le ire- ouchon

 

"L'acte physique élémentaire consistant à ouvrir une bouteille de vin a apporté davantage de bonheur à l'humanité que tous les gouvernements de l'histoire de la planète."

Jim Harrison - Aventures d'un gourmand vagabond

 

 

On pense que c'est un Anglais qui inventa le tire-bouchon : Samuel Henshall qui, en 1795, en déposa le premier brevet. Il est directement inspiré du tire-balles, mèche vrillée qui servait à nettoyer le canon des armes à feu.
Les premiers tire-bouchons sont en forme de T.
Depuis, de nombreux perfectionnements ont été apportés. Mais le plus important demeure la mèche qui doit être suffisamment longue, avec un rayon d'hélice assez grand, pour bien s'enfoncer dans la masse du liège sans la briser.

 

"Mon tire-bouchon préféré est le plus simple, avec une poignée ronde en bois et une mèche longue torsadée en queue de cochon. Il exige de tenir serrée la bouteille entre les cuisses et de tirer avec force. Le claquement prometteur du liège expulsé du goulot vaut bien l'énergie déployée. Mais, l'âge aidant, les tire-bouchons silencieux des flemmards ne sont pas sans charme."

Bernard Pivot

 

Il existe bien des types de tire-bouchons, et maintenant, on est loin du rustique cep de vigne verni de dimensions diverses - certains sont des monstres - et des antiques tire-bouchons en bois, en ivoire, en fer forgé, des siècles derniers.
Certains sont de véritables objets d'art, luxueux et poinçonnés.
A Ménerbes, dans le Lubéron, un musée leur est consacré ; il présente plus d'un millier de tire-bouchons du monde entier.
http://www.domaine-citadelle.com/

 

"Pousser le bouchon un peu trop loin" signifie : exagérer, aller trop loin dans une affirmation, une exigence.
Plusieurs origines :

 

 

"- Comment y s'appelle, ton vin ?
- Y s'appelle pas, y s'siffle."

Robert Grimaud - Les lumières du zinc

 

Le collectionneur de tire-bouchons est un hélixpomaphile ou hélixophile.

 

 

 


 

 

la oisson du auvre

 

Jusqu'à l'époque du Second Empire, vers 1850, le petit vigneron, même propriétaire, ne boit guère de vin. Il en va de même de la plus grande partie de la population, à la campagne encore plus qu'à la ville. Les femmes et les enfants, les besogneux, les pauvres et même de plus aisés, quand le vin est rare et cher, n'ont guère à leur disposition que "la boisson", recherchée parce qu'elle permet de ne pas boire l'eau souvent polluée des puits.

 

 

la boisson du "commun"

Boire autre chose que de l'eau est donc déjà un petit signe d'aisance. Avoir chez soi le tonneau auquel on tire un peu de liquide clair aide à faire passer le pain, souvent sec. La boisson nommée généralement la "piquette", mais aussi "breuvage" ou "arrière-vin" ou "buvande" selon les régions, se fabrique et se vend sur place.

La meilleure boisson est celle qu'on fait avec les marcs rouges. Une fois le vin de goutte écoulé de la cuve, on jette sur le marc une quantité égale d'eau, on foule à nouveau et on laisse fermenter deux ou trois jours. On obtient ainsi une boisson peu colorée, certes, mais qui contient deux à trois degrés d'alcool et qui peut durer quelques mois en tonneaux.

Mais ce procédé paraît encore trop luxueux à certains. Aussi laisse-t-on la boisson dans la cuve et, au fur et à mesure qu'on la tire, on jette un seau d'eau sur le marc… c'est le tonneau sans fin !

Il y a plus pauvre encore. Les inventaires anciens mentionnent des boissons encore moins colorées, obtenues par trempage du marc après passage au pressoir, sans aucune addition de sucre évidemment ; on en sort une eau à peine rougie qui ne contient plus aucun degré d'alcool et qui devient vite nauséabonde.

 

 

Encore faut-il avoir de l'eau !
La chronique de Toulouse nous apprend qu'en 1439 la sécheresse prolongée obligea tout le monde à boire... du vin !

 

boire et payer

Le vigneron de jadis, qui ne boit pas son vin mais qui vend sa récolte en gros, paie au fisc un droit de 5 à 10 % du prix du vin. S'il déclare n'avoir rien vendu, le fisc ne le croit pas car il sait bien que le petit exploitant d'un ou deux hectares ne peut se permettre de consommer les 20 à 30 hl qu'il a récoltés, et qu'il a besoin de rentrées d'argent. Alors il est taxé d'office. A tous les récoltants, on accorde une exemption de 2 à 4 muids (entre 5 et 10 hl) pour la consommation domestique, ainsi que pour les " lies, coulages et remplages ". Quelques muids de supplément ne paient pas les droits en fonction des volumes récoltés. Si le vigneron consomme plus que les exemptions accordées, il doit quand même payer les droits. Aussi s'efforce-t-il de ne pas consommer les quantités exemptes de droits et de les vendre en fraude, pour toucher à la fois le prix de la vente et conserver le montant des droits dus au fisc. Ainsi, nombre de vignerons tentés par cette formule restaient sobres, et on les comprend !

Michel Larchiver - "La vigne" - mai 1992

 

  

 

 

 

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