aint éger de ontbrillais et son passé lointain

 

Le patrimoine néolithique est principalement constitué de sites funéraires (dolmens), de blocs dressés (menhirs), de mobiliers (silex, céramiques, parures en os ou en minéral, etc..) et de sites d'habitat (enceintes à fossés et palissades, fondations de maisons, etc..) issus d'une période comprise entre la fin du Mésolithique (environ - 5 500 ans avant J-C) et le début de l'Age du Cuivre (environ - 2 200 ans avant J-C).

Dans le cadre d'un projet collectif de recherche sur les sites monumentaux néolithiques entre Loire et Charente, de nouvelles recherches se sont fait jour en 2022 dans le nord du Poitou (Thouarsais / Loudunais). Ce territoire est très riche en mégalithes et enceintes fossoyées. Il a pu bénéficier de recherches récentes et approfondies grâce aux nouvelles technologies.

St Léger de Montbrillais est situé à l'extrême Nord- Ouest du département de la Vienne, limitrophe avec les Deux Sèvres et le Maine et Loire. Nous sommes sur un secteur où beaucoup de sites néolithiques sont présents mais très dispersés. Leur conservation et leur histoire est à l'ordre du jour.

J'en cite quelques autres : Chante-Braut, la Pierre Folle, le Caillou de Courçu.

Notre commune est concernée et des découvertes importantes, voire exceptionnelles, voient le jour.

 

 

Deux dolmens sont présents sur notre commune : les dolmens de la Fontaine de Son. Ils témoignent de l'occupation du territoire à l'époque néolithique.

 

 

Le sondage qui est en cours sur le dolmen 1, le plus proche de la source de captage du SIVER (syndicat des eaux de la Vienne), "a pour objectif de déterminer où se trouvent l'entrée et les traces du tumulus qui devait recouvrir ce dernier à l'origine", explique le chercheur. Ce monument est très abîmé et il est menacé de ruine. Les premiers résultats indiquent que le tumulus a complètement disparu. L'entrée serait plutôt vers le sud contrairement à ce que l'on pensait. Nous y avons trouvé des traces de silos de l'époque médiévale.

C'est un dolmen de type angevin avec portique. Toutes les dalles sont en grès. L'ensemble de l'édifice s'étire sur environ 7,50 m de longueur. La chambre mesure environ 4,80 m de long sur 2,20 m de large. Les blocs visibles au sol pourraient correspondre aux vestiges de l'antichambre. La table de couverture, désormais brisée en deux parties, repose sur trois longs orthostates. Un quatrième est renversé et la cinquième dalle visible sous la table de couverture pourrait être la dalle de chevet. Très abîmé par le temps, une consolidation du dolmen 1 est donc à l'étude. C'était un lieu où les jeunes du pays venaient jouer dans les années 1950.

 

 

Les fouilles de 2021 ont permis de découvrir une sorte de menhir (3) couché au sol. Il est situé à 5 m du dolmen et mesure 5,50 m de long et 1,70 m sur sa partie la plus large.

C'est en quelque sorte une énigme : Est-ce une partie du tumulus ? Une pièce signifiant autre chose ?

 

 

Le dolmen 2 est en partie ruiné. Il comporte une monumentale table de couverture de 6 m de longueur sur 4,50 m de largeur reposant sur cinq piliers. Plusieurs autres blocs sont dispersés autour de l'édifice. Selon un plan dressé par l'historien Le Touzé de Longuemar, le monument était déjà très endommagé au XIXe siècle.

Aucun matériel archéologique associé à ce dolmen n'est connu.

La sécurisation afin de conserver ce lieu est en cours pour le dolmen 1. Le 2 est clôturé et inaccessible au public.

 

 

Sauvegardons ce passé qui ne nous a pas livré toute son histoire

 

La découverte la plus importante va avoir lieu en 2021 avec les recherches de M. Vincent Ard du CNRS de Toulouse, épaulé par Mme Gwénaëlle Marchet-Legendre du Conservatoire Régional de l'archéologie à la DRAC Nouvelle-Aquitaine. Vincent Aguillon, pour la CCPL, participe à ces travaux. Les équipes en place ont gratté minutieusement le sous-sol à plus de 2 m de profondeur. C'est un village néolithique qui sera découvert et prospecté, un site classé comme très important et d'une grande valeur historique exceptionnelle sur 6 hectares.

 

vue globale du site

 

Grâce aux moyens modernes de détection, les archéologues ont pu reconstituer le plan du village qui doit dater de 3000 avant J.C, avec deux fossés d'enceinte de plus d'un kilomètre. Les fouilles se sont concentrées sur les entrées du village, là où les habitants se débarrassaient de leurs déchets ou objets.

 

un silo en cours d'expertise

 

Ces recherches archéologiques sont parties des découvertes d'un enfant du pays en 1976, François Renard (ses parents étaient viticulteur pour Monsieur et institutrice du village pour Madame). Lors du creusement de l'étang où se trouvent actuellement des peupliers face à la Mangeoie, il s'est intéressé à des objets sortis du sol, tels que des silex, des fragments de céramique, des ossements, des bois d'animaux et j'en passe. Ces découvertes évoquées à son école avaient alerté son professeur d'histoire. De fil en aiguille, l'archéologue Jean-Pierre Mohen a confirmé, suite à la découverte de ces pièces, l'importance d'un site néolithique, mais sans y mener plus de recherches.

C'est une enceinte d'environ 6 hectares, ceinturée par 2 fossés. Pour se donner une idée, ces fossés font deux bons kilomètres de circonférence pour le plus éloigné.

Notre journaliste Jean Claude Rabin note dans un papier pour la Nouvelle République de la Vienne : "Pour Vincent Ard, il s'agit d'un site particulièrement exceptionnel pour le centre-ouest de la France. Il est attendu de longue date pour préciser le cadre chrono-culturel de cette aire géographique."

 

recherche minutieuse sous le soleil

 

"La conservation des fossés, au caractère monumental pour l'enceinte externe de près de 2 km de circonférence, représente un volume de terre de plusieurs dizaines de milliers de m3. Ces fossés ont été creusés à la main avec les outils de l'époque en bois de cerf" précise Vincent Ard.

Avec le riche mobilier mis au jour, cette campagne a largement dépassé les espérances de l'équipe des fouilles.

Les restes de faune sont extrêmement abondants et exceptionnellement bien conservés. Ils sont confiés pour étude à Anna Baudry-Dautry, de l'Inrap (institut national de recherches archéologiques préventives). La richesse en vestiges de tous ordres (céramique, lithique et os) et l'originalité de certains éléments (pesons, industrie osseuse, parure) viennent confirmer ce que les viatiques funéraires laissaient présupposer : l'émergence de communautés néolithiques dans le Nord Poitou. "Pour toutes ces raisons, nous souhaitons poursuivre les fouilles de l'enceinte de la Mangeoie en 2022", annonce Vincent Ard.

Cette seconde campagne portera sur trois secteurs de l'enceinte, notamment la zone basse, coté étang. Elle pourrait débuter dans la deuxième quinzaine d'août.

Le but est de reconstituer la vie des sociétés néolithiques grâce aux fouilles de cet habitat - une 1re sur la région.

 

... et découverte au fond d’un des fossés : cornes, bois de cerf...

 

Les fouilles ont repris en ce mois d'août. La commune de St Léger de Montbrillais est très impliquée sur ces travaux et à bon espoir de pouvoir livrer à l'œil du public ces formidables découvertes sur la vie, les coutumes et l'habitat de nos ancêtres..

(à suivre)

Guy Malbrand - août 2022

 

 

erci de fermer l'agrandissement.

 

 

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