"A faut espérer qu' c' jeu-là
finira ben tôt"
Le paysan, appuyé sur sa houe, doit
porter sur son dos le prélat et le seigneur
(il peine et paye les impôts pour nourrir le clergé et
les nobles)
cependant que les oiseaux et les rongeurs dévorent sa
récolte.
(le paysan n'a pas le droit de chasse)
D'après une caricature du temps
(in L'Histoire Vivante, de M. et S. Chaulanges, aux éditions
Delagrave - 1954)
Dans
chaque paroisse (commune d'aujourd'hui), on se rassemble pour
rédiger ses doléances et désigner ses
représentants à l'assemblée du bailliage,
circonscription qui correspond à peu près à nos
cantons.
Au bailliage, on réunit tous les cahiers des paroisses en un
cahier de bailliage. On en rédige un pour chaque ordre :
Noblesse, Clergé et Tiers-Etat.
Les cahiers sont ensuite envoyés au Roi à Versailles.
Ils devaient lui faire connaître les plaintes et les voeux des
Français.
Aujourd'hui, ils nous renseignent sur la vie et les espoirs de la
population française en 1789.
25 février 1789
Les
vux de la paroisse sont
- Que la dette de l'Etat
soit vérifiée et payée sur tous les fonds,
qu'il n'y ait qu'un seul impôt sur ces mêmes
biens
- Que les
représentants du Tiers-Etat ne soient pris que dans cet
ordre
- Que les états de
cette province soient mieux en activité, et qu'il ne soit
rien changé à leur constitution que sur la demande
ou du consentement de la province
- Que les droits
féodaux tels que ceux de banalité (1), de
chasse, de prêtre, de colombier et autres de cette nature
soient examinés et supprimés si
l'équité le permet
- Que les impôts du
sel, du tabac et des aides en soient supprimés, vu les abus
qui se sont glissés dans la perception, vu aussi les
excursions (2) que les employés font chez les
malheureux habitants des campagnes, ayant recours aux moyens les
plus injustes pour avoir occasion de dresser des procès
verbaux, en considérant les besoins de l'Etat, il y soit
suppléé par un autre impôt moins
onéreux au peuple, ou qu'au moins les susdits impôts
souffrent une grande réforme
- Que, pour les
contrôles des actes, il y ait une perception juste et
équitable, que l'abus qui s 'est introduit dans tous les
bureaux de perception soit aboli et que cette perception ne soit
plus arbitraire, et que le tarif de 1722 soit
réformé, et que le justiciable ne soit plus
exposé à perdre sa dette par l'effroi du
contrôle d'un acte compliqué et qui devient plus cher
que sa créance par l'activité des traitants
(3), et que les recherches d'un ambulant (4),
toujours industrieux et avide de procès, soient
proscrites
- Que les juridictions
multipliées d'une seule paroisse n'en fassent plus qu'une
seule, et qu'elle soit assujettie à la juridiction du lieu
où elle a mis son impôt
- Qu'à
l'Assemblée des trois ordres à Evreux, chaque ordre
nomme séparément ses
députés
- Que l'agriculteur, qui
conserve ses travaux et ses sueurs (5) à un art si
utile aux citoyens, soit ménagé dans les
impôts et ne soit pas découragé par tous les
maux de l'indigence
- Enfin que les
privilèges et exemptions, tant du clergé que de la
noblesse, soient éteints en matière d'impôts,
que cet objet important soit décidé à
l'ouverture des Etats Généraux avant la discussion
de toute autre matière.
Arrêté en
l'assemblée des habitants soussignés composant le
tiers-état de la paroisse de Rôte, ce deux mars mil sept
cent quatre vingt neuf.
(1) banalité : servitude
consistant dans l'usage obligatoire et public d'un objet appartenant
au seigneur
(2) excursions : pris dans le sens d'incursions
(3) traitants : celui qui a signé un accord avec le Roi pour
lever en son nom certains impôts
(4) ambulant : personne n'ayant pas de résidence fixe
(5) sueurs : se donner beaucoup de peine, de fatigue
2 mars 1789
l'abbé
Pétel, prêtre réfractaire - 1792
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les
bruyères de Saint Léger
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erci
de fermer l'grandissement
sinon.
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