contes et
légendes
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a nuit où les bêtes parlaient |
Un jour, le père Jean
ou vaugué savère si quère vré,
alors ou rentré tout doucement din sa grange sans
fère de bru et pi vouatendé.
Quand lau douze co de
miéneu auguéran souna, son beu le Rouget ou
dissé au Blondet : "Sã-tu qui que ne van
fère demo ?" et le Blondet ou répondé :
"Oui ne méneran note mètre en
terre." Et le lendmo, i
trouvéran le père Jean mort din sa
grange
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Un jour, le père Jean
a voulu savoir si cétait vrai, alors il rentra
tout doucement dans sa grange, sans faire de bruit et puis
il attendit. Quand les douze coups de
minuit eurent sonné, son buf le Rouget dit au
Blondet : "Sais-tu ce que nous allons faire demain ?" et le
Blondet répondit : "Oui, nous mènerons notre
maître en terre." Et le lendemain, on trouva
le père Jean mort dans sa grange
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le hasseur de loups |
La notoriété de J.
BERTRAND était telle quil en était resté
une anecdote que lon ma souvent racontée dans mon
enfance. Jacques BERTRAND ! Oh la
la.. Cétait un grand tueur de loups
Sais-tu comment il faisait ? M. Poussif, de St Hilaire
la Treille
Le eigneur
de Grassevaud - Mon petit, sais-tu pourquoi Pierre
Bléraud, propriétaire du château de Grassevaud
signait "Les hirondelles portent malheur" ? - Non, grand-père. Raconte !
- Cest une bien triste
histoire. En ce temps-là, les seigneurs étaient les
maîtres. Pierre Bléraud, Seigneur de Grassevaud, tuait
les hirondelles. Cette photo
représente l'unique vestige du château de Grassevaud,
à St Hilaire la Treille.
Le ahus Le Dahus, cest une
bête fantastique que personne na jamais vue, dont on
parlait beaucoup autrefois, dans le pays. Depuis, plus personne, dans
nos contrées, nen parle. Son nom serait oublié,
sans un bon tour arrivé, il y a de cela, peut-être cent
ans, à un brave garçon qui aimait la plaisanterie : Ce soir-là, il se trouve sur
la chaussée de létang des Grenouilles, et je ne
sais trop ce quil fait là, mais il est probable
quil attend une jeune fille, laquelle tarde à venir. Notre homme se retourne, le voit,
cela lui donne une idée. Sans bouger, il fait signe de ne pas
faire de bruit. Le benêt sapproche : Pierre met un doigt sur ses
lèvres : Le stupide garçon navait
jamais entendu cette expression, cest pourquoi il demande
encore : Pierre lui fait toujours signe de ne
pas faire de bruit. Pierre lève les bras en
lair : Pierre sen va, en prenant un
air fâché, alors que, dans son for intérieur, il
rit franchement. Il va chercher un beau sac de toile,
bien solide, il le dispose à la sortie de la bonde, qui est
grande ouverte, il lattache solidement. Ensuite, il attend
: La nuit était à peu
près achevée, il n'avait rien vu. Le jour se
lève, un bruissement, dans l'eau, se fait entendre, le sac se
met à bouger : Il attrape brusquement le sac par la
gueule. Ah, mes amis, cela ne va pas tout seul, dans le sac !
Ça fait des sauts comme le diable sous leau
bénite. Pour un peu, cela rentrait dans le ruisseau, tout
emmailloté dans ses chiffons. A force de taper dessus, de le
heurter contre le sol, de tous les côtés, le
garçon en est maître ; il na plus quà
jeter le sac sur son épaule. Il sen va,
immensément content. Il rencontre Pierre qui vient de se lever
: La curiosité le saignait. On
ouvre le sac. Dedans, il y a, tout simplement, une loutre. Eh oui,
une belle loutre, des plus lustrées !
Le départ des hirndelles Certaines personnes ont entendu
parler de cette histoire que lon raconte au sujet des
hirondelles, qui explique leur disparition de notre région
pendant lhiver. Les hirondelles se donnaient
rendez-vous, paraît-il, près des étangs. Et on
les voyait se poser en masse sur les joncs et les roseaux, entre deux
vols au ras de leau. Lexplication était
simple. Pour échapper aux rigueurs de lhiver, les
hirondelles se cachaient tout simplement au fond de leau, et
respiraient à laide des joncs ou des roseaux. Quand
elles sentaient que les beaux jours revenaient, elles ressortaient et
on disait alors que le printemps était de retour...
'homme
qui défrichait Certes, les seigneurs avaient des
passe-temps quon naurait pas
imaginés... Une fois, il y avait un homme qui
défrichait. Il était parti de bonne heure, emportant
son quignon de pain, un peu de fromage blanc, et tape que te tape
! Lhomme ne regardait pas voler
les mouches. Et même le soir, lorsquil
rentra chez lui, à la nuit, il dit : Alors seulement lhomme
saperçut que sa femme avait pleuré toutes les
larmes de ses yeux, et quelle ne tenait plus debout tant elle
avait eu peur tout le jour. Car, à vrai dire,
cétait sur lui-même que les bourgeois avaient
tiré depuis le matin. Sans perdre de temps, ni penser
à rien, pour se divertir, il sempare dun fusil, et
après lui tous les autres sy essayèrent. Cela
dura jusquau coucher du soleil, et aucun ne toucha le but tant
ils étaient maladroits. Personne navait osé
avertir lhomme, et lhomme, lui, piochait, comme si de
rien nétait. De temps en temps, il s'arrêtait pour
souffler, ou bien pour écouter si les seigneurs
samusaient toujours.
La voici phonétiquement en patois marchois :
Eh ben, quante le loup voirivève la goule
grande ouverte, ou se metève bien en face et ou yu
fourève son bras din la goule, si creux quou yi
attrappève la quoue et ou le dévirève
coumme une chausse !
Eh bien, quand le loup arrivait la gueule grande ouverte, il
se mettait bien en face et il lui enfonçait son bras
dans la gueule si profond, si profond quil lui
attrapait la queue et il le retournait comme un bas !
Un jour, en tirant, il a tué son fils.
Fou de douleur, il prit lhabitude de signer "Les hirondelles
portent malheur"...
C'est la "Maison des Manants".
Les filles, on le sait, ne sont guère pressées
darriver...
Il faut dire que cet étang était en vidange depuis
longtemps déjà. Leau coule, en un petit ruisseau,
elle sort sous la chaussée. Tout en prenant patience, le jeune
homme regarde leau passer par cette bonde, sans penser à
rien.
Il est là depuis un bon moment. Tout à coup, par le
chemin, survient un autre garçon, qui n'est pas, certes, des
plus intelligents, et qui linterpelle :
- "Hé ! Pierre ! Que fais-tu ?"
- "Que fais-tu là ?"
- J'attends le Dahus. (On dit aussi : jattends le Dahus,
lorsque lon attend quelque chose qui na guère de
chance darriver.)
- "Qu'est-ce que cest, le Dahus ?"
-"Mais enfin, quest-ce que cest, le Dahus ?"
- "Le Dahus, cest le Dahus, dit-il à haute voix.
Cest une bête. Celui qui lattrape en retire
beaucoup dargent et peut-être même quil n'a
plus jamais le besoin de travailler.
- Oh ! fait le garçon.
- Eh oui ! Certainement
Maintenant que tu es venu ici pour
faire lâne et crier comme une oie aveugle, ce nest
plus la peine dattendre. Il ne viendra pas ce soir, et il se
peut quil ne revienne pas de si tôt..."
Dans la tête de linnocent, une idée faisait son
chemin :
- "Si moi, le Dahus, je l'attrapais..."
- "Qu'il soit ce quil voudra, si le Dahus est là et
sil veut sortir, je le tiens !"
- "Le Dahus !" se dit le garçon.
- "Où vas-tu ce matin, daussi bonne heure ? Que
portes-tu dans ce sac ?
- Cest le Dahus.
- Quel Dahus ?
- Le Dahus ! Ne mas-tu pas dit, hier soir, quil
était à la vanne de létang ?
- Mais idiot ! Le Dahus, cela n'existe pas !
- Ah oui ! Pourtant jy suis allé et je lai
attrapé et même cest dur à tuer le Dahus !
Jai cru ne pas pouvoir l'abattre.
- Eh bien ! fait Pierre tout penaud. Eh bien ! Mais maintenant que tu
las attrapé, si tu nous faisais voir à quoi il
ressemble ?"
Elle pèse bien dix-huit livres. Sans parler de la bonne
viande, aussi fine que la chair des truites, doù l'on
peut faire plus dun repas. Notre innocent vend la peau un bon
prix. Il y a un seul jour dans lannée où la peau
de la loutre est sans valeur : le jour où lon ne peut
pas lattraper...
A la fin de lété, vers le mois de septembre, les
hirondelles se rassemblent.
Oh, de nos jours, les fils électriques sont bien pratiques
pour ces réunions ! Mais il nen a pas toujours
été ainsi
Le lendemain, ces oiseaux avaient disparu !
Cet homme était, à ce que je crois, des Ages. Le lopin
où il avait entrepris son travail, ce nétait
peut-être pas très bon, une lande de bruyère dans
le communal, une pente où il y avait peut-être plus de
pierres que de terre, mais il fallait bien essayer de cultiver un peu
de blé quelque part.
Pourtant, quand le soleil fut un peu haut, il commença
à entendre des coups de fusil vers le château de La
Farge.
Il regarda, mais ne vit rien. Et toute la journée, il entendit
les coups de feu qui claquaient du côté de La Farge.
- Nos seigneurs se sont bien amusés tout aujourdhui !
Ils nont fait que tirer des coups de fusil.
- Malheureux ! dit la femme.
En regardant par une fenêtre du château, ils avaient
soudain vu cet homme qui travaillait sur la colline juste en face. Il
y en eut un qui dit :
- Quelle belle cible cela ferait !
Puis il reprenait sa houe, bien tranquille, bien content.
Car celui qui ne sait rien ne souffre pas de mal dans son cur,
comme lon dit...