e la in du XIXe au ilieu du XXe siècle

par Nicole SIMON

 

 

le acot

Le Conseil Général de la Nièvre, après plusieurs délibérations prises depuis 1883, décida d'entreprendre les démarches nécessaires pour l'établissement des chemins de fer d'intérêt local de la Nièvre par la ligne de Corbigny à Saulieu, pour desservir des localités importantes du Morvan en les reliant à la fois aux lignes d'intérêt général à Corbigny et Saulieu mais également au canal du Nivernais à Chitry-les-Mines.

 

 

Après avoir été étudié longuement, le projet faillit être abandonné ou ajourné. Cette nouvelle retentit comme un cri d'alarme et provoqua une émotion profonde. Le Morvan était-il encore abandonné ? Ce fut alors qu'intervinrent le docteur Charles Monot, né à Moux en 1830, et monsieur Bizouart-Bert, pour la Côte d'Or, ainsi que monsieur Claude Cortet, conseiller d'arrondissement de Montsauche, contre le rapport de l'ingénieur en chef. Ils furent écoutés et la loi déclarant d'utilité publique le chemin de fer d'intérêt local à voie métrique de Corbigny à Saulieu est promulguée le 31 juillet 1897. Au terme du cahier des charges annexe à la loi, le nombre et l'emplacement des stations ou haltes de voyageurs et des gares de marchandises seront arrêtés par les Conseils Généraux sur les propositions du concessionnaire après enquête spéciale.
Le tracé, long de 71 km 805 dans la Nièvre et de 7 km 759 km en Côte d'Or (soit 79 km 564) ira de Corbigny à Saulieu via Cervon, Lormes, Brassy, Gacogne, Ouroux, Montsauche, Moux, Alligny-en-Morvan et St Léger de Fourches.

 

 

Saint-Léger-de-Fourches est ainsi prévu pour avoir sa halte. Elle est projetée au milieu des bois. Deux chemins vicinaux lui servant d'accès seraient à construire, l'un par la commune de St Léger et l'autre par celle d'Alligny. Cet emplacement a paru préférable à tout autre, car il permettait de mieux desservir les intérêts des habitants des gros villages de la vallée de la Tarenne.
14 années seront nécessaires, après maintes discussions, controverses, enquêtes publiques et achats de terrains, pour que les premiers coups de pioches soient donnés le 11 décembre 1898.

Mais, le 24 juin 1900, le conseil municipal de St-Léger demande une station au lieu d'une halte avec pour motifs :

  • la distance entre les stations d'Alligny et de Saulieu
  • une population de 950 habitants
  • l'étendue des bois et des forêts de plus de 1000 ha
  • l'exploitation assez considérable de bois et de charbon, aussi importante qu'à St Brisson ou St Agnan
  • la culture des pommes de terre qui s'exporte
  • l'emploi des engrais chimiques est fait en grand sur la commune
  • les éleveurs de la région tirent du Nivernais la plus grande partie de leurs "élèves".

Le dimanche 4 août 1901 fut inaugurée la première portion du tracé Corbigny-Saulieu, entre les gares de Corbigny à Ouroux en Morvan, soit 43 km. Le parcours de 28 km d'Ouroux à Alligny sera ouvert le 2 décembre 1901. La station de St Léger est construite à proximité de l'église.

Il faudra attendre le 1er juillet 1903 pour que le parcours de 14 km entre Alligny et Saulieu soit opérationnel. La ligne Corbigny-Saulieu était enfin ouverte dans son intégralité.

 

 

La circulation des trains sera établie par un service de 3 trains par jour dans chaque sens.

Les archives nous livrent le nom des différentes chefs de gare :

  • depuis l'ouverture de la ligne le 1er juillet 1903 jusqu'en 1905 : Mme Fontenille
  • 1906 : Mme Perronet
  • 1907 : Mme Lecêtre
  • 1908 jusqu'en 1939, date de fermeture de la ligne : Mme Lepage

 

 

Le personnel des chemins de fer économiques étant restreint, le chef de gare avait la responsabilité du service intérieur et extérieur de la station ou de la halte. Ce service comprenait la police des cours et des abords, des salles d'attentes, des trottoirs et voies, le mouvement des voyageurs, bagages et marchandises, la perception des taxes…

 

 

Au fil des ans, le trafic voyageurs baissa ; en 1933 le Conseil Général décida par mesure d'économie de supprimer des trains de voyageurs pour les remplacer par un service d'autobus. La ligne sera définitivement fermée le 15 mars 1939, après 36 ans passés à la desserte des villages isolés du Morvan.

 

la station de St Léger de Fourches

 

 

la éparation de l'Eglise et de l'Etat

La promulgation de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat que fit voter Aristide Briand le 9 décembre 1905 est un évènement fondateur de la société française du XXe siècle. C'est avant tout l'achèvement d'un affrontement violent qui a duré presque 25 ans et qui a opposé deux visions de la France : la France catholique royaliste et la France républicaine et laïque, séparée aussi en deux camps : celui d'Emile Combes, héritier de la tradition jacobine, et celui d'Aristide Briand, plus modéré.

Les talents pragmatiques et négociateurs d'Aristide Briand ont finalement permis un accord de fait entre la république laïque et l'église catholique. La nouvelle loi met fin au Concordat napoléonien de 1801 qui régissait les rapports entre le gouvernement français et l'église catholique. Par cette loi, l'Etat manifeste sa volonté de neutralité religieuse mais ne s'exonère pas de ses responsabilités.
Les églises et chapelles construites avant 1905 deviennent propriété des communes qui en assureront l'entretien. Un inventaire des biens "meubles" garnissant chaque lieu de culte sera fait.
Le déroulement des cérémonies religieuses est restreint et soumis à autorisations. Les processions, cortèges, pèlerinages sont interdits, sauf pour les enterrements.
Finalement en 1907, les églises sont mises gratuitement à la disposition des curés et une nouvelle loi autorise les croyants à se réunir sans déclaration préalable. Les sonneries de cloches sont autorisées. D'une manière générale, la jurisprudence administrative légitime les manifestations publiques qui satisfont à des traditions locales et à des habitudes.

u cours de la séance du conseil municipal du 17 février 1907, le maire soumet au conseil que d'après la loi de séparation de l'église et de l'état, on doit prendre une décision au sujet du presbytère et de l'église de la commune.
Le conseil municipal :
- autorise M. le maire à passer un bail avec M. Durafort Léon, desservant, pour lui céder l'église gratuitement pendant 18 ans pour y célébrer le culte.
- autorise en outre M. le maire à passer un autre bail avec M. Durafort Léon, desservant, pour location du presbytère au prix de cinquante francs par an.
Au cours de la séance du 1er décembre 1907, ces conditions sont approuvées.

 

l'église de St Léger de Fourches, 100 ans plus tard

 

 

l'nstruction

Autrefois, les recteurs d'école allaient aux foires pour se louer et mettaient sur leurs oreilles une, deux ou trois plumes d'oie, selon qu'ils savaient lire, lire et écrire, lire écrire et calculer. Ils étaient embauchés aussi pour leur timbre de voix car ils chantaient au lutrin à l'église.
Qui étaient-ils à St Léger ?

La Convention laissa en héritage les grandes écoles, l'Empire créa les lycées et organisa l'Université et l'on doit à la Restauration d'avoir jeté les premières assises de l'enseignement primaire, longtemps laissé à la seule initiative des communes ou de l'église. Une histoire ponctuée au travers des régimes successifs par le duel aux multiples rebondissements opposant les tenants de l'école publique à ceux de l'école privée, jusqu'à ce que Jules Ferry rende officiel l'enseignement primaire laïque, gratuit et obligatoire en 1881-1882.

En 1874, la population a atteint 1071 habitants. En 1904, au cours de la séance du conseil municipal du 12 juin, le conseil décide de construire 2 puits : 1 à l'école mixte de St Léger et un à l'école de garçons de Champeau. Il fera également placer des volets à cinq fenêtres au logement de l'instituteur de St Léger.

En 1905, la commune de St Léger projette la construction d'une salle de classe pour les filles en complément de celle de garçons. Le terrain serait donné par M. de Gouvenain, châtelain de St Léger.
Les travaux sont estimés à 7770 francs. Au cours de la séance du Conseil Municipal du 4 juin 1905, présidée par M. Roux, maire, le conseil approuve le devis. Il demande à l'administration supérieure de l'approuver également et d'accorder une subvention à la commune pour l'aider à faire cette construction.

Le 21 janvier 1909, par arrêté préfectoral, le Ministre de l'Instruction Publique donne son approbation pour la construction de l'école de filles à St Léger et fixe à 2000 francs la subvention accordée pour la dite construction.

ais là, rien ne va plus !

Au cours de la séance du 21 février 1909 présidée par Auguste Cordin, maire, le Conseil remercie sincèrement M. le ministre de l'intérêt qu'il porte à la cause de l'instruction primaire. Néanmoins, il prie l'administration de bien vouloir se rendre compte que le besoin d'une école de filles à St Léger ne se fait nullement sentir ! La salle d'école, ayant contenu autrefois comme école mixte 120 élèves, n'est plus fréquentée aujourd'hui que par 43 élèves, filles et garçons. Elle est très saine, très propre et spacieuse au-delà des besoins.

 

 

l'école de St Léger, au centre de la photo, construite en 1845

 

'ailleurs, la commune est en règle avec la loi : elle possède déjà une école de filles. En assimilant la section de St Léger à une véritable commune, on doit encore constater que cette Section n'a pas le minimum requis pour avoir droit à une école distincte de filles puisqu'elle ne compte que 365 habitants. Cette construction semblerait l'œuvre posthume d'une municipalité en quête de suffrages électoraux.
Conclusion : Le conseil municipal considère cette opération comme un gaspillage inutile des fonds de l'Etat et de la commune. Il demande à l'administration de maintenir à St Léger de Fourches son école mixte avec un seul maître.

Le 28 mai 1911, le citoyen Descloix, conseiller municipal, demande au conseil s'il ne serait pas utile de prévoir la construction d'un édifice scolaire comprenant école de garçons, école enfantine et locaux de mairie à Champeau. Il estime que l'école de garçons avec un effectif de 63 élèves est un peu trop chargée. En établissant une classe enfantine, on pourrait en enlever une vingtaine au maître et autant à l'institutrice qui a un effectif de 57 élèves.
Le Conseil Municipal accueille très volontiers la proposition :
1) parce que l'édifice servant de maison d'école de garçons étant construit sur un terrain aquatique n'est pas assez sain
2) parce que les maîtres étant déchargés des tout petits pourront utilement s'occuper des grands élèves.
Pour ces raisons, il demande à l'administration supérieure de bien vouloir accepter en principe la construction desdites écoles et mairie et demande à ce que les subventions usitées en pareil cas puissent être accordées à la commune pour aider à la construction des locaux scolaires.

L'école de Champeau avait trois classes. Hélas ! la dernière a fermé en 2004.
Celle de St Léger, une classe unique de 50 élèves. L'école ayant fermé, le bâtiment fut vendu.

 

 

raditions

Pour la fête patronale de St Léger, les familles s'invitaient autour d'un copieux repas. Le bal était monté dans une cour au bord de la route près de l'église. On jouait aux quilles dans la cour du café. Le bal fut monté ensuite au Petit Vernet. La fête patronale a disparu.

Le mardi de Pâques, jusqu'en 1895, le curé de St Léger et ses paroissiens se joignaient à ceux des paroisses voisines, Monsauche, St Brisson, Alligny, pour aller en procession à Savault, sur la commune d'Ouroux, vénérer une statue de la Vierge dans une chapelle isolée sur un mamelon. Cette chapelle très ancienne, construite à l'emplacement d'un temple païen, a été rebâtie au fil des siècles. On invoquait Notre-Dame de Savault contre les intempéries des saisons, les malades lui demandaient la santé, les femmes imploraient des couches heureuses, on lui consacrait les enfants.

Le mardi de la Pentecôte, les mêmes paroisses se rendaient à la chapelle St Franchy ou St Franchoeur, à la Chaux, surnommée la "Chapelle des Brebis". On y allait en procession pour obtenir la prospérité du bétail et le sauver des maladies. Ce pèlerinage perdura jusqu'en 1849.

Ces pèlerinages furent l'occasion de grands débordements. Il s'y trouvait des cabaretiers et on y commit quantité de désordres tant par les jeux, danses, batteries, blasphèmes que débauches. On y vidait des querelles de paroisse à paroisse et souvent de manière sanglante. Les évêques d'Autun durent les interdire à plusieurs reprises mais les pèlerinages reprenaient quelques années après. Aujourd'hui, ce temps est révolu, il n'y a plus de processions.

 

 

necdotes et faits divers

Il y a bien longtemps, il y a maintenant prescription, un couple de bûcherons travaillait et vivait dans les bois. Malheureusement pour eux, ils avaient le tort de ne pas être du pays et d'avoir une fille très jolie et très jeune, ce qui suscitait bien des convoitises. Ils furent assassinés, la fille violée et assassinée à son tour. Les trois corps furent enterrés sous quelques centimètres de terre. Beaucoup de monde au village était au courant, mais personne n'osait rien dire. Il y a une vingtaine d'années, une voiture s'embourba à cet emplacement, Le chauffeur fit la découverte macabre et prévint le maire. Celui-ci fit discrètement déterrer les ossements pour les faire ensevelir décemment dans le cimetière près de l'église, sous une dalle anonyme.

 

'air de la commune serait-il un élixir de longévité ?

Deux centenaires connus sur le territoire de la commune, il y en a eu peut-être d'autres :

 

M. Hémery, alors âgé de 104 ans

 

  • Jean-Claude Hémery, né à Champeau le 15 mars 1806, décédé au Raincy (93) en janvier 1911.
    Il était le fils de Claude Hémery, laboureur à Champeau, et de Jeanne Griveau.
    Témoins à la naissance : Claude Hémery, laboureur à Bois Morin, son oncle, et Anne Griveau, sa tante. Cette famille Hémery est issue de Gouloux, famille de meuniers.
  • Jeanne Renaud épouse Boutteloup, née le 30 octobre 1897 à Fourches.
    Elle était la fille de Germain Renaud, fermier à Fourches, et d'Etiennette Grivot (Griveau).
    Joseph Barat et Barthélémy Perreau, amis des parents, tous deux cultivateurs à Fourches, étaient témoins de sa naissance. Son centenaire a été fêté avec panache à l'hôpital de Saulieu où elle résidait.

Il est à noter que, pour ces centenaires, leurs mères sont des Griveau. Serait-ce, elles, les porteuses des gênes de la longévité ?

 

le centenaire du aincy

article du Temps - 16 mars 1909 

"Une trentaine de convives de tout âge banquetaient hier joyeusement dans une petite villa de l'avenue du Chemin-de-Fer, au Raincy. La table était présidée par un solide vieillard, M. Claude Hémery,dont on fêtait le cent-troisième anniversaire. M. Claude Hémery est né le 15 mars 1806, au hameau de Champeau, commune de Saint-Léger-de-Fourches, dans l'arrondissement de Semur (Côte-d'Or). Il entre donc aujourd'hui dans sa cent-quatrième année. Depuis 1891, il vit retiré, 9, avenue du Chemin-de-Fer, chez un de ses petits-neveux, M. Girard, entrepreneur de fumisterie. Le centenaire présidait fort gaiement le banquet d'hier, auquel il faisait honneur avec autant d'entrain que ses arrière-petits-fils, qui sont dans la force de l'âge. En levant un verre de ce vin de Bourgogne qui lui rappelle les coteaux où s'écoula sa prime jeunesse, il fredonnait quelque bonne vieille chanson en vogue au commencement de la Restauration. M. Claude Hémery perdit l'avant-bras droit alors qu'il travaillait aux forges de Commentry. Avec une faiblesse de l'ouïe, c'est la seule infirmité dont il soit affligé. Le centenaire du Raincy fut père de onze enfants ; il en a déjà conduit neuf à leur dernière demeure."

Lu sur http://cpascans.canalblog.com

 

a secousse sismique qui fit trembler le orvan

Un tremblement de terre secoua la partie nord du Morvan au cours de la nuit du 1er au 2 octobre 1958, provoquant un début de panique dans plusieurs villages. Dans les maisons, vaisselle et meubles bougeaient et l'antenne du relais de télévision de la Chaise, près de Planchez, oscillait dangereusement sur ses bases. Ce phénomène, qui intéressa principalement Champeau et ses hameaux, se fit sentir également dans la Nièvre à Montsauche, Ouroux, Brassy et Château Chinon. Il a été officiellement enregistré à plus de 180 km de là sur les sismographes de l'observatoire de Clermont-Ferrand.

Les experts ont constaté l'ampleur des deux secousses, la première ressentie à 18h 05min 35 s et la seconde, plus faible, onze heures plus tard, à 5h 06 min 24 s. Ces heures ne correspondent pas avec celles données par les " victimes " du tremblement de terre, et la chose est explicable.
Les secousses sismiques sont le jeu de failles terrestres situées à de grandes profondeurs et parvenant à leur limite de rupture. Des glissements souterrains en résultent, qui provoquent deux séries de secousses :
- en surface d'abord, d'une amplitude réduite : il s'agit de celles ressenties par les habitants du Morvan
- en profondeur ensuite, ces dernières d'une portée plus large et qui se sont répercutées jusqu'à Clermont-Ferrand. De l'avis des savants de Clermont-Ferrand, l'épicentre se trouverait à une dizaine de kilomètres de Saulieu.

De telles secousses n'ont rien d'extraordinaire, elles font partie des phénomènes géologiques courants. Le Morvan étant formé de terrains primitifs et de roches éruptives, sa constitution géologique révèle une violente agitation volcanique qui entraîna des éruptions de granit porphyroïde, de granulite et de porphyre. Toutes ces roches ont été coupées par de vastes coulées de porphyre pétrosiliceux.

 

 

1
présentation de la commune
2
agriculture, commerces, industries - les monuments
3
de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle
4
hydrographie - les moulins et les foulons
5
les familles et leurs métiers, avant la Révolution
6
hameaux et lieux-dits - les fiefs de la paroisse

 

Merci de fermer l'agrandissement sinon.  

 

 

  

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