Saint Léger vécut à une
époque assez troublée. L'ancien empire franc de Clovis
était alors partagé en trois grandes régions
:
- la NEUSTRIE, à l'Ouest, entre
l'Escaut et la Loire avec Paris pour capitale
- l'AUSTRASIE, qui comprenait tout l'Est
de la France actuelle, avec pour capitale Reims
- la BOURGOGNE, et les pays de la Loire et
du Rhône, avec Orléans pour capitale.
carte
des royaumes francs à l'époque
mérovingienne
Tel était le morcellement du
territoire en 560 à l'avènement des
Mérovingiens, avec Pépin d'Herstal en 679. Ce rappel
historique permet de comprendre pourquoi Léger, d'abord
abbé au monastère de Saint-Maixent, puis
évêque d'Autun en Bourgogne, vers 663, fut
mêlé au conflit qui opposa cette province à la
Neustrie (Paris), dirigée alors par un puissant personnage,
Ébroïn. Après un échec - il fut même
interné au monastère de Luxeuil - Ébroïn
réussit à vaincre les autonomistes bourguignons dont
l'évêque d'Autun, saint Léger, avait
épousé la cause.
Bloqué dans sa ville, Léger se rendit pour
épargner la vie de ses habitants. Il subit un affreux martyre
: on lui brûla les yeux et on lui coupa la langue. Puis il fut
interné un certain temps dans un monastère de
religieuses à Fécamp où il réussit
à reprendre l'usage de la parole ; mais il fut condamné
à mort et décapité en 678.
Étant donné les circonstances, on ne peut dire que
Léger subit un vrai martyre. Son persécuteur s'estimait
aussi croyant que lui et, entre eux, il ne fut jamais question de la
foi, mais seulement de querelles politiques, en un temps où
l'on faisait bon marché de la vie des gens. C'est tout de
même la poursuite d'un idéal de moralisation de la vie
publique, recherché malheureusement sans moyens suffisants
pour une telle politique qui valut à Léger de subir une
passion qui est restée le symbole de la barbarie de cette
époque.
L'imagination populaire présente
souvent les maires du Palais comme les serviteurs sans scrupules des
rois fainéants. En réalité, les maires du Palais
des trois royaumes (Austrasie, Neustrie et Bourgogne) et surtout le
maire austrasien, ont exercé au VII° et VIII°
siècles la réalité du pouvoir en Gaule, tandis
que le roi mérovingien, reconnu par tous, n'était qu'un
fantoche.
Ce furent eux les vrais chefs de l'État, les seuls capables
d'assurer la continuité indispensable au bon fonctionnement de
l'État, à une époque où les
Mérovingiens, débiles ou enfants, se succèdent
après de très courts règnes. A la tête du
Palais, c'est à dire de la cour et de l'entourage royal, le
maire du Palais était, à l'origine, sous Clovis par
exemple, un simple intendant (major domus) chargé de
surveiller les services domestiques et publics et de coordonner leurs
activités. Il n'avait aucun rôle politique
défini, se contentait d'exécuter les volontés du
roi. Mais, peu à peu, à la faveur des désordres,
de l'avènement de rois incompétents, en particulier
à la mort de Dagobert Ier, et du rôle croissant de
l'aristocratie dont ils étaient issus, les maires du Palais
devinrent de véritables premiers ministres qui
réussirent à imposer leurs volontés aux
Mérovingiens dès la seconde moitié du VII°
siècle. Tous les pouvoirs glissèrent dès lors
entre leurs mains, d'autant qu'ils devinrent chefs des soldats du
roi, de la truste royale et, du coup, chefs de l'aristocratie,
véritables rois sans en avoir le titre. Ce n'est plus le
souverain qui choisit le maire, mais l'aristocratie qui impose au roi
son maire. Cette mainmise des maires du Palais sur le pouvoir fut
d'ailleurs plutôt bénéfique à la Gaule
mérovingienne : ce furent souvent, en effet, de
véritables hommes du gouvernement, tel Ebroïn qui cumula,
sous Clotaire III, la mairie des trois royaumes.
Clotaire
III
|
Childéric
III
|
Dans l'ensemble, ce furent des hommes
habiles et il le fallait car leur situation entre le roi et
l'aristocratie n'était pas toujours facile. Sages et
énergiques, ils réussirent à maintenir
l'intégrité du royaume franc et même parfois
l'unité des trois royaumes. Malgré l'opposition de la
noblesse, la mairie du Palais tendit aussi à devenir
héréditaire et c'est la famille des Pippinides qui se
l'appropria avant d'évincer la famille mérovingienne,
notamment lors de la victoire, en 687, de Tertry, près de
Péronne, sur la Neustrie, par Pépin de Herstal. Tout en
laissant au Mérovingien le titre de roi, la mairie devint
héréditaire. Pépin de Herstal, puis son fils
Charles Martel, règnent en fait sur l'empire franc. A son
tour, Pépin le Bref est maire du Palais, puis déposant
pour incapacité le dernier souverain mérovingien,
Childéric III, il se fit proclamer roi des Francs en
751.
Après la tourmente des grandes
invasions du V° siècle, la désorganisation de la
société a été totale. Un seul corps a su
conserver une certaine cohésion et maintenir devant
l'envahisseur un visage d'ordre et d'autorité :
l'Église.
Autour de leurs évêques se sont groupées les
populations romaines ou romanisées, attendant de leur part
secours et directives de résistance. Seule l'Église a
pu équilibrer les forces en présence en assurant la
conversion des barbares au christianisme orthodoxe et par
conséquent leur entrée dans la civilisation
chrétienne. Face au morcellement des nouveaux royaumes,
l'Église a été facteur d'union.
les
couvents et monastères, foyers de
civilisation
|
Grégoire le Grand (pape de 590
à 604) allait étendre le rayonnement de l'Église
catholique en se servant de l'extraordinaire moyen mis à sa
disposition : les couvents et les moines. Dès le V°
siècle, plusieurs régions de Gaule comptaient un grand
nombre de monastères réputés, dans lesquels des
hommes menaient une vie de pénitence et de travail au service
de Dieu, suivant certaines règles de discipline.
Jusqu'ici, chaque monastère vivait séparément.
Au VI°siècle, la notion d'ordre monastique apparut avec
Saint Benoît de Nursie et Saint Colomban. Benoît
créa 12 couvents autour de Subiaco, puis celui du Mont Cassin
en 528. Il composa une règle prévoyant tous les
détails de la vie quotidienne et enjoignant la pratique de la
chasteté, l'obéissance et la pauvreté. Cette
règle, dite bénédictine, connut un vif
succès. D'Italie, elle se répandit en Gaule, puis dans
toute la chrétienté.
Avec Saint Colomban, les couvents se répandirent en Gaule
mérovingienne après avoir introduit leur règle
austère à Luxeuil.
C'est grâce aux moines que survit dans la "nuit barbare" une
part de la culture antique. Culture adaptée,
déformée certes, pour les besoins de la cause. Mais les
manuscrits anciens, recopiés en mauvais latin, ont transmis
l'héritage païen qui, mêlé au christianisme,
allait être le ferment de la civilisation
médiévale.
LA VIE DE SAINT LEGER -
CHRONOLOGIE
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SAINT LEGER, HOMME DE
SON SIECLE
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POLES DE DIFFUSION DE
SON CULTE
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PAROISSES ET LIEUX DE
CULTE
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ANNEXES - DICTIONNAIRE
DES NOMS DE LIEUX
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