On
peut apercevoir à l'ouest de l'église (à gauche
de l'église quand on lui fait face) un puits ancien qui
présente la particularité d'avoir deux systèmes
d'extraction de l'eau : un système à rouleau et
chaîne et un système à pompe.
On pourrait croire que le système à pompe, plus "
sophistiqué ", est postérieur à celui à
chaîne.
En fait, c'est le contraire.
ntroduction
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Au 19e siècle, l'eau
provenait essentiellement de puits. Ceux-ci étaient
creusés et équipés à l'initiative des
propriétaires fonciers. Leur nombre était donc
variable. Par ailleurs, chaque puits pouvait desservir une ou
plusieurs habitations.
Lors de la réunion du
conseil municipal du 11 mai 1881, le maire, Bernard Latrille, fait
part des plaintes grandissantes des habitants au sujet de
l'approvisionnement en eau, et en particulier de ceux qui habitent au
Bourg et à La Burthe.
"Le Bourg n'a pas de puits
et la fontaine qui fournit l'eau est si éloigné des
habitations qu'il en résulte une perte de temps
considérable pour les habitants de cette localité,
obligés de faire des arrosages fréquents dans leurs
jardins pendant la sécheresse. En outre, les besoins de
l'école, la propreté, la santé des enfants qui
la fréquentent et la surveillance constante dont ils doivent
être l'objet nous font un impérieux devoir de
remédier à cet état de choses.
Quant au quartier de
Laburthe, il est encore plus déshérité au point
de vue de l'eau potable. Les propriétaires habitant ce
quartier ont construit pour eux seuls des puits particuliers. Mais
ceux habitant hors commune, n'étant qu'indirectement
intéressés dans cette question, ont reculé
devant cette dépense ; en sorte que leurs métayers et
fermiers, formant la majeure partie de la population de ce village,
en sont réduits à se servir d'eaux malsaines, à
l'usage desquelles il faut attribuer, de l'avis même des
médecins, la plupart des nombreuses maladies qui
sévissent dans cette localité, surtout pendant la
saison chaude de l'année."
Il propose au conseil de voter
la construction de deux puits publics avec corps de pompe, l'un au
Bourg et l'autre à La Burthe et d'ouvrir, au budget
additionnel, un crédit destiné à couvrir les
dépenses devant en résulter.
e
inancement
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Après consultation de la
préfecture de Gironde, la commune est autorisée
à ouvrir un crédit de 513 francs.
Le maire s'adresse à un
certain Monsieur Dupin pour établir les plans et le devis de
ces puits.et ceux-ci reçoivent l'approbation du Conseil
Municipal réuni le 16 novembre 1881 et demande au maire de
faire les démarches nécessaires pour obtenir les fonds
qui manquent à la mise en uvre du projet. En effet, le
coût total estimé est de 1400 francs.
L'établissement des plans et devis ainsi que la supervision
des travaux est estimée à 70 francs.
Un dossier est donc
préparé et envoyé à la
sous-préfecture de Bazas le 24 novembre. Deux jours plus tard,
le sous-préfet autorise la construction des deux puits,
approuve les plans, devis et cahier des charges et décide
d'accorder un secours financier pour permettre la réalisation
de ces travaux.
Le mois suivant, le maire de
Saint Léger de Balson est informé qu'il ne pourra
obtenir de subvention que si la commune s'engage à financer la
moitié du projet. Il manque donc 222 francs que le conseil
municipal vote d'inscrire d'office au budget supplémentaire de
1882.
Le 23 mars 1882, la commission
départementale de la Gironde donne un avis favorable à
l'accord par l'Etat d'une subvention de 735 francs (soit 50% du
projet).
Par ailleurs, au mois de
janvier 1882, une inspection de l'école avait eu lieu et le
seul reproche de l'inspecteur concernait la disponibilité en
eau. En conséquence, au mois de mai de la même
année, un secours de 400 francs est accordé par le
Ministère de l'Instruction Publique à condition d'en
consacrer 60 francs à l'achat d'une armoire
bibliothèque (!)
Le Conseil Municipal
réuni le 10 septembre donne autorisation au maire Bernard
Latrille de traiter de gré à gré afin de faire
exécuter les travaux. Deux ouvriers seront engagés :
Auguste Joly, maçon à Villandraut ; et Louis Beis,
maçon-puisatier demeurant à Bazas.
Les deux puits à
construire ne sont pas totalement identiques.
Le puits du Bourg sera
creusé à quelques mètres de distance, en face de
l'immeuble servant de mairie-école et en lisière de
l'ancien cimetière qui jouxtait l'église et qui avait
été déplacé, une dizaine d'année
auparavant. Ce choix d'emplacement peut s'expliquer par le fait que,
outre la proximité de l'école et du logement de
l'instituteur, le terrain appartenait à la commune. Cependant
on se trouvait à la lisière d'un cimetière dont
la plupart des corps n'avaient pas été exhumés.
Une telle pratique serait impensable de nos jours.
A La Burthe, la commune ne
possédait pas de biens fonciers et dû acquérir
une parcelle qui appartenait à deux propriétaires, MM.
Gardelle et Latrille. Cette parcelle était située
à proximité de l'endroit où se trouve
actuellement le réservoir pour la lutte contre les incendies
de forêt.
Il est prévu de creuser
jusqu'à 10 m de profondeur au Bourg et 7 m à La
Burthe.
Les murs de celui du Bourg sera
en pierre de taille tendre de Preignac ou de Barsac et recouverts de
pierres de taille d'une des carrières du Ciron (?)
Celui de La Burthe sera en buses de béton de la maison Boulis
de Bordeaux. Le revêtement sera identique à celui du
Bourg. Les pompes seront en cuivre, de 1 m de longueur et de 10 cm de
diamètre.
Les travaux sont
effectués en 1883 et la réception définitive a
lieu le 2 novembre 1884, soit un peu plus de trois ans après
la première décision du conseil municipal.
e
onflit
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Rien dans les archives
n'indique qu'il y ait eu des problèmes avec ces deux puits
pendant de nombreuses années. Cependant, il semblerait que les
frais d'entretien et de réparation deviennent de plus en plus
élevés et au mois de mai 1927, le maire M. Castets
(élu depuis le mois de mai en remplacement de Mr Goupillot,
démissionnaire) fait adopter un arrêté municipal
stipulant que "à l'avenir les réparations à
faire aux puits et pompes communaux seront à charge des
usagers qui en acquitteront seuls les dépenses, sans avoir
recours à la caisse municipale".
Cette décision est
motivée par le fait que les usagers avaient pris l'habitude de
faire procéder aux réparations chaque fois que
celles-ci étaient nécessaires mais sans consulter la
mairie au préalable, qui était priée de
régler les notes.
On peut imaginer que cette
décision n'a pas du plaire à tout le monde et qu'elle
fut suivie de nombreux échanges verbaux entre la mairie et les
administrés concernés. Cependant, en 1929, ce conflit
va prendre une tournure plus "officielle".
Au mois de mai 1929, la pompe
du puits du bourg tombe à nouveau en panne et les
habitants-usagers refusent de participer aux frais de
réparation. A leur plainte selon laquelle ils sont
désormais privés d'eau, la mairie répond que
dans l'agglomération il existe 5 puits ou pompes, ainsi qu'une
fontaine, et que cela suffisait aux 14 ménages
concernés.
Cependant, au mois de
septembre, le préfet de Gironde fait parvenir un courrier au
sous-préfet de Langon dans lequel il indique que "Mon
attention est appelée sur le mauvais état d'un puits
public situé sur la place de St Léger de Balson et
appartenant à la commune. La municipalité se refuserait
à faire effectuer les réparations nécessaires
pour la remise en état de ce puits qui sert non seulement
à l'alimentation des habitants mais encore rend de grands
services en cas d'incendie. J'ai l'honneur de vous prier de me
renseigner exactement sur cette affaire et, si le puits en question
appartient à la commune, m'indiquer pour quelles raisons la
municipalité se refuse à faire procéder à
des travaux qui lui incombent."
Le sous-préfet demande
une copie de la plainte formulée par le ou les habitants de St
Léger mais le préfet lui répond qu'il a
"été informé par un note personnelle" et que
le sous-préfet est tenu à suivre cette affaire. Il est
manifeste qu'un habitant du Bourg avait ses entrées à
la préfecture de Bordeaux.
Dans un but d'apaisement, et
à la suggestion du sous-préfet de Langon, le maire
réunit le conseil municipal le 17 novembre et invite les
habitants à venir assister en nombre à cette
réunion. Il propose la participation de la commune aux frais
de remise en état du puits ainsi qu'un accord entre la commune
et les usagers pour la suite de l'utilisation du puits.
Cette proposition est soumise
au public présent pour discussion. A l'issue de celle-ci, les
propositions sont rejetées.
Dès lors, le conseil
municipal décide que la pompe restera en place sans
réparation et qu'un tour avec manivelle et chaîne sera
installé pour permettre à chacun de puiser l'eau
nécessaire.
Quelques jours plus tard, le
sous-préfet de Langon en informe la préfecture en
indiquant que "M. le maire, considérant que la commune ne
devait qu'une chose au public : les moyens de puiser l'eau
nécessaire, a résolu assez spirituellement la question
irritante des réparations en substituant à la pompe un
tour avec manivelle et chaîne."
En décembre, le
préfet de Gironde marque son accord à cette solution.
Voilà pourquoi, depuis
lors, le puits communal près de l'église possède
deux systèmes d'extraction de l'eau.
les
élections de 1925
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sinon.
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