11 novembre 2018 - Commémoration du Centenaire de l'Armistice par Guy Friadt - novembre 2018 |
Tous nos remerciements et
félicitations à l'équipe qui a oeuvré
depuis janvier 2018 à construire ce projet, soutenu par la
municipalité, autour des amis-es Christine, Marie-Line,
Nathalie, Angélique, Sabrina, Daniel, Jean-Jacques, Joseph,
Christian, ainsi que tous les bénévoles qui nous ont
aidés pour la préparation et l'exposition de ces belles
journées du Souvenir.
Lettre d'un poilu
à sa femme : La sentence est tombée : je
vais être fusillé pour l'exemple, demain,
avec six de mes camarades, pour
refus d'obtempérer." Léonie
chérie, J'ai
confié cette
dernière lettre à
des mains amies en
espérant qu'elle t'arrive
un jour afin que tu saches la
vérité et parce que
je veux aujourd'hui
témoigner de l'horreur de
cette guerre. Quand
nous sommes arrivés ici,
la plaine était
magnifique. Aujourd'hui, les
rives de l'Aisne ressemblent au
pays de la mort. La terre est
bouleversée,
brûlée. Le paysage
n'est plus que champ de ruines.
Nous sommes dans les
tranchées de
première ligne. En plus
des balles, des bombes, des
barbelés, c'est la guerre
des mines avec la perspective de
sauter à tout moment. Nous
sommes sales, nos frusques sont
en lambeaux. Nous pataugeons dans
la boue, une boue de glaise,
épaisse, collante dont il
est impossible de se
débarrasser. Les
tranchées
s'écroulent sous les obus
et mettent à jour des
corps, des ossements et des
crânes, l'odeur est
pestilentielle. Tout
manque : l'eau, les latrines, la
soupe. Nous sommes mal
ravitaillés, la galetouse
est bien vide ! Un seul repas de
nuit et qui arrive froid à
cause de la longueur des boyaux
à parcourir. Nous n'avons
même plus de sèches
pour nous réconforter
parfois encore un peu de jus et
une rasade de casse-pattes pour
nous
réchauffer. Nous
partons au combat
l'épingle à chapeau
au fusil. Il est difficile de se
mouvoir, coiffés d'un
casque en tôle d'acier
lourd et incommode mais qui
protège des ricochets et
encombrés de tout
l'attirail contre les gaz
asphyxiants. Nous avons
participé à des
offensives à outrance qui
ont toutes échoué
sur des montagnes de cadavres.
Ces incessants combats nous ont
laissé
exténués et
désespérés.
Les malheureux estropiés
que le monde va regarder d'un air
dédaigneux à leur
retour, auront-ils seulement
droit à la petite croix de
guerre pour les dédommager
d'un bras, d'une jambe en moins ?
Cette guerre nous apparaît
à tous comme une
infâme et inutile
boucherie. Le
16 avril, le
général Nivelle a
lancé une nouvelle attaque
au Chemin des Dames. Ce fut un
échec, un désastre
! Partout des morts ! Lorsque
j'avançais les sentiments
n'existaient plus, la peur,
l'amour, plus rien n'avait de
sens. Il importait juste d'aller
de l'avant, de courir, de tirer
et partout les soldats tombaient
en hurlant de douleur. Les pentes
d'accès boisées,
étaient rudes .Perdu dans
le brouillard, le fusil à
l'épaule j'errais, la
sueur dégoulinant dans mon
dos. Le champ de bataille me
donnait la nausée. Un vrai
charnier s'étendait
à mes pieds. J'ai descendu
la butte en enjambant les corps
désarticulés, une
haine terrible s'emparant de
moi. Cet
assaut a semé le trouble
chez tous les poilus et
forcé notre
désillusion. Depuis, on ne
supporte plus les sacrifices
inutiles, les mensonges de
l'état major. Tous les
combattants
désespèrent de
l'existence, beaucoup ont
déserté et personne
ne veut plus marcher. Des tracts
circulent pour nous inciter
à déposer les
armes. La semaine
dernière, le
régiment entier n'a pas
voulu sortir une nouvelle fois de
la tranchée, nous avons
refusé de continuer
à attaquer mais pas de
défendre. Alors,
nos officiers ont
été chargés
de nous juger. J'ai
été condamné
à passer en conseil de
guerre exceptionnel, sans aucun
recours possible. La sentence est
tombée : je vais
être fusillé pour
l'exemple, demain, avec six de
mes camarades, pour refus
d'obtempérer. En nous
exécutant, nos
supérieurs ont pour
objectif d'aider les combattants
à retrouver le goût
de l'obéissance, je ne
crois pas qu'ils y
parviendront. Comprendras-tu,
Léonie chérie, que
je ne suis pas coupable mais
victime d'une justice
expéditive ? Je vais finir
dans la fosse commune des morts
honteux, oubliés de
l'histoire. Je ne mourrai pas au
front mais les yeux
bandés, à l'aube,
agenouillé devant le
peloton d'exécution. Je
regrette tant ma Léonie la
douleur et la honte que ma triste
fin va t'infliger. C'est
si difficile de savoir que je ne
te reverrai plus et que ma fille
grandira sans moi. Concevoir
cette enfant avant mon
départ au combat
était une si douce et si
jolie folie mais aujourd'hui,
vous laisser seules toutes les
deux me brise le cur. Je
vous demande pardon mes anges de
vous abandonner. Promets-moi
mon amour de taire à ma
petite Jeanne les circonstances
exactes de ma disparition.
Dis-lui que son père est
tombé en héros sur
le champ de bataille, parle-lui
de la bravoure et la vaillance
des soldats et si un jour, la
mémoire des poilus
fusillés pour l'exemple
est réhabilitée,
mais je n'y crois guère,
alors seulement, et si tu le
juges nécessaire,
montre-lui cette
lettre. Ne
doutez jamais toutes les deux de
mon honneur et de mon courage car
la France nous a trahi et la
France va nous
sacrifier. Promets-moi
aussi ma douce Léonie,
lorsque le temps aura
lissé ta douleur, de ne
pas renoncer à être
heureuse, de continuer à
sourire à la vie, ma mort
sera ainsi moins cruelle. Je vous
souhaite à toutes les
deux, mes petites femmes, tout le
bonheur que vous méritez
et que je ne pourrai pas vous
donner. Je vous embrasse, le
cur au bord des larmes. Vos
merveilleux visages,
gravés dans ma
mémoire, seront mon
dernier réconfort avant la
fin. Eugène,
ton mari qui t'aime
tant compléments Merci
de fermer l'agrandissement sinon.
à St Léger
la chasse à courre
les écoles
et les lieux
de balles à jouer