La famille VALENTIN au Hameau de La Garde et aux Lévriers
à St Léger sous la Bussière, entre 1804 et 1830
  
 

 

evenus des paysans et valeur de l'argent

 

 

Ainsi que l'écrit fort justement Gabriel AUDISIO, "la conversion des prix ou des salaires (des siècles passés) en francs actuels n'a pas grand sens. Il importe en revanche de mettre en rapport les dépenses et les revenus si l'on veut apprécier le niveau de vie des travailleurs des champs." (1)

Cela n'a pas grand sens en effet de chercher une correspondance des valeurs en monnaie de nos ancêtres avec la monnaie actuelle. Nos ancêtres ne dépensaient pas comme nous, leur strict nécessaire n'était pas le nôtre.
Peu de meubles, peu de vêtements, une seule paire de sabots ou de souliers, un chapeau, peu de diversité dans la nourriture, pas de "distractions", pas de vacances, pas de cotisations sociales, des impôts relativement lourds.
Leur seul luxe : épargner pour les mauvais jours.

On ne peut établir de comparaison utile de revenus ou de train de vie qu'entre des personnes de la même époque et de la même zone géographique.
Que gagnait un artisan, que gagnait un domestique, quels revenus pour un métayer, un paysan propriétaire de sa terre ?
En contrepartie, combien coûtait le pain blanc, le pain de farines mélangées (qui constituait l'essentiel de l'alimentation), un kilo de viande, un poulet, les oeufs, le setier de blé, un habit neuf, un arpent de terre ?

A la campagne, on se logeait à l'étroit dans un minimum de pièces, pas toujours chauffées.
Chacun faisait pousser ses légumes dans son lopin de terre, les artisans fabriquaient eux-mêmes leurs outils, et les réparaient pour les faire durer le plus longtemps possible.

Un ouvrier agricole pouvait gagner parfois moins ou parfois plus selon les années, mais il faut aussi prendre en compte la dévaluation de la monnaie, la spéculation sur les grains, les impôts exceptionnels pour permettre par exemple au pouvoir en place alors de poursuivre une guerre.

On vivait beaucoup à crédit, on ne payait pas toujours ses dettes en temps voulu, mais souvent aussi on ne payait pas non plus les gages des domestiques (des retards de plusieurs années).

Il faut lire des inventaires après décès, des contrats de mariage, dans une même société à une époque donnée, pour situer la richesse d'un ancêtre par rapport aux autres.

Sous le Premier Empire, "les salaires des moissonneurs saisonniers en Seine-et-Marne sont de 40 à 50 francs pour les hommes, de 30 à 40 francs pour les femmes, nourris et logés. LAMARTINE indique qu'à Milly, les gages des serviteurs consistaient en dix écus par an (30 francs), six aunes de toile écrue pour les chemises, deux paires de sabots, quelques aunes d'étoffe pour les jupons des femmes et cinq francs d'étrennes au Jour de l'An. Le préfet de la Moselle, calculant le prix des choses nécessaires à la vie d'un journalier (1/4 de livre de lard à 0,15 franc, 2 livres de légumes à 0,15 franc, un pain de 5 livres à 0,50 franc et du bois) estime qu'en tenant compte de la valeur du travail de sa femme, évalué à 0,20 franc, il reste au manouvrier 0,23 franc pour son logement, ses vêtements, son entretien et celui de sa famille." (2)

Ma mère se rappelle avoir entendu dire qu'un parent de sa grand-mère, un oncle ou un grand-oncle, valet de ferme, avait pour salaire annuel une chemise de toile, une paire de sabots, et une mesure de blé (environ dix kilos) il était logé et nourri.

Pour connaître ce niveau de vie de nos ancêtres dans le Haut Beaujolais puis le Mâconnais, la remarquable étude de Gilbert GARRIER nous est bien utile (3) :

Salaires ruraux pour des ouvriers masculins adultes, non nourris, en période estivale de gros travaux :

1800 - 1805

1806 - 1810

salaire journalier

1,60 franc

1,85 franc

pour un journalier agricole pour la fauchaison, les moissons

1,50 franc

1,75 franc

pour un bouvier qui conduit les bœufs pour les labours

2,20 francs

2,75 francs

pour un artisan qualifié tel que couvreur ou maçon

Un "domestique de culture", nourri et logé, touche 180 francs à 200 francs de gages annuels entre 1800 et 1810.

Le coût de la vie : "il doit être connu, du moins dans ses grandes lignes, pour transformer des revenus monétaires en revenus réels…par rapport aux divers (prix) des biens de consommation" :

Prix au kilogramme entre 1800 et 1810 :

  • Pain "à tout" (seigle) : 0,25 franc
  • Pain "bis" (seigle et froment) : 0,30 franc
  • Beurre : 1 franc
  • Une douzaine d'œufs coûte 0,40 franc.
  • Une "pièce" (216 litres) de vin se vend à la récolte 30 francs vers 1805 et 55 francs vers 1808.

Michel Guironnet
mai 2003

(1) "Les français d'hier : des paysans XV°- XIX° siècle"

(2) Jean TULARD "La vie quotidienne des français sous Napoléon"

(3) "Paysans du Beaujolais et du Lyonnais (1800-1970)" par Gilbert GARRIER, Maître de conférences à l'université de Lyon II, publié par le Centre d'Histoire économique et sociale de la région lyonnaise (Presses universitaires de Grenoble 1973). On lira surtout avec profit, dans la première partie : structures économiques et sociales anciennes - première moitié du XIX° siècle, le chapitre V : les revenus (pages 229 et suivantes).

 

 

01

Petite histoire de St Léger sous la Bussière

02

Les Valentin s'installent à St Léger

03

Marraine et conscrit Valentin

04

Mariages des enfants Valentin à St Léger

05

"L'Ogre et les conscrits" (1807) 

06

Achat du domaine de La Garde à St Léger (1808)

07

Revenus des paysans et valeur de l'argent

08

Les "dernières volontés" des époux Valentin

09

Partage de propriété à La Garde (juin 1809)

10

Claude Valentin, "illétéré, de ce enquis"

11

Le mariage de Jean-Benoît (1811)

12

Histoire d'un contrat de mariage "double" (1812)

13

Le prix de la terre (1817)

14

La mort du père Claude Valentin (1821)

15

La descendance est assurée (1821/1826)

16

Les malheurs de Jean-Benoît Valentin

17

La mort de Claudine, la grand-mère (1828)

18

La mort de Jean-Benoît Valentin (1830)

19

Inventaire au domicile de Jean-Benoît Valentin

20

Vente des biens délaissés par Jean-Benoît Valentin

 

vers St Léger sous la Bussière

 

 

 

 

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