de
l'Air.
Elle est située sur la commune de Bédoin,
à une altitude de 1912 m, à 63 km d'Avignon.
Le sommet du Mont
Ventoux est occupé par l'Armée de l'Air depuis
1945.
En novembre 1998, commence l'installation du nouveau
réseau SOCRATE (Sytème Opérationnel
Constitué des Réseaux des Armées pour
les Télécommunications) au Mont Ventoux.
L'intégration des faisceaux est effective en mai
2000.
Les conditions
climatiques sont très difficiles, 204 jours en
moyenne de brouillard par an.
Un vent violent supérieur à 90 km/h souffle
environ 242 jours par an. Un record de vitesse du vent a
été enregistré le 19 novembre 1967
à 320 km/h.
Le sol est recouvert de neige plus de 140 jours par an, la
moyenne des minimas l'hiver est de -27°.
Les orages sont très violents, ils occasionnent des
dégâts importants sur les matériels.
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Sources : la plupart des
textes ci-dessus proviennent de 2 sites, très riches en
photos, qui devraient vous donner envie de découvertes et de
randonnées pédestres ou cyclistes !
Vous trouverez ci-dessous le
joli texte empreint de poésie de Mathieu Grégoire,
daté du 2 juillet 2008 et visible sur http://www.voyages.liberation.fr/,
site qui est une invitation à l'évasion...
Les photos proviennent de http://www.panoramio.com/
Des photos du monde entier !
Dans les pas du
éant
de rovence
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Depuis lautoroute, à hauteur
dOrange, on le guette dans un mélange dimpatience
et de déférence. Mais en cet après-midi
printanier, le Mont Ventoux est emmailloté dans les nuages,
seules ses premières pentes dun vert sombre daignent
apparaître.
"Il est dans le brouillard près
dune centaine de jours par an, confie Bernard, un ancien de
Bédoin, lun des deux gros bourgs en contrebas du colosse
du Vaucluse, avec Malaucène. Mais cela change très
vite. En quelques minutes, on peut passer dun grand soleil
à une pluie de grêles. Vous verrez, cest
surprenant."
Il est surprenant ce Mont Ventoux. Tiens,
dabord, à quelle altitude culmine-t-il ? 1912
mètres ? 1909 mètres ? "Chacun a son chiffre",
rigole André en cueillant ses cerises à deux euros le
kilo, au pied du versant sud. Célèbre pour ses paysages
lunaires, le Mont Chauve na pourtant jamais été
aussi chevelu. "Au début du XIXe siècle, il
était presque complètement nu, précise Olivier
Delaprison, une des nounous du Ventoux à lOffice
National des Forêts. A cause du commerce du bois, qui avait
commencé au Moyen Age."
Le Ventoux est alors la terre des charbonniers de
Saint-Léger, qui font méticuleusement brûler
branches et écorces pour gagner une maigre pitance.
Dans les années 1860, villageois et
militaires du coin sunissent pour reboiser le géant de
Provence à grand renfort de cèdres de lAtlas, de
chênes verts ou pubescents, de pins dAutriche et autres
mélèzes. Un incroyable patchwork naturel va prendre
racine. Un proverbe local dit que lon passe de
"lAfrique saharienne au Groenland" en se baladant sur le
Mont Ventoux.
En partant de Bédoin, les premiers
lacets commencent dans la garrigue, au milieu des oliviers et des
vignes qui donnent un honorable Côtes du Ventoux. Le sol est
aride et caillouteux, jonché de coquelicots. Dès le
hameau de Saint-Estève, après un virage à gauche
toute, on amorce lascension dans une forêt dense,
trompeuse pour le forçat de la route car elle ne lui apporte
quune ombre négligeable. Mais dès que lon
rentre dans la cédraie de près de 800 hectares, une
apaisante fraîcheur vient happer le marcheur.
Les arbres sont soigneusement
étagés sur le dôme, chacun a pris sa hauteur. A
partir de 1300 mètres, les parois de calcaire sont le
territoire des hêtres et des pins sylvestres. Les feuillages
sont moins épais, les troncs usés portent les stigmates
des orages. En grimpant à plus de 1550 mètres, nous
voilà dans sur le fameux no mans land de lauzes, ces
pierres blanches consciencieusement concassées par le temps.
Le mistral, qui sévit plus de 130 jours par an et
dépasse parfois allègrement les 200 km/h, règne
en maître sur les éboulis sommitaux. "Pas besoin de
mesurer. Quand les parois du chalet commencent à bouger, je
sais que ça souffle dur", lance Serge, restaurateur du
chalet Liotard, aujourdhui perché dans la grisaille.
Quelques congères héritées
de lhiver servent davertissement. Le froid, vif et
perçant, oblige à enfiler son chandail. Olivier
Delaprison, le garde forestier : "On trouve
régulièrement des touristes en état
dhypothermie." Le climat méditerranéen de
Bédoin nest plus quun lointain souvenir. Quinze
kilomètres ont suffi à dérouter le
pèlerin.
Au sommet, avec un peu de chance et si
lon ne senvole pas, on aperçoit de rares plantes
alpines. Près de lobservatoire et de la chapelle Sainte
Croix, la saxifrage de Spitzberg aux fleurs rougeoyantes, le pavot du
Groenland dont les pétales jaunes illuminent les pierriers, la
linaire des Alpes à la corolle violette rehaussée
dorange en son centre. Labellisé réserve de
biosphère par lUnesco en 1990, le Mont Ventoux offre un
écosystème tout à fait unique,
réconciliant faune méridionale et nordique, le
randonneur se promenant successivement dans la contrée de la
vipère dOrsini et celle de la chouette de Tengmalm.
"Sur le versant Nord, on vient de créer une réserve
biologique intégrale, que lon ne va pas toucher pendant
dix ans, ajoute Olivier Delaprison. Les randonneurs pourront
la traverser avec le GR 9, et essayer de voir tous les grands animaux
du Ventoux : les chamois, les chevreuils, les mouflons. Et des
oiseaux comme lAigle royal ou le faucon pèlerin."
Cette nature luxuriante adoucit le mythe du
glacis désertique. Hier symboles dun Mont
dépecé par les hommes et les éléments que
Roland Barthes, dans Mythologies, traitera de "Dieu du mal auquel
il faut sacrifier", les flancs pelés sont lentement
colonisés par les pins à crochet, reliques du
reboisement solidement amarrées. "Notre objectif principal
est maintenant de protéger et de créer des espaces
ouverts, explique Olivier Delaprison. On cherche des solutions
pastorales pour équilibrer le Ventoux entre les forêts
et les milieux aérés, où prospèrent des
fleurs et des insectes exceptionnels."
Bien avant que les suiveurs du Tour de France
ne lexaltent, le Mont Ventoux fut surtout le compagnon du
peuple provençal, un socle de lidentité
régionale. Ainsi parle le poète Pétrarque :
"Jai fait aujourdhui lascension de la plus haute
montagne de cette contrée que lon nomme avec raison le
Ventoux, guidé uniquement par le désir de voir la
hauteur extraordinaire du lieu. Il y avait plusieurs années
que je nourrissais ce projet, car, comme vous le savez, je vis
dès mon enfance dans ces parages, grâce au destin qui
bouleverse les choses humaines. Cette montagne, que lon
découvre au loin de toutes parts, est presque toujours devant
les yeux." En vérité, lillustre humaniste
italien ne gravit jamais le Ventoux, mais le géant lui servait
détalon dans sa méditation. "Pendant la
descente, chaque fois que je me retournais pour regarder la cime de
la montagne, elle me paraissait à peine haute dune
coudée en comparaison de la hauteur de la nature humaine si
lon ne la plongeait dans la fange des souillures
terrestres."
Référent pour les uns,
baromètre pour les autres : "Le Ventoux protégeait
notre ferme familiale du mistral, mais bloquait aussi les courants du
Sud, ce qui nous a toujours apporté plus de nuages et de pluie
que sur la face nord" dit Eric Caritoux, ancien cycliste
professionnel né à Flassan, à quelques
encablures de la montagne. Toujours installé dans les parages,
celui quon surnommait "lenfant du Ventoux"
sen souvient dabord comme dun mont
mystérieux, en partie interdit au public par
larmée : "On ne pouvait pas prendre de photos dans
certains lieux, des rumeurs racontaient quil y avait tout plein
de tunnels militaires en dessous. Il faut savoir que lon est
très proche du plateau dAlbion, qui abritait
lancien poste de tirs de missiles nucléaires
français
On y allait juste ramasser des artichauts
sauvages et des champignons." Son parcours
préféré évite dailleurs les pentes
les plus escarpées. "Le tour du Ventoux, sur une centaine
de kilomètres, est une balade sublime."
Ce parcours file par les vertigineuses gorges
de la Nesque, au Sud, où lon se penche du
belvédère avec prudence pour contempler le gouffre. Il
conduit sur les plus beaux promontoires pour observer la stature du
commandeur. Il y a dabord le Barroux, à lOuest,
où les petites maisons couleur ocre
sélèvent haut, très haut pour
sexposer au soleil, pour gagner en espace tant la surface sur
le piton est rare. Au dessus, fier et rénové, le
château du Barroux dresse son donjon et ses tours
médiévales peaufinées par Vauban. Il y a ensuite
le Brantes, au Nord, pic minuscule aux 65 habitants et aux mille
merveilles. Le goudron y est banni, entre les quelques mas, la
faïencerie et lélégante chapelle des
Pénitents Blancs, on circule sur détroits chemins
minéraux parfumés par les lauriers, les roses, les
centranthes, les garances et les orchidées. Tout bâti
semble une simple pierre dans un immense jardin. Il y a enfin Sault,
à lEst, où du nougat à la liqueur, tout
possède un arrière-goût de lavande fine.
Là-bas, à près de 900 mètres, les champs
se teintent de violet lété venu, les distilleries
semballent, et le Ventoux devient un gros santon de roche
odorant.
De retour à Bédoin, à
laltitude de 296 mètres, lhistoire récente
nous rattrape. Deux vélos Merckx flambant neuf sont
posés contre la fontaine orangée. Au bistro Le Vendran,
un serveur se justifie auprès dun client harnaché
: "Je ne vous ai pas mis de glaçons dans le coca, je ne
veux pas que vous ayez mal au ventre pendant la montée."
Un gars élancé en cuissard tance des motards allemands
: "Not too tired ?" Il ne faut pas se voiler la face. Le
géant de Provence est devenu un adversaire auquel on se
mesure. Des dizaines de Belges vérifient dérailleur et
pédalier, dans une ambiance aux intonations flahutes. "Chez
nous, le Ventoux, pfff... cest un mont légendaire"
ose Bart.
Le Ventoux sest presque dissous dans
lodyssée du Tour de France. On na pas
échappé à cette implacable fabrique
dépopées. Imprégné, ado, par les
récits des tragédies de Ferdi Kübler, de Tom
Simpson ou dEddy Merckx, on la grimpé un jeudi
daoût 2001. Au petit matin, avec deux copains, pour se
donner du courage, pour se retrouver bien seul rapidement. 22
kilomètres plus loin, deux heures plus tard, une triple
récompense nous attendait. La vue
celle là
même que Frédéric Mistral décrivait dans
ses Mémoires : "Nous vîmes le soleil surgir, tel
qu'un superbe roi de gloire, d'entre les cimes éblouissantes
des Alpes couvertes de neige, et l'ombre du Ventoux élargir,
prolonger, là -bas dans l'étendue du Comtat Venaissin,
par là-bas sur le Rhône et jusqu'au Languedoc, la
triangulation de son immense cône." Le droit de dire comme
le grand écrivain félibre : "Adieu, Ventoux ! Tu
nous fis, ô gueusard, assez suer et essouffler ! » Et
lenvie de revenir.
Mathieu
Grégoire - http://www.voyages.liberation.fr/
https://plus.google.com/photos/101912217247284834806/albums/5215491744079814673?banner=pwa&gpsrc=pwrd1#photos/101912217247284834806/albums/5215491744079814673
bientôt dans le Ventox
!
https://www.stleger.info