Antonio à Saint Léger Vauban (1/3)
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"Mon information concerne
Saint-Léger
Vauban. Simone et Antonio
à Malaga, en mai 2002 Jai écrit à la
suite un livre qui sappelle : "Cherche père
désespérément" et retrace
lenquête contemporaine et le récit du
passé. Cet ouvrage concerne le patrimoine de
Saint-Léger Vauban et des petites communes qui y sont
rattachées. On y voit vivre les habitants de cette
époque." |
"Aux Amis des St Léger, Cette quête éperdue du
père lui révèle une ascendance
espagnole. Elle découvre, après bien des
péripéties, une fratrie ignorée. Et
c'est ainsi qu'elle va annoncer à un homme de 77 ans
qu'elle est sa sur ! Par chance, le frère
retrouvé maîtrise parfaitement le
français et, de ce fait, Simone peut recueillir les
souvenirs d'enfance, d'abord paisibles, puis effroyables
lorsque la famille fut confrontée à la guerre
fratricide de 1936. En effet, les trois enfants,
après avoir connu l'exode et les bombes, vont faire
partie, à l'âge de 11, 8 et 5 ans, des premiers
convois de petits Espagnols expatriés, notamment vers
la France. Ils livrent le récit bouleversant de leur
épopée. De cette évocation se
dégagera la personnalité hors du commun de ce
père tant désiré. Vous trouverez dans les pages suivantes
quelques morceaux choisis de ce livre et quelques portraits, offerts
par Simone qu'il nous faut ici très chaleureusement
remercier. préface - CHERCHE
PERE DESESPEREMENT
- par Menie
Grégoire Simone Fouratier
était-ce elle,
cette voix bouleversante qui parlait sur l'antenne d'RTL durant les
débuts de mon émission ? Elle, une autre ou un autre,
tous semblables devant cette découverte intolérable
qu'on ne sait pas d'où on vient, de qui et d'où on
sort, dans la chaîne éternelle des hommes et des femmes.
Comme si on était apparu sur cette terre sans liens, sans
histoire, sans racines, sans images ni souvenirs de ceux d'où
on émane : inconnus mais pourtant essentiels. Chaînes
brisées, souvenirs interdits, déchirures aux
conséquences insoupçonnables, tels Simone et ses
semblables sont-ils apparus sur l'antenne à une époque
où il était interdit par la loi de savoir qui vous
avait mis là, comment et pourquoi. Nés "sous X" ou abandonnés,
ils sont arrivés sur l'antenne, déchirés,
quêtant souvent sans espoir l'être mythique qui
était leur père ou leur mère. Ils étaient déchirants, et
bien sûr déchirés. Je me souviens de cet homme
qui cherchait encore sa mère : il avait plus de 70 ans et
disait : "Elle n'est peut-être pas morte
et je ne veux
pas, moi, mourir sans la retrouver." "Retrouver", c'est à dire
reprendre, ravoir, reconnaître un être qu'on n'a jamais
connu et dont on sort mystérieusement. Je n'ai pas osé lui répondre
comme le poète : "Cherche la rose, si tu ne l'as pas
trouvée, tu l'auras du moins cherchée." Car pour
l'amour, pour le bonheur, le poète a raison, mais c'est faux
pour les racines que rien ne peut remplacer. La loi qui a enfin permis aux enfants
abandonnés à la naissance de demander et d'obtenir des
renseignements sur leurs parents a été un
progrès réel dans l'histoire des hommes. Pourtant
c'était hier. Quelle folie à l'image du cruel
dix-neuvième siècle de donner encore tous les droits
aux parents et rien aux enfants. Simone témoigne pour des milliers
d'êtres qui se reconnaîtront et à qui elle donnera
peut-être de l'espoir. Oui, ils ont raison de chercher, c'est
un droit imprescriptible, c'est la clé de l'équilibre,
et les parents n'ont pas ce droit de rompre la chaîne. Il n'y a
pas de "fils ou de fille de personne". Chez Simone comme chez tous les autres, le
pardon est facile quand on a "quêté éperdument"
et des années de recherche, même inutiles, ne sont pas
de trop : on en a besoin, comme de pain pour survivre. C'est ce que
dit superbement Simone, et puis elle le laisse entendre : si on ne
les a pas trouvés, on a créé en rêve cette
existence indispensable à l'équilibre, à la
dignité. On a acquis au fond son "droit de
vivre". Notre époque est critiquée,
elle est néanmoins plus humaine que les
précédentes, parce que c'est une époque de
vérité, celle de la découverte de l'âme
humaine, avec sa part " inconsciente ", que toute la psychologie
moderne doit au docteur Freud. Notre époque est la fin du
règne de la raison toute sèche, et l'avènement
de l'irrationnel. C'est sur lui que s'est construit chacun de nous,
autant que sur la raison. Chaque fois que, sur l'antenne d'RTL,
surgissait une lettre ou un appel comme celui de Simone,
c'était une pluie d'autres lettres et d'appels, tous
concordants, avec cette fraternité profonde des
abandonnés : "Dites-lui bien que moi
, dites-lui qu'elle
cherche
Moi, j'ai fini par trouver", etc. Il y a surtout eu le
récit de retrouvailles après des années de
quête (l'entourage, Dieu merci, n'est pas toujours muet.) Mais
je ne me souviens guère que d'un pardon général,
la joie d'être enfin "l'enfant de
" une joie qui fait tout
pardonner, comprendre et excuser. Les enfants sont donc plus
généreux que leurs parents, on s'en doutait un
peu. Ai-je fait autre chose, chère Simone,
que d'écouter, comprendre et faire savoir ce qu'on ne disait
qu'à soi même (si on osait !) C'est ce qui a fait de ces
quinze années de dialogue public entre les êtres, cette
heure de confidence anonyme pour ceux qui écoutaient et qui
osaient parler de leur vérité. Ce sont eux, et non moi,
qui vous ont aidée. Vous avez eu raison, Simone, d'écrire
ce livre. On voudrait qu'il atteigne tous ceux qui sont vos
frères et vos surs en solitude, en courage et en
réussite. Utile et vrai, votre livre est beau,
inoubliable. Beau par le style, par ses mots, ses retrouvailles pour
dire les souffrances et le courage. Beau enfin par un bonheur conquis
: celui de s'être trouvée soi-même. la préface de
Menie la quête de
Simone le récit
d'Antonio Sinon, merci de fermer
l'agrandissement.
Des évènements historiques ont conduit le petit
Antonio, 12 ans, à Saint-Léger-Vauban en 1938. Son
vécu en ce lieu est l'héritage de ses habitants
actuels, et en garder mémoire un devoir.
Malgré la tragédie vécue par ma famille, je ne
doute pas que vous trouviez plaisir à lire ce
récit.
Avec ma profonde sympathie,
Simone Fouratier"
Nous nous sommes cantonnés aux pages concernant
Saint-Léger-Vauban : elles restituent pleinement l'ensemble de
l'ouvrage.
Puisse ce récit trouver une suite, et une fin "heureuse"
!