Il
s'agit d'un article de Local'Mag, magazine de proximité
gratuit et indépendant du carrefour Poitou / Anjou / Touraine,
daté du 20 octobre 2011.
"Comme beaucoup de communes du
pays loudunais, Saint Léger de Montbrillais dispose d'un
passé riche. Partons à sa
découverte.
Petite commune essentiellement
vinicole, Saint Léger de Montbrillais s'étend sur
près de 1400 hectares. Ses vignes sont d'appellation AOC
Saumur, et si certains producteurs livrent leurs récoltes
à la coopérative, d'autres en gardent une grande partie
pour la vente directe, ce qui permet à beaucoup d'entre nous,
mais aussi aux gens de passage dans la région, de profiter de
ces excellents vins en découvrant parallèlement les
propriétés qui les élèvent et leurs
propriétaires, souvent prolixes conteurs.
Selon Charles Quittanson, c'est
dès l'antiquité et sous l'impulsion de saint Martin
(Candes et Tours) que la culture de la vigne se propage. Une culture
qui, du moyen-âge au XVe siècle, connaîtra sa
pleine expansion. Les guerres de Vendée au XVIIIe
siècle, puis le phylloxera à la fin du XIXe
siècle, auront des effets dévastateurs sur cette
culture ancestrale.
Malgré tout cela, la culture a repris, en même temps que
les techniques de viticulture et l'oenologie ont
évolué, et abouti à la création d'une
appellation dès 1957. A Signaler que Saint Léger de
Montbrillais est le siège du syndicat vinicole.
Du "troglo" aux demeures
en tuffeau
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Si une présence humaine s'est
révélée très tôt sur ces riches
terres vinicoles, elle n'en restait pas moins discrète pour
éviter les agressions des seigneurs locaux. "Autrefois, on
ne pouvait compter les maisons qu'en comptabilisant les
cheminées qui sortaient de terre" nous confie René
Ragot, maire de la commune.
Marie Bruneau, la
centenaire, née le 13 Fructidor 1805
photographiée devant son cellier le 8 Octobre
1905
Tout comme Loudun et bon nombre de
villages du Loudunais, Saint Léger de Montbrillais a connu un
passé récent fécond et très actif de la
fin du milieu du XIXe au début du XXe siècle. Les
menaces des seigneurs et guerriers passées, les habitants ont
commencé à sortir de leur habitat troglodytique pour
construire des maisons en tuffeau. Essor de l'économie rurale
aidant, le village a montré sa nouvelle richesse en organisant
deux foires annuelles et un marché hebdomadaire. En 1930,
on dénombrait quelque 53 artisans et commerçants sur la
commune. Pour beaucoup, cette luxuriante activité tournait
autour de la culture de la vigne, avec tous les métiers
relatifs à l'utilisation des chevaux dans la vigne et pour les
transports.
Originalité à
signaler : le village disposait d'une boucherie troglodyte
!
Tout à l'époque
était l'occasion de fêtes. Ainsi, le jour du mardi gras,
le boucher présentait-il aux habitants un boeuf
décoré.
Un boeuf
décoré - Doc. "Le Pays Loudunais" J. Sergent et T.
Thomas
Ses 391 habitants d'aujourd'hui font
bien piètre mesure au regard des 900 habitants des
années 1900, ses deux notaires et sa perception.
Les amoureux des vieilles pierres pourront apprécier son
église romane du XIe siècle, monument classé
depuis 1926. Cette église et les bâtiments qui lui
étaient annexés faisaient partie de l'abbaye de
Bourgueil. Appartenant aux soeurs de Villiers, il fut
cédé à la commune en 1975 pour le franc
symbolique. Le portail présente des sculptures romanes
allégoriques pour le moins intéressantes, avec
notamment une scène représentant une femme, un crapaud
et un serpent. Cette église recèle une relique de saint
Léger, située sous la statue du saint et faisant
pendant de l'autre côté de l'allée avec saint
Clair. Une certaine logique quand on sait que ces deux personnages
avait pour dénominateur commun la vue (voir encadré
plus bas).
église de
Saint Léger de Montbrillais
détail du portail roman
Une vie associative
importante
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Tout à côté s'est
installée l'association "Le Cercle", un cercle de jeux
permettant de pratiquer billard, boules, palets à 11
mètres, ainsi qu'un concours de belote organisé sous
forme de challenge par équipe.
Le village accueille deux fêtes sollicitant l'aide de plus de
100 bénévoles et attirant de nombreux publics locaux
mais aussi régionaux.
La fête des vendanges a lieu tous les deux ans en fin
septembre. C'est un grand moment de convivialité et de
réjouissances populaires.
Cette année (2011), le village a été le lieu de
rassemblement des "Saint Léger". Ce rassemblement vise
à faire découvrir et entretenir l'amitié entre
les quelque 73 Saint Léger de France, Belgique et
Suisse."
A
propos de saint Léger
Les historiens recensent
plusieurs saints Léger, mais le plus
célèbre demeure certainement Léger
d'Autun (ou Léodégar), évêque
martyr du VIIe siècle. On le retrouve très
impliqué dans les troubles liés à la
monarchie mérovingienne.
D'origine germanique, il devient à 20 ans archidiacre
de Poitiers, et prend peu après l'habit monastique
à St Maixent. Puis son parcours le mène
à la cour mérovingienne. Nommé
à l'évêché d'Autun, il commence
à se mêler à la vie politique qui
précipitera sa perte. Ebroïn, son ennemi, lui
fit payer cher cette implication en lui faisant arracher les
yeux, les lèvres et la langue. Selon la tradition, il
survécut miraculeusement. Mais quelques années
plus tard, il fut mis à mort, et son exécution
eut lieu un 2 octobre.
Selon certains historiens,
la proclamation de la sainteté de Léger (1)
n'est qu'une manuvre parmi tant d'autres de
l'église cherchant à exploiter cette situation
pour prendre le pas sur le pouvoir royal. Saint très
populaire au moyen-âge, son culte se diffuse dans 3
diocèses : Poitiers, Autun et Arras, lieux principaux
du parcours et de la vie agitée de Léger. Son
aura dépasse les frontières puisqu'on le
retrouve en Belgique mais aussi à Lucerne dont il est
le saint patron. Comme saint Clair en Loudunais, son martyr
est relié à des pèlerinages pour
demander guérison des affections de la
vue.
(1) Un concile
d'évêques a proclamé sa sainteté
en 681. Sa fête est célébrée par
l'Eglise catholique romaine le 2 octobre.
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Source et lien :
http://www.localmag.fr
https://www.stleger.info