e
café Delorme louait des
écuries pour les chevaux
qui tiraient les péniches
de charbon. J'entendais les
chevaux remuer. Je me souviens
que j'avais peur de ces bruits la
nuit.
Le
vieux grand-père Bony de
la boulangerie qui sciait le bois
qui servait à chauffer son
four. J'allais réveiller
le boulanger dans
l'après-midi pour qu'il
reprenne son travail.
Pour
la fête de Saint
Léger, à la
Pentecôte, j'aidais "la
Tante Bony" à la
préparation de brioches
rondes qu'elle faisait seulement
à cette
occasion.
Pour
les Rameaux, on allait à
la pâtisserie Hyot pour
acheter des biscuits en forme de
petites couronnes que l'on
suspendait à notre branche
de buis. Je me souviens que ces
biscuits étaient
très durs, peut-être
pour que nous n'ayons pas la
tentation de les manger avant la
fin de la messe.
J'entendais
hurler les bêtes que l'on
abattait dans les boucheries
Baracco et Albert. Je me souviens
que je me bouchais les oreilles
et que j'allais me
cacher.
Mes
frères allaient chercher
une mesure d'asticots chez le
boucher pour aller à la
pêche. Il nous donnait de
la viande avariée pour
pêcher les
écrevisses dans le
canal.
our
Pâques et pour la
Toussaint, maman m'achetait un
chapeau neuf chez madame Ragot,
la modiste de Saint Léger.
Je me souviens que le chapeau
choisi par maman ne me plaisait
pas toujours.
Les
premières clientes de mes
parents étaient les
couturières qui venaient
tôt le matin pour acheter
ce dont elles avaient besoin pour
travailler.
J'allais
chez le crémier, M.
Becker, avec un bol ou un pot
à moutarde vide qu'il me
remplissait de crème. Je
me souviens qu'en revenant je
trempais mon doigt dans la
crème pour la
goûter.
Le
dimanche matin, en sortant de la
messe, j'allais chez Mme Robert
pour acheter des caramels
à 1 franc, des rouleaux de
réglisse, des boîtes
de coco et des roudoudous. Je me
souviens que j'avais la langue
toute noire, et que je me coupais
parfois avec les boîtes de
coco en fer.
L'épicier
ne vendait des oranges qu'en
hiver, surtout au moment de
Noël. Je me souviens que
Noël avait toujours un
goût d'orange.
Pour
la fête des mères,
Mme Beaudequin nous remplissait
une petite bouteille avec de
l'eau de Cologne ou de l'eau de
lavande. Je me souviens que l'eau
de Cologne était dans un
petit tonneau en verre avec un
petit robinet et que ça
sentait bon.
ous
allions acheter nos
légumes frais chez le
jardinier M.
Découdras.
J'allais
chercher le lait à la
ferme avec ma copine
Thérèse. Mme Bossu
"tirait" la vache devant
nous, remplissait nos timbales et
on rentrait en faisant tourner
nos bidons. Je me souviens que
nous les renversions quelquefois.
Pour
la rentrée des classes, je
faisais la queue devant chez
Gourat pour acheter les
fournitures scolaires.
Pour
mon anniversaire, j'allais
à la librairie choisir un
livre du "Club des
5".
Pour
ma communion, j'ai eu un chapelet
en nacre acheté chez le
bijoutier M. Villeneuve et un
coffret provenant du magasin
"Les céramiques de la
Dheune".
J'ai
choisi un vélo chez
monsieur Bouteille pour mon
certificat d'études. Je me
souviens qu'il était vert.
Je me souviens qu'il était
beau.
Chez
le maréchal-ferrant, il y
avait une forte odeur de corne
brûlée. Je me
souviens que ça sentait
mauvais.
Deux
fois dans l'année, le
rémouleur passait dans les
rues pour aiguiser les couteaux,
les ciseaux, les rasoirs. Je me
souviens qu'on l'appelait
"l'aiguisou".
n
hiver, la famille Heitzman
ramassait la ferraille, les peaux
de lapins, rempaillait les
chaises et fabriquait des
paniers. A la belle saison, ils
partaient sur la route dans une
roulotte tirée par un
cheval. Je me souviens que je
pensais qu'ils allaient dans des
pays étranges et
merveilleux...