saint
Léger, homme de son siècle
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Leodegarius fut un grand homme de son
siècle. Il a été instruit et
particulièrement versé dans le droit. Le concile qui
amena l'Église des Francs à Autun marqua sa
prééminence. C'est là que la règle
bénédictine fut généralisée pour
les moines qui rayonnaient alors.
Il fut un habile administrateur : il sut à la fois user de
diplomatie et de fermeté à Autun, pour mettre d'accord
les partis en conflit depuis deux ans. Il s'occupa à restaurer
l'antique ville et à lui donner les instruments de son
évangélisation.
Dans ses conseils à la reine Bathilde, il usa à la fois
de prudence et d'habileté. Il a été dit : "Il
est probable qu'il avait un besoin aigu de commander et un art
d'embrouiller les situations." Ce qui est certain, c'est qu'il a plus
usé de la diplomatie que de la violence, sachant jouer les
luttes d'influence entre "la Bourgogne", de laquelle il ressortait,
ainsi que de l'Austrasie, face à la Neustrie
d'Ébroïn. Le jugement que l'on porte sur Léger
dépend de celui que l'on a pour Ébroïn ; le maire
du Palais avait sans doute la même envergure que Léger,
ce qui explique l'âpreté du combat et la sauvagerie de
son action. Moins, peut-être, par esprit de solidarité
que par sentiment d'une âme fière, éprise de la
justice et du droit, l'évêque d'Autun partageait la
manière de voir de ses compatriotes et s'associait à
leur opposition. Sa naissance, ses biens, son épiscopat lui
imposaient des devoirs auxquels il n'était pas homme à
se soustraire.
Dans ce conflit dont les péripéties ont marqué
(entre 659 et 679) les dernières années des
Mérovingiens, Léger a montré "le goût du
risque, l'esprit d'à propos et le sens des
responsabilités qui l'ont mené au
martyre."
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statue de saint
Léger
église de St Léger des Prés
(35)
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Ses qualités "d'homme d'État"
ne sont pas là pour en faire un saint. Ce serait plutôt
le contraire, puisqu'elles ont poussé certains historiens
à le dénigrer comme un ambitieux. En fait, il s'est
occupé de "politique" parce que la politique s'est
occupée de lui ! Son ambition était réelle, mais
pour le règne de Dieu.
Lors de la journée où, assiégé à
Autun, il décide non pas d'engager la lutte, mais de se livrer
à ses ennemis, il a sans doute choisi le chemin de Dieu, plus
efficace que les calculs humains ; avec l'appui et le prestige de la
Gaule entière, il avait des atouts considérables pour
gagner. Il a choisi d'être un artisan de la paix.
Les sentiments profonds de son cur apparaissent dans la lettre
qu'il écrivit à sa mère Sigrade ; son
désintéressement avait déjà
été écrit dans un testament qui perpétua
sa mémoire par "l'aumône de saint Léger". Il lui
restait à les vivre trois ans, dans cette agonie où il
édifia et désarma ses gardiens et ses bourreaux par sa
constance dans les souffrances et son esprit de pardon.
Après avoir été sauvagement mutilé,
Léger fut confié à la garde successive de
Waimer, duc de Champagne, de Waninge, puis de Chrodebert, près
de Fécamp. Il exerça sur eux un tel ascendant que ses
différents geôliers l'épargnèrent et
l'entourèrent d'égards particuliers.
C'est peut être l'attitude que prennent ceux qui se penchent
sur la vie de saint Léger : ils y voient non seulement un
homme qui a marqué son temps, mais un saint
imprégné de ces valeurs, qu'il a vécues dans des
épreuves exceptionnelles. On raconte qu'une lumière
révéla l'endroit de la forêt où il avait
été assassiné. Cette lumière a
continué de briller pendant des siècles, il ne faut pas
la laisser s'éteindre
Par son caractère et ses
épreuves, Léger pourrait être utilement
invoqué comme saint patron pour être le recours et
l'exemple de la "confrérie des ecclésiastiques qui
versent dans la politique."
Saint Léger n'a pas eu la chance
d'avoir un chroniqueur aussi vivant que Grégoire de Tours pour
les V° et VI° siècles. Il aurait pu faire le sujet
de plusieurs "récits des temps mérovingiens" que l'on a
toujours plaisir et intérêt à relire pour entrer
dans la réalité de cette époque.
Il est un peu connu dans la chronique de Fredegaire, qui n'est qu'un
calendrier menant jusqu'à Charles Martel. La véritable
source se trouve dans les trois vies de saint Léger
écrites après sa mort sur l'ordre des
évêques d'Autun et de Poitiers, à des
époques différentes.
L'histoire de saint Léger repose
essentiellement sur trois documents :
- Une vita, malheureusement
mutilée, rédigée moins de dix ans
après sa mort par un moine de Saint Symphorien
(Autun), à la demande d'Hermenaire, successeur de
Léger
- Une autre vita et passio,
écrite par le moine Ursin de Ligugé
(Vienne), environ un siècle plus tard. Elle
paraît suspecte ?... sauf pour ce qui concerne la
translation, où sa source est plus directe,
puisqu'elle dit tenir son information d'Andulphe qui fut
lui même chargé de cette
translation
- Une troisième passio,
malencontreux mélange des deux
précédentes et qui n'a d'autre
mérite que de nous restituer plus ou moins les
parties perdues de la première
Ces récits comportent des
contradictions portant notamment sur ses origines, sa
famille, le lieu de sa naissance, le lieu de sa mort, le
transport de son corps lors des invasions normandes et
l'authenticité des reliques disséminées
en de si nombreux lieux de culte.
"A la vérité,
Léger fut à la fois un grand
évêque et un saint authentifié par la
dévotion populaire. Prélat comme on savait
l'être à son époque
- ce que nous
ne pouvons lui reprocher - il fut très engagé
dans les affaires du siècle. Sa mort, comme sa
canonisation rapide, furent certainement liées aux
circonstances politiques ; mais les mérites de son
martyre ont bien vite pris le pas sur les disputes ayant
provoqué sa disparition, pour faire de lui un saint
véritable devant la foi du peuple chrétien.
Finalement, il a eu la chances d'avoir des biographes qui ne
l'ont pas transformé en saint passe-partout, plus ou
moins intemporel ; ses plus anciens portraits
littéraires ont enregistré non seulement sa
perfection chrétienne mais aussi les principaux
traits de sa personnalité et son activité
historique."
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statue de saint Léger
église de St Léger des Prés
(35)
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S. LEVDGA - Saint
Léger
d'après une gravure ancienne
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- La chronique de Fredegaire. Nom
imaginaire donné à l'auteur d'une chronique
des temps mérovingiens, que l'humaniste
Fredegarius projeta le premier d'imprimer au XVI°
siècle. Cette chronique, qui est la plus
importante pour l'histoire franque du VI°
siècle et celle du règne de Dagobert, est
en fait l'uvre de plusieurs auteurs, dont l'un,
Burgonde, écrivait vers 642, l'autre Austrasien et
partisan des Pippinides (ou Pépinides, nom
donné aux Carolingiens), vers 658.
- L'Histoire de Saint
Léger et de l'Église des Francs au
VII°siècle, du R.P. Dom J.B. Pitra (moine
bénédictin de la Congrégation de
France) constitue une biographie bien enracinée
dans l'époque mérovingienne, avec des
textes abondants. Elle date de 1840 mais reste une
carrière dans laquelle puisent bien des
"modernes". L'auteur, dans son livre sur saint
Léger, voit dans la floraison des 500 saints alors
une preuve de la vitalité de l'Église dans
l'Occident barbare et en saint Léger un saint
vraiment authentique.
- Saint Léger,
évêque d'Autun, par l'abbé de
Camerlynck, deux ouvrages bien documentés, parus
en 1910, dans la collection "Les Saints"
- L'histoire récente de
Castelot-Decot donne une place à saint
Léger dans le passage des Mérovingiens aux
Carolingiens, avec l'ascension des maires du Palais,
après l'élimination d'Ébroïn et
le début de la lignée de Pépin
d'Herstal, Charles Martel et Pépin le Bref.
- L'étude la plus
récente et la plus fouillée serait de Dom
H. Leclerq, au dictionnaire Dalc, tome VIII, en 1929.
L'auteur y a mis toute sa science et sa critique
historique avec un appareil impressionnant
d'érudition.
- Collections érudites des
"Bollandistes". Jean de Bolland, jésuite d'Anvers,
commença un vaste recueil des "acta sanctorum".
Ses continuateurs prirent le nom de bollandistes, obscurs
mais si efficaces auxiliaires de la "grande
histoire".
- La vie des Saints (1654-1724)
par RP Simon Martin
- Dictionnaire
"Catholicisme"
- Histoire des conciles
mérovingiens, d'Odette Pontal (cartes
anciennes)
- Les églises abbatiales
de Saint-Maixent et l'architecture poitevine, de Pierre
Helliot, Société des Antiquaires de
l'Ouest
- Histoire de Soissons et des
villages du Soissonnais, des gallo-romains à l'an
mil, de Gh. Brunel et D. Defente
- Histoire de l'abbaye de Saint
Léger de Soissons, par MM. les abbés Poquet
et de Laprairie
- L'abbaye Saint-Maixent et son
destin, de Jacques Fouchier
- L'église Saint
Léger de Guebwiller, par Alexandre
Meichler
- L'abbaye de Murbach, par
Philippe Legin
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LA VIE DE SAINT LEGER -
CHRONOLOGIE
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LES MEROVINGIENS - LES
MAIRES DU PALAIS
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POLES DE DIFFUSION DE
SON CULTE
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PAROISSES ET LIEUX DE
CULTE
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ANNEXES - DICTIONNAIRE
DES NOMS DE LIEUX
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