'arrivée
de chemin de fer
Vers 1780,
le village est bien tranquille au
fond de la vallée de la
Dheune. Seulement deux routes
donnent un accès facile :
la route royale n° 78 de
Chalon à Autun et la
départementale n° 5
de Chagny au Creusot.
Mais voici
qu'en 1793, cest le canal
du Charollais, ou canal du
Centre, qui traverse la bourgade,
lui apportant de nouvelles
perspectives. Jusqualors,
les convois attelés se
succèdent et les
charretiers, le mégot au
coin des lèvres ou une
chique dans la bouche, jurent
après leurs montures. Le
canal du Centre permet un nouvel
essor économique avec le
flottage des bois qui arrivent
directement à la scierie
Bonny, le transport de la chaux
qui prend place dans des
berrichons (petits bateaux du
Berry) tirés par des
ânes et des mulets, le
transport des tuiles, des
pavés dempierrement
des routes. La vie dans le
village sorganise
dune autre façon et
les maisons se construisent
près de cette nouvelle
voie de communication.
La rumeur
parle d'un nouveau moyen de
transport : le chemin de fer... A
la demande des Etablissements
Schneider et Cie, le
ministère des Travaux
publics autorise, le 28 juillet
1860, létablissement
dune ligne de chemin de fer
à voie normale reliant
Cromey, Change, Mazenay à
la ligne PLM à Saint
Léger sur Dheune (longueur
13,32 km).
our
construire ce nouveau moyen de
locomotion, il faut de la
main-doeuvre et des tonnes
et des tonnes de cailloux (le
ballast) sont nécessaires.
Les chevaux apportent leur
contribution, mais ils ne
lont pas belle, les coups
de fouet pleuvent sur leur
arrière-train, les
journées sont longues,
très longues, de 13
à 16 heures par jour. Il
faut charger tous ces cailloux
dans des tombereaux, cest
un travail de titan, mais
à la fin de la
journée la paye est
là. Il ne faut pas oublier
que les bistrots du pays en
auront une part, car un
"canon" n'est jamais de
refus et fait oublier bien des
soucis (...)
Voici
quau Creusot, les usines
Schneider prennent de
limportance. Le bureau
dembauche est ouvert tous
les jours, où lon
recrute toute la
main-doeuvre disponible.
Cest un nouveau genre de
vie qui apparaît, avec le
travail en usine dans la
journée et, le soir et les
dimanches, à la maison,
les travaux des champs avec
parfois une ou deux vaches pour
faire un complément
à la paye.
Mais il
faut transporter au Creusot toute
cette main-doeuvre : le
train assurera ce service. Il ne
faut pas oublier que, dans les
années 1955-1960, 15 000
ouvriers travaillaient encore aux
usines Schneider. Ils venaient en
grande partie de la vallée
de la Dheune et de la
vallée de lArroux.
Deux trains furent mis en service
dans chaque sens :
Châgny-Le Creusot (via
Montchanin) et Etang-Le Creusot.
Tous deux partaient de
très bonne heure, vers 6h,
et revenaient le soir à
19h15. Tous les ouvriers
prenaient une carte hebdomadaire
et, le lundi matin,
cétait la cohue au
guichet (les plus
débrouillards la prenaient
le dimanche après-midi).
Le titre de transport
nétait pas
remboursé par
lemployeur.
était
une véritable marée
humaine qui défilait dans
les rues de Saint Léger
car, à
lépoque, 110
à 120 personnes du pays
employaient ce moyen de transport
tous les jours pour se rendre au
Creusot. Un personnel bien
remarquable par sa tenue
vestimentaire : grand capuchon
noir et une musette sur le dos ou
un petit panier en bois ou en fer
(fabriqué à
lusine) pour emmener le
repas de midi. On était
fier de travailler au Creusot,
aussi certains portaient la
cravate et lon surnommait
ces gens "la misère en
faux-col" (...)
Puis vint,
dans les années soixante,
le co-voiturage. Les ouvriers se
regroupèrent pour se
rendre au travail. Un bus fut mis
en service pendant quelques
années.
Maintenant,
il ny a plus de train
ouvrier. Une micheline est bien
assez grande pour le transport
des quelques passagers.
Lautomobile a pris la place
et, en gare, cest une
machine automatique qui
délivre les billets. Il
ny a plus de
personnel.