Dans
les coteaux calcaires du Nord-Vienne, nos aïeux ont
creusé ces anciennes perrières, façonné
ces cavités souterraines au fil des siècles en un
dédale de galeries droites ou tortueuses et, ce, parfois sur
plusieurs niveaux, créant ainsi leurs caves. Aucune n'est
identique à une autre mais toutes ont un petit air de
famille.
Le lourd portail de chêne,
noirci par les ans, s'entrouvre
On entre dans le roc et nous
voilà dans les entrailles de la terre.
"Ah ! Il fait bon ici !
- Oui ! en hiver ; mais en été, gare à ceux qui
ont oublié le pull ! La température avoisine 12°
et l'hygrométrie, autour de 70%, est aussi à peu
près stable."
Marie-Edith et
Didier, de St Léger des Aubées, en visite
Etaient également représentés St
Léger-Martragny, St Léger de Rôtes,
St Lager-Bressac, St Léger sous Cholet, St Léger sur
Sarthe et St Léger près Pons.
Tout près de l'entrée
trône une cheminée monumentale. Des placards
creusés dans le tuffeau ont conservé leurs
étagères de bois vermoulu
Une petite ouverture
donnant sur la cour - la fenêtre sans doute- distribue une
lumière parcimonieuse. De petites niches abritent là
une pipette, ici un verre ébréché, une serpette
rouillée, une vieille lampe à huile.
"Mes arrière-grands-parents vivaient ici, avant la
construction de leur maison en quartiers de tuffeau, dans la
cour."
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Myriam,
St Léger de Montbrillais, et Philippe, St
Léger de Rôtes
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L'atmosphère est fascinante
avec des senteurs particulières : des odeurs de fûts de
bois, de moisissures, de vapeurs d'alcool, de soufre
parfois.
Les parois plus ou moins poisseuses
offrent une palette de couleurs : du vert, du gris, du rouge sombre,
du noir
et le salpêtre qui mine le bas des murs apporte
sa note blanchâtre.
A trois, quatre mètres du sol
de terre battue, le plafond de tuf révèle les nombreux
coups de pic qu'il a reçus. D'énormes piliers de formes
irrégulières ont été
ménagés pour le soutenir.
"Tiens, un fossile dans celui-ci !
- Eh oui, on a peine à croire que la mer arrivait jusqu'ici,
il y a 15 millions d'années."
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Catherine,
Mme le Maire de
St Léger de Montbrillais !
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Une rare lumière filtre par
les puisards qui assurent aussi la ventilation. Si on lève les
yeux vers ces puits d'aération, on peut juger de
l'épaisseur de la voûte calcaire au-dessus de nos
têtes : 3 m ? 10 m ? c'est très variable. A l'origine,
ces puits permettaient aux péreilleurs d'antan de sortir les
blocs de tuffeau arrachés à la paroi.
Là, une "jettouère" -
conduit vertical creusé dans la "tuf" et ouvert sur le chemin
- amenait directement les raisins dans le pressoir situé juste
en dessous. Un pressoir est encore là, mais on ne parle plus
du pressoir " casse-cou " qui a pourtant laissé ses empreintes
dans le roc. L'enchère est là aussi, recouverte d'une
dalle de ciment percée d'un trou pour le passage du tuyau de
la pompe.
Jeanne et
Alain
Avançons dans la galerie. Des
rangées de fûts s'alignent soigneusement sur les
chantiers - en tuffeau autrefois - la bonde bien fermée par un
bouchon de bois ou de liège emmailloté d'un morceau de
toile qui fut blanc
A la craie, le vigneron a noté des
observations sur le fond des tonneaux ; il a marqué des noms
de lieux-dits : Critin, la Catin Jaune, le Clos de la
Bâte
, des dates : méché le
,
soutiré le
, des degrés : 11,9°,
13°
Là, sur une étagère de bois,
comme en exposition, des bouteilles chapeautées par un bouchon
tout barbu.
"C'est le champignon de cave, le
mycélium celare, qui habille ainsi ces flacons au bout de
quelques années.
- Mais où sont donc vos bonnes vieilles bouteilles ?
- Un peu partout. Quand l'année était bonne, mon
père et, avant, mon grand-père en entassaient ici et
là dans des excavations, des "cabourneaux", bien à
l'abri dans leur lit de chapin. Là, c'est le 47. Il n'en reste
que quelques spécimens ! Dans ce caveau, il y a encore du
1893, du 45, du 59
On n'en débouche pas tous les jours.
Ces bouteilles attendent les grandes occasions et je remercie mes
aïeuls de m'avoir légué ce trésor
!"
Le vin, c'était l'affaire des
hommes.
La cave, c'est le sanctuaire du
vigneron. Autrefois, les femmes n'y étaient pas admises, on
les accusait de faire tourner le vin en vinaigre ! Moi, je crois
plutôt que les hommes se réservaient ce refuge pour y
être tranquilles, trinquer ensemble, discuter au cul des
barriques et se raconter leurs petites histoires (toujours les
mêmes).
Source : Guide de la
Fête des Vendanges (25
septembre 2005)
Alain faisant des
papouilles à Christian, de St Léger de
Rôtes
origines
de nos caves
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la
dégustation
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