"De
mon temps, dans notre pays de vignobles, personne ne passait à
proximité sans qu'on se salue. Et après les
inévitables mots sur le temps et le "portement", on ne
manquait pas d'ajouter : "Entrez donc, vous boirez bien un coup
!"
Refuser l'invitation aurait
été une offense.
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une
des nombreuses "jettouères" de
Montbrillais
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Et sans façon, sur un coin de
table de la pièce à demeurer, les verres étaient
alignés et la bouteille débouchée : "Allez !
à votre santé !"
Mais bien souvent aussi, le moindre
prétexte était bon pour descendre à la cave.
"Mon rouge est soutiré, venez donc le goûter !"
Alors, le verre à la main - un "verre de cave" culotté
à souhait, rarement rincé - on procédait au
cérémonial de la dégustation.
La casquette légèrement
en arrière, le vigneron, accoté au tonneau,
débouche la bonde, plonge la pipette, attend quelques
secondes
et religieusement la retire, bien fermée en
haut par son large pouce. Et c'est la distribution, chaque verre
reçoit une rasade.
On se tait, tous sens en éveil
Un petit examen olfactif, puis on
tourne le verre à la hauteur des yeux, face à la maigre
lumière ; on observe la robe, la limpidité, la couleur
; on regarde la façon dont le vin coule le long des parois du
verre. L'examen visuel est sérieux ! Alors on aère le
précieux liquide par un mouvement de rotation plus ou moins
savant et on hume de nouveau, plusieurs fois, pour que tous les
arômes vous chatouillent le nez. Et enfin, enfin, c'est
l'examen gustatif avec la première gorgée : on la
promène dans sa bouche, les papilles se réveillent et,
après un claquement de langue, on commente, le verre toujours
à la main, puis on prononce le verdict du
connaisseur.
Mais surtout, surtout, ne dites pas :
"Il n'est pas mauvais, ce vin." Là, c'est un reproche :
pas mauvais n'est pas bon !
"Vous en reprendrez bien un petit
peu ?" Alors, les langues se délient, les souvenirs
fusent
Je me souviens de descentes de cave
mémorables, en février, quand le vin était
clair, avec les voisins, tous plus ou moins vignerons, et souvent un
visiteur imprévu ou prévu (non sans
arrière-pensée, il fallait bien juger de sa
capacité à tenir le vin !)
"Tenez, ce vin-là, vous m'en direz des
nouvelles."
Et le cérémonial se
répétait jusqu'au bout de la rangée des
tonneaux. Ah ! les qualificatifs ne manquaient pas.
On revenait même à telle
barrique, à telle autre
Il fallait bien comparer. Et,
pour terminer, on débouchait quelques bouteilles des bonnes
années, tirées de quelques "cabourneaux" et
dégustées sur une table de fortune, le fond d'un
tonneau debout, dans un recoin de la cave.
Alors, la discussion s'animait, on
parlait plus fort : météo, récoltes,
opérations foncières, politique, nouvelles du
village
tout y passait
Et on "refaisait le monde", quoi !
Les anecdots, dix fois, vingt fois racontées : on se rappelait
les vendanges de telle année tardivement effectuées
début novembre par des températures de -5°,
-6°, les raisins qui ne passaient pas dans le broyeur
"Le père Alfred, avec son vin de lune
- La mère Phonsine qui, allant jeter de l'eau très
chaude sur le tas de fumier s'inquiétait : "Elle est ben
chaude, c't'eau-là, va-t-elle pas mettre le feu
?"
Ah ! C'était le bon temps
!
Dans la cave, on prenait le temps de
recevoir, de raconter, de discuter, de trinquer
A cette
époque, on ne craignait pas d'avoir à souffler dans
l'ballon en sortant."
En cette 5e
Fête des Vendanges, ce 25 septembre 2005,
5 personnes ont réalisé en 5 heures une bouteille de 5
mètres de haut !
18 heures : le bouchon libère les bulles !
2007 bouteilles de 75
cl ont été nécessaires à cette
réalisation !
2007 : année de la prochaine Fête des
Vendanges...
Source : Guide de la
Fête des Vendanges
Mon grand-père
disait :
"Mieux vaut boire
et s'en ressentir
Que de ne pas boire
et s'en repentir !"
anecdote
rapportée par Mme le Sous-Préfet lors de la Fête
2003
origines
de nos caves
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les
caves de chez nous
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article
de la Nouvelle République
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