Les
fermes d'autrefois (début du XXe siècle)
n'excédaient souvent pas 20 ha, la famille entière
participait à la vie de la ferme, alors qu'aujourd'hui elles
comptent environ 200 ha, la mécanisation y est pour
beaucoup.
Très
tôt, les fils et filles d'agriculteurs étaient
demandés pour garder les vaches, après la classe ainsi
que le jeudi. Les champs n'étant pas clôturés, il
fallait surveiller les animaux.
Les vaches se gardaient souvent toutes seules car c'était
l'occasion de se rencontrer entre enfants d'agriculteurs.
Le groupe se souvient de grands parapluies bleus qui permettaient de
se mettre à l'ombre ou de se protéger de la pluie pour
tricoter ou raccommoder... mais pas uniquement, c'était
également un lieu de rencontres entre garçons et
filles.
Suivant les
périodes de l'année, il fallait traire les vaches
jusqu'à trois fois par jour, à la main : matin, midi et
soir. Ainsi le nombre de kilomètres parcourus par jour
était très important.
une
journée type pour les femmes
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- traite du
matin
- amener les
bêtes au champ
- ramener les
bêtes le midi
- deuxième
traite
- reconduire les
bêtes au champ
- les rentrer le
soir
- dernière
traite
le blé,
l'avoine, le seigle, le maïs, l'orge, la luzerne, la vesce, mais
aussi les topinambours, les betteraves, les choux (l'oeillette :
pendant la guerre, on en faisait de l'huile)
le métier d'agriculteur et
son calendrier annuel
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Tous les agriculteurs
avaient leur vigne et leur pressoir. Les variétés de
l'époque : le noa (qui fut interdit par la suite), l'othello,
le grolleau.
Dans la hotte, la récolte était transportée
jusqu'à la cuve disposée dans une charrette.
Actionné par une manivelle, le fouloir écrasait la
vendange. A la ferme, la récolte était
transférée dans le pressoir pour extraire le jus que
l'on faisait fermenter.
Il sortait dans un premier temps la bernache. Avec le moût, on
faisait la "piquette" le petit vin, mais tout de même
très bon. On y rajoutait de l'eau et du sucre.
Le marc était distillé dans l'alambic, par le bouilleur
de cru pour faire de l'eau-de-vie. Il s'installait près de la
fontaine à Vrères.
On épandait le
fumier à la fourche.
Puis commençaient les labours : on attelait deux ou quatre
bufs et un cheval à la charrue.
Ensuite, on effectuait les semailles à la main. De son sac, le
semeur prenait les graines qu'il répandait par poignées
en décrivant avec son bras un large quart de cercle. Enfin on
recouvrait les graines grâce à une herse.
A cette époque de l'année, on ramassait les betteraves
puis on les mettait dans une fosse recouverte de terre et de paille
pour leur conservation. Elles étaient consommées par
les animaux pendant l'hiver.
C'était le
temps de la coupe du bois de chauffage : tout à la hache et au
"godelon", autant vous dire que c'était très
physique !
On ramassait des brindilles que l'on mettait en fagots pour allumer
le feu et les vendre au boulanger pour son four.
Durant ces
veillées entre voisins, on en profitait pour se retrouver au
coin du feu et casser les noix pour en faire de l'huile. On faisait
des paniers en osier. On jouait aux cartes : à la manille
surtout, au chien de pique pour les enfants, mais aussi à un
jeu d'argent (avec de toutes petites sommes) qui s'appelait le
matador.
Le groupe se rappelle de moments très chaleureux, au coin du
feu, à manger des marrons grillés accompagnés de
vin chaud. Soit on les disposait dans un diable en terre ou bien dans
une poêle trouée pour les faire griller.
Certains chantaient ou racontaient des histoires. Ces
soirées réunissaient toutes les
générations.
Tuer le cochon
représentait l'un des moments importants qui rythmait
l'année, au même titre que les vendanges ou les
moissons. On l'élevait pendant plusieurs mois en le
nourrissant de maïs, de patates cuites et des restes de toute la
maison. Puis on le tuait en hiver. A cette période, le cochon
était bien engraissé et le froid permettait de mieux le
conserver.
On le découpait et on mettait la viande dans le sel -
rappelons qu'à l'époque, il n'y avait pas de
réfrigérateur.
Certains morceaux étaient cuits pour la conservation puis mis
en bocaux.
Durant quelques jours, on mettait les andouilles, les boudins
à sécher, soit dans la cheminée ou suspendus au
plafond.
Rien ne se perdait. Tout est bon dans le cochon !
Le jambon restait dans le sel pendant un certain temps, en fonction
de son poids. Ensuite il était frotté à
l'eau-de-vie et au poivre, puis suspendu dans la cheminée. Il
séchait, enveloppé dans un sac.
Le groupe se rappelle d'une recette : le bouillon rouillé,
soupe faite avec le bouillon de cuisson des boudins.
C'était également le moment de grands repas. Chaque
famille ne tuait pas le cochon en même temps. Ainsi on
échangeait des morceaux de cochon entre voisins afin de manger
le plus souvent de la viande fraîche.
Au début du
printemps, l'agriculteur taillait les vignes.
Voici un dicton très connu : Taille tôt taille tard,
rien ne vaut la taille de mars !
Il commençait le jardinage.
Il hersait les champs pour enlever les mauvaises herbes, il tassait
la terre pour que les graines de blé soient bien
enracinées, grâce à des rouleaux en fer ou en
bois.
On faisait les semis de betteraves, de choux.
On sortait les bêtes qui avaient passé l'hiver à
l'étable.
En mai-juin, on coupait les foins, on les mettait en meulons et on
les ramassait après séchage. Le groupe se souvient
très bien de la bonne odeur qu'ils dégageaient.
A l'époque, les travaux agricoles étant très
lourds. Les agriculteurs avaient parfois besoin d'une aide
supplémentaire, alors soit ils demandaient l'aide d'un
journalier (pour les travaux saisonniers), soit ils allaient chercher
un ouvrier agricole (le commis) lors de l'assemblée
gagerie.
à droite,
un semoir
"sorte de bourses
aux ouvriers agricoles"
Ce marché se déroulait le jour de l'Ascension.
Il s'agissait d'un jour où les commis se "louaient". Ils
convenaient ensemble du prix à l'année, nourris,
logés, blanchis. Les commis (ouvriers agricoles)
étaient de tous âges. Des filles en tant que servantes
pouvaient également se gager mais c'était assez rare au
niveau de la commune.
Les commis prenaient leurs fonctions le lendemain de la Saint
Jean.
On plantait les
betteraves, les choux.
Au début de l'été, les plants étaient
repiqués à la main à l'aide d'un plantoir, dans
les champs. Puis on s'est mis à planter grâce à
la planteuse tirée par un cheval dans les années
50-60.
Dans un premier
temps, on coupait le blé sur 2 mètres à la faux
afin que la faucheuse puisse rentrer dans le champ sans faire de
perte. Cette 1re coupe était ramassée à la main
: les andains.
Ensuite, la 2e étape, la coupe du blé a connu des
évolutions :
On utilisait une faucheuse ou la javeleuse, pour couper le
blé. La javeleuse coupait le blé et ce qui était
coupé était déposé sur une planche. Quand
la proportion d'une gerbe était sur cette planche, la gerbe
tombait à terre, et ainsi de suite (une personne faisait
fonctionner le mécanisme).
Par la suite, on utilisa la moissonneuse-lieuse qui avait la
particularité de couper et de lier : la coupe arrivait sur le
porte-gerbe, puis on levait sur une pédale pour faire tomber
les 3 à 4 gerbes à terre. A la main, ensuite, on
mettait les gerbes en tas : en quintaux (environ 22 gerbes),
c'est-à-dire en croix à plat pour protéger les
graines.
Il durait 3 semaines,
voire un mois.
Il fallait du monde, environ 30 hommes, et de l'entraide : les trois
villages, Chenne, Meule et Tillé, se regroupaient.
C'était une fête entre voisins, le temps d'un dur
labeur.
Dans un premier temps, on rassemblait les gerbes dans la cour de la
ferme. Sur le tas de gerbes, 5 personnes (2 équipes)
rapprochaient les gerbes de la batteuse. Sur la batteuse, 2 hommes :
l'un présentait les gerbes et l'autre coupait les liens.
Les grains tombaient à l'arrière de la machine et on
les récupérait dans des sacs. Les sacs pesaient plus de
80 kg et étaient amenés dans le grenier par 4 à
5 hommes (porteurs de sacs).
La paille montait par le monte-paille, sur le pailler les hommes
étaient là pour l'étaler et consolider le tas. A
l'époque, la paille n'était ni en bottes ni recouverte
d'une bâche. Le tas pouvait mesurer plus de 10 mètres,
ainsi la disposition de celle-ci était-elle très
importante.
Deux personnes se trouvaient sous le monte-paille (dans la
poussière), pour récupérer le menu paille
tombé.
Rien ne se perdait, les bales (enveloppes des grains de blé)
étaient récupérées pour la nourriture des
bêtes et mélangées aux betteraves et
topinambours.
Durant ces
journées, les femmes, elles aussi, étaient mises
à contribution pour la préparation des repas (matin,
midi et soir) pour tous ces hommes. Les enfants passaient donner
à boire à la lyre (sorte de pipette
confectionnée grâce au bouchon et à une plume)
aux travailleurs.
La coutume : si une jeune fille de la ferme se promenait vers les
hommes, ils la mettaient dans un sac et dans le tas de bales. Un
bouquet était déposé en haut du pailler à
la fin des battages.
la vie de la
commune
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souvenirs
d'école
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les
fiançailles et le mariage
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les
commerçants et artisans des années 30 à
50
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erci
de fermer l'agrandissement sinon.
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