Son
père Jean MUSZYNSKI (°1892 en Pologne, + 1993 à
Saint-Léger-aux-Bois) a quitté la Pologne pour venir
travailler en Allemagne dans la sidérurgie, employé
dans un haut-fourneau à l'âge de 16 ans. Ouvrier,
il portait le chapeau melon et la canne pour venir au travail. Il
quitte l'Allemagne à la veille du premier conflit mondial et
trouve une place dans une mine du nord de la France. Il descend
une seule journée au fond de la mine, ce travail ne lui
convient pas et, sans avoir donné le moindre coup de pic,
quitte la mine.
"Vers 1920", il vient rejoindre son
frère aîné Stanislas MUSZYNSKI, employé
avec un de ses frères Ludovic pour le compte de la briqueterie
d'Hilaire SAMAIN (°24 janvier 1881 à St Denijs-Wvl
Belgique, + 31 août 1959 à Ribécourt),
ingénieur en électricité, installé
à Ribécourt. Stanislas fait fonction de chef
d'équipe, avec ses deux frères, et un ou deux autres
hommes ouvrent la première exploitation de glaise sur le
territoire de Saint-Léger aux Bois sur la rive gauche de la
rivière Oise, non loin du futur pont SAMAIN.
Il existe à cette
époque d'autres briqueteries sur le territoire de
Ribécourt, la briqueterie Saint-Jacques par
exemple.
C'est
à la bêche trempée entre chaque
pelletée dans un seau d'eau pour faire glisser la
lame dans la glaise qu'ils remplissent les premiers
wagonnets de la fabrique.
Un cheval tracte ensuite 4 à 5 wagonnets sur un rail
à voie étroite, d'abord sur une pente douce
pour sortir de la coupe de glaise, puis jusqu'à un
pont flottant, constitué de barques en travers de la
rivière, pour gagner au plus court la briqueterie
installée le long de la voie ferrée en face de
la gare de Ribécourt.
|
|
|
Le
passage de la rivière est fort délicat : le
"charretier" doit conduire son cheval avec beaucoup de
maîtrise. L'animal, sur le pont instable, devient
nerveux, d'autant plus que le lourd attelage produit un
effet de vague en s'engageant sur le ponton, et il faut
produire un effort rapide pour remonter sur la rive
opposée.
La manuvre ne se
déroule pas tout le temps au mieux et il arrive que
le cheval, attelé aux wagonnets, s'affole et tombe
avec l'ensemble dans la rivière... Stanislas
MUSZYNSKI saute alors dans la rivière pour couper au
couteau les harnais du cheval et sauve le pauvre animal de
la noyade. C'est ainsi que, sans doute, reposent au
fond de cette partie de la rivière plusieurs
wagonnets et rails de voie.
|
Le
fondateur et directeur de la briqueterie, M. Hilaire SAMAIN,
pour éviter ces accidents et les drames qui
pourraient arriver, décide la construction d'un pont
au-dessus de l'Oise, en lisière de la forêt de
Laigue. Il s'agit d'un pont suspendu supportant une voie
étroite de chemin de fer, dont la largeur
était suffisante pour la traction
chevaline.
Des années plus tard,
lorsque le tracteur va remplacer le cheval, il n'aura que
quelques centimètres pour passer entre les piliers de
béton supportant les haubans du tablier du
pont. Alors qu'il tracte entre 40 et 60 wagonnets, la
flexion du tablier est impressionnante, l'édifice
atteignant ses limites de résistance.
|
|
La glaise extraite de la
première coupe était de grande qualité et
l'entreprise poursuivit son exploitation en s'éloignant de la
rive vers la lisière de la forêt, sur les terres de
l'ancienne ferme de Taillepied. Cette vieille ferme disparaîtra
totalement, suite à l'exploitation de la glaise.
le pont suspendu privé de la
briqueterie Samain - hier et aujourd'hui...
Afin
de permettre le passage de la voie étroite, un
remblai fut constitué sur le site de la 1re coupe
conduisant au pont sur l'Oise, laissant de chaque
côté un plan d'eau.
L'industrialisation de la
nouvelle coupe est réalisée avec la mise en
place d'un excavateur à godets de marque allemande
RAHAUPAR (RAUPAR) conduit par Jean MUSZYNSKI, se
déplaçant le long de la coupe sur un rail et
déversant la glaise directement dans les wagonnets
qui circulaient sur la voie étroite en
parallèle. Les rails étaient reculés
d'un intervalle à la fin de chaque coupe.
Après avoir décapé la terre
végétale, la coupe s'enfonçait dans le
banc de glaise verte pour atteindre une profondeur de 3 ou 4
mètres.
|
|
l'excavateur à
chaîne à godets
|
Plus
tard, M. Hilaire SAMAIN se rend compte qu'il y a encore des
ressources importantes, plus profondément : en homme
expérimenté, malgré une main
coupée, il prend son couteau pour extraire un
échantillon de glaise verte qu'il teste en la
goûtant et conclut à la grande qualité
du gisement.
Ainsi, sur la surface
dégagée de la première coupe, fut mis
en service un second excavateur plus grand, dont la
profondeur de la coupe atteignait 5 à 6
mètres. Le premier excavateur fut placé
pour extraire une nouvelle coupe au fond de la
glaisière jusqu'à atteindre la couche de
pierre bleue d'où jaillit une eau claire, dont se
désaltéraient les ouvriers. Des pompes furent
installées pour permettre la poursuite de
l'extraction qui refoulaient dans les deux petits
étangs, à l'ouest, non loin de la
deuxième croix, et un drain sous le chemin
évacuait le trop plein dans la rivière.
|
Jean MUSZYNSKI devient le responsable
du site de Saint-Léger et Gustave SAMAIN, né le 24 mai
1913 à Vieux Campinaire (Belgique), fils et successeur du
fondateur de la briqueterie, se repose sur lui pour gérer la
conduite des machines et des hommes.
Jean MUSZYNSKI avait exprimé
quelques réticences devant cette promotion, n'écrivant
pas très bien le français pour rédiger les
formalités d'embauche des salariés au gré des
besoins du site, mais la confiance de son employeur était
telle qu'il était parfois plusieurs mois sans venir sur le
site d'exploitation, les stocks de glaise étant
régulièrement approvisionnés et le personnel
justement utilisé.
plan de coupe de l'exploitation
mécanisée avec des excavateurs à chaîne
à godets
Jean MUSZYNSKI avait acquis peu avant
la déclaration de la seconde guerre mondiale un poulain de
race bretonne qu'il nomma "Gamin". Ce dernier était en
partie coupé (on dit "un pif") et était de ce fait un
animal assez nerveux. Attelé au moment de
l'évacuation pour fuir devant l'arrivée allemande, il
fit des envieux à son retour car on ne le reconnut pas, tant
il avait forci, et c'est grâce à l'étoile blanche
qu'il portait sur la tête qu'il put être
identifié.
Conduit sur ordre de réquisition à Ribécourt,
les Allemands n'en voulurent pas, tant il semblait nerveux et
difficile à conduire. Ce solide compagnon fut lui aussi, plus
tard, embauché au transport de la glaise et attelé aux
wagonnets, mais attention ! ce cheval savait compter et savait, par
expérience, que lorsqu'il s'élançait avec ses 5
wagonnets, les 5 attaches des wagonnets cliquetaient. Si un
cliquetis supplémentaire se faisait entendre, le cheval
refusait d'avancer plus en avant, pas dupe du 6e wagonnet qu'on
essayait de lui faire tracter...
De même, à cette époque où le travail
était rythmé par les coups de sirène de
l'industrie, lorsque la sirène de l'usine Saint-Gobain de
Thourotte retentissait à 11 h 30, marquant ainsi la fin de la
matinée, le cheval s'arrêtait, respectant lui aussi la
coupure de journée. Si on essayait de le brusquer pour
tenter de le faire travailler, il rentrait directement dans son
écurie, traînant derrière lui sa chaîne
d'attelage.
L'industrialisation de l'exploitation
nécessite toutes sortes de travaux de maintenance : ainsi
Edouard MUSZYNSKI, fils de Jean, est embauché comme ouvrier
d'entretien et de maintenance mécanique.
Pendant 12 années 1/2, il sera
l'homme à tout faire sur le site. Il terminera son
activité aux commandes d'une pelle mécanique à
câble, de marque NORDEST, sur chenille, utilisant un godet en
rétro ou en but, selon les travaux à effectuer, tant
dans l'extraction de glaise à Saint-Léger que sur le
site d'extraction d'argile rouge de Dreslincourt, dont le
contremaître était son oncle Stanislas, qui conduisait,
lui aussi, un excavateur à godets, ou s'occupait des travaux
de terrassement dans les environs.
Dans
la plus grande coupe, la présence de l'eau
jaillissant du fond en pierre bleue pose de réelles
difficultés pour l'exploitation de la
glaise. Aussi Jean MUSZYNSKI entreprend-il la
réalisation d'une digue de terre afin de partager la
fosse en deux et diminuer le volume de pompage. Dans un
premier temps, le remblai n'est pas stable et s'effondre
dans l'eau.
Il est alors proposé
par Edouard MUSZYNSKI d'alterner des couches de terre avec
des branches d'arbres prises dans les futaies à la
lisière de la forêt. Le résultat
est satisfaisant et donne naissance à la digue que
nous connaissons encore aujourd'hui.
Les excavateurs à
chaîne à godets ont cédé leur
place et les wagonnets ont disparu pour être
remplacés par des camions bennes.
|
Une des premières machines
d'excavation
|
L'exploitation de glaise a
cessé à Saint-Léger à la fin des
années 70.
Le home de l'enfance de Carlepont
installera pendant une dizaine d'années une base de loisirs et
ce sera l'occasion pour les jeunes de Saint-Léger de prendre
part aux activités équestres ou d'apprentissage de la
voile.
Cette activité
disparaîtra également, laissant place à de
simples étangs de pêche, propriété de
comités d'établissements.
La
carte en noir et blanc est une carte d'état major de 1917 :
à cette époque, la rivière, la forêt et
les champs, avec les bâtiments de la ferme "Taillepied", mais
aucun étang résultant de l'extraction de la
glaise.
Sur la carte de l'IGN en couleur, on
voit tous les étangs, la ferme "Taillepied" a disparu mais il
reste le lieu-dit et, avec les explications de M. Muszynski, on
distingue même les digues qui ont été
remblayées pour permettre un accès plus direct et
rectiligne aux trains de wagonnets. Le point rouge près de
"Fabr." indique l'ancienne briqueterie SAMAIN, fabrique de carreaux
de plâtre aujourd'hui.
Guy Friadt, octobre
2005
la briqueterie La
Reconstitution de Ribécourt-Dreslincourt
(Oise)
Un
premier projet d'installation de briqueterie existe
dès 1913, mais son implantation est
différée en raison de la
Première Guerre mondiale. En 1921, la
briqueterie est construite pour la
société La Reconstitution,
dirigée par le belge Gustave Samain
[fils de Hilaire], ingénieur des
Mines.
L'implantation s'effectue sur la rive nord du canal
de l'Oise. Par la suite, elle prend le nom de
Céramique et Mécanique et
connaît un essor très important.
En 1962, la briqueterie est
transférée de l'autre
côté du canal. A cette époque
sont construits les ateliers de fabrication et les
bureaux. En 1968, un atelier de
préfabrication de poutrelles en béton
armé est construit par l'entreprise de
Construction Métallique Dolléans, de
Bazoches-les-Hautes (Eure-et-Loir). Cet atelier
sert aujourd'hui d'atelier de réparation. A
partir de 1975, après le décès
de Gustave Samain, gérant de l'entreprise,
la production s'oriente vers la fabrication de
carreaux de plâtre. Parallèlement, la
fabrication de briques est progressivement
réduite pour finalement être
abandonnée en 1978. En 1983, l'entreprise
dépose le bilan. Elle est reprise par
Gypse-export, qui poursuit la fabrication des
carreaux de plâtre. En 1989, l'entreprise
prend son autonomie de fabrication du
plâtre.
1921 : four continu
à gazogène et matériel
allemand. 1989 : mise en place d' un four à
plâtre.
Vers 1925 :
l'entreprise emploie de nombreux immigrés
italiens. 1956 : environ 240 salariés. 1963
: 85 salariés. 1983 : 25 salariés.
2000 : 10 salariés.
Source (1990)
: http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/LISTES/bases/france-dpt.htm
|
|
cabanes sur l'eau :
une deuxième vie pour un lieu longtemps
fréquenté par les
Conti
Il
s'agit d'un article de France 3
Hauts-de-France publié le 18 juillet
2018 et écrit par Célia Vanier &
Dominique Patinec
Autrefois site
du comité d'entreprise des salariés
de Continental, le domaine des étangs bleus
de Saint-Léger-aux-Bois (Oise) accueille des
cabanes sur l'eau et autres hébergements
alternatifs. Et ce, grâce à
l'énergie de deux jeunes gens
déterminés.
Les
hébergements alternatifs se font plus
nombreux dans l'Oise pour les citadins en mal de
nature... Le dernier né se trouve à
Saint-Léger-aux-Bois, au domaine des
étangs bleus. Des étangs
fréquentés par les salariés de
Continental jusqu'en 2012, puisque le site
appartenait à leur comité
d'entreprise. Racheté, il revit grâce
à l'énergie d'Étienne et
Jean-Benoît, deux jeunes gens
déterminés.
Ces 35 hectares
d'eau, de forêts et de prairies ne sont pas
devenus une friche, bien au contraire : ils
abritent des cabanes décorées avec
soin, de leurs propres mains.
Étienne
étudiait le tourisme, Jean-Benoît
l'environnement.... Ils sont devenus
bûcherons, jardiniers, sculpteurs sur bois.
Le bois mort récolté ici-même
est un matériau précieux, et ces deux
copains de lycée en ont fait leur
métier.
Cette Robinsonnade
vous coûtera 149 euros minimum la nuit. Pour
plus d'informations, rendez-vous sur
le
site du domaines des étangs
bleus.
ici une
vidéo de 2 minutes
|
|
Guy
a photographié St Léger en
2002...
|
|
|
...et
vous invite à une balade vers
l'Oise
|
|
|
2008
- nouvelles vues du village
|
|
|
2014
- les photos de Henri
|
|
|
erci
de fermer l'agrandissement sinon.
https://www.stleger.info