2 septembre 1994 : 50e nniversaire de la ibération de Trith-Saint-Léger

 

Source : 2 septembre 1944-1994 - 50e anniversaire de la Libération de Trith-Saint-Léger
Pour des lendemains qui -
fascicule édité par la ville de Trith-Saint-Léger 

 

Repères

 

Le mot d'ordre des industriels et de la grande bourgeoisie française qui veut prendre sa revanche sur le monde du travail : "Plutôt Hitler que le Front Populaire", mot d'ordre symbolisé par la poignée de main entre Pétain et Hitler à Montoire :

"Seule la classe ouvrière est restée fidèle à la nation profanée" (François Mauriac)

Les barons de l'industrie allemande ont soutenu Hitler.

 

mai 1940 : Emile Arnold, de Trith-St-Léger,
est tué par les Allemands

 

La vie à Trith-Saint-Léger sous l'Occupation

Jules Ronday accuse la politique de collaboration du régime de Vichy :

"Pendant l'Occupation, la préoccupation des habitants était surtout de se procurer de la nourriture. Le rationnement ne facilitait pas la tâche.

Le moindre coin de terre était devenu un jardin. Nous avions droit à 200 g de pain par jour, 1 litre de vin par mois, 40 g de tabac tous les mois. Les Allemands étaient au champ d'aviation dans des casemates, ils réquisitionnaient beaucoup, ce qui explique que nous n'avions pas à manger.

Le régime de Pétain, régime de collaboration avec Hitler, a fait sombrer la France dans les années les plus noires de son histoire. Il y a eu des Français comme Doriot qui se sont engagés pour les Allemands, ils constituèrent la milice.

Pendant la guerre, j'étais instituteur (50 ans de carrière). Lorsque les alliés bombardaient, nous nous rendions avec les enfants dans un abri situé à côté de la Mairie. Je témoigne pour la célébration afin que ne revienne plus jamais la guerre."

 

L'énumération d'actions de sabotages qui suit a été relevée sur des rapports rédigés après la Libération par les responsables des différents groupes ayant fonctionné à Trith-St-Léger et les attestations rédigées pour l'obtention des titres de résistance aux résistants trithois.
D'autres actions ne sont pas énumérées sur ce relevé, elles concernent les sabotages provoqués pour le ralentissement de la production des usines. Pour Trith, 3 groupes de saboteurs existaient, un basé au métal Escaut et deux au Nord-Est, l'un basé à l'usine d'en-haut et l'autre à l'usine d'en-bas :

le témoignage de André Celliez

Clotaire Colin n'a jamais baissé les bras

 

Trith-Saint-Léger

Déportés : Aristide Lemoine, Armand Delgrange, Robert Tonnoir, Emile Lecat, Eugène Brasseur, André Gourdin, Emile Kocham

Internés : Florent Gilles, Louise Lambert Hubert

"Oui, les camps de la mort ont existé"
Aristide Lemoine témolgne

"Le poids de la mémoire historique"
souvenirs d'Armand Delgrange

relevé fait sur document d'époque :

Résistants tués le 2 septembre 1944 :

  • Colin Clotaire FTPF
  • Dupont Jules FTPF
  • Draux Marcel FTPF
  • Dussart Fabien Libé-Nord

Résistants ayant obtenu la Carte Volontaire de la Résistance :

  • André René
  • Baudrin Ernest FTPF
  • Bilot Raymond
  • Blas André (Victor) FTPF
  • Brasseur Louis FTPF
  • Bruyère Jean
  • Celliez Eugène FTPF-FN
  • Celliez Cauchy Berthe FTPF
  • Celliez André FTPF-FN
  • Chéry Pierre FTPF
  • Colpart Louis FTPF
  • Delhaye Edmond FTPF
  • Delgrange Armand FTPF
  • Dremière Henri FTPF
  • Douret Joseph
  • Gumez Patin Rosa FTPF
  • Gumez Maurice FTPF
  • Gumez Disant Jeanne FTPF
  • Gumez Adolphe FTPF
  • Gumez Albert FTPF
  • Glineur Georges FTPF
  • Gaillet Clémence FTPF
  • Hubert Edmond FTPF
  • Hubert Lemoine Noella FTPF
  • Hubert Domitilde FTPF
  • Kaczouski Alexandre FTPF
  • Lambert Georges FTPF
  • Levan Alfred FTPF
  • Maillard Charles FTPF
  • Maréchal Marcel FTPF
  • Picalausa Charles FTPF
  • Picalausa Guinet Georgette FTPF
  • Van Lierde Adolphe FTPF

Résistants ayant obtenu la Croix du Combattant au titre de la Résistance :

  • Gaillet Albert FTPF
  • Lambert Hubert Louise FTPF
  • Philippe Eugène FTPF

Ont participé à la Libération, entre autres : Chantry Emile - Dewaele Gustave - Jeskowiak Stanis - Lernould Georges - Levan Bourdon Gilberte - Neus Léopold - Real Henri - Sadlak François - Wahl Ernest - Wipier Alfred - Guillez Jules - Delaurier André - Busin Alphonse

 

 

Trith-Saint-Léger se !

la journée du 2 septembre 1944 à Trith-St-Léger et dans le secteur

C'est vers 7 heures le matin que nous est parvenu l'ordre d'insurrection ouverte.
Aucune surprise ! Nous étions en alerte depuis juin et prêts depuis quelques jours.

La première action eut lieu rue Victor Hugo à la ferme Soyez où un groupe de 16 Allemands étaient en cantonnement. Attaqués par surprise, ils se rendirent presque sans résistance, un seul coup de feu fut tiré par nous. Récupération : 15 fusils et 1 révolver.
Un autre Allemand fut fait prisonnier quelque temps après avec tout son barda, venant de St-Christophe.

A peine les prisonniers étaient-ils dirigés par l'étang vers le nord-est (Usinor) qu'un char tigre fait irruption à St-Léger venant de St-Christophe, sur la plate-forme avant deux civils. Nous ne pouvons l'attaquer, nous ne possédons que 3 grenades datant de la guerre 14-18 et pas d'essence pour l'enflammer. Le char descend jusqu'à l'angle du Partiau, fait demi-tour et remonte vers St-Christophe en relâchant ses deux otages.

Par la suite, plusieurs groupes furent formés, armés tant bien que mal. Un groupe fut basé au centre, un autre se dirigea vers Maing et Prouvy où étaient signalées des formations ennemies. 13 Allemands furent fait prisonniers après plusieurs combats, à Prouvy c'est un camion qui est arrêté : 4 nouveaux prisonniers, sur la route de Maing à Monchaux : 12 prisonniers furent faits après plusieurs escarmouches. Ce groupe, en rentrant à Trith le soir, ramenait aussi 2 de ses hommes blessés : Ernest Walh et Maurice Delcourt.

Pendant ce temps, un groupe de Trith avait été dirigé vers le nord-est et le Poirier où était en action le groupe FTP du Poirier. Ensemble, après plusieurs combats rue Gustave Delory, ils firent une dizaine de prisonniers. Le groupe du Poirier se dirigea ensuite vers Aulnoy et le Mont-Houy. Après différents accrochages, ce groupe rentra le soir avec 2 blessés : Samuel Payen et Séverin Robache.

Vers 15 heures, un camion ennemi bourré de soldats est signalé se dirigeant vers Maing par Fontenelle. Une camionnette de FTP de Trith est envoyée à sa recherche, la poursuite continue par Famars et Artres. A Artres, les FTP se heurtent à de forts éléments de blindés et d'artilleries, pris sous des feux convergeant de plusieurs côtés. Le groupe bat en retraite jusqu'au Château des Moviarts, pensant s'y maintenir, le Château est occupé. La retraite continue vers Famars par la plaine. Jules Dupont, blessé et ne pouvant marcher, est glissé entre les routes de pommes de terre. 5 hommes sont déjà manquants dans le groupe. Au travers de la plaine, le groupe est pris dans des feus croisés dirigés depuis le Château des Moviarts, la brasserie située sur la nationale de Famars à Quérénaing, le chemin rural descendant de Famars à Artres et des Chenillettes sur le chemin blanc. Le groupe est dispersé, les uns se cachent dans les routes de pommes de terre et regagneront Trith dans la nuit. 3 persistent et après avoir évité des groupes de soldats autour de Famars, arriveront à Trith vers 19 heures après avoir laissé dans une maison de Famars un des fils Tonnoir blessé à la tête.

Vers 20 heures, à une colonne motorisée américaine, nous avons demandé s'il était possible d'envoyer quelques chars sur Artres pour dégager nos camarades. Il nous fut répondu que la colonne ne pouvait dévier de son itinéraire.

Ce n'est que le lundi 4 septembre que nous connûmes le sort qui avait été réservé aux disparus.

Deux qui avaient pu se cacher dans des maisons réussirent à rejoindre nos groupes qui combattaient autour d'Artres, dans la journée du 3.

Clotaire Colin, au cours des combats du 2, découvrit un garçon d'une dizaine d'années, blessé. Il le ramassa et le porta chez ses parents, essayant de nous rejoindre. Il fut fait prisonnier. Après un interrogatoire sommaire, il fut obligé de creuser une fosse et abattu d'une balle dans la tempe.

Jules Dupont, découvert par les Allemands là où nous l'avions laissé, fut traîné sur la route, écrasé par une chenillette et jeté dans un trou d'homme, face au Château des Moviarts.

A Artres, au château des Moviards où Jules Dupont a été tué

Pierre Vanderbecq, qui était monté dans la camionnette à Maing après nous avoir renseigné sur le passage du camion que nous poursuivions, fut tué dans la plaine entre Artres et Famars.

Marcel Draux fut abattu d'une rafale de mitraillette à la sortie de la ruelle Dupire. Il essayait de traverser la route à Famars pour gagner une ruelle accédant au chemin de terre reliant le Château Hautcoeur à Famars.

Pendant ce temps, à Rieux en Cambrésis, Fabien Dussart (16 ans), membre du mouvement Libération, était fait prisonnier avec 12 de ses camarades dont un seul était armé d'un pistolet. Ces 13 résistants furent immédiatement fusillés.

Morts pour notre Liberté

Jules Dupont

Fabien Dussart

Marcel Draux

Ce récit n'est pas uniquement la propriété de la Résistance, il est une partie intégrante du patrimoine de notre ville, de notre pays.

Nous le confions aux hommes et femmes qui, directement ou indirectement, ont ou auront à charge de faire connaître l'histoire à notre jeunesse actuelle ou future.

A notre jeunesse actuelle, nous souhaitons qu'elle n'ait pas à subir les mêmes tourments moraux, les mêmes souffrances et les mêmes atrocités que nous avons vécus. Nous les mettons en garde contre la période cruciale qu'ils vivent actuellement, période dont les similitudes ressemblent étrangement à celles que nous avions subies de 1933 à 1940 et qui permit aux idéologies fascistes et nazies de prendre la direction de certains pays dont le nôtre, après la défaite militaire de 1940.

Il n'est pas vain de rappeler que ces idéologies monstrueuses, dans leurs besoins de possessions et d'asservissement, mirent à sac le pays qu'elles occupèrent, volant leurs richesses, tuant et assassinant plus de 50 millions d'êtres humains dont plusieurs dizaines de millions périrent atrocement dans les camps de concentration et les fours 1 crématoires.

Cette mise en garde s'adresse aussi à tous les Français et notamment à ceux qui actuellement ont à charge les destinées de notre pays, pour qu'ils ne recommencent pas les erreurs commises par leurs prédécesseurs de 1933 à 1940.

 

    erci de fermer l'agrandissemen

 

   

 

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