ne des histoires à la veillée :

le seigneur de la Bussière, le curé de St Léger
... et le meunier de la Belouze
 

 

u temps des seigneurs, il y avait un jour un baron de la Bussière qui n'était pas content du tout de certains habitants de sa seigneurie. Non seulement les droits seigneuriaux n'étaient plus perçus qu'avec grandes difficultés, mais certains narguaient ostensiblement leur seigneur, ne le saluaient pas, se moquaient de lui à son passage, prenaient le pas devant lui à l'église et dans les processions.

Le baron de la Bussière se plaignait souvent au curé de St Léger de cette situation, particulièrement des usurpations qui avaient lieu à son égard. Mais le curé ne manquait pas de trouver des excuses et même des justifications à ses paroissiens. S'ils se plaçaient à l'église non loin de l'autel, ou dans les processions tout près du clergé, c'était, disait-il, parce qu'il s'agissait de chanteurs qui chantaient très bien les chants liturgiques et qui, par là, étaient très utiles dans les cérémonies. Le curé promettait bien d'arranger les choses, mais il n'y avait jamais rien de changé…

assé, le seigneur se persuada que le curé, loin de rechercher véritablement l'apaisement, montait la tête contre lui des paysans. Il résolut de faire un exemple terrible.

Il manda auprès de lui le curé et, n'ayant une fois de plus obtenu que des explications insuffisantes, il finit par lui dire : " Vous savez que j'ai droit de justice dans ma seigneurie. Or, vous me paraissez un ignorant. Depuis trop longtemps vous semblez abuser mes vassaux et moi-même et vous méritez un châtiment. Je vais vous poser trois questions, si vous êtes dans l'impossibilité d'y répondre, vous ferez connaissance avec mes oubliettes.
Je vous demande de me dire combien pèse la lune, la somme que je vaux et ce que je crois. Je vous donne 24 heures pour répondre à mes questions. Demain, à pareille heure, vous reviendrez au château et, si vos réponses ne sont pas valables, vous irez voir mes oubliettes.
"

 

l'église Saint-Léger © Dominique Thermoz

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omme bien l'on pense, le curé se retira peu rassuré, d'autant plus qu'il ne savait quoi répondre aux trois questions du seigneur.
L'homme le plus malin et le plus débrouillard du pays était sans conteste le meunier de la Belouze. Le curé résolut d'aller lui demander conseil : "S'il ne me tire pas d'embarras, pensait le curé de St Léger, il ne me reste plus qu'à prendre la fuite et à aller me cacher dans les montagnes de St Rigaud et de la mère Boitier."

Le prêtre franchit donc la passerelle et arriva au moulin :
- "Je vous donne le bonjour, messire curé, fit le meunier, mais vous me paraissez bien triste… qu'y a-t-il donc qui ne va pas ?
- Je suis menacé de mort par le baron de la Bussière,
dit le curé, et à vrai dire, je suis déjà condamné à mort car je ne vois pas le moyen de m'en tirer, sauf à me sauver dans les montagnes et à errer loin de ma chère cure de St Léger.
- Entrez toujours dans la cuisine, messire curé, je me charge de vous tirer d'embarras. La meunière va vous servir un pot de Beaujolais, vous me raconterez votre histoire et nous aviserons aux moyens d'arranger cela.
"

Le curé eut bientôt mis au fait le meunier qui partit d'un grand éclat de rire, au scandale du pauvre prêtre qui ne trouvait rien de drôle à ce qui lui arrivait : "Mais tout cela va s'arranger, messire curé, je suis très bien avec notre baron. D'autre part, il n'y voit goutte. Vous allez me prêter votre soutane et demain j'irai à votre place comparaître devant le seigneur. Je lui en ai déjà joué bien d'autres…"

insi fut fait et, le lendemain à l'heure dite, le meunier habillé en curé de St Léger se présenta en la chambre basse du château de la Bussière où le baron attendait, prêt à exercer sa vengeance :
- "Eh bien, curé, avez vous trouvé à répondre à mes questions ? demanda le seigneur.
- Mais oui, monsieur le baron, répondit le meunier, c'est même si facile que cela m'a bien amusé.
- Voyons d'abord combien pèse la lune ?
- La lune, monseigneur, mais elle pèse une livre, puisqu'elle a 4 quartiers.
- C'est exact,
répondit le baron, mais maintenant pouvez-vous me dire combien je vaux ?
- Mais bien sûr, vous valez 29 deniers.
- Comment 29 deniers ?
s'écria le baron en colère, attendez, vous allez voir de quel bois je me chauffe !
- Mais, monsieur le baron, notre seigneur Jésus-Christ a été vendu 30 deniers. Je ne peux tout de même pas dire que vous valez autant que lui, mais je vous estime un denier seulement en-dessous de lui. Il me semble que ce n'est pas vous manquer de respect.
- Passons, passons,
fit le seigneur entre ses dents, mais il reste une question et ce n'est pas la plus facile. Qu'est-ce que je crois ?
- Mon seigneur, vous croyez que vous parlez au curé de St Léger et vous avez devant vous le meunier de la Belouze, qui a pris la place du pauvre curé terrorisé.
"

e baron rit beaucoup de l'esprit de son meunier et, le soir même, il l'invitait à venir souper avec lui et le curé qui n'en croyait pas ses oreilles.

On raconte aussi que le meunier de la Belouze, chargé de péchés, réussit, malgré la vigilance de Saint Pierre, à entrer et à demeurer au Paradis, lorsqu'il quitta ce monde.
 

 

 

 

 

 

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