paroisses et lieux de culte
diffusion du culte de saint Léger

 

La vie de saint Léger est assez bien connue. Neveu par sa mère Sigrade de l'évêque de Poitiers Didon (628-675), Léger reçut auprès de son oncle une éducation littéraire et scientifique soignée pour l'époque. Élevé au diaconat vers sa vingtième année (636), il fut nommé peu après archidiacre de Poitiers, puis vers 653 abbé de Saint-Maixent. Six ans plus tard, la Reine Bathilde l'appelait à la cour pour faire partie du conseil de régence, jusqu'à ce qu'elle lui confiât l'évêché d'Autun (663).

Impliqué dans des rivalités politiques et les intrigues de la cour de ces "temps barbares", il se vit relégué pendant quelques mois à l'abbaye de Luxeuil (675), puis violemment pris à partie peu après sa libération, par un ennemi implacable, le terrible maire du Palais Ébroïn. Pour sauver du massacre général sa cité menacée, il se livra de lui-même à son ennemi (676). A peu de distance d'Autun, sur le chemin de Couhard, on lui creva les yeux, puis on le traîna jusqu'en Neustrie, où il fut finalement abandonné chez les moniales de l'abbaye de Fécamp. Deux ans plus tard, Ébroïn le fit amener dans sa villa de Sarcing, aux confins de l'Artois et de la Picardie, où il fut massacré (2 octobre 678). Une chapelle figure l'emplacement du martyre. Elle est située en pleine forêt, sur la commune de Lucheux (80), à mi-chemin de Sus-Saint-Léger (62) ; les églises de ces deux villages sont dédiées à saint Léger, elles relevaient jadis l'une et l'autre du diocèse d'Arras.

 

Lucheux (80) - Chapelle St-Léger
Ruines d'un hospice et d'une chapelle, bâtis vers 1600 par les Carmes
sur l'emplacement où saint Léger subit le martyre, le 2 octobre 678

 

Dès Pâques 681, un synode des évêques convoqué par le roi pour la réhabilitation posthume examina les miracles attribués par la rumeur populaire à l'intercession de saint Léger. Son culte fut autorisé, avec les honneurs rendus aux martyrs, et l'évêque de Poitiers obtint de pouvoir transférer ses restes mortels au monastère poitevin de Saint-Maixent, dont il avait été abbé. La translation eut lieu en 684, dans la nouvelle basilique édifiée précisément pour les accueillir.

Le culte de saint Léger se répandit dans tout la France, ainsi qu'en Belgique, en Allemagne et en Suisse. De nombreuses paroisses changèrent leur nom pour prendre celui du saint protecteur de leur paroisse. Si en France on compte actuellement 58 communes de ce nom, on a dénombré jusqu'à 104 bourgs, hameaux et lieudits.

Du VIII° au XIII° siècle, les créations de paroisses se faisaient selon les besoins spirituels des populations. Un grand nombre d'entre elles se placèrent sous le vocable du saint. De l'église ou de l'autel dédiés à saint Léger, le nom passa au village. D'autres prirent cette dénomination lors de la translation des reliques à travers la France. Ce sont les seules manières d'expliquer l'origine de ce nom donné à tant de lieux à la fois.

Aux trois centres de diffusion de son culte que constituaient les diocèses de Poitiers (sa patrie d'origine et le lieu de son tombeau), d'Autun (son siège épiscopal) et d'Arras (son martyre) vinrent bientôt s'en ajouter plusieurs autres. La renommée du saint aveugle de Fécamp se répandit dans la Haute Normandie (diocèse de Rouen, Évreux et Lisieux), la Picardie et le Beauvaisis.

Au XI° siècle, fuyant devant la menace des invasions normandes, les moines de Saint-Maixent se transportèrent avec les reliques de leur saint à Ébreuil (Allier), alors au diocèse de Clermont. Lors du retour de la communauté en Poitou, une partie des reliques de saint Léger fut laissée aux moines qui demeuraient à Ébreuil. Ainsi fut créé un nouveau centre de propagation du culte, qui rayonna surtout vers le Limousin, et jusqu'en Saintonge.

 

l'église Saint-Léger de Cognac (16)

 

Plus importante encore devait être, au X° siècle, la rédaction de la vie de sainte Odile : d'après son auteur, Odile était la fille d'Athalric, duc d'Alsace et de Bereswinthe, propre sœur de Sigrade et de Didon. Elle était donc cousine germaine de saint Léger. Cette tradition explique la popularité du saint en Alsace et en Franche Comté. L'abbaye de Murbach, due aux largesses des ducs et placée sous son patronage, ne contribua que peu à la diffusion de son culte dans toute la région.

Sept abbayes et plus de trente prieurés l'ont eu pour saint patron :

Des abbés, abbesses, prieurs et prieures présentaient les desservants de quelques 175 paroisses mises sous son vocable. De son côté, le clergé diocésain le choisit pour titulaire d'au moins quatre collégiales (Saint-Léger de Marsal, diocèse de Metz, Péronne, Loudun et Saint-Maixent) et de plus de 220 paroisses. Les paroisses de Saint-Léger sont nombreuses, surtout dans le Pas de Calais (55), la Somme (24), le Haut Rhin (19), la Côte d'Or (18), l'Oise (16), la Haute Saône (14), le Doubs et la Seine Maritime (12).

A ces églises viennent s'ajouter les chapelles, images et autels qui lui ont été consacrés et qui témoignent de la dévotion des fidèles : on peut en compter au moins une soixantaine et, en outre, bon nombre de lieux-dits qui attestent eux aussi de la popularité du culte qui lui fut jadis rendu dans notre pays. Des reliques, plus ou moins considérables, d'une authenticité parfois douteuse, étaient vénérées dans une bonne vingtaine d'églises.

Ainsi 64 communes dans 41 départements portant son nom, en quelques cas légèrement modifié par l'usage local, par exemple la Chapelle Iger (77) ou Saint Lager (69). Il convient de mentionner aussi une centaine de hameaux ou écarts, si bien qu'au total le nom de Saint-Léger figure au répertoire des noms de lieux d'une soixantaine de départements, soit les 2/3 du territoire. D'après les publications de l'INSEE "Nomenclature des hameaux et écarts", 17 départements seulement (moins de 1 sur 5) apparaissent dépourvus de tout lieu habité portant le nom de Saint-Léger. La proportion des départements qui n'offrent aucune trace de son culte soit dans les manuscrits liturgiques, soit dans les vocables d'églises ou de lieux, est finalement très faible (1/10° environ).

Ces constatations font apparaître saint Léger comme le plus connu et le plus vénéré, après saint Hilaire, des saints originaires du Poitou (à noter que saint Martin et sainte Radegonde ne sont pas des saints poitevins d'origine, mais d'adoption). Cette gloire posthume rejaillit plus particulièrement sur les Deux Sèvres et sur les paroisses rurales du département placées sous son patronage : Saint-Léger-de-la-Martinière, Saint-Léger-de-Montbrun, Chanteloup, Lemairie et Vautebie. Le Haut Poitou ne se montra pas moins empressé à honorer son ancien archidiacre : il lui dédia huit églises paroissiales dont une dans la ville épiscopale, un prieuré et deux chapelles. Le diocèse de Poitiers eut en outre deux chapitres Saint-Léger, l'un à Saint-Maixent, l'autre à Loudun. Par contre le Bas Poitou vendéen n'a aucune église sous son vocable : seuls les moines du prieuré de Mortagne-sur-Sèvre lui édifièrent une chapelle pour abriter les reliques obtenues de leurs frères de Saint-Maixent.

Aux limites Nord du diocèse de Maillezais, sur l'ancienne paroisse du May-sur-Evre, son culte est attesté au lieu qui est devenu aujourd'hui la commune de Saint-Léger-sous-Cholet. Enfin, aux confins des diocèses d'Angers et de Tours avec celui de Poitiers, on relève trois paroisses sous son patronage : Doué-la-Fontaine, Cravant-les-Côteaux et Nouâtre (37).

 

 

 

LA VIE DE SAINT LEGER - CHRONOLOGIE
SAINT LEGER, HOMME DE SON SIECLE
LES MEROVINGIENS - LES MAIRES DU PALAIS
POLES DE DIFFUSION DE SON CULTE
ANNEXES - DICTIONNAIRE DES NOMS DE LIEUX

 

 

 

 

 

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