Cette
page est tirée du "Journal des économistes - revue
mensuelle de la science économique et de la statistique"
(Paris - 1890)
Source :
http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-37892
"La neuvième section de
l'Économie sociale à l'Exposition universelle de 1889
avait pour objet l'étude de la coopération
distributive, c'est-à-dire des sociétés de
consommation.
Le nombre des exposants français n'a pas été
malheureusement aussi considérable qu'on aurait pu le
désirer.
Nous avons retrouvé de
vieilles connaissances comme la Société des mineurs
d'Anzin, la Société du XVIIIe arrondissement de Paris,
la Boulangerie coopérative de Roubaix, la Ruche de
Lyon.
L'une des plus
intéressantes à étudier nous a semblé
être la Société de consommation des ouvriers des
forges et aciéries de Trith Saint-Léger.
enveloppe
oblitérée en 1871
1871 à
nouveau
enveloppe
oblitérée en 1873
la
nouvelle usine
La Société des
Forges et Aciéries du Nord et de l'Est a fondé le long
de l'Escaut, entre la ligne du chemin de fer de Valenciennes à
Aulnais et celle de Valenciennes au Cateau, d'importants
établissements métallurgiques qui occupent deux mille
ouvriers.
A côté de ces
établissements, élevés loin de toute habitation,
elle a construit une cité ouvrière qui se compose
actuellement de 124 maisons, habitées par 140 ménages.
Sur le terrain voisin, quelques propriétaires ont construit
des maisons qu'ils louent aux ouvriers. Ce groupe d'habitations,
appelé le Poirier, et comptant 1200 habitants, est à 3
kil. du centre de la commune de Trith et à la même
distance de la ville de Valenciennes.
Trith St
Léger - Forges et aciéries du Nord et de l'Est -
entrée de la nouvelle usine
Trith St
Léger - Usines du Nord-Est
Dans cette situation,
l'approvisionnement de la population ne pouvait se faire
avantageusement. Souvent, les usines qui sont dans ces conditions
créent des magasins alimentaires sous le nom
d'économats, mais l'on sait qu'avec le caractère
soupçonneux et méfiant de l'ouvrier, ces
économats deviennent souvent des sujets de discorde entre le
patron et les ouvriers qui accusent les chefs d'industrie de tirer
des profits considérables de l'exploitation de ces magasins.
Nous connaissons cependant des cas où les ouvriers sont venus
prier leurs patrons de se charger de la gestion de leurs magasins
(usines Ménier, à Noisiel).
La Société des
Forges et Aciéries du Nord et de l'Est a
préféré laisser au personnel de ses usines les
charges et les bénéfices de la création d'un
magasin alimentaire. La Société de consommation des
ouvriers a été fondée le 13 mai 1884 par le
personnel des usines de la Société des Forges et
Aciéries.
Guerre
Mondiale 1914-18 - l'usine Sirot - ce qui reste d'un
laminoir
Guerre
Mondiale 1914-18 - l'usine Sirot - ce qui reste du
puddlage
Trich (!)
St Léger - l'usine Sirot - ce qui reste des bureaux
détruits par les Allemands
Guerre
Mondiale 1914-18 - le pont des Forges du Nord et de l'Est,
sur l'Escaut, détruit par les
Allemands
le pont
Hurtebise, dynamité par les Allemands
le pont
de la Concorde, dynamité par les
Allemands
|
Elle a pour objet l'achat et la
production aux meilleures conditions de prix et de qualité et
la prise en consignation des denrées, des objets de
consommation pour les vendre ensuite à ses actionnaires, aux
autres employés et ouvriers au service direct de l'usine,
à leurs familles, de façon à les faire
participer aux bénéfices pouvant résulter de
l'association.
Cette participation ne peut
s'étendre en aucun cas au public admis à
s'approvisionner aux dits magasins. La Société paie
patente. Elle peut ainsi vendre les articles suivants :
épicerie, vins, eau-de-vie, genièvre, beurre, ufs
et fromage, pommes de terre, lard, charcuterie, mercerie, toiles et
confections, bonneterie, laine, lingerie, verrerie, sabots, farine.
Elle a obtenu de divers fabricants et négociants la
consignation dans les rayons de son magasin de tous les tissus de
laine et de coton nécessaires à la vente, des
casquettes, des chaussures, de la quincaillerie et des articles de
chauffage. Elle fabrique le pain ; elle confectionne les blouses,
chemises, bourgerons, pantalons et la plupart des articles de tricot
nécessaires à sa clientèle.
Trith-le-Poirier
- les hauts-fourneaux
les
hauts-fourneaux - carte oblitérée en
1923
oblitération
de 1936
les
hauts-fourneaux
On sait que la loi exige qu'un
capital argent soit souscrit pour former une société de
consommation à personnel et capital variables ; elle admet
toutefois que ce capital soit formé par des actions de 50
francs. Il suffit même, pour constituer la
société, d'avoir versé le dixième du
capital social, soit dans l'espèce cinq francs par
action.
La Société que
nous décrivons a été formée au capital de
10.000 fr. divisé en 200 actions de 50 francs. Aujourd'hui, le
capital est de 20.000 francs, divisé en 400 actions. Un
actionnaire ne peut posséder plus de deux actions ; celles-ci
peuvent être libérées soit en un seul versement,
soit par acomptes de 2 à 5 fr. par quinzaine ou par des
prélèvements sur des bénéfices
résultant des achats acquis à la fin de chaque semestre
au coopérateur. Les 400 actions sont entre les mains de 24
employés, 30 contremaîtres et 280 ouvriers. L'admission
est prononcée par le conseil d'administration. Nul ne peut
être admis s'il ne fait partie depuis trois mois au moins du
personnel de l'usine, et tout actionnaire qui cesse d'en faire partie
est obligé de vendre ses actions
immédiatement.
Trith-le-Poirier
- Forges et aciéries du Nord et de l'Est
Le service des magasins est
fait par des jeunes filles prises dans les familles des actionnaires.
Les salaires et gratifications ont absorbé du 1er janvier 1881
au 31 décembre 1887, 42.000 fr.
La Société a cinq
modes de vendre : 1° au comptant ; 2° à
crédit à la quinzaine avec retenue à la caisse
des usines ; 3° à crédit à la quinzaine en
payant au magasin ; 4° à crédit au mois avec
retenue à la caisse ; 5° à crédit au mois
en payant au magasin.
Les ventes, quel qu'en soit le
mode, sont inscrites aussitôt faites sur deux livrets, l'un est
remis à l'acheteur, l'autre reste en magasin pour le
contrôle et la tenue des écritures. Les ventes à
crédit ne sont tolérées que dans la limite des
salaires que les acheteurs peuvent avoir à toucher aux usines.
Toutes les marchandises sont vendues à qualité
égale, aux mêmes prix que dans les magasins de
Valenciennes qui ont la réputation de vendre le meilleur
marché.
Du 1er janvier 1884 au 31
décembre 1888, le chiffre des ventes s'est élevé
à 1.732.000 fr. dont 242.000 fr. ont été
payés comptant et le reste à crédit.
Forges et
aciéries du Nord et de l'Est - les grands bureaux vus du
Poirier
La Société ne
fait en réalité pas de crédit, elle donne
seulement aux acheteurs des avances en marchandises sur le travail
qui leur est dû par les usines. Celles-ci paient en salaires 2
millions de francs par an et les achats au magasin alimentaire ne
s'élèvent pas au quart de celle somme.
Le nombre des clients est
actuellement de 1.200. Les bénéfices bruts
s'élèvent à 14,28% du chiffre total des ventes,
les frais généraux à 2,86%, les
bénéfices nets à 11,42% du chiffre total des
ventes.
La Société a
ouvert une Caisse d'épargne, dans laquelle, le 31 octobre
1888, 176 déposants avaient placé 27.000
francs.
Cinq pour cent des
bénéfices servent à former un fonds de secours
destiné à venir en aide, à défaut de
sociétés de secours mutuels, aux associés
devenus malades ou infirmes, à leurs enfants, à leurs
père et mère.
Nous relevons dans le bilan du
31 décembre 1888 qu'il y avait une réserve de 5.895
francs pour mauvaises créances.
la Rue du Fort et
le Pont de l'Abreuvoir
On aperçoit
à gauche les bâtiments encore existants du
Fort.
Trith St
Léger - l'Abreuvoir
En 1885, un
pétitionnement fut organisé contre la
Société par les petits marchands des localités
d'alentour. Ceux-ci se plaignaient d'être placés dans
une situation d'infériorité par l'entente entre le
Magasin alimentaire et la Société des Forges, Ie
magasin alimentaire faisant retenir sur le salaire des ouvriers les
sommes qui lui étaient dues ; tout en vendant à
crédit, il était sûr de ne jamais
perdre.
Cette retenue était
illégale, disaient les plaignants, il faut un jugement qui
n'est pas intervenu. Il fut répondu que la
Société des Forges et Aciéries jouait
uniquement, envers la société de consommation qui
fonctionne près de ses établissements, le rôle de
garant lorsqu'il s'agit de fournitures demandées par certains
de ses ouvriers qui, bien qu'ils n'aient pas d'actions dans
l'association de consommation, demandent néanmoins à
participer aux bénéfices pouvant résulter de ses
opérations à titre de simples coopérateurs,
c'est-à-dire d'acheteurs à crédit.
S'il y a en ce cas une
exigence, elle ne vient nullement de la Société des
Forges et Aciéries qui donne son cautionnement et s'oblige
à une retenue égale au montant de ce cautionnement ;
elle vient de l'Association de consommation dont le capital est
restreint et qui ne peut fonctionner dans de bonnes conditions qu'en
opérant au comptant ou au moins en étant sûre de
la rentrée à bref délai du prix de toutes les
ventes qu'elle effectue.
Trith St
Léger - l'Abreuvoir - pour un agrandissement, cliquez ici
Trith St
Léger - l'Abreuvoir - pour un agrandissement, cliquez ici
La Société de
consommation a eu l'excellente idée de faire imprimer un petit
livre intitulé " les Secrets de la cuisine américaine,
hygiène et jardinage ". Ce petit livre a pour objet
d'enseigner aux ménagères à faire un choix
intelligent d'aliments hygiéniques et substantiels, quoique
peu coûteux, à les varier, et tout en restant toujours
dans les limites du taux des salaires et des denrées, de
façon à éviter le gaspillage et la
parcimonie.
Des calculs fort exacts faits
pour des familles de six personnes prouvent que même avec un
revenu complet de 18 fr. 75 par semaine, on peut, si la femme et le
mari sont rangés, manger de la viande tous les jours et
épargner.
Le tableau suivant indique
entre quelles dépenses une famille peut diviser son revenu
:
Quand le
gain
d'une semaine
est de :
|
La
dépense journalière
pour la nourriture
peut être de :
|
La
dépense
hebdomadaire
peut être de :
|
Il faut
réserver
pour le loyer, les habits
et la caisse d'épargne :
|
18,75
|
1,55
|
10,85
|
7,90
|
25,00
|
2,05
|
14,35
|
10,65
|
37,50
|
2,90
|
20,30
|
17,20
|
50,00
|
3,55
|
24,85
|
25,15
|
l'Abreuvoir - pour
un agrandissement, cliquez ici
M. Delaruelle, président
de la Société de consommation, a publié sous le
titre de "La question sociale réduite à une simple
question de boutique" une intéressante brochure dans laquelle
il montre une fois de plus l'utilité des
Sociétés de consommation.
L'ouvrier et sa femme sont
incapables de courir de boutique en boutique pour discuter le prix de
ce qui leur est nécessaire et, de plus, ils ont rarement en
poche l'argent indispensable.
Un ménage ouvrier vit
trop souvent au jour le jour ; il tombe sous la dépendance du
petit marchand qui, par le crédit ouvert, lui permet de
surmonter les crises, maladies, chômage etc.
M. Delaruelle fait ressortir
les inconvénients des ventes par abonnements qui sont trop
souvent des opérations ruineuses. De même, l'ouvrier est
exploité par les colporteurs.
Les sociétés
coopératives de consommation permettent à l'ouvrier de
se procurer ce dont il a besoin pour vivre dans les meilleures
conditions de prix et de qualité. Elle le soustrait aux
privations qu'il doit s'imposer en portant tout son salaire aux
petits boutiquiers de son voisinage.
Arthur
Raffalovich - mars 1890
pour un
agrandissement, cliquez ici
la brasserie
Trinquet
l'estaminet
Trinquet
à
suivre : document de 1908
A noter
que l'on fournit toujours de bonnes raisons pour ne rien
changer !
|
1928 - Les
Brosseries Métalliques du Nord
1930 - Les
Brosseries Métalliques du Nord
1934 - Les
Brosseries Métalliques du Nord
1943 -
Constructions Métalliques - Etablissements Edmond
Baily
1943
également
même
entreprise, deux ans plus tard - 1945
1952
1958
1953
1912 - Usine
Lacroix - Société Anonyme des Produits
Chimiques
oblitération
de 1913 - Fabrique de Produits Chimiques et Engrais
Usine Lacroix (Le
Poirier) - concentration des acides muriatiques
l'acide muriatique est l'autre nom de l'acide chlorhydrique -
muriatique signifie "appartenant au sel ou à l'eau de mer"
pour un agrandissement, cliquez ici
Usine
Lacroix - Guerre Mondiale 1914-18
Usine
Lacroix - Guerre Mondiale 1914-18
|
vue
aérienne de la société Métal-Escaut
ODETTE
HARDY-HÉMERY "Trith-Saint-Léger, du premier
âge industriel à nos jours"
Presses Universitaires du Septentrion - 2002 - 368 pages -
20 €.
"Spécialiste
depuis longtemps reconnue du Valenciennois, O.
Hardy-Hémery ajoute une pierre nouvelle à son
uvre sur lindustrie et ses acteurs en publiant
une monographie sur Trith-Saint-Léger. Plaidoyer
convaincant pour les études micro-régionales
sur la longue durée, dans le sens où elles
renseignent sur la pluralité des processus
dindustrialisation, des paysages et des comportements
induits, cet ouvrage sinscrit parfaitement dans les
récentes approches de lhistoire
économique et de lhistoire de la
mémoire. À ce double titre, il rappelle,
dune part que la genèse de lindustrie a
tenu plus souvent de la transition que de la rupture (ainsi,
p. 55, pour le passage du fer à lacier),
dautre part que lhistorien, sil ne peut
prétendre construire la mémoire collective,
contribue à la "révélation" des
identités et au dialogue entre
générations, entre passé et
présent. De ce point de vue, la démarche
dO. Hardy-Hémery peut nourrir la
réflexion quant au défi que le pays de Trith,
comme bien dautres il est vrai, doit relever depuis 25
ou 30 ans : comment passer de la prospérité
à la crise sans sombrer dans la sinistrose et le
refoulement des héritages ?
Le lecteur saura gré à lauteure de ne
point sêtre limitée aux archives
traditionnelles, publiques et privées, et
davoir mobilisé les sources littéraires
et la mémoire vivante. Doù la grande
sensibilité du livre, véritable hommage au
métier de sidérurgiste, "métier
exigeant envers les corps, les esprits, les familles".
Hommage, plus largement, à la civilisation
industrielle, si vite oubliée, aujourdhui que
domine la société de services. Comme le
rappelle la citation en exergue dAndré Stil :
"Ce nest pas lindustrie qui est laide. Ce qui
est laid, cest son mauvais usage. Cest ce long
mépris des choses et des hommes
Demain, des
formes, des méthodes, des énergies nouvelles
doivent confirmer quil y a même une
beauté industrielle." ( 1977)
Histoire du temps et de lespace usiniers, dun
cheminement économique et de
lélaboration dune "société
originale", létude multiplie les angles
danalyse : stratégies dentreprises,
formation de la main-duvre, mise en peuplement,
expressions politiques et syndicales
Rappelons dabord la trame économique,
censée conjuguer héritages et mutations.
Quoiquici, finalement, seule la clouterie
fécondera lavenir, car le textile
sétiole rapidement, et sucreries et brasseries
restent fort marginales au XIXe siècle. Si, à
partir des années 1830, la métallurgie
ferreuse simpose à Trith, cest bien parce
que les industriels cloutiers se transforment en
sidérurgistes. Laventure commence avec un
modeste cloutier de Raismes, Leclercq-Sézille qui, en
1828, convertit un moulin de Trith en usine à fer.
Même si lindustrie du fer reste quelque temps
une "industrie légère" (chapitre 1), le destin
de la localité semble scellé, sur la base
dune spécialisation purement
métallurgique. Le désenclavement ferroviaire
réalisé, après 1870, trois entreprises
vont se partager les rives de lEscaut : Leclercq, Canu
et Sirot (cette dernière devenant en 1899
Métalescaut).
À la différence de Denain, portée par
le développement régulier du couple
mine/sidérurgie, lindustrie trithoise avance
par bonds successifs, initiés soit par les
avancées technologiques, qui imposent des changements
de taille, soit par lintervention de capitaux
extérieurs. En sassociant en 1873 avec une
firme de Jarville, où elle a créé ses
propres hauts fourneaux en 1867, persuadée que
lavenir de la sidérurgie se joue à
lEst, laffaire familiale Leclercq se transforme
en Société des Mines et Usines du Nord et de
lEst et se lance dans la fabrication de lacier
(Bessemer). Si la Société acquiert de ce fait
une dimension nationale, elle na pas pour autant les
capitaux requis pour adopter la nouvelle technologie Thomas.
Doù le retrait des Leclercq et la constitution
en 1881, à Paris, de la Société des
Forges et Aciéries du Nord et de lEst,
contrôlée par la "grande banque
politico-financière" (p. 62). Dès lors, le
changement quantitatif saccélère : fonte
Thomas et usine du Poirier en 1882, et surtout construction
dune méga-usine intégrée (
1906-1913). Abandonnant son site de Jarville, le "Nord-Est"
allume trois hauts fourneaux à Trith, adopte les
"meilleures normes européennes" et investit dans les
produits marchands. En 1913, le "Nord-Est" fait presque jeu
égal avec Denain-Anzin.
Entièrement détruite en 1918, à nouveau
active en 1923, lentreprise sessouffle ensuite
à bâtir un empire industriel. À tel
point que la Société doit faire appel à
de nouveaux capitaux et, fait alors exceptionnel pour une
entreprise sidérurgique, passe sous le contrôle
de la Société des Mines de Lens (chapitre 4).
Relativement épargnée par la crise des
années 1930, sortie pratiquement intacte du second
conflit mondial, la firme est néanmoins contrainte,
par lÉtat, de fusionner en 1948 avec
Denain-Anzin dans le cadre dUsinor (chapitre 8).
Spécialisée, avec succès, dans les
roues monobloc, Usinor-Trith subit, comme bien dautres
usines "continentales", la concurrence de la
sidérurgie "littorale" (Dunkerque, ouverte en 1962)
et des nouveaux producteurs (chapitre 9). À son
maximum de production en 1974, le site est progressivement
démantelé, de 1972 à 1985, victime des
accords Usinor-Arbed et du choix dUnimétal de
privilégier laciérie électrique
de Métalescaut (chapitre 10).
Le développement économique na pas
été bien sûr sans conséquences
sur lévolution de lespace, du paysage et
de la sociologie. Rythme usinier et rythme
démographique sont étroitement
corrélés (chapitre 3). À la
différence de Denain-Anzin, incitée par la
régularité de sa croissance à
sappuyer sur lendotechnie, le "Nord-Est" a
dû largement recourir à la
main-duvre étrangère,
essentiellement belge avant 1914, algérienne
après 1948. Pour autant, en puisant également
très largement dans les communes voisines,
lindustrie trithoise a construit peu de cités
(chapitre 5).
Stabilisée par la dépression des années
1930, la population ouvrière senracine et
shomogénéise progressivement.
Soudée par les rythmes du travail et des
cités, et par la précarité,
stimulée par la structuration syndicale et le
succès de la grève du "Nord-Est" en 1929 qui
fait naître une "tradition rouge" et une "culture
communiste" (chapitre 7), soutenue par une
municipalité conquise en 1912 par les socialistes,
cette population nen reste pas moins atomisée
par la hiérarchie des salaires, sciemment entretenue
par le patronat local (chapitre 6), et par celle des
qualifications, inscrite dans lespace urbain.
Significativement, la grève quasi
insurrectionnelle de 1935 se solde par un échec
et le licenciement du tiers de leffectif de "Nord-Est"
(chapitre 7).
31
janvier 1935 - Bouches sans pain, Fours sans
coke
|
|
28
février 1935 - Théodore Laurent, duc
de fer
|
|
Il en sera
de même en novembre 1938. Lenracinement
municipal et la conscience de classe ne pourront
éviter ni les restructurations, ni la fermeture
définitive (chapitres 9 et 10) (...)
Alain
Leménorel - http://www.cairn.info
|
les
usines et les fabriques
|
|
l'Escaut
|
|
les
gares
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les
panoramas et les rues
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les
monuments
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les
inclassables
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de fermer l'agrandissement sino
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