des conscrits de St Léger des Vignes - le recto

 

"Bon pour 2 ans" - le verso

cette carte postale a toute une histoire - pour la découvrir

 

 

 

 

 

1915 - hôpital temporaire de Saint Léger des Vignes - le recto

 

1915 - hôpital temporaire de Saint Léger des Vignes - le verso

 

Saint Léger des Vignes - carte légendée "156e d'Infanterie"

A mettre en perspective avec la prose suivante, tirée du "Poilu du 6-9".
C'était la gazette du 69e de ligne « Division de Fer », dont la devise était « Qui s’y frotte s’y pique » :

 

 

 

A noter : pas de date précise de publication, sans doute pour ne pas informer l’ennemi de l’endroit où se trouvait le régiment qui semble avoir combattu sur tous les points du front : Lorraine, Verdun, la Somme...

 

St Léger des Vignes - 7 novembre 1915
souvenir d'un Poilu du 69e

 

Sources et liens :

à propos du 69e RI à St Léger des Vignes

 

 

 

 

 

Cette carte est datée du 19 janvier 1915
L'expéditeur est O. Roy, sergent au 134e Régiment d'Infanterie

 

Nous avons retrouvé sa trace :
la guerre, le mariage et la mort d'Octave

 

 

 

1900 - from Bombay

 

1900 - from Tokyo

 

 

Dans un livre intitulé "Un Bleuet 1917-1918", Emile Trouvé, tout juste 19 ans, raconte ses souvenirs personnels des années 1917 et 1918.
Mobilisé comme téléphoniste dans un régiment de transmission, il décrit les conditions de vie sur le Front :

"(...) Le 17 avril 1917, je prenais donc le train à la gare d'Austerlitz à Paris (avec un mien cousin de mon âge) pour Nevers avec un petit baluchon et les recommandations des parents et aussi leur tristesse, très compréhensive (...)
(...) On était à Nevers puisque Nancy était bombardé. On resta très peu de temps en caserne puis on nous parqua dans des fermes à Saint-Léger-des-Vignes (petites et bonnes pêches de vignes). Non pour nous engraisser mais pour commencer le dressage et nous aguerrir physiquement et faire des combattants durs et braves.
J'aurais aimé rester plus à Nevers, on lavait notre linge sale dans la Loire (...)"

Plus loin, on trouve cette lettre authentique :

Aux armées, le 11 novembre 1918

Chers Parents

Je vais bien et souhaite qu'il en soit de même pour vous. Vous recevrez sans doute ma lettre n° 57 en même temps que celle-ci car je n'ai pu la donner plus avant au vaguemestre.
Enfin, ce matin, à 11 heures, l'armistice a eu lieu sur notre front, et toute bataille a pris fin. Je suis à Flize sur les bords de la Meuse. Jusqu'à 11 heures moins 05, on se battait encore furieusement. Puis à 11 heures juste, tout a cessé et de part et d'autre on a monté sur le parapet.
Nous on chantait et Fritz disait : guerre finie. A l'heure actuelle, on se regarde sans se battre et sans se rien dire.
Je crois que les Boches vont reculer au moins jusqu'au Rhin. Enfin quel soulagement et surtout la vie sauve. Je ne vous cache pas que le passage de la Meuse sur un radeau a été délicat et les balles sifflaient et nous avons tous été très très en danger.
Enfin je ne puis me figurer que tout est fini de ce cauchemar.
J'ai reçu tout à l'heure votre lettre n° 27 du 9 novembre qui m'a fait grand plaisir.
Vous m'excuserez si je ne vous écrivais pas plus souvent ces jours derniers car, comme je vous le disais, j'étais en pleine bataille, en première ligne et ce n'était pas drôle.
Enfin, j'espère que les permissions vont reprendre bientôt à mon régiment et que je ne tarderai pas à être bientôt parmi vous. Quelle joie, cet heureux jour, et surtout plus de guerre et la vie sauve.

Recevez, chers bons parents, mes plus affectueux baisers.
Emile

Pour en savoir beaucoup plus : http://www.anac-fr.com/1gm/1gm_03.htm

 

 

1918

 

 

1923

 

 

1936

 

 

 

 

Raflé à 18 ans par l’armée allemande en 1944, Déporté pour le Travail Forcé au titre du STO, Guy Blanchard rentre en 1945 sous l’habit rayé des concentrationnaires.

- Guy Blanchard, vous aviez 18 ans en 1944, né le 17 décembre, vous étiez de la classe et vous participiez au bal du 6 février 1944.

- Oui, comme beaucoup de copains, nous ne voulions pas manquer cette fête et participer à ce bal. L’ambiance était extraordinaire et nous avons chanté la Marseillaise.
Je me souviens, passé minuit, j’ai entendu un avion passer en rase-motte au dessus de la salle de bal. Pris d’un pressentiment, je suis sorti pour tenter de m’enfuir. Je ne suis pas allé très loin. L’armée allemande avait déployé un cordon de soldats autour de la salle. J’ai dû rejoindre les copains. Vous connaissez la suite. Sous la menace des mitraillettes, les SS nous ont sortis de la salle et encadrés, garçons et filles, nous avons été conduits, sous les coups de crosse, et enfermés à l’usine de céramique voisine. De là, dans des wagons de marchandise, transférés à Nevers avant d’être embarqués en Allemagne. Nous ne sommes jamais retourné auprès de nos parents.

- Que sont devenues les jeunes filles qui participaient à ce bal ?

- Comme nous, elles ont subi les coups de bottes et de crosse des SS et conduites à l’usine de céramique. Le lendemain, elles ont été libérées dans la journée contre versement d’une caution en francs de l’époque.

- Sur les 250 qui ont été arrêtés, certains jeunes ont été libérés et 120 ont été déportés pour le travail forcé en Allemagne nazie. Vous n’aviez pourtant pas l’âge du STO ?

- Pendant notre incarcération à Nevers, toute la population s’est mobilisée pour tenter de nous faire libérer. Grâce à l’intervention des autorités civiles et religieuses, des jeunes travaillant dans les grandes entreprises et qui livraient des produits ou œuvraient pour l’Allemagne ont été renvoyés à leur poste de travail. Ce n’était pas mon cas. Depuis l’âge de 13 ans, j’étais bûcheron. Après mon certificat d’études, et bien que le maître avait dit à mes parents que je pouvais sans peine poursuivre des études, mes parents, de condition très modeste, ne l’entendaient pas de cette oreille. On m’envoya comme apprenti bûcheron dans la forêt voisine. A 18 ans, j’étais toujours bûcheron doté d’une très forte constitution qui devait plus tard me sauver la vie.

- Vous vous retrouvez fin février 44 dans une usine de Daimler-Benz...

- Du 13 février au 15 juillet 1944, j’ai travaillé (si l’on peut dire travailler !) dans cette usine de mécanique près de Stuttgart. L’usine détruite par les bombardements, je suis transféré à Gaildorf. Toujours réticent à travailler pour les nazis, profitant de la pagaille créée par des bombardements successifs, avec quelques copains, nous tentons une évasion.
Pas de chance ! repris, accusé de sabotage, refus de travailler et de tentative d’évasion, je suis emprisonné dans les caves de la Gestapo à Stuttgart. Traité de meneur et de chef de bande, maltraité, je suis interné au camp de Welzheim où j’endosse le costume rayé sous le n° 236. C’était le 18 octobre 1944.

Ce camp de concentration est situé à 35 km à l’est de Stuttgart. Il fut créé en 1937 par la Gestapo à la place de la prison de la ville de Welzheim . On estime de 10 à 15 000 déportés passés dans ce camp jusqu’en 1945.

- Je me souviens, en arrivant au camp, nous avons dû assister à la pendaison de 3 détenus horriblement mutilés sous la torture. Nous avons eu froid dans le dos. On nous a fait comprendre que c’était le sort réservé à ceux qui tentaient de s’évader.
Raconter l’horreur d’un camp de concentration ? Je veux oublier ce que j’ai vu à Welzheim. Ma constitution de bûcheron m’a permis de survivre tant bien que mal. J’ai eu faim. Mourir de faim à 20 ans ! Deux de mes camarades n’ont pas survécu.

Après Welzheim j’ai été interné dans le camp de Schömberg peuplé de juifs. C’était un kommando dépendant du camp de Natzweiler-Struthof. Comme eux, j’ai travaillé à la carrière de schiste. Tous les matins, les SS effectuaient le tri des bagnards. Les moins valides, ceux qui étaient au bord de l’épuisement, sortaient du rang pour être dirigés sur le camp de Dachau où la mort les attendait.

J’ai tenu le coup dans cette carrière. J’ai assisté presque tous les jours aux crimes commis par les SS sur les juifs. Vous ne pouvez pas relater ce que je vous raconte. L’horreur n’a pas de limites et ne peut s’écrire.

Début avril 45, les armées alliées approchent et la nervosité des SS est à son comble. Je profite du désarroi de mes tortionnaires pour tenter une évasion. C’était le 4 avril. Cette fois c’est pour de bon ! Je retrouve le 10 avril les combattants de la Légion Étrangère de l’Armée française près de Tübingen. Je suis enfin LIBRE !

- Comment s’est passé votre retour en France ?

- Déporté au titre du STO en 1944, je suis arrivé à Paris avec le costume rayé et ma carte de rapatrié portant la mention "déporté politique". J’ai été dirigé sur l’hôtel Lutécia où j’ai été accueilli avec chaleur. Rapatrié à St-Léger-des-Vignes le 28 avril, en très mauvais état, je fus hospitalisé à Nevers. Victime d’un empoisonnement du sang, j’ai subi plusieurs interventions chirurgicales et transfusions sanguines. J’ai réussi à m’en sortir. Mes deux camarades qui ont été des frères dans le malheur et qui n’avaient pas ma constitution de bûcheron n’ont pas survécu aux conditions inhumaines des camps.

 

 

 

 

 

 

 

affiche publiée en 1945 au retour des camps
elle représente un déporté concentrationnaire soutenu par un prisonnier de guerre et un déporté du travail

Je suis resté un an sans pouvoir reprendre une activité professionnelle. Je suis entré ensuite comme employé à la Chambre de Commerce. J’ai suivi des cours, pris des responsabilités pour me retrouver aux Voies navigables des Ponts et Chaussés. J’ai terminé ma carrière comme responsable du canal nivernais. J’ai fait tous les métiers comme celui d’homme grenouille, un soir de Noël pour dégager une écluse prise dans la glace !

- Au titre de "Déporté politique", vous avez obtenu une pension ?

- Pas du tout. Je n’ai jamais pu obtenir quoi que ce soit et malgré toute l’aide que j’ai reçue de la part de mon Association DT de la Nièvre ! Ailleurs, on m’a proposé de prendre une carte de parti pour faire avancer mon dossier et on m’a proposé de faire une déclaration de “Résistant“. J’ai refusé. La seule reconnaissance obtenue, toujours grâce à l’aide de mon association, est celle du gouvernement d’Autriche qui a validé mon passage dans le camp de Welzheim et de Schömberg et versé une indemnité en 2004. Je reste un “Déporté du Travail“ et “un Déporté Politique“. Je souhaite que la mémoire de ces années terribles ne soit pas perdue pour les générations qui nous suivent. Nous avons trop souffert pour oublier.

Dans le Livre Mémorial de la Déportation nous retrouvons le nom de Guy Blanchard, né le 17 décembre 1924 dans la rubrique III/20 des détenus dans les prisons du Reich. Il est porté Evadé le 10/04/45 du camp de Schömberg. La liste de ces détenus dans les prisons du Reich comporte 807 français. 144 sont décédés, 29 évadés, 503 sont rentrés et 16 sont portés disparus, 126 ont été libérés par les autorités allemandes.

Source et lien pour poursuivre la visite : http://www.requis-deportes-sto.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2000

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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