L'histoire
du mouchoir rouge de Cholet
 

 

 

 

C'est au cours du concert annuel de l'Orphéon local, le dimanche 29 avril 1900, que le célèbre barde breton Théodore Botrel chanta pour la première fois sa composition "Le Mouchoir Rouge de Cholet".

 

 

Sa chanson est basée sur un fait réel.
En effet, le 17 octobre 1793, la grande bataille de Cholet oppose d'un côté d'Elbée, Bonchamps, La Rochejacquelein, Stofflet et les vendéens, et de l'autre Beaupuy, Travot, Marceau, Kléber et les républicains.

Henry de La Rochejaquelein porte à son chapeau, sur sa poitrine et à son côté, trois mouchoirs blancs de Cholet, afin de mieux se faire reconnaître de ses hommes, mouchoirs qui le désignent tout aussi sûrement aux balles républicaines.

C'est cet acte de bravoure que Botrel a voulu immortaliser en l'attribuant, sans doute pour la rime, à M. de Charette !

Un fabricant choletais avisé, Léon Maret, profite du succès extraordinaire de la chanson pour créer le Mouchoir Rouge de Cholet : le rouge veut symboliser le sang des Vendéens, le blanc, c'est pour perpétuer le souvenir de ces "Blancs", qui tinrent tête si longtemps aux "Bleus".

Léon Maret en offrit à Théodore Botrel qui, à son tour et pour accompagner la chanson, en offrit à ses amis des cabarets de Montmartre.

Et c'est ainsi que la chanson, comme le mouchoir, ont fait le tour du monde et constituent encore à ce jour l'une des meilleures publicités pour Cholet !

 

 

 

 

 

 

 Le mouchoir rouge de Cholet
(paroles et musique de Botrel)
 

 

 

1. J'avais acheté pour ta fête
Trois petits mouchoirs de Cholet
Rouges comme la cerisette
Tous les trois, ma mie Annette
Ah ! qu'ils étaient donc joliets
Les petits mouchoirs de Cholet

 

2. Ils étaient là, dans ma poquette
Près du vieux mouchoir blanc... si laid
Et tous les soirs, la guerre faite
Dans les bois, ma mie Annette
En rêvant de toi, je rêvais
Aux petits mouchoirs de Cholet

 

3. Les a vus Monsieur de Charette
Les voulut : je les lui donnai...
Il en mit un dessus sa tête
Le plus beau, ma mie Annette
C'était le plus fort des plumets
Le petit mouchoir de Cholet

 

4. Fit de l'autre une cordelette
Pour pendre son sabre au poignet
Fit du troisième une bouclette
Sur son coeur, ma mie Annette
Et tout le jour les Bleus visaient
Les petits mouchoirs de Cholet

 

5. Ont visé le coeur de Charette
Ont troué... celui qui t'aimait
Et je vas mourir, ma pauvrette
Pour mon Roy, ma mie Annette
Et tu ne recevras jamais
Tes petits mouchoirs de Cholet

 

6. Mais qu'est-ce là dans ma poquette ?
C'est mon vieux mouchoir blanc... si laid
Je te le donne pour ta fête
Plein de sang, ma mie Annette
Il est si rouge qu'on dirait
Un mouchoir rouge de Cholet.


Pour écouter la chanson

 

 

 

Le Mouchoir rouge de Cholet
le chant contre-révolutionnaire
 

 

Le Mouchoir rouge de Cholet est le titre d’une chanson composée par Botrel à la fin du 19e siècle. Au fil des décennies, elle est devenue un marqueur contre-révolutionnaire. Voici pourquoi…

Il a déplié le mouchoir, rouge, sur la table : "La voici, la chanson du Mouchoir rouge de Cholet !" Sur le morceau de tissu sont imprimés les six couplets du célèbre morceau. Et la signature du compositeur : Théodore Botrel. Ces paroles-là ont été écrites – très rapidement, en quelques jours – un jour de 1897. Ces paroles-là ont traversé les siècles et les guerres, parcouru des dynasties familiales au cœur des Mauges. Aujourd’hui encore, certains la chantonnent. Mais peu finalement en connaissent les origines. Les voici.

Nous sommes à la fin du 19e siècle et les royalistes "éprouvent le besoin de retrouver une certaine vigueur dans l’opinion", comme le souligne Jean-Joseph Chevalier, historien choletais et fondateur de l’association des Amis du musée du textile.

"Un Breton exilé à Paris, le vicomte Victor De Kergézec, a l’idée de contacter Théodore Botrel qui était alors un grand chansonnier, ajoute-t-il. Il était connu pour ses inspirations conservatrices et royalistes." La droite monarchiste lançait la machine, plusieurs morceaux sortiront alors de la plume de Botrel, dont le fameux Mouchoir rouge de Cholet.

 

Jean-Joseph Chevalier connaît par cœur l’histoire du Mouchoir rouge de Cholet

 

de Fontenay-le-Comte à Cholet

L’histoire ? Elle se base sur les mémoires de la marquise de La Rochejaquelein qui content, notamment, la bataille de Fontenay-le-Comte, la rude bataille de Fontenay. Pendant le combat, un des chefs de l’armée vendéenne, le général de La Rochejaquelein, aura cette réplique, cinglante, à ceux qui lui disent que ses mouchoirs de Cholet, noués autour du cou pour éponger sa sueur, sont trop visibles pour l’ennemi : "Retirer mes mouchoirs ? Non !"

La pièce de tissu va devenir un emblème de l’insurrection, et cette anecdote-là, véhiculée par le grand succès des mémoires de La Rochejaquelein, revient en tête de Botrel quand celui-ci compose sa fameuse chanson… Le compositeur prendra, malgré tout, quelques libertés par rapport à l’histoire, quand il catapultera le général Charette dans le feu de la bataille de Fontenay. "Il n’y était pas, mais il l’écrira pour la rime, explique Jean-Joseph Chevalier. Son morceau va faire caisse de résonance très rapidement dans les esprits."

D’ailleurs, un jour de représentation dans un cabaret parisien, Léon Maret – un tisseur choletais – entend Botrel. Le fabricant s’arrête et aperçoit le chansonnier avec un mouchoir autour du cou, un mouchoir… violet ! Crime de lèse-majesté ! "Il lui a dit que ça n’allait pas du tout, raconte l’historien choletais. Il lui a donc confectionné un vrai mouchoir de Cholet. Un vrai, de couleur rouge avec des bandes blanches." Celui qui va passer à la postérité, celui dont on parle dans la chanson, une chanson un rien "tristounette". Mais qui a clairement connu son heure de gloire. Mission accomplie.

 

 

à savoir

C’est l’une des grandes anecdotes de la chanson du Mouchoir rouge de Cholet. En effet, en avril 1900, quand le fabricant choletais Maret invite Botrel à se produire à Cholet, après l’avoir croisé dans un cabaret parisien, les conservateurs locaux sont aux anges.

Le chansonnier est accueilli par tous les châtelains du coin. "C’est la grande fête des royalistes", comme le souligne Jean-Joseph Chevalier, qui précise : "Nous sommes alors à quelques jours des élections municipales. Les conservateurs sont alors aux commandes de la mairie depuis 1896." Leurs soutiens sont euphoriques, sauf que le passage de Botrel a le don de "liguer et mobiliser les forces républicaines".

Et qu’arriva-t-il ? Les républicains raflèrent alors les élections quelques jours plus tard ! "Le lendemain des élections, raconte Jean-Joseph Chevalier, la majorité supprime la subvention à l’Orphéon Sainte-Cécile, la société musicale qui avait invité Botrel et qui comptait Maret parmi ses dirigeants." Motif de la décision : le concert donné était une apologie de l’insurrection. Les plaies de l’histoire étaient encore vives…

 

Théodore Botrel

 

Mais qui est Théodore Botrel ?

Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel, de son vrai nom, est né le 14 septembre 1868 à Dinan. Le chansonnier a connu des débuts très difficiles.

Mais après un passage dans l’armée et par la Compagnie des chemins de fer de Paris, le Breton de naissance connaîtra le succès avec ce qui est sans doute son plus grand succès : La Paimpolaise. On peut aussi citer Ma p’tite Mimi, qui sera reprise plus tard par Pierre Desproges. Théodore Botrel décède en 1925 à Pont-Aven.

 

  

Source :
Le Courrier de l'Ouest
article du 29 juillet 2019, signé Freddy Reigner

 

 

 

 

Le mouchoir rouge de Cholet
 

 

Le mouchoir rouge, c'est Cholet ! Mais quels sont les facteurs du développement de cette petite pièce de toile ?
Pourquoi et comment le mouchoir de Cholet est-il devenu rouge ?

Un mouchoir est une pièce de toile carrée aux usages multiples. En Europe au XIXe siècle, le mouchoir est présent par douzaines dans les trousseaux de mariées et est considéré comme une véritable monnaie d'échange. Il fait la richesse des personnes qui en possèdent un bon nombre.

L'un des facteurs du développement de son usage dans notre civilisation est lié à l'évolution de la notion d'hygiène corporelle. Héritier de la mappa antique, le mouchoir est utilisé pour essuyer et absorber les sécrétions du corps. Il est ainsi réalisé à partir de matériaux comme le coton et le lin, très efficaces pour ses qualités absorbantes.

 

 

Le mouchoir peut également se faire baluchon, couvre-chef ou foulard. En se faisant mouchoir de tête, il protège le corps. Au XIXe siècle à Cholet, on produit le mouchoir paysan qui est une toile carrée de grande taille utilisée par toutes les catégories de la population. Le mouchoir paysan, toujours à carreaux, peut être produit dans différentes couleurs, quelques-unes étant associées à un usage précis. Le mouchoir tabatou était teint en ocre et présent dans toutes les poches de tous les priseurs (personnes qui prisent le tabac), le mouchoir du mineur était bleu très foncé, celui des vendangeurs était mauve. Le mouchoir peut être aussi un simple élément décoratif de la toilette. Il peut s'orner de dentelles, être réalisé dans un linon très fin, de petite taille de telle sorte qu'il ne puisse servir qu'à essuyer quelques larmes ! Au XVIIIe siècle, le mouchoir est présent dans la garde-robe des courtisanes. Il peut également se transformer en coiffure, comme le madras des coiffes chaudières antillaises.

Pièce de tissu très simple et véhiculée partout, le mouchoir est un formidable support d'informations. Ainsi, au XIXe siècle, les progrès de l'impression sur étoffe permettent de produire des mouchoirs illustrés à moindre coût. Plans, cartes de France, usages sociaux, morale du moment, règles de vie, actualité, les mouchoirs accompagnent l'éducation de la population et diffusent les standards de la pensée d'une époque. D'ailleurs, n'a-t-on pas conservé l'habitude de créer des séries spéciales du mouchoir rouge de Cholet imprimées lors des évènements marquants ?

 

Source :
Almanach du Pays Choletais 2014
Les Lions Clubs de Cholet

 

 

 

C'est à partir des années 1900 que Cholet voit apparaître son emblème : le mouchoir rouge.

En 1897, Théodore Botrel, célèbre chansonnier folkloriste, écrit une épopée sur des guerres de Vendée. Il exalte des valeurs royalistes et patriotes dans une chanson qu'il intitule "Le petit mouchoir de Cholet". Pour sa composition, il s'inspire d'un fait réel des Guerres de Vendée : en 1793, lors de la bataille qui opposait les vendéens royalistes aux républicains, Henri de la Rochejacquelein, général vendéen, qui portait trois mouchoirs blancs pour se faire reconnaître de ses hommes, fut tué. Il semble que Théodore Botrel ait attribué cet acte à M. De Charrette pour la rime.

En avril 1900, Léon Maret, industrie textile choletais, l'invite à venir se produire à Cholet. C'est l'occasion pour lui de créer un petit mouchoir rouge, produit dérivé de la chanson, qu'il offre à Théodore Botrel et que celui-ci diffuse partout en France lors de ses tournées pleines de succès et distribue aussi dans les cabarets montmartrois.

L'image de Cholet fut par la suite associée à ce petit carré rouge et blanc, couleurs évoquées par la chanson : le blanc, couleur de la royauté et de ceux qui la défendaient face à la république, le rouge, celui du sang versé pour une cause politique.

 

 

Le succès du mouchoir rouge de Léon Maret vint à la fois de sa diffusion, tout d'abord par l'intermédiaire de Théodore Botrel, très en vogue au début du XXe siècle, du mouchoir lui-même, très vif, très rouge, et donc très différent des mouchoirs habituellement utilisés à cette époque, et enfin du contexte folklorique de ce début de siècle qui donne à chaque ville ou région l'envie de se reconnaître dans un ou plusieurs objets souvent liés au textile.

Fort de son succès, en 1936, le mouchoir rouge est doté d'un label spécifique.

De la volonté industrielle d'un homme, le mouchoir rouge est devenu l'emblème d'une ville !

 

 

  

Pour terminer, moins célèbre que la chanson du petit mouchoir rouge,
ce petit poème...

 

 Mon mouchoir de Cholet
 

Je ne sais de la vie que les balbutiements,
Assoiffé de ce lait que cette main amie
Me tend pour apaiser mes longs vagissements
Et déjà, c’est sur toi que ma main se replie.

De l’ingrate besogne, à l’école où je peine,
Plié dedans la poche où ma maman t’a mis
Tu guettes les sueurs, mais ton âme est sereine
Tu sais bien que ces pleurs finiront dans tes plis.

Tu m’accompagneras, plus tard, sur le versant
Où il fait bon flâner, une main dans la main,
Quand meurent, tout là-bas, les rayons du couchant
Et que s’infiltre au coeur l’espoir du lendemain.

Impalpable frisson de ton grain parfumé,
Douceur de ton arôme, à mon âme ravie,
Premier don merveilleux de l'être tant aimé
Par toi, je sais enfin qu’elle me tend sa vie.

Dans l’âpre et dur combat pour le pain de la table,
Je n’échapperai point à la blessure amère,
Mais tu seras, pour moi, un baume secourable
Contre les coups reçus de cette ingrate terre.

La tâche accomplie, quand il faut s’arrêter
Devant l’âtre du soir où rosit le tison,
Tu te reposeras près de la cheminée
Sans grâce et sans allure, au fond de mon veston.

Avant de nous quitter, nous verserons un pleur
En tournant nos regards vers ce commun combat ;
Vivre la vie à deux, ce fut notre bonheur
Et quand je partirai, on sonnera deux glas.

Nos aïeux ont connu, ami, ce désespoir
Dans la lutte et le sang et l’angoisse guerrière !
Ils te prenaient alors et c’est toi, mon mouchoir
Qui, la dernière fois, savais les faire taire.

Si je t’achète. ici, en ce pimpant Cholet
C’est pour te confier toute ma destinée ;
Mon gîte sera pauvre ou sera un palais.
Mais toi, je le sais bien, tu ne sauras qu’aimer !
 

 

 


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