Lors
de la rafle du 2 février 1944, mon père, BRIZARD Marie,
ma mère, BRIZARD Marthe (née ROBERT), furent
arrêtés et emprisonnés à Auxerre où
ils restèrent jusqu'en mai 1944.
Ensuite, déportés en Allemagne, mon père
à Buchenwald, ma mère à Ravensbruck, nous sommes
restés sans nouvelles d'eux jusqu'à mai 1945.
Lorsque mon père fut de retour, nous pensions tous que notre
mère n'avait pu survivre aux épreuves
endurées.
Puis, un beau jour de ce mois de mai, le téléphone
sonna. On appelait de Paris. C'était Maman...
Le 8 février 1944, ma sur
aînée, BRIZARD Andrée (qui épousera plus
tard Albert MUCHER), 24 ans, et moi, BRIZARD Renée, 18 ans et
demi, avons été arrêtées à notre
tour.
D'abord détenues à Saint Léger Vauban :
Andrée dans la maison VALTAT occupée par les miliciens
francistes de Bucard, moi dans la maison du docteur Henri CHEVILLOTTE
occupée par les Allemands.
J'ai été interrogée et menacée. Ils
recherchaient Armand SIMONNOT (THEO). Si je ne répondais pas,
mes parents seraient fusillés... Je n'ai pas
répondu.
Puis les Allemands nous amenèrent
à leur prison d'Auxerre.
Ils avaient réquisitionné le car assurant le service
Saint Léger-Avallon.
Avec Andrée et moi, il y avait : BRIZARD Fernand, conseiller
municipal - BRIZARD Louis, son fils et NOEL Gaston (qui mourra en
déportation), beau-frère de Louis BRIZARD.
Nous sommes arrivés dans la nuit, vers deux heures du matin.
Il faisait très froid. Pour Andrée et moi, nous avions
un tout petit lit, trois couvertures et pour notre toilette une
cuvette d'eau et quelque chose qui ressemblait à une
serviette.
Les Allemands parlaient de contrats à signer pour aller
travailler en Allemagne.
Quelques jours plus tard, ils nous
libérèrent.
Durant cette incarcération, les
prisonnières essayaient de communiquer entre elles. La porte
de notre cellule avait une petite ouverture ce qui permettait de
s'adresser aux emprisonnées de l'autre côté du
couloir.
Ainsi avions nous appris que notre mère s'y trouvait au
secret.
Complément d'information (N.D.L.R.)
:
Dans les archives de la Pierre qui Vire et en deux sources
différentes, il est précisé que les MULLER sont
suppliciés. Dans la maison VALTAT où Andrée
BRIZARD est emprisonnée par les Francistes, elle est
terrorisée par les cris de douleur de Madame MULLER. Sautant
par la fenêtre, elle rejoint sa sur gardée par les
allemands dans la maison CHEVILLOTTE.
L'adjudant, chef du détachement, ne la renvoie pas, et
décide de conduire les deux surs à la prison
d'Auxerre. "Là, vous serez en sécurité" leur
dit-il.
5 novembre 2001
Témoignage de Monsieur Raymond BRIZARD, du Bon
Rupt
|
Le 1er février 1944, Armand SIMONNOT
(THEO) s'était attardé à Quarré les
Tombes.
Le 2 février au matin, il se réveilla plus tard que
d'habitude. Avant de prendre son travail à la scierie de Marie
BRIZARD, il soignait quelques bêtes. Quand il voulut vaquer aux
tâches qui lui incombaient, adossé à la porte de
son nouveau domicile situé de l'autre côté de la
route, un soldat allemand en armes ! Au-delà, une douzaine de
soldats avec capotes, casques et fusil Mauser en main, conduits par 2
civils, l'un chapeau et gabardine mastic, l'autre chapeau et
gabardine bleu marine. Ils encerclent la scierie où THEO
aurait du se trouver.
Celui-ci de s'habiller rapidement, de bondir par l'arrière de
la maison. Saisissant une brassée de bois, minimisant sa
taille, prenant l'allure d'un homme âgé, il se laisse
glisser de jardin en prairie. Par Ferrière et les bois, il
rejoint le groupe Vauban à la chapelle Saint Pierre,
près de Saint Agnan (Nièvre).
Il y retrouve huit hommes.
Bientôt ce groupe comptera 12 hommes et quittera ce secteur le
20 février pour regagner Ravières (Côte
d'Or).
Lorsque le samedi 29 octobre 1983 fut
dévoilée la plaque de l'Association des Anciens
Combattants de la Résistance apposée sur la maison
où il vécut, l'ancienne épicerie du Montoir, que
d'émotions, de recueillement, de tristesse.
Au premier rang, les deux surs de
René RIMBERT accompagnées de leurs époux et de
membres de la famille sont accueillis par Madame GARNOTEL.
Madame CHIROL, fille de Marie et Marthe BRIZARD et Madame Berthe
GILBERT dévoilèrent la plaque. Après une minute
de silence et un dépôt de gerbe, Monsieur Armand
SIMONNOT (THEO) prit la parole et évoqua le souvenir de
René RIMBERT.
D'abord envoyé à Saint Benoit
sur Loire par l'Abbaye de la Pierre qui Vire - ce qui le mettait
à l'abri du S.T.O. - René ne supporta pas cette
solution de sauvegarde et revint au pays.
Engagé dans la résistance
dès juin 1942, il fut inscrit au groupe F.T.P.F. de Saint
Léger Vauban sous le matricule 6.016. Il effectua de
nombreuses missions.
Après son arrestation lors de la
rafle du 2 février 1944 commença un terrible calvaire.
Prison d'Auxerre, prison du Cherche Midi, camp du Struthof (Alsace),
déportation à Breslau en mai 1944 puis Gross Rosen en
janvier 1945.
A l'évacuation du camp, début
février 1945 il est dirigé en convoi et à marche
forcée vers le camp de Dora. Il disparaît pendant ce
transfert.
Les malheureux parents s'échangeront
des courriers avec trois survivants. Tous parlent de René,
leur camarade de misère disparu comme tant d'autres. L'un
d'eux précise : " Le convoi fut le plus terrible que j'ai pu
connaître. "
Et Armand SIMONNOT de souligner que ce jeune
catholique pratiquant avait compris qu'au dessus des
différentes conceptions philosophiques, religieuses,
politiques, se plaçait la liberté de son pays.
Né le 13 mai 1921, René RIMBERT avait 18 ans à
la déclaration de la guerre 1939-1945 et pas encore 24 ans
à sa disparition !
Le cortège se rendit ensuite devant
la plaque d'Albert VISINAND, du maquis Camille et au monument aux
morts du village pour y déposer une gerbe. Ci-dessous, titre
et photo de l'Yonne Républicaine du 4 novembre 1983. Armand
SIMONNOT (THEO) est le dernier, en bas à droite
:
A l'issue de la cérémonie
à la mémoire de René RIMBERT, Monsieur Albert
VISINAND fut honoré. Qui était-il ?
Le 18 juillet 1976, il est cité dans
le témoignage de "THEO" sur le maquis Vauban lors de
l'inauguration de la stèle à la Chapelle Saint Pierre
de Saint Agnan (canton de Montsauche, Nièvre).
"Trente camarades n'ont pu, pour des raisons
de force majeure, rejoindre le maquis Vauban. Ainsi le
sous-lieutenant Albert VISINAND ... coupé de l'organisation
F.T.P.F., à la suite des événements du 2
février 1944 à Saint Léger Vauban et que j'ai
retrouvé au maquis du Commandant Camille."
"En ces lieux ont hiverné de novembre
1943 à février 1944
les maquisards du Groupe Vauban F.T.P.F. de l'Yonne"
Entré le 1er novembre 1942 dans la
résistance, au premier groupe du secteur de Saint Léger
Vauban (Yonne) sous le matricule numéro 36.023.
Nommé responsable du matériel sous les ordres du
Lieutenant SIMONNOT.
Missions : récupération et transports d'armes,
munitions et explosifs jusqu'au 6 juin 1944, date à laquelle
il reçut l'ordre de rejoindre le maquis "Camille". Il
participera alors à toutes les attaques contre l'ennemi dans
les régions de Crux la Ville, Dornecy, Lormes, et sera
nommé sous-lieutenant au maquis.
Né le 26 avril 1899 à Dijon,
il s'était engagé pour la durée de la guerre
(celle de 14-18) le 6 mai 1916 à Dijon. Matricule 1623, il fut
incorporé au 134e R.I. de Mâcon le 7 mai 1916 et se
retrouva aux armées en septembre 1916. Fut
démobilisé au 27e R.I. de Dijon le 26 septembre 1919.
Médaillé de la Marne, inscrit sur le livre d'Or des
soldats de Verdun, bornons-nous à sa citation du 30 octobre
1918, 52e division, Infanterie-Etat Major : "Soldat d'un courage
remarquable. Le 12 octobre 1918, notamment, a participé
à une reconnaissance difficile dans un ravin encore
occupé par des mitrailleuses ennemies. Toujours volontaire
pour les missions périlleuses".
Cet homme de courage, aux convictions
laïques et républicaines qu'il affichait, marié,
père d'une famille de 6 enfants et donc exempt de toute
obligation militaire, fut rappelé sous les drapeaux, à
sa demande, le 20.02.1940 et démobilisé le
20.08.1940.
Il n'admit pas la défaite et entra
donc en résistance dès novembre 1942 ce qui l'amena,
par sécurité, à abandonner ses occupations
professionnelles au printemps 1943.
Son souvenir est rappelé par cette
plaque apposée en août 1969 sur ce qui fut sa demeure au
29, rue de Rouvray et gravée par Emile PROUDHON, le
Père ROBERT du groupe Vauban.
Comme nous l'écrit sa fille, Madame
RANCHET, par courrier du 29 septembre 2001 : "Mon père
était un homme très droit, très honnête,
très courageux, plein de tendresse..."
Le
Rat-Vougeot
N° 5 - Octobre 2002
|
La double inauguration de l'Espace
Armand Simonnet
|
Nous avons choisi ce jour de
commémoration de l'appel du 18 juin 1940 pour rendre hommage
à l'un de nos résistants, Armand SIMONNOT.
En donnant son nom à cet espace sportif nouvellement
créé, nous honorons et respectons sa
mémoire.
Ceux qui l'ont connu se souviennent de cet homme fidèle et
dévoué. Ce dévouement s'est manifesté au
cours de la guerre 1939-1945. Il a été le premier franc
tireur et partisan français de l'Yonne et chef du maquis
Vauban.
Là, son personnage est entré dans la légende. Le
Musée de la Résistance à Saint Brisson et la
Maison Vauban font état de cette épopée.
Si Armand SIMONNOT était un homme modeste et en parlait peu,
le lieutenant THEO restera dans notre mémoire.
Gisèle RICHARD,
Maire
Pourquoi avoir choisi ce 18 juin 2002
à 14 heures 30 ?
L'heure : afin que les enfants des deux classes de l'école
participent à cette cérémonie.
Le jour : pour honorer le souvenir d'Armand SIMONNOT dont le
comportement durant les hostilités 1939-1945 fut dans la
droite ligne de l'appel du 18 juin 1940.
La plaque dévoilée par STEPHANIE et PIERRE, la minute
de silence respectée, le discours du maire prononcé,
une voix enfantine de s'élever : "Pourquoi on ne coupe pas le
ruban ?"
L'autorisation de la Directrice libéra gamines et
gamins.
Ils rêvaient de fouler la pelouse. Ils
s'égayèrent en un envol de liberté, cette
liberté pour laquelle Armand SIMONNOT avait tant
uvré.
Cette épopée, retracée au Musée de la
Résistance de Saint Brisson, évoquée avec le
maquis Vauban à l'exposition de Maison Vauban, le lieutenant
THEO ne s'en targuait pas.
Tout au contraire, à l'autre bout de l'horizon où il se
situait : la modestie, le silence.
Une interview de l'Yonne Républicaine de l'été
1983 le montre assis dans son jardin. Souriant, il évoque des
souvenirs de joie : "Deux sous le tour de manège. .. Il y
avait aussi le beau dimanche..."
Ainsi la simplicité recherchée
par la municipalité respectait parfaitement ce trait dominant
de modestie.
Ce qui n'excluait pas l'émotion : voir, les enfants avancer en
bon ordre et prendre respectueusement place, le drapeau s'abaisser,
entendre les mots du Maire...
Et, en réaction, la joie.
Bravo et merci à celui qui, demandant pourquoi on ne coupait
pas le ruban, ouvrit ainsi la cage aux oiseaux survolant la pelouse
vierge.
Premiers ébats sportifs sur l'espace
Armand SIMONNOT pour une journée foot le 24 août
2002.
Parfaite réussite récompensant l'équipe du
Comité des Fêtes et qui laissera à tous les
acteurs le souvenir d'une chaleureuse journée
conviviale.
Dix équipes engagées honorant
le football par leur joie de participer et leur
sportivité.
Emergence des éléments féminins et cela
dès le concours des tirs au but pour les moins de 1.50 m :
Amélie, première devant Yoann, Antoine, Delphine,
Camille (bambin).
Et, si les Trinquilles, de Jean-Marc, emportèrent le Prix du
Fair-play, ils le doivent à l'harmonie de leur équipe
mixte. En fait, ce titre honorifique fut le plus disputé,
tant, et il faut le souligner, toutes les équipes furent sur
ce plan au diapason.
Podium sportif :
1er - Les Touristes, de Loïc. Venant de Côte d'Or, ils
avaient franchi le Vernidard.
2e - Les D.J.X. 92, de Frédéric, aux couleurs de Paris
Saint Germain
3e - Les Caïds, de Maxime, aux couleurs du Rat-Vougeot, l'une
des trois équipes du village.
Bravo et merci à toutes et à
tous !
D'autres sites pour en savoir
plus :
Sur
ce même sujet, lire (entre autres) "les
exactions de miliciens francistes à
Saint-Léger-Vauban" sur le site de
l'Association pour la Recherche sur l'Occupation et
la Résistance dans l'Yonne :
|
l'excellent
site de l'association "Mémoires Vivantes du
canton de Quarré les Tombes",
créée en avril 2002 :
Ne pas
négliger le chapitre sur l'occupation
hitlérienne et la Résistance
|
|
A lire aussi "La vie dans
l'Allemagne Nazie - 1943-1945 - Cest là que
j'étais" par Jean Edmond
Un ancien du STO se souvient - il y est question de St Léger
Vauban
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l'agrandissement.
https://www.stleger.info