ike rant à Boissy Saint Léger
|
Le texte
ci-dessous provient du site http://www.jesuismort.com "Au sortir de la
Deuxième Guerre mondiale, Bronia Rosenberg, survivante du camp
de concentration d'Auschwitz, rencontre Fichel Brand, maquisard
polonais, dans un camp de réfugiés. Tous deux partent
vers la Palestine, mais leur bateau est coulé par
l'armée britannique qui les débarque à Chypre.
De leur union va naître Moshé le 1er février
1947. En mai 1948, la famille décide, suite à la
création de l'état d'Israël, de partir s'y
installer. Ils obtiennent un visa pour Haïfa. Malheureusement,
le petit Moshé s'avère être muet. Sa mère
lui met une pancarte autour du cou avec nom et adresse au cas
où il viendrait à se perdre. Enfin les mots sortent, il
a cinq ans. Sa scolarité est marquée par son attirance
pour le dessin et le chant. Il est alors le seul garçon de la
chorale. Il quitte le lycée à 13 ans et travaille au
kibboutz Kfar Haemek où il garde les animaux. Puis il
multiplie les petits boulots : réparateur de frigos,
garagiste, guide au musée océanographique de
Haïfa. Zvi, son frère
cadet de deux ans et accordéoniste, monte un groupe, Les
Chocolates, et propose à Moshé, alors âgé
de 15 ans, de chanter. Le jeune homme est doté d'une voix de
stentor. Tout de suite, les filles de Haïfa n'ont plus d'yeux
que pour lui. Après un an de galère, Les Chocolates
signent un contrat avec l'hôtel Dan Carmel de la ville. Ils se
produisent au Rondo, la boîte de nuit du lieu, pendant 15 mois.
Le directeur de
l'établissement s'apercevant du succès de Moshé
auprès de la gent féminine, conseille au groupe de
mettre en avant ce jeune Apollon. Ainsi, les Chocolates deviennent
Mickaël Sela et les Chocolates. Le groupe reprend les standards
américains comme "My Prayer" des Platters, ceux d'Elvis
Presley, de Tom Jones, etc. Le public, sous le charme, ne prête
guère attention à l'interprétation
phonétique du chanteur. Sa popularité devient telle que
Jonathan Karmon, le Monsieur music-hall d'Israël,
célèbre chorégraphe et directeur de revue, vient
l'écouter. Il est surpris par la voix et le charisme que
dégage ce jeune chanteur encore muet dix ans
auparavant. La mort du
père de Mike en 1967 constitue une première
épreuve pour lui. Il décide d'embarquer au sein du
Grand Music-Hall de J. Karmon pour une tournée aux Etats-Unis
et en Afrique du Sud. Cette opportunité lui permet de
travailler sa voix, son jeu de scène et d'apprécier la
vie d'artiste en tournée. Il se prend alors à
rêver d'une carrière solo, de devenir une sorte de rock
star comme son idole Tom Jones, chanteur gallois et
célèbre Adonis à la voix
envoûtante. De retour de
tournée, Mike se produit pendant l'hiver 68 au Baccara Club de
Téhéran où il continue d'enflammer l'assistance
en enchaînant plus de 300 titres par soir dont les reprises de
tubes des Beatles, de Ray Charles et de Tom Jones, évidemment.
C'est lors d'une de ses représentations que la chance se
présente sous la forme d'un couple extravagant : Sylvie Vartan
venue se produire dans le même club et Carlos,
secrétaire de la chanteuse. Epoustouflés par la
prestation de Mike, ils lui proposent de se rendre à
Paris. Mike achève
son contrat avec le club et débarque en juillet 1969 à
Paris sans connaître un seul mot de français et
maîtrisant moyennement l'anglais. Il n'a en poche que les
numéros de téléphone de Carlos et de Sylvie.
Malheureusement, les deux artistes sont en tournée et les
appels de Mike restent vains. Décidé à repartir
en Israël, il rappelle une dernière fois et obtient enfin
quelqu'un au bout du fil. Dès lors, Carlos le prend en main.
Il l'héberge, lui présente Eddy Barclay et une partie
du show-biz. Sa carrière française ne démarre
toujours pas. L'obstacle de la langue est une des raisons de sa
difficile intégration dans le monde artistique
français. Il cachetonne au Bistingo, cabaret et haut lieu
artistique où se croisent les dénicheurs de talent
comme Léo Missir, patron du label Riviera chez Barclay ou
Monique Le Marcis, directrice des programmes de RTL. Rien n'y
fait. Carlos, ne sachant
plus que faire pour lancer la carrière du jeune
Israélien, le conseille à Jean Renard, directeur
artistique de Sylvie Vartan et de Johnny Hallyday tout juste
auréolé du succès de "Que je t'aime". Il lui
fixe rendez-vous chez Jean-Claude Vannier, talentueux musicien et
arrangeur de son de toutes les grosses pointures françaises du
moment. Selon la légende, Mike, en un mot, "Summertime", et un
accord, les subjugue et Jean Renard décide de le signer pour
cinq ans. Pour lui faire gagner
un peu d'argent avant l'enregistrement du premier titre, Renard le
confie à Inno Saada qui lui organise des tours de chant au
Régiskaïa Club de Meudon la forêt. L'enregistrement
commence, Renard s'entoure de Jean-Claude Vannier, J.C Charvier,
Gérard Tournier son éditeur qui avance les fonds.
Après 260 séances de pre-recording, le premier 45 tours
de Mike, devenu Brant, intitulé "Laisse-moi t'aimer"
écrit par Jean Renard sort en février 1970. Il se vend
à plus d'un million et demi d'exemplaires et s'exporte en
Allemagne et en Italie où Mike enregistre dans les deux
langues. Renard ne s'occupe
pas que de la musique. Il a transformé Brand par Brant, il
s'occupe de son look, chemise entrouverte en satin, pattes d'ef et
boots. Toute la panoplie du latin lover afin de satisfaire la presse
"ado" en pleine effervescence (c'est l'âge d'or des idoles).
S'enchaînent alors les sorties de deux nouveaux 45 tours au
printemps et à l'automne 70, "Un grand bonheur" et "Mais dans
la lumière" qui vaut à Mike le Grand Prix RTL
International. Ceci lui permet de passer souvent sur les ondes de la
radio grâce à Monique Le Marcis qui en fait son
chouchou. Sa cote monte, ses apparitions à la
télévision dans les émissions de Guy Lux, des
Carpentier et consorts ajoutent à sa renommée. Les
Françaises le découvrent et tombent sous le charme du
"play-boy israélien" à la voix chaude. De plus, son
pygmalion ne recule devant rien. Alors que Mike est victime d'un
accident de la route, son "manager" le prend en photo sur son lit
d'hôpital et vend les photos au quotidien France Soir. Cela
occasionne une publicité fantastique pour la sortie en avril
1971 de son quatrième 45 tours écrit par Franck
Gérald, "Nous irons à Sligo", qui devient
immédiatement un succès. Mike apprend donc les
rouages du show-biz aux côtés d'un des tout meilleurs
managers de l'époque. Malgré tout, Mike décide
d'avancer progressivement dans sa carrière,
préférant se produire en province plutôt
qu'à Paris, ne se sentant pas encore prêt. Il sort en
juillet 1971 un nouveau 45 tours "A corps perdu" chanson sexy et
"Felicita" où sa voix est une nouvelle fois mise en valeur.
Même s'il est attiré par une carrière d'acteur,
il ne veut pas trop pour le moment se disperser. C'est pour cette
raison qu'il aurait refusé coup sur coup un rôle dans un
film de Luchino Visconti et un autre dans l'adaptation italienne de
"Hair" au cinéma. La réussite
fulgurante de ses derniers 45 tours fait de Mike Brant la nouvelle
coqueluche des jeunes. Mike, après avoir refusé, semble
prêt à se produire sur une scène parisienne. Mais
ce n'est ni l'avis et ni l'envie de Renard. Mike se passe de son avis
et c'est la rupture. Il se produit en vedette "américaine" de
Dalida à l'Olympia en octobre 1971. Jean Renard lègue
alors toutes les bandes du chanteur à Gérard Tournier
qui devient son producteur. Malgré cette séparation,
l'année 1971 reste une année faste pour le chanteur qui
vend un million de disques et reste donc quinze jours à
l'Olympia. Sa célébrité toute fraîche
active les rumeurs d'idylles avec de jeunes chanteuses comme Dani,
Nicoletta ou Dalida, et exacerbe les jalousies courantes dans le
show-biz. Gérard
Tournier va servir de lien entre Renard et Charles Talar qui devient
le nouveau producteur de Mike, aidé par Alain Krief pour la
musique puisque Jean-Claude Vannier, solidaire de Renard, stoppe sa
collaboration. Michel Jourdan qui a travaillé pour Aznavour,
Claude François, Julio Iglesias et autres, devient son
parolier. "Une fille à aimer", 45 tours sorti à la fin
de l'année 71, ne marche pas tellement, ce qui lui fait dire
que "les chanteurs sont comme des yoyos, ils montent et ils
redescendent". Il faut attendre la
sortie de "Qui saura" en avril 1972 pour que Mike retrouve sa place
de nº1 au hit-parade. Ce titre est une reprise de "Que sera" de
José Feliciano que celui-ci avait interprété
lors du Festival de San Remo de 1971 où se trouvait aussi
Mike. La vente de ce disque dépasse les 2 millions
d'exemplaires. Le chanteur
accède également à la place de numéro un
dans le cour de milliers de fans devant Johnny et Sylvie et fait la
couverture de Podium, Mademoiselle Age Tendre et autres magazines
surfant sur la vague lucrative des idoles. Ce succès attise
une fois de plus les jalousies et les critiques envers ce chanteur
à midinettes qui soi-disant manque de profondeur. Il
préfère rétorquer que "les chansons
engagées sont bonnes pour les chanteurs sans voix", qu'il en a
assez de ces "minettes hystériques qui crient pendant qu'il
chante", souhaitant être vraiment écouté. Il
s'évade alors en jouant au foot le dimanche matin à
Bagatelle en compagnie d'Adamo, Macias, et autres rares amis qu'il a
dans le milieu. Car même avec les cohortes de jeunes filles qui
l'attendent patiemment dans ses escaliers, Mike paraît
esseulé sans réel entourage affectif, lui qui semble
avoir besoin de se sentir aimé. Cette situation le pousse
à être plus critique. On s'aperçoit alors qu'il
n'est pas qu'un "piège à filles". Son désir de
reconnaissance passe par la composition. Il signe ainsi sa toute
première en septembre 1972 sur "C'est ma prière",
chanson écrite par Richard Seff. Immédiatement, le 45
tours se retrouve nº1 au hit-parade. Sa famille est très
fière de cette première création mais elle
s'inquiète un peu car Mike semble être pris en otage par
son succès, lui qui enchaîne 250 galas dans la seule
année 1972. Son producteur,
Charles Talar, le fait désormais circuler dans une voiture
blindée. Il l'entoure de cinq gardes du corps. Le chanteur
reste cloîtré chez lui, n'ayant comme autre ouverture
sur l'extérieur que son téléphone. Ce repli
semble le toucher, il confie à sa mère que "son cour
devient une horloge", qu'il n'en peut plus. La pression
médiatique lui ôte le peu de liberté qui lui
reste. Pour autant, il
continue de composer sur les textes de Michel Jourdan. Vont sortir
ainsi "Que tu es belle" et "Toutes les couleurs" entre fin 72 et
début 73. Il enchaîne les tournées de promotion
en Europe, au Japon, en Australie, etc. En avril 1973, il sort le 45
tours "Rien qu'une larme" qui une nouvelle fois, le consacre nº1
en France mais aussi dans beaucoup d'autres pays. Puis de nouveau, un
succès avec la sortie de "Tout donné, tout repris" qui
lui, se vend à un million d'exemplaires. Il fait alors la
rencontre de Grita, mannequin danoise et semble connaître pour
la première fois de sa vie le grand amour. Quand celle-ci lui
demande de ralentir le rythme infernal des galas, il hésite
mais ne s'y résout pas. C'est sans doute la cause de la
rupture entre les deux tourtereaux. Cet épisode fragilise
encore un peu plus ce mal-aimé. En 1974, Mike signe
chez Polydor et change de producteur. Désormais, c'est Simon
Waintrob qui le prend en charge. C'est un homme
précédé d'une réputation sulfureuse qui
s'occupe entre autres de Salvador Dali. Mike côtoie alors un
autre milieu artistique. Lui qui aime peindre se retrouve en
compagnie du génie surréaliste. Celui-ci lui offre
plusieurs lithographies lors d'un voyage chez le maître
à Cadaquès avec Mick Jagger et Alice Cooper.
Selon sa mère,
inquiète des nouvelles relations de son fils, il est
entouré de "vautours" qui le pillent. Pourtant, Mike continue
à créer ses musiques, toujours accompagné de
Michel Jourdan pour les textes. En mai et octobre 1974, ils sortent
plusieurs 45 tours : "C'est comme ça que je t'aime", "Viens ce
soir", "Toi, mon enfant", toujours bien reçus par le public et
par les 35 000 membres de son fan-club qui attendent impatiemment les
sorties de ses disques. Mais Mike semble fragilisé. Le 4
mai 1974, à un concert à Boissy-Saint-Léger
réunissant 4 000 personnes, il craque ! Il perd le
contrôle de soi pour la première fois : cest au
bout de la quatrième chanson quil va sortir de
scène et senfuir dans sa voiture, terrifié, ne se
calmant quune fois cloîtré dans son appartement.
Il laisse ses fans médusés. Puis quelques jours
plus tard, à Cambrai, il brise le miroir de sa loge d'un coup
de poing. La nervosité, l'anxiété
ajoutées à un mauvais entourage, déboussolent
Mike. Un autre incident
survient en juin 1974. Son appartement est cambriolé. On lui
vole les lithographies de Dali, des pièces d'or données
par le Shah d'Iran qu'il considère comme des porte-bonheur.
Mais c'est la disparition des photos de famille et des bijoux de sa
mère qui le touche. "On m'a arraché aussi ma vie"
dit-il. Il souffre alors de dépression. Sur les conseils de
Johnny Hallyday, il s'éloigne du monde des paillettes et part
séjourner à Genève afin de reprendre des forces.
Le 21 novembre 1974, il tente de se suicider en se jetant par la
fenêtre de son hôtel. Il s'en tire avec plusieurs
fractures. Il semble se trouver sur le fil, ce qui confirme les dires
de ses proches collaborateurs qui indiquaient, avant sa tentative,
que Mike se renfermait sur lui-même. En même temps, ses
disques comme "C'est comme ça que je t'aime" se vendent par
milliers. L'état de Mike
oscille entre l'envie de vivre et des périodes de forte
déprime. Il reprend le chemin des studios et sort en janvier
1975 "Qui pourra lui dire" et "Elle a gardé ses yeux
d'enfants" dont les paroles sont signées Richard Seff et M.
Jourdan. Les mois suivants, Mike se plonge dans la création
d'un nouvel album. Lors de l'enregistrement, il retrouve Jean Renard
et les deux hommes décident de collaborer à nouveau.
Son disque avec "Dis-lui", adaptation de "Feelings" de Loulou
Gasté et Morris Albert, sort au début du mois d'avril
75. Mike le considère comme son meilleur disque et
paraît reprendre goût à la vie. Mais cela n'est
qu'une façade. Le 25 avril 1975,
Mike Brant se jette de la terrasse de l'appartement d'une amie et,
cette fois-ci, meurt sur le coup. Le monde musical est sous le choc.
Les membres de son fan-club et des milliers d'anonymes pleurent la
mort de l'idole. Le 7 mai, il est enterré à Haïfa
en Israël. Quinze jours après sa mort, "Dis-lui" se vend
à plus d'un million d'exemplaires. L'énigme de sa
mort est toujours présente car son geste reste inexplicable.
Son suicide est suivi en 1976 de celui de son secrétaire Alain
Krief, puis de celui de Simon Waintrob, faits qui viennent jeter un
certain trouble parmi les admirateurs du chanteur. L'engouement des
fans après plusieurs décennies est toujours vivace et
les compilations de ses succès se vendent à une moyenne
de 200 000 exemplaires par an. Aujourd'hui, ses fans réunis au
sein du "Mike Brant Star-Club", comptant environ 2 000 admirateurs en
Europe, organisent deux à trois soirées par an à
sa mémoire, en compagnie de sa famille dont son frère
Zvi et les collaborateurs comme M. Jourdan. De plus, comme le
souhaitait Mike, une chorale à son nom reprend ses chansons
perpétuant ainsi ses refrains inoubliables et la
mémoire du chanteur."