Né
en 1908, à Villard-Léger, hameau de La Bottière,
il n'a jamais quitté son village natal, si lié à
sa maison, à son village, qu'on lui donnait le surnom de
"Bottierot".
Après l'école primaire,
il a fréquenté le cours complémentaire de
Chamoux, trajets en vélo, bien sûr.
Intéressé par les études, il souhaitait devenir
électricien. C'était l'époque où la
vallée s'électrifiait, grâce à deux
hommes, précurseurs : Messieurs JANEX de Chamoux et MEURIER de
Villard-Léger.
Utilisant la puissance de l'eau du Nant, chacun d'eux installe une
centrale électrique. Un réseau de lignes
électriques couvre bientôt les deux communes. On est en
1921.
Ernest donc, jeune homme, se voit bien suivre une formation avec son
cousin Gaston MEURIER et devenir électricien. Quel accueil ses
parents réservent à cette idée ! Il sera paysan
comme eux, pas question d'envisager un autre avenir.
Fils unique du couple Gabriel et Louise MEURIER (ils ont perdu une
fille en bas âge) Ernest s'incline
pour ne pas être
déshérité. Il restera paysan. Une vache ou deux,
un mulet, quelques lopins de terre dispersés, il n'y a pas
beaucoup d'espoir pour améliorer le standing.
Lorsqu'il est en âge de faire son service militaire, il
contracte une pleurésie. Une maladie dont il eut du mal
à se remettre. Elle déterminera sa ligne de conduite :
surtout ne pas se fatiguer, ne pas travailler quand le soleil tape
dur, se ménager.
Ernest
Ce trio très soudé va
vivre replié, quasi en autarcie, achetant l'indispensable avec
parcimonie.
La dévotion d'Ernest envers ses parents était
remarquable. Le temps passe : pas question d'introduire une femme
dans ce cercle fermé. Donc Ernest reste
célibataire.
Le monde évolue, les machines apparaissent. Mais pour eux,
rien ne bouge. Mais on a son vin - quelques treilles à La
Bottière et une vigne à Pomblon - ses pommes de terre,
son blé, ses légumes et son four à
pain
Lorsque son père tombe malade, il le soigne à la maison
jusqu'à son dernier souffle. Puis il assiste sa mère de
la même façon.
Le voilà seul dans son
décor, dans les meubles que son père a fabriqués
(buffet, tables, étagères), et tout restera en
l'état, avec comme patine un bon dépôt de suie,
de poussière
Il s'ouvre aux autres, sort davantage, en vélo, puis avec sa
mobylette bleue. A la belle saison, c'est pratique pour aller au
marché. Il s'y rend tard et essaie d'acheter au rabais ce que
les marchands vendent avant de remballer. Vestes, chemises, pantalons
s'entassent chez lui, mais il porte toujours les mêmes
vêtements, qui parfois ont l'air de tenir debout tout
seuls.
Les outils aussi s'accumulent, achetés aux camions qui
stationnent à Chamoux ou à La Rochette, et qu'il ne
manque pas d'aller visiter. Il ne bricole pas, aussi les outils neufs
s'entassent et sa maison devient la caverne d'Ali Baba, où il
est bien difficile de se déplacer. Le moindre espace est
occupé : cellier, cuisine, grange, hangar.
Et le confort, là-dedans ? Une ampoule crasseuse au bout d'un
fil, c'est tout ce que la fée électricité
alimente : aucun appareil électrique, sauf un vieux poste de
radio récupéré. Une cuisinière des
années 30, un robinet d'eau froide, mais pas d'évier,
pas de toilettes. De temps en temps, un coup de balai
(l'armasse).
Il a une chatte pour qui il
achète des boîtes : elle le suit sur le chemin quand il
descend à son champ, s'arrête toujours au même
niveau, puis elle va au-devant de lui quand il remonte.
Son champ sous le cimetière est un vrai jardin ; Ernest est
champion pour la culture des tomates, mûres avant celles des
voisins, toujours grosses et rondes. Très fier, il apporte les
plus belles à sa voisine, Mme Raymonde.
La fontaine de La Bottière,
c'est sa fontaine. Au printemps, ses osiers trempent dans la
fontaine. Sa vaisselle : laver une casserole, une assiette, c'est
à la fontaine. Il y lave aussi pantalons, chemises,
caleçons. Et il s'occupe d'en assurer le
débit.
Chez lui, tout cuit sur la
cuisinière à bois ou sur le "Butagaz" :
spécialiste des "beignettes" et "matafans", c'est souvent son
menu. Quand il n'a plus pu cuisiner, il a essayé de se faire
livrer les repas : le menu ne lui plaisait pas toujours
mais
lorsque la note est arrivée à la fin du mois, ça
ne lui plaisait plus du tout : terminé !
De son regard malicieux, cet homme
intelligent et plein de bon sens, particulièrement
méfiant vis à vis des banques, a suivi avec attention
l'évolution du monde, ces gens qui courent, suent, s'usent au
travail
tandis qu'il prenait son temps, parlait beaucoup
dès qu'il rencontrait quelqu'un, lisait et se
reposait.
Sans hygiène, nourri de
manière fruste, il a vécu 93 ans !
C'est bien au-dessus de la moyenne d'âge pour un homme.
LA RECETTE DU ATAFAIM D'RNEST
MEURIER
Ingrédients
:
- 500 g de
farine
- 8 oeufs
- 1/2 litre de
lait
- sel, poivre,
muscade
- huile pour
friture
Préparation de la
pâte :
Mettre la farine dans une
terrine, ajouter les oeufs entiers
Mélanger, incorporer le lait, ajouter sel, poivre,
muscade, et laisser reposer une heure
Composition du matafaim
:
Ajouter à votre choix
: poitrine salée cuite, lardons fumés en
dés, champignons émincés,
épinards blanchis, fromage râpé, pommes
de terre râpées...
Cuisson :
Dans une poêle,
chauffer l'huile en quantité suffisante
Verser la préparation, retourner le matafaim
dès que la pâte ne coule plus
Bon appétit
!
le
matafaim
LA RESSETTE DU ATAFAM DE EST
MAURIÉ
|
Bulletin municipal
2013 - Villard-Léger
ici
des cartes postales anciennes et des vues plus
récentes
|
|
des
photos datant de 2009
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quand
on tuait le cochon
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une
journée ordinaire qui devient
cauchemardesque
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|
erci
de fermer l'agrandissement sinon.
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