la loire des leuets
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1914
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René Duquesne |
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LES TRANCHÉES 16 octobre 1917 : "Nous avons eu un sale
coup cette nuit. Nous avons reçu des gaz et comme
j'étais couché, aussitôt prévenu, sans
lumière, je crois sauter sur mes allumettes et mon masque.
Impossible de les trouver. Je sentais les gaz envahir l'abri,
déjà mes yeux pleuraient et je toussais dur. Finalement
j'ai tout de même eu mon masque. Tu penses si le temps semble
long dans des coups comme cela. Enfin, tout s'est bien passé,
mais tu parles d'une frousse ! Je crois que je ne serais plus pris
maintenant !" "Tout s'éboule, on est que de boue
!" "Nous avançons de quelques
tranchées de temps en temps, comme cela jusqu'à Berlin.
En voilà pour 10 ans, à nous tout le bonheur
!" "4 kilomètres de boyaux et tu parles
de quelque chose ! Je n'ai jamais vu cela. De la boue collante
au-dessus des genoux au point qu'il fallait se mettre à 3 pour
arracher un homme de là-dedans." "Je t"assure que ce n'est pas rigolo. Rester
là-dedans, jours et nuits, jusqu'à 5 jours. Même
pas de place pour se redresser. Nous qui sommes grands avons de bien
tristes positions, mais on s'y résoud. Les balles qui
sifflent au-dessus de vous obligent à baisser la tête et
on s'apprend à faire vite le coup de feu. Chacun se gare du
mieux qu'il peut." LE CAFARD 25 février 1916 : "Je me
dégoute de plus en plus de cette vie là. Vivement que
tout cela finisse." 18 avril 1918 : "Le temps me semble
horriblement long, et par tous ces jours où ils nous laissent
à peu près tranquilles les idées voyagent, le
cafard reste, c'est bien dur." LA RÉVOLTE "Ils y allaient un peu fort, classes
à pied à travers les champs au pas de gymnastique dans
les labours gelés,où l'on se tord les pieds avec tout
notre matériel. En fait d'entraînement, c'est
plutôt de l'abrutissage." 19 avril 1917 : "Tu sais, j'en ai marre,
s'ils sont pour faire quelque chose, qu'ils se dépêchent
et que ce soit fini." L'ÉMOTION "La moitié des poilus du peloton se
trouvent gentiment remerciés par leur bonne amie ou
fiancée. Sous prétexte qu'elles trouvent le temps long
ou autre chose dans ce genre là. Heureusement qu'ils ne sont
pas bileux et que veux tu, c'est la guerre." 29 novembre 1917 : "Toutes les
tranchées s'écroulent, on a à peine fini d'un
bout qu'il faut recommencer de l'autre, et comme c'est un travail
qu'on ne peut faire que la nuit, nous les passons presque toutes
à la belle étoile. Je regarde si je vois la
nôtre, mais comme à chaque instant le temps est
maussade, il me la cache toujours." "Un gros bécot sur ta bouche, tu
t'essuieras car je ne me suis pas lavé depuis mon
départ aux tranchées." erci
de fermer l'agrandissement sinon.