XVIIIe - XXe siècles |
éditorial Saint-Léger-aux-Bois est de
nos jours un village coquet et prospère de quelque 820
habitants ; connu avant tout pour son église
Saint-Jean-Baptiste, un des rares joyaux de l'art roman
conservé dans l'Oise, mais aussi pour sa proximité de
la forêt domaniale de Laigue, un magnifique massif de 3827
hectares situé entre l'Oise et l'Aisne, plus naturel et
sauvage que la grande et belle forêt de
Compiègne. L'histoire de
Saint-Léger-aux-Bois remonte au Moyen-Age, à
l'époque où ce morceau du domaine royal servant de
territoire de chasse aux souverains fit l'objet d'une donation
à des moines bénédictins, qui y
établirent un prieuré, à la base du
défrichement de la forêt et de l'implantation d'une
communauté villageoise à vocation surtout sylvicole,
avant de se consacrer à la culture et à l'artisanat du
chanvre. Le prieuré a fait place
à une église paroissiale au XVIIIe siècle et la
paroisse est devenue une commune sous la Révolution,
période où elle fut rebaptisée de manière
éphémère "La Chanvrière" à la fois
pour faire oublier ses racines catholiques et souligner sa vocation
artisanale. Assez gros mais pauvre village de
bûcherons, de cultivateurs, d'artisans et ouvriers,
Saint-Léger-aux-Bois devait subir de plein fouet le choc de la
Première Guerre mondiale, le front se stabilisant à ses
portes de l'automne 1914 au printemps 1917, tandis que les mouvements
des armées plaçaient à nouveau le village en
première ligne en 1918, moment où 80 % de ses monuments
et maisons furent détruits ou endommagés par des
bombardements d'artillerie. De ce troisième temps fort, le
plus tragique de son histoire, Saint-Léger-aux-Bois eut bien
du mal à se remettre avec la reconstruction de l'entre-deux
guerres. La commune, ayant atteint son maximum de population dans le
premier tiers du XIXe siècle, avait ensuite subi un constant
déclin lié à l'exode rural et amplifié de
manière catastrophique par la saignée de 1914-1918, une
perte de 40 % entre 1911 et 1921. Malgré la reprise des
années 1920-1930, dont la dynamique fut à nouveau
brisée par les années noires de la Seconde Guerre et de
l'Occupation; le village était retombé au dessous de
400 habitants en 1946. Or il a, depuis cette date, plus que
doublé sa population, retrouvant et même
dépassant symboliquement son pic de 1836 lors de l'ultime
recensement national du XXe siècle, ce qui exprime bien la
renaissance et l'expansion d'une commune à vocation
désormais résidentielle, bénéficiant de
nos jours d'une bonne situation géographique dans la dynamique
vallée de l'Oise et d'un environnement particulièrement
favorable. De cette histoire bientôt
millénaire, les habitants et les visiteurs, de plus en plus
nombreux, n'ont pourtant qu'une idée assez floue, en l'absence
de publication spécifique sur
Saint-Léger-aux-Bois. C'est justement pour combler cette
lacune que nous avons volontiers répondu aux sollicitations
d'enfants du pays, légitimement attachés au
passé et au patrimoine de leur village, qui ont
déjà rassemblé de nombreux documents sur
Saint-Léger et ont apporté eux-mêmes leur actif
concours à une réalisation, qui a trouvé
d'emblée un écho favorable auprès de la
municipalité ou des associations de sauvegarde comme celle des
amis de l'église. Il a fallu toutefois surmonter le
lourd handicap que constituait la perte totale des archives anciennes
de la commune après la Première Guerre, en faisant
appel à d'autres sources, départementales, voire
nationales, sur la Révolution, mais aussi militaires pour
1914-1918, les deux temps forts historiques qui sont ici
évoqués de manière plus approfondie par Guy
Friadt et moi-même, alors que Marc-Antoine Breckiesz, qui a
consacré ses recherches à l'histoire de
Saint-Léger, nous en présente l'église, la
forêt, les monuments et les rues, ainsi que les épisodes
les plus saillants de la Seconde Guerre mondiale. Cette livraison monographique sur
Saint-Léger-aux-Bois constitue ainsi une première pour
le village, donnant un aperçu de nos connaissances encore
imparfaites, mais bénéficiant d'une riche illustration
de documents et photos rassemblés par des passionnés,
qui ne souhaitent que transmettre aux lecteurs tout leur
intérêt pour un village encore trop
méconnu. Jacques Bernet,
août 2008
Tous nos remerciements à M. Jacques Bernet,
Secrétaire général de la Société
d'Histoire moderne et contemporaine de Compiègne, qui a
autorisé ici la reproduction des articles de l'étude.
Siège de la Société : 82 bis, rue de Paris - 60
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