Grosbois
au XVIIIe siècle, vu par M. Dezallier d'Argenville
:
"Grosbois, à qui la vaste
étendue de ses bois a fait donner ce nom, appartient à
Monsieur. Une patte d'oie mène à la grille, suivie
d'une longue avenue qui descend vers le château bâti dans
un fond.
On remarque au premier étage une galerie, au plafond de
laquelle il y a quatre tableaux représentant des
conférences avec les Suisses, et un 5e au-dessus de la porte,
où est Charles IX. Le duc d'Angoulême, seigneur de
Grosbois, fit venir de Lyon pour peindre cette galerie Le Blanc,
maître de Blanchard, fameux peintre français.
Différentes évolutions militaires se voient sur les
côtés, au nombre de 8 morceaux, tous peints sur le mur.
Cette galerie est suivie d'un salon qui sert aujourd'hui de chapelle.
On voyait au plafond un Jupiter, dont on a changé les traits
en Père Eternel. Je rappellerai à cette occasion ce que
Lully disait agréablement d'un air qu'il avait fait pour
l'Opéra et qu'on chantait à la messe : "Seigneur, je
sous demande pardon, je ne l'avais pas fait pour vous."
(...)
"Le parc, qui a plus de dix-sept
cents arpents entourés de murs, comprend une grande
quantité de terres labourables et de vignes, avec des futaies
et des bois taillis. Il n'y faut pas chercher les décorations
ni les ornements de l'art qui brillent dans les parcs
extrêmement peignés..."
Voyage pittoresque des
environs de Paris, 1779, quatrième
édition
Château du
Prince de Wagram - Façade et grille d'honneur
Château de
Gros-Bois - Façade sud-est
Le château et le domaine de
Grosbois
"Sur la nationale 19, très en
retrait de la route, se dresse un château "de pierre et de
brique", comme on les aimait à l'époque du roi Henri IV
et de son fils Louis XlII.
Il faut franchir une première
grille, encadrée de deux pavillons du XIXe siècle,
parcourir l'allée "triomphale", passer un petit pont au-dessus
des douves, de nos jours gazonnées, franchir la grille
d'honneur au monogramme W - comme le prince de Wagram, que devint
en1809 le maréchal Louis Alexandre Berthier (1753-1815) - et
enfin on arrive au château, plus précisément dans
la cour d'honneur, à la magie quelque peu
théâtrale : aux ailes en retour succèdent les
décrochements successifs des pavillons encadrant le
bâtiment central qui se creuse en hémicycle.
L'ensemble des lignes est adouci par
les arcs plus ou moins accentués des fenêtres,
soulignées par la brique, et non la pierre selon un usage plus
traditionnel.
Château de
Grosbois - Rond royal - Monument au Maréchal Berthier, Prince
de Wagram
Obélisque où sont gravés les noms des victoires
de la Grande Armée
édifié par Alexandre, petit-fils du maréchal
Château
du Prince de Wagram
la rivière
|
|
Gros-Bois,
Château du Prince de Wagram
A travers
l'histoire
Depuis des siècles, ce
domaine, au milieu de la forêt, porte le nom bien
justifié de Grosbois. Les nombreux propriétaires, qui
se sont succédés là au cours des âges,
furent des personnages ayant participé, pour nombre d'entre
eux, à l'histoire de France...
En 1562, le maître des lieux,
Raoul Moreau, était peut-être moins illustre mais
cependant trésorier de l'Epargne. Ce fut sa fille qui apporta
dans sa corbeille de noce, en 1596, le domaine et le château
à Nicolas de Harlay (1546-1629), conseiller au Parlement,
maître des requêtes. Protestant, ayant abjuré
à la Saint-Barthélemy , à nouveau huguenot le
danger s'estompant, il affirma sa fidélité à
Henri IV en levant une troupe de mercenaires suisses. Il fit
commencer la construction du château, en confia les travaux,
dès 1597, à Jean Fournier, qui travailla aussi à
Fontainebleau. Il le revendit, en 1616, à Charles de Valois,
duc d'Angoulême, fils naturel du roi Charles IX et de Marie
Touchet.
Ce bâtard royal, "mauvais sujet
de grande allure", soupçonné par ses contemporains - et
par l'Histoire ! - de fabriquer de la fausse monnaie,
emprisonné pour avoir conspiré avec Charles de Biron
contre Henri IV, rentré en grâce en 1616, fit appel
à Jean Thiriot, ingénieur et architecte des
bâtiments du roi, pour la construction des ailes et des
pavillons d'angle. Ce prince, devenu veuf, en 1644, de Charlotte de
Montmorency, épousa Françoise de Nargonne qui n'avait
que vingt-trois ans.
Château de
Wagram - Allée des Acacias - Porte de Boissy
aujourd'hui, Allée de la Princesse
Après la mort de Charles de
Valois, Grosbois se retrouva au centre des combats de la Fronde. Puis
divers propriétaires s'y succédèrent, dont les
duchesses de Joyeuse et d'Aumont, avant qu'Achille de Harlay de
Sancy, premier président au Parlement et petit-neveu du
précédent, ne l'acquît. Son fils en
hérita, puis la fille de ce dernier, qui épousa
Christian-Louis de Montmorency, et qui ne conserva Grosbois qu'un an
après la mort de son père en 1717. Le financier Samuel
Bernard en devint le maître, mais s'en défit pour quatre
cent mille livres. Ce fut alors le marquis de Chauvelin,
secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et
garde des Sceaux depuis 1727, au faîte de la faveur royale, qui
occupa les lieux. En 1734, il fit ériger les terres de Sucy,
Boissy-Saint-Léger, Villeneuve-Saint-Georges, Yerres, Santeny,
Marolles, le fief de Cerçay à Villecresnes en
marquisat. Mais en 1737, il était atteint par la
disgrâce, devait s'exiler à Bourges et ne revenir
à Grosbois qu'en 1746. Il passa là les dernières
années de sa vie et mourut à la table même de
Louis XV en 1762.
Les lieux appartinrent ensuite
à François-Marie Peyrenc de Moras, ancien garçon
perruquier devenu richissime grâce au système Law. Le 30
août 1776, c'était au tour du comte de Provence,
frère du roi Louis XVI et futur Louis XVIII,
décidément fort bien installé en Brie, de
prendre possession du domaine et du château. Il fit
ériger les marquisats de Brunoy et de Grosbois en
duché-pairie.
carte
oblitérée en 1907
En 1792, Grosbois était
déclaré bien national. Cinq ans plus tard, Barras
(1755-1829) s'en porta acquéreur. Ce vicomte, devenu
montagnard pendant la Révolution, responsable avec Tallien et
Fouché de la chute de Robespierre, instigateur du coup d'Etat
du 18 Fructidor an V, premier personnage de l'Etat jusqu'à la
prise de pouvoir par Bonaparte, le 18 Brumaire an VIII, mena grand
train à Grosbois. Le château était alors
fréquenté par le monde de la politique et des arts, par
les "muscadins" et les "merveilleuses" comme Juliette
Récamier, Mme Tallien ou Joséphine de Beauharnais.
Mais, Bonaparte au pouvoir, Barras dut s'exiler. Le
général Moreau acheta donc le château, y donna un
bal magnifique en 1802. Compromis dans la conspiration de Cadoudal et
Pichegru, il fut arrêté en février 1804 puis
banni. Fouché s'en porta acquéreur, sur ordre de
Napoléon, avant que Berthier, ministre de la Guerre, n'en
devînt le seigneur.
Domaine du Prince
de Wagram - l'étang
Devenu prince de Neuchâtel en
1806, avant d'être celui de Wagram, ce fut bien une vie de
grand seigneur qu'il mena à Grosbois, qu'il fit restaurer et
meubler, décoration et mobilier que l'on voit aujourd'hui. Il
y donna des réceptions fastueuses et des chasses
demeurées fameuses. Le prince. qui avait dû
épouser sur ordre de l'empereur la fille du duc Guillaume de
Bavière, invita, une fois de plus, en septembre 1809,
Napoléon et Joséphine. Et, pour les distraire des
contrariétés de leur divorce, leur fit donner la
comédie : épisode tragi-comique car dans la
pièce jouée par la troupe des Variétés,
il n'était question que de divorce...
Château de
Gros-Bois - La rivière
Parc de Grosbois -
La rivière, vue du pont Max
En fait, c'est
à Villecresnes, commune voisine.
En avril 1814, Berthier choisissait
le camp de Louis XVlll, ancien propriétaire de Grosbois...
Après sa mort - le maréchal fut
défenestré à Bamberg le 1er juin 1815 - son
fils, prénommé Napoléon, en hérita.
Occupé par les Prussiens en 1870, Grosbois passa au 3e prince
de Wagram, Alexandre Berthier, en 1887. Le 4e prince, aristocrate
passionné d'automobile, d'art et de littérature, mourut
sur le champ de bataille le 31 mai 1918. Sa soeur, la princesse de La
Tour d'Auvergne Lauraguais, hérita du château ; elle
aussi y reçut les élites de la
société.
Les derniers héritiers des
Wagram, les princes de La Tour d'Auvergne, vendirent en 1962 le
château et 322 hectares du parc à la
Société d'encouragement à l'élevage du
cheval français, qui en est toujours propriétaire (la
région d'Ile de France possède les 141 hectares restant
du domaine originel).
le
Maréchal Berthier (1753-1815),
propriétaire de Grosbois, qu'il fit restaurer et
meubler.
|
la
chambre du Maréchal Berthier
(ne se visite pas)
|
la
galerie des Batailles
|
le salon
des Huissiers
|
|
le
hall, aujourd'hui disparu
|
|
Désormais, le parc est le
théâtre où s'entraînent les trotteurs. Il y
en a quelque 800 en pension ici en moyenne et jusqu'à 1400 en
période hivernale."
Source : "Le guide de la Brie
française et de Vaux-le-Vicomte", 1996, dans l'excellente
collection "Les Guides de La Manufacture", Editions La
Manufacture
Pour poursuivre la
visite du domaine de Grosbois
|
|
le
domaine de Grosbois
|
le
domaine du Piple
|
d'autres
belles demeures
|
la
mairie et la gare
|
l'église
et le temple
|
la
rue de Paris
|
la
route nationale
|
d'autres
rues
|
d'autres
quartiers
|
les
marais et la forêt
les auberges et les écoles
|
des
cartes plus récentes
|
choses
et autres
|
|
https://www.stleger.info