Ci-dessous
un article du Dauphiné
Libéré, signé
Stéphane Pulze, en date du 10 juillet 2024. Tous les
clichés sont de Christophe Agostinis, pour le DL.
Il est également paru sur le site Mon
séjour en Montagne
:
Perdu dans la végétation
à flanc de montagne, Saint-Léger-du-Ventoux
dévoile un charme discret.
Avec officiellement 35 habitants,
Saint-Léger-du-Ventoux est la plus petite commune de Vaucluse.
Un village qui cultive sa tranquillité.
Cest un hameau accroché à
flanc de colline, à lombre dun géant.
Pour y aller, il faut grimper en Haute-Provence, dépasser
Malaucène et sa cohorte de cyclistes lancés à
lassaut du Mont chauve puis suivre la vallée du
Toulourenc qui a creusé son lit dans du calcaire tendre pour
former des gorges à leau cristalline très
prisée des baigneurs, les jours de cagnard.
« Ici, il ny a que des
gens qui se rendent service, ça na pas de prix
»
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À lentrée du village, vous
tomberez sûrement sur Jean, 89 ans, assis sur le bord de la
route, qui laisse filer le temps dans un silence bienveillant, tout
juste perturbé par quelques voitures de touristes qui veulent
rejoindre le pays de Sault, le berceau de la lavande.
Il vous racontera sa vie davant, celle
où il était paysan et quil vendait sa production
dans les marchés environnants. Il vous racontera son village
agglutiné autour de léglise pour se
protéger du froid et ces maisons en pierre transformées
en résidences secondaires. Il vous dira surtout tout le bien
quil pense de cet esprit de corps montagnard qui unit les
derniers habitants de Saint-Léger-du-Ventoux. "Ici, il
ny a que des gens qui se rendent service, ça na
pas de prix."
« On ne choisit pas de vivre
à Saint-Léger-du-Ventoux par hasard
»
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Avec un peu de chance, vous pourrez croiser
Joël à vélo. Un gars du coin qui vit dans un
camion et qui samuse de nous voir étonné. "Au
moins quand lherbe est trop haute, je nai pas besoin de
la couper, je vais ailleurs."
Il y a Brigitte qui promène son chien.
"Une aventurière dans lâme" comme elle dit
en soupirant, elle qui a parcouru le monde, avant de poser son
baluchon il y a vingt ans en héritant de la maison de ses
grands-parents.
Depuis, "cest devenu une évidence de vivre ici".
Elle a beau travailler dans lhôtellerie à
Montbrun-les-Bains, le village daprès, et passer
lhiver au Maroc, pour rien au monde elle nabandonnerait
son hameau.
"Évidemment il y a la tranquillité, mais moi je vais
vous parler de solidarité. La chance quon a, cest
quon a tous besoin les uns des autres. Même les
pièces rapportées se mettent au diapason. On ne choisit
pas de vivre à Saint-Léger-du-Ventoux par
hasard."
« Cest un peu comme le
village des Gaulois qui résiste à tout
»
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"Officiellement, il y a 35 habitants. On
peut monter à 70 lété. Mais lhiver,
on doit être six, sept, pas plus", détaille Odile,
la deuxième adjointe, préretraitée de la
fonction publique.
Pas question pour autant denterrer trop vite la commune la
moins peuplée du département de Vaucluse.
"Aussi petit soit-il, notre village a une vraie identité.
Cest un peu comme le village des Gaulois qui résiste
à tout."
Ce nest pas Éric Massot qui vous
dira le contraire, lui qui est maire de Saint-Léger-du-Ventoux
depuis 2008, comme létait son père avant lui.
"Je me suis pris au jeu même si je nai pas vraiment eu
le choix et que ça prend du temps", concède-t-il,
en pensant à Mazan, là où il vit et travaille
à 40 kilomètres de là.
Il avoue que "lhiver est rude" quand on
est coincé au pied de la face nord du Ventoux.
Et lété, cest compliqué de
préserver le site naturel du Toulourenc, "envahi par les
touristes qui ne respectent pas grand-chose".
Il aimerait "attirer un commerce ou deux", sans trop y croire,
"parce que ce nest pas viable".
Avant de reprendre à son compte cet éternel adage,
"Pour vivre heureux, vivons cachés. Il y a un peu de
ça, cest vrai".
Éric Massot, maire de
Saint-Léger-du-Ventoux
"Ici, il ny a pas que
lépicerie qui vient à nous une fois par semaine,
même le curé est ambulant", confirme son adjointe.
On a bien compris, Saint-Léger-du-Ventoux se mérite
pour celui qui saventure loin des sentiers battus.
« Le Ventoux, quoi quon
en dise, reste magnétique »
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Justement, à la sortie du village, on
nous a parlé de Nathalie et de son havre de paix, "Le
jardin singulier" qui a pris possession de lancienne maison
forestière.
"Dans un endroit où il ny a personne, jai voulu
faire un lieu de rencontres", glisse-t-elle, en nous accueillant.
"Administrativement, cest un tiers-lieu, à la fois
librairie, maison dédition, association culturelle et
restaurant."
Un endroit hors du temps où la littérature, lart,
la nature, les bons petits plats et le farniente
sentremêlent dans une bonne humeur
communicative.
Nathalie Taguigue
Un lieu de détente idéal pour de
nombreux passionnés descalade qui essaient de dompter
lun des sites les plus réputés dEurope avec
plus de 600 voies et une qualité de rocher exceptionnel.
"Cest un lieu ouvert à tous, un lieu inclusif comme
on dit. Un lieu pour prendre son temps", confirme notre
hôte, derrière ses fourneaux où mijote une
chakchouka, une spécialité culinaire dorigine
tunisienne à base de poivrons et duf,
accompagnée dune polenta de maïs moelleuse.
"Cest une façon de vivre sainement et simplement au
pied du Ventoux qui, quoi quon en dise, reste
magnétique", plaide cet enfant du pays.
Et quand on évoque, avec elle,
Saint-Léger-du-Ventoux qui surplombe son drôle
détablissement, elle sourit : "Les gens du village
étaient daccord à condition que ça
nentame pas leur tranquillité."
Pour le coup, on sen serait douté
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