Aujourd'hui,
nous irons nous promener jusqu'au bord de la rivière Oise et,
si le cur vous en dit, nous pousserons jusqu'au pont de
"SAMAIN" en direction de Ribécourt.
Nous quittons la rue de
Compiègne qui traverse le village du Nord au Sud pour prendre
la direction de l'Ouest par la rue des Etangs.
Rue des Etangs
Cette rue, autrefois nommée
rue d'Enfer, puis vers 1900 rue de la Fabrique, faisant
référence en cela à la fabrique de balles
à jouer de la famille BERNARD, est de nos jours la rue des
Etangs.
Pour nombre de St Giotains, elle
portait jusqu'à la fin de l'exploitation des glaisières
vers 1980 le surnom de route de la Glaise, à cause des
incessants allers et retours des camions qui transportaient l'argile
des exploitations vers la briqueterie SAMAIN de
Ribécourt.
Cette rue a vu se bâtir depuis
une vingtaine d'années de nombreux nouveaux pavillons comme en
témoigne ces deux vues :
La première, prise en 1963,
nous montre encore une pâture au bout de laquelle se trouvait
pendant la seconde guerre mondiale un camp de prisonniers marocains
employés dans les dépôts de munitions de la
forêt de Laigue :
la rue des Etangs en 1963
La seconde, prise en 2002, nous
montre les nouvelles constructions et les trottoirs. Au fond,
l'imposante bâtisse en brique et pierre de taille, aujourd'hui
occupée par des logements, était la fabrique de balles
à jouer BERNARD :
En passant devant l'ancienne fabrique
de balles à jouer BERNARD, on remarque la date de construction
de l'établissement : 1896. La fabrique disparaîtra
pendant la première guerre mondiale avec la mort au champ
d'honneur en 1915 des 2 fils de Restide-Léger (dit Aristide)
BERNARD, propriétaire de la fabrique. La fabrique occupait les
2 bâtiments en brique avec parement en pierre de taille qu'il
avait fait construire, et qui se trouvent de chaque côté
de la rue.
Rue des Etangs
l'entrée de l'ancienne fabrique de balles à
jouer (inscription 1896)
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Nous sommes arrivés à
la sortie de St Léger. Nous avons laissé sur la gauche
la rue des Demoiselles et nous voici arrivés au carrefour dit
"de la première croix", à cause du calvaire qui s'y
dresse.
Nous laisserons sur la gauche le
chemin de Taillepied qui conduisait autrefois à un
écart où se trouvait une ferme isolée entre St
Léger et Montmacq. La ferme de Taillepied fut tenue par la
famille FRANÇOIS en 1728 (aujourd'hui disparue).
Nous
prenons sur la droite la direction de la rivière. Les
terres de l'ancienne ferme de Taillepied ont pour
l'essentiel disparu par le creusement des glaisières
qui ont laissé place aujourd'hui aux
étangs.
La route laisse sur le
côté le pré Lambert et le pré
Lannoy et atteint la seconde croix.
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Nous dirigeant vers la seconde croix,
un regard en arrière nous permet d'observer les
dernières constructions de pavillons qui gagnent le long de la
route, sous l'il malicieux des dernières vaches du
village.
Nous sommes arrivés à
la seconde croix, qui se trouve sur le bord du chemin et surplombe un
méandre de la rivière Oise.
Autrefois, un vieux calvaire
s'abritait sous un immense tilleul, mais cet arbre remarquable a
été déraciné au cours d'une tempête
vers 1976, emportant avec lui le calvaire. Aujourd'hui, au même
endroit, un habitant de St Léger a érigé une
croix sur un socle monumental en forme de cur.
En
hiver, lors des crues de l'Oise, l'eau monte de plusieurs
mètres ici et recouvre pâturages et champs
jusqu'à se rapprocher à quelques dizaines de
mètres de la croix.
C'est aussi depuis peu
l'aboutissement du réseau de tout à
l'égout de la commune et l'emplacement de la station
d'épuration.
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A partir de là, le chemin est
beaucoup moins praticable. Nous allons arriver aux différents
étangs.
Sur notre gauche, voici d'abord
l'étang bleu, ainsi nommé à cause de sa belle
couleur sous le soleil !
Cet étang, fort profond, résulte de l'exploitation de
la glaise pour la briqueterie de Ribécourt SAMAIN qui pendant
des décennies a fait ici un chantier réellement
impressionnant avec sa grosse machine d'extraction à godets et
son réseau de wagonnets tirés par un tracteur.
Le réseau de rail conduisait par la forêt via le pont
suspendu construit sur l'Oise par les Allemands pendant la guerre
1914-1918 directement jusqu'à la fabrique.
L'eau des étangs est de bonne
qualité et la superficie du plus grand étang permit
dans les années 1970 l'installation d'un centre d'accueil et
de loisirs qui proposait aux jeunes l'initiation à la voile et
à l'équitation. En fait un vrai terrain d'aventures
pendant des années pour la jeunesse des environs...
jusqu'à la vente à différents comités
d'entreprises de tous les étangs dans les années
1990.
Un projet d'aménagement d'une
véritable base de loisirs a bien existé ici, mais n'a
jamais vu le jour.
L'étang bleu
Nous pénétrons
maintenant dans la forêt en suivant le chemin emprunté
autrefois par les wagonnets. Plusieurs petits étangs, devenus
donc la propriété de comités d'entreprises, sont
aujourd'hui clôturés. On remarque toujours la couleur de
l'eau, fort bleue malgré les remblais industriels qui ont
été pratiqués pendant longtemps dans certaines
anciennes exploitations de glaise.
En effet, la fabrication de tuiles et de briques date de fort
longtemps à St Léger : les registres paroissiaux du 18e
siècle font déjà état de tuiliers, ces
derniers travaillant à remplacer progressivement les
couvertures en toit de chaume des habitations.
L'étang
"Jébleu"
Nous arrivons à l'étang
dit "Jébleu" (orthographe incertaine), du nom de famille d'un
garde qui surveillait l'exploitation de glaise et résidait sur
place dans une petite maison aujourd'hui devenu, vous le voyez, un
simple abri.
Dans ces étangs sans
surveillance, après la fermeture de l'exploitation, venaient
aux beaux jours nombre de personnes des environs profiter de la
baignade et du pique-nique à l'ombre des grands arbres,
occasionnant à cette période une circulation de
voitures importante.
Aujourd'hui, seul les pêcheurs
occupent les bords de l'Oise, taquinant le gardon, la perche et
autres fritures, et même, pour les plus
expérimentés, le brochet.
Toujours en suivant le chemin
surélevé emprunté autrefois par les wagonnets,
et ainsi préservé des petites crues de la
rivière, nous arrivons au pont dit "de SAMAIN".
Cet ouvrage audacieux en
lisière de la forêt de Laigue enjambe l'Oise entre deux
méandres.
C'est en fait un pont suspendu construit par Hilaire SAMAIN, le
directeur de la briqueterie qui en fut pendant longtemps la
principale utilisatrice et assura son entretien.
Sur des élévations en béton armé reposent
de gros câbles auxquels est suspendu le tablier du pont.
Le front à l'époque,
longtemps stabilisé juste au nord de St Léger aux Bois
à Bailly, se prolongeait sur Ribécourt.
D'âpres combats ont eu lieu dans ces villages pour l'essentiel
totalement détruits et l'obstacle naturel de la rivière
Oise rendait la position stratégique. Aussi ce pont
permettait-il sans doute de rompre l'isolement de certaines
premières lignes.
Pour en savoir plus, lien vers
les pages du site du Conseil Général de l'Oise sur la
guerre de 14-18
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La structure
métallique du tablier était garnie de poutres
épaisses.
On remarque encore la voie
étroite du réseau des wagonnets.
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Aujourd'hui, malgré une
restauration faite il y quelques années par la
société de chasse à courre, toute la garniture
en bois a disparu et c'est un spectacle désolant qui s'offre
aux promeneurs.
Dans cette végétation qui prend des allures de jungle,
l'imaginaire nous entraîne vers des aventures tropicales
où pendent les restes d'un pont, bien pratique il y a encore
quelques années, avant l'ère de l'automobile, pour se
rendre à la gare et dans les commerces de
Ribécourt.
La sécurité du
franchissement n'existe plus aujourd'hui, et l'avenir de ce pont est
fortement compromis. Il figure toujours sur les cartes d'état
major comme un élément stratégique d'une autre
époque.
C'est un peu en amont que sous une
pluie battante, en 1876, Robert Louis STEVENSON, futur auteur de
"L'Ile au Trésor", tira son canoë sur la rive droite pour
gagner Pimprez où il déjeuna en attendant la fin de la
pluie. (voir plus bas)
Sous le pont coule toujours
l'Oise.
En cet été 2002, le niveau n'a que bien peu
baissé et les crues de l'hiver sont loin. Le silence
règne, parfois troublé par le chant des oiseaux et les
sauts des poissons.
l'Oise
Cet endroit, aujourd'hui quasiment
oublié, était pourtant jadis le lieu d'une importante
activité, la rivière étant un important axe de
communication. On connaissait, un peu plus en amont sur le territoire
de la commune, à Flandre, un port qui employait de nombreux
habitants et générait des revenus.
Sur la rivière travaillait au 18e siècle Louis MOGNOL,
"pescheur de poisson" de son état.
On pouvait aussi à l'occasion y voir passer les flotteurs de
bois.
Sur le chemin du retour, mon regard
est attiré par une traverse en tôle, vestige de la voie
ferrée étroite qui guidait les wagonnets de
glaise.
la voie des
wagonnets
Bientôt, faute de passage, la
forêt aura totalement repris ses droits.
J'espère avoir contribué à maintenir le souvenir
de ces lieux.
Avis de recherche
Je recherche une carte postale ancienne avec le pont intact, et tous
les témoignages et documents portant sur l'exploitation de la
glaise à cet endroit me seraient précieux.
guy.friadt@wanadoo.fr ou
Robert
Louis Stevenson, en canoë sur
l'Oise,
fait halte à Pimprez
(1876)
Stevenson
en 1879 par P. S.
Krøyer
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Robert
Lewis Stevenson (novembre 1850 - décembre
1894) est célèbre aujourd'hui encore
pour des livres tels que "L'Ile au Trésor"
(1881) et "Dr. Jekyll et M. Hyde" (1886). Son
premier livre, plus méconnu, est "Un voyage
intérieur" et relate un voyage en
canoë.
En septembre 1876,
Robert Louis Stevenson, accompagné de son
ami Lord Walter Simpson, va parcourir les canaux
depuis Anvers jusqu'à Compiègne en
canoë, puis il continuera vers Pontoise. Pour
mener à bien leur aventure, ils vont
sillonner successivement l'Escaut, le Rupel et le
canal Willebroek-Bruxelles. Bruxelles-Maubeuge
étant encombré de 55 écluses,
ils vont couvrir cette distance par le train. En
étant descendus, ils vont repartir sur l'eau
en empruntant tour à tour la Sambre, le
canal de Sambre à l'Oise et enfin l'Oise, ce
qui les amènera près de
Pontoise.
Qu'il y a-t-il de
mieux dans la vie que la canotage ? "Car se
trouvera-t-il quelqu'un qui ose me soutenir que
traiter des affaires est plus intéressant
que s'emballer pour le canotage ? Il faudrait
n'avoir jamais vu une barque, ou n'avoir jamais vu
un bureau, pour parler ainsi. Et, bien sûr,
l'un vaut mieux que l'autre pour la santé.
Rien ne devrait être la véritable
occupation d'un homme comme son amusement."
Au début du
voyage, tout n'est pas si simple. Le premier essai
du canoë à voile au milieu du fleuve ne
se passe pas sans appréhension.
"Qu'arriverait-il au premier vent gonflant ma
petite voile ? J'imagine qu'il était
quasiment aussi aventureux d'aborder ainsi
l'inconnu que de publier un livre ou de prendre
femme."
Les comparaisons sont hardies ! mais finalement
tout se passera bien. Et le spectacle est à
la hauteur du voyageur et de son inspiration. Par
exemple, lorsqu'il croise une péniche
tirée par un cheval qui "marche d'un pas
tranquille comme si nulle autre affaire n'existait
au monde et l'homme rêveur au gouvernail voit
le même clocher sur l'horizon, une
journée entière."
On voit que ça ne va pas trop vite.
D'ailleurs, la vue des péniches rend
Stevenson méditatif : "Il devrait y avoir
beaucoup de gens satisfaits à bord des
bateaux, car mener pareille vie c'est à la
fois voyager et rester chez soi."
Ce récit
contient de très belles annotations sur les
paysages qui, vus d'un canoë,
présentent une autre perspective : "Les
haies très hautes s'enlianaient autour des
troncs d'ormeaux alignés et les champs, la
plupart du temps de peu de superficie,
ressemblaient à des rangées de
berceaux au long de la rivière."
Ce voyage est
également l'occasion de rencontres, et les
chapitres de ce livre sont souvent prétextes
à digressions sur la société,
ses murs, son comportement, sa morale. Avec
parfois un humour assez dévastateur. Nos
amis belges apprécieront... "Boom n'est
pas un endroit agréable et n'est remarquable
que sur un point : la plupart des habitants y sont
convaincus qu'ils savent parler anglais, ce qui, en
fait, n'est pas démontré."
Ou encore : "Le menu, comme d'habitude en
Belgique, était de nature
imprécise."
Récit de
voyage autant que document sur les us du XIXe
siècle, donc récit vivant,
poétique, bucolique, mais aussi plein de
réflexions sur la vie, la nature, la
paresse, le voyage.
Ayant
dépassé Noyon, ils poursuivent la
descente sur la rivière sous une pluie
battante, et Stevenson écrira : "Je ne me
rappelle rien du voyage ; ce n'était rien
que des rives argileuses, des saules, et de la
pluie, de la pluie incessante, battante,
jusqu'à ce que nous ayons cessé de
déjeuner dans une petite auberge à
Pimprez, où le canal est très
près de la rivière".
Si ce voyage laisse
une grande liberté d'imagination à
l'auteur, cela n'occulte pas pour autant le paysage
dont il donne de larges descriptions dans ce
"Voyage intérieur", récit paru en
1877, dans lequel il rend compte de cette
excursion. Cette aventure est aussi connue sous le
titre : "Voyage sur les canaux et les
rivières du Nord de la France et de la
Belgique".
Né à
Édimbourg (Ecosse) le 13 novembre 1850,
Stevenson quitte en 1876 la maison paternelle et
séjourne à Londres chez un ami. Il
retourne en France, et descend la Sambre et l'Oise
en canoë avec Walter Simpson. En août,
à Grez, un village au sud-est de Paris,
près de Barbizon et de Fontainebleau, il
fait la connaissance de Fanny Osbourne (1837-1911),
artiste américaine séparée de
son mari. La rencontre avec sa future
épouse, Fanny, devait changer le reste de sa
vie. Lui a vingt-cinq ans, elle beaucoup plus. Elle
obtiendra le divorce en 1880 et se mariera avec
Stevenson.
Les oeuvres les
plus connues de Stevenson restent "L'île au
Trésor" (1881), "Docteur Jekyll et Mister
Hyde" (1886) et "Le maître de Ballantrae"
(1889).
Il décède d'une crise d'apoplexie le
3 décembre 1894, à 44 ans, dans
l'Archipel des Samoa où il vit avec Fanny,
au milieu de ses amis indigènes qui le
surnomment "tusitala" : "l'homme qui
raconte de belles histoires". Il sera
enterré, comme il le souhaitait, au sommet
du Mont Vaea, face à la mer.
Sur sa tombe sont gravés les vers de son
"Requiem" composé à Hyères dix
ans plus tôt.
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Guy Friadt, janvier
2003
Guy
a photographié St Léger en
2002
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rencontre
avec Edouard Muszynski : la
glaise
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2008
- nouvelles vues du village
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2014
- les photos de Henri
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erci
de fermer l'agrandissement sinon.
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