1834-1871
: le règne de aval
aux ambier
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Vous
trouverez ci-dessous l'article, en date du vendredi 19 novembre 2021,
rédigé par Daniel Pardon pour https://www.tahiti-infos.com
:
"Rarement homme
aura suscité autant de passions que le père
Honoré Laval (1808-1880) : en débarquant le 8
août 1834 aux Gambier, un archipel encore vierge de toute
croyance européenne, il allait contribuer à
métamorphoser une société polynésienne
jusqualors très isolée. Bon berger ou
dictateur à la tête dune
théocratie, les avis sont partagés sur
luvre de ce personnage qui marqua de son
indélébile empreinte
lévangélisation des Mers du Sud...
Découvertes
tardivement par le capitaine James Wilson en 1797 (à bord du
Duff de la London Missionary Society), rapidement visitée par
Frederick Beechey (1796-1856) du 29 décembre 1825 au 13
janvier 1826 (il en établit la première carte,
remarquable, tout en notant la férocité des insulaires
et la réserve des femmes), les Gambier, à
lextrême sud-est de lactuelle Polynésie
française, nont jamais suscité, compte tenu de
leur emplacement, un énorme intérêt pour les
explorateurs et aventuriers en quête de richesses faciles.
Du 6 au 14
février 1834, Jacques Moerenhout (1796-1879), qui joua un
rôle si important plus tard à Tahiti, y fit lui aussi
une brève escale, mais lhistoire de larchipel,
entendons lhistoire moderne, celle qui a été
écrite dans ses moindres détails, ne commença
quavec larrivée des pères Honoré
Laval et François Caret (1802-1844).
En 1872, Laval a dû quitter
Mangareva ; il sait alors que son rôle, là-bas dans son
petit paradis, est terminé.
Cela dit, le peuplement des Gambier
navait pas attendu larrivée des prêtres pour
se faire : dès le XIIIe siècle semble-t-il, les
premiers colonisateurs de cette terre vierge apparurent,
peut-être en provenance de Rarotonga. Il est également
possible que le tout premier peuplement soit antérieur de deux
ou trois siècles et que les premiers habitants soient venus
aux alentours de lan 1000, depuis les Marquises.
Quand Laval débarqua, il
trouva une société structurée autour des nobles,
les togoiti, et du commun des mortels, les urumanu.
Larchipel était sous la domination dun roi et de
sa famille, tous togoiti bien entendu. Dans le panthéon
mangarévien régnaient trois divinités, Atumotua,
Atumoana et Tagaroamea. Quant à la lignée des
ancêtres quasiment divinisés, elle se montait à
vingt-deux personnages ayant précédé le roi
Maputeoa.
De nombreuses autres divinités
hantaient ce panthéon, dont lincontournable Tuhorokava,
protégeant les indispensables arbres à pain. Sacrifices
humains et même anthropophagie en cas de famine étaient
de mise, lorsque les arbres à pain se montraient avares en
fruits (les mei) et le lagon tout aussi avare en poissons.
Le royaume nétait pas
aussi uni que le souhaitait Maputeoa, puisque si son emprise sur
lîle de Mangareva était bien réelle,
certaines îles se montraient volontiers sinon insoumises, du
moins quelque peu indisciplinées et des frictions, voire des
guerres, rythmaient la vie de larchipel. Des guerres sans
pitié, sans survivants, les vaincus, pour éviter de
passer au four nayant dautre ressource que de
sexiler sur leurs pirogues doubles.
Marie Joseph Coudrin avait
réussi à survivre aux purges sanglantes de la
Révolution.
Cest lui qui créa la congrégation dite des
Picpus.
Bien loin de là, un jeune
prêtre rescapé des purges de la Révolution
française, labbé Marie-Joseph Coudrin
(1768-1837), fondait en 1800 la congrégation des Sacrés
Curs de Jésus et de Marie ; il sinstalla en 1805
rue Picpus, nom qui devint vite le surnom de sa congrégation.
Coudrin voyait grand et loin ; il voulait évangéliser
les parties du monde alors dans le paganisme ou
lhérésie protestante. Une
première mission échoua à Hawaii en 1831 (alors
îles Sandwich). Un vicariat de la Polynésie orientale
fut malgré tout créé, sous
lautorité de Mgr Rouchouze et cest ainsi que
furent envoyés dans le Pacifique Sud, à la grâce
de Dieu, un frère irlandais, Jacques Columbin Murphy et trois
pères français, Honoré Laval, François
Caret (1802-1844) et Antoine Cyprien Liausu (1801-1863).
Ils avaient leur voyage payé
jusquà Valparaiso ; après, il leur fallait se
débrouiller, Dieu devant pourvoir à leurs besoins.
Recueillie par un franciscain à Valparaiso, la petite
équipe survécut et sorganisa. Liausu resta au
Chili pour assurer lintendance, tandis que les trois autres
embarquèrent sur le Peruviana, capitaine Sweetland, à
destination des Gambier, terre encore vierge et sans pasteur
protestant.
Arrivés à bon port, les
trois pères consacrèrent leur nouvelle patrie à
Notre-Dame de Paix.
Lévêque de
Tahiti, Tepano Jaussen, rappellera Laval à Tahiti pour mette
fin aux polémiques entre civils et religieux.
Un protestant
déjà sur place !
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Si les premiers contacts avec les
indigènes se passèrent bien, en revanche quelle ne fut
la surprise des missionnaires en constatant quun protestant,
George Nobbs (1799-1884) était arrivé depuis quelques
semaines avec sa femme, Sarah Christian, épousée
à Pitcairn (descendante de Fletcher Christian, chef des
mutinés de la HMS Bounty).
Pas hostile aux nouveaux arrivants catholiques, se sentant en
relative insécurité à Mangareva, Nobbs finit par
partir en février 1835 pour revenir à Pitcairn, tandis
que Laval et ses deux collègues installés sur
lîle dAukena virent enfin leur horizon
sélargir. Car si leur première messe avait
été dite le 15 août 1834, si fin mars 1835
lévangélisation de Aukena et de Akamaru
était en très bonne voie, il leur restait à se
faire accepter à Mangareva, ce que le roi Maputeoa refusait
toujours, même si le grand-prêtre Matua se montra
favorable aux missionnaires (ce qui nalla pas sans créer
des tensions au sein de la famille royale).
Le 9 mai 1835 débarquait Mgr
Rouchouze lui-même. Une épidémie frappait
lîle et Liausu, arrivé avec Mgr Rouchouze, parvint
à guérir le roi et son fils, ce qui ouvrit la porte de
Mangareva aux catholiques. Le grand temple aux idoles fut
transformé en hôpital, les idoles en question furent
malheureusement brûlées sans autre forme de
procès et le 25 août 1836, Maputeoa était
baptisé et devenait Gregorio, en hommage au pape
Grégoire XVI.
A Akamaru, une
mini-cathédrale accueille les croyants.
Très vite la mission
sorganisa ; ces pères et frères étaient
des prosélytes certes, mais aussi et surtout des
bâtisseurs, des organisateurs, des entrepreneurs : ils
multiplièrent les plantations pour éviter les famines,
ils apprirent aux Mangaréviens à tisser, ils
découvrirent (un peu par hasard) quavec du corail
calciné on obtenait de la chaux pour fabriquer du mortier, et
en lançant de vastes récoltes de blocs de coraux
transportés sur des radeaux, ils obtinrent la matière
première nécessaire à lédification
de bâtiments en dur, grâce au mortier. La chaux seule
permettait de peindre en blanc les murs des constructions (en octobre
1836 fut consacrée la première église en dur de
toute lOcéanie).
Mgr Rouchouze, sil navait
que de bonnes raisons de se féliciter du succès de la
mission aux Gambier (on disait alors à Gambier),
estima quil était temps denvoyer des missionnaires
sattaquer au bastion protestant quétait Tahiti.
Caret et Laval y débarquèrent le 20 novembre 1836 et y
découvrirent une reine, Pomare, complètement soumise
aux pasteurs et sous la coupe du consul britannique Pritchard. Les
catholiques furent expulsés manu militari de Tahiti, ce qui
aboutit à laffaire Pritchard et à
létablissement du protectorat français sur Tahiti
où les catholiques purent bien évidemment revenir plus
tard.
Dumont dUrville, lors de son
passage aux Gambier, se montra plutôt satisfait du travail des
missionnaires catholiques.
Une mission pieuse
et au travail
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Mi-août 1838, lorsque Jules
Dumont dUrville (1790-1842) marqua une escale à
Mangareva avec lAstrolabe et la Zélée, il
découvrit une mission en pleine expansion sous la
férule dun Laval encore discret (Caret étant
rentré en France après leur expulsion musclée de
Tahiti).
La population était pieuse,
les femmes prudes, les jeunes pris en charge notamment pour la mise
en valeur des terres, tout le monde était habillé
avec décence (grâce aux ateliers de tissage
traitant le coton poussant sur place) et les bâtisseurs
étaient à luvre. Dumont dUrville, peu
enclin aux bondieuseries, commenta positivement, mais avec
réserve, ce quil avait vu aux Gambier alors que parmi
ses officiers, on releva des avis tout à fait divergents,
entre admiration sans borne pour luvre des missionnaires
partis de rien et lanticléricalisme le plus
marqué.
Lancien grand temple des
idoles, lors dune épidémie de tuberculose en
1840, devint de manière durable lhôpital et au fil
des ans, face à un Maputeoa sans grande personnalité,
Laval prit de plus en plus lascendance sur la famille royale,
au point dexercer lui-même, en réalité, les
fonctions de maître absolu de larchipel, Maputeoa
nétant plus quune marionnette à son
service.
Taravai et son entrée
dinspiration gothique. De gros sept-doigts ornent
la façade.
Premiers conflits
avec des équipages
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De 1849 à 1851, Laval quitta
les Gambier pour évangéliser larchipel des
Tuamotu, avec un certain succès il faut le reconnaître.
En 1857, le roi décéda et sa femme, Maria-Eutokia,
devint régente, encore plus sous la coupe de Laval. Celui-ci
instaura, osons le mot, une théocratie à la
manière des réductions jésuites au Paraguay.
Si cette théocratie paternaliste (Laval parle sans cesse de
ses enfants à propos des indigènes)
était très bien acceptée par la population
locale, même si certains jeunes voulaient parfois
sémanciper de la tutelle religieuse, les conflits avec
les équipages des bateaux enflèrent et
senvenimèrent ; bien des aventuriers
considéraient quils avaient le droit de négocier
avec de la pacotille des nacres ou des écailles de tortues
partout où ils passaient, sachant quen prime, ils
entendaient bien se servir dans le cheptel féminin.
Or Laval interdisait tout commerce direct et mettait filles et femmes
à labri lors de chaque arrivée de navire. Pas
question que des mécréants viennent ruiner les efforts
des missionnaires, pas question de laisser des renards entrer dans le
poulailler. Vous civilisez ?, disait-il,
non vous syphilissez !
La plus grande richesse des
Gambier, lorsque le père Laval y vécut,
reposait sur les nacres qui étaient vendues aux navires de
passage.
Un implacable code
de lois
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Quant au négoce de la nacre,
de qualité exceptionnelle, les marchands, y compris ceux qui
sinstallèrent sur place, ne supportèrent plus
dêtre sous le contrôle de Laval ; ainsi deux
individus, les sieurs Pignon et son neveu Dupuy, devinrent-ils les
bêtes noires des missionnaires qui firent dailleurs
détruire leur boutique et emprisonnèrent Dupuy six
semaines.
Ce que les Européens de
passage apprirent très vite, cest que Laval et le roi
avaient établi un code de lois très strict auquel ils
devaient se plier et quils devaient même signer
sils décidaient de sinstaller.
A Tahiti, Pignon avait loreille
du gouverneur Gaultier de la Richerie qui avait pris ses fonctions en
sembarquant au Chili sur la goélette dudit Pignon,
envers lequel il était donc redevable.
La régente fut
condamnée à une amende exorbitante de 160 000 Francs
pour la destruction de la boutique de Pignon, somme extravagante
quelle décida de ne pas payer en attendant le
départ du gouverneur. Mais las, son successeur, brutal, de la
Roncière, se montra encore plus intransigeant et envoya
larmée récupérer le montant de
lamende tout en montrant par la même occasion que
cétait un pouvoir politique civil, accessoirement
militaire, qui allait diriger ces îles et non pas des
missionnaires, même si officiellement, les Gambier ne faisaient
pas partie du protectorat français.
Des résidents se suivirent,
Laurencin, Caillet, Hippolyte, tous plus hostiles les uns que les
autres aux religieux. Laffaire, ou plutôt les affaires se
multiplièrent, les plaintes saccumulèrent, aucun
compromis ne semblait possible entre les catholiques et
ladministration. La querelle remonta jusquà
Papeete bien entendu, puis alla jusquà Paris où
furent dénoncées pêle-mêle,
lavidité des missionnaires et leur dictature.
A Papeete, lévêque
Tepano Jaussen joua la carte de lapaisement, paya ce qui
était encore dû, nomma un nouveau supérieur, le
père Blanc ; mais la franc-maçonnerie voulait la
tête de Laval, et elle finit par lavoir.
En avril 1871, après une
enquête à charge du commandant La Motte Rouge,
enquête qui lava pourtant les religieux de toutes les
accusations portées contre eux, Mgr Jaussen rappela le
père Laval à Papeete.
Ce dernier ne manquait pas
dappuis, mais les laïques tinrent bon : une époque
semblait révolue, celle des missionnaires pionniers, et
finalement Laval, complètement abattu, ne revit les Gambier
que brièvement, en juillet 1876 avant de rendre son âme
à Dieu en 1880, mort de chagrin davoir perdu son
paradis...
Louis-Jacques,
avant les Gambier...
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Le
symbole de la congrégation des Sacrés
Curs de Jésus et de Marie
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Honoré
Laval serait né le 6 février 1808 à
Saint Léger des Aubées (département de
lEure-et-Loir). On ne sait que peu de choses sur son
enfance rurale, sinon que ses capacités à
lécole lui permirent de poursuivre ses
études et dentrer en 1825, à dix-sept
ans donc, au sein de la congrégation des
Sacrés Curs de Jésus et de Marie (les
Picpus). Honoré nest pas son prénom
dorigine, celui-ci étant Louis-Jacques. Il se
fit appeler Honoré le 30 décembre 1825,
lorsquil intégra sa congrégation.
Une
confusion persistante existe quant à sa date de
naissance, puisque certains biographes considèrent
quil est né le 6 janvier 1807, dans le hameau
de Joimpy, sur la commune de Saint Léger des
Aubées.
A Saint
Léger, le curé fit ériger une croix
métallique rappelant le destin hors normes de
lenfant du pays. On peut y lire une inscription :
A la mémoire de Louis Laval, prêtre,
missionnaire, né à Joimpy (hameau de Saint
Léger) en 1807. Animé dune foi ardente,
il quitta sa patrie en 1833, évangélisa
pendant 46 ans les peuplades sauvages des îles Gambier
et de larchipel des Tuamotu (Océanie) et mourut
dépuisement à Tahiti en 1880.
Apôtre zélé, priez pour
nous.
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La
Motte Rouge blanchit la mission
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En
février 1871, un navire est envoyé aux Gambier
pour mener lenquête sur les agissements de la
mission. Le capitaine de frégate La Motte Rouge est
chargé de ce travail. Il est très clair sur
deux points : jamais la mission na participé
à un ou des trafics, contrairement à ce
quavait affirmé un ancien magistrat de Tahiti,
Jacolliot (à Papeete, Laval le fera condamner pour
diffamation, Jocolliot perdant son procès). En
revanche, La Motte Rouge juge que le père Laval pose
un problème et que seul son départ le
réglera : Il est nécessaire de lui
faire quitter ce pays et le plus tôt sera le mieux.
Esprit dominant, caractère emporté,
dévoué sincèrement à la religion
quil confond un peu avec son ordre, isolé du
monde depuis trente-cinq ans et entraîné par
des idées religieuses exagérées, cet
homme veut à tout prix sauver des âmes et pour
cela tous les moyens sont bons.
Pour Laval,
sans jeu de mots, la messe est dite. La mission poursuivra
son travail que ne remet pas en cause le capitaine de
frégate, mais le point de cristallisation des haines
et rancurs devait être supprimé et Mrg
Jaussen, navré, suivra la prescription.
Laval
lui-même dira dans ses mémoires : Le
commandant me trouva arriéré de trois
siècles dans la manière paternelle de
gérer mon saint Ministère.
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Au-dessus
de Rikitea, la chapelle qui abrite la tombe du dernier roi
des Gambier
Honoré
Laval voulait témoigner, par des bâtiments en
dur, de la solidité du catholicisme aux Gambier et
pour ce faire, une fois maîtrisée la
fabrication de la chaux à partir du corail, un
immense chantier fut lancé entre 1840 et 1880. Toute
la population fut mise à contribution pour la
réalisation denviron 118 constructions
réparties sur toutes les îles.
Voici
quelques chiffres sur ces travaux gigantesques à
léchelle de ce petit archipel :
- 76
constructions à Mangareva
- 23
constructions à Akamaru
- 10
constructions à Aukena
- 9
constructions à Taravai
Parmi ces
édifices, une cathédrale, Saint-Michel
à Rikitea, des églises à Akamaru,
Taravai et Aukena, des chapelles, Saint-Michel au
cimetière de Rikitea (1850), Saint-Anne à
Tokoragi (1847), Sainte-Agathe à Rouru (1850),
Saint-Pierre (le tombeau du roi) à Atititoa (1847),
Saint-Benoît à Gatavake, un séminaire
à Aukena, un couvent au Rouru,
lévêché de Rikitea, des routes,
presbytères, chemins, calvaires, cimetières,
et même deux splendides arcs de triomphe, lun en
bord de mer à Rikitea et lautre à
lentrée du couvent du Rouru. Sans oublier la
cathédrale de Papeete, due à des
bâtisseurs des Gambier !
Voici les
dimensions des principaux bâtiments encore
parfaitement visibles et bien entretenus :
- Cathédrale
Saint-Michel à Rikitea (L. 48m, l. 18 m, h. 21 m.)
1841, les deux clochers ajoutés en
1848
- Église
Notre-Dame de Paix à Akamaru (L. 24m, l. 9m)
1844
- Église
Saint-Gabriel à Taravai (L. 24m, l 9m.)
1868
- Église
Saint-Raphaël à Aukena (L. 18m, l. 8m.)
1840
- Saint-Joseph
à Taku (L.21, l. 8) entre 1853 et 1863
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On
doit au père Laval, qui ne manquait pas
dénergie, un travail remarquable en tant
quhistorien et ethnologue.
Deux ouvrages résument son savoir et son
expérience aux Gambier :
- Mangareva,
ère païenne (Éditions Haere
Po)
Les 12
chapitres de la partie Ethnologie dépeignent
lactivité quotidienne dune
société insulaire faite de cueillette et de
pêche, mais aussi son organisation sociale, la
relation à la propriété, au divin et
à la mort.
Les 26 chapitres de la Chronique traditionnelle restituent
les généalogies des chefs et des grandes
familles, des origines lointaines et légendaires
jusquen 1834, à larrivée de ce
missionnaire catholique, la violence de leurs conflits et
les tentatives dy mettre fin.
- Mémoires
pour servir à lhistoire de Mangareva. Ere
chrétienne 1834-1871 (Publications de la
Société des Océanistes)
Sur plus de
600 pages remarquables de précision (sinon de
parfaite objectivité ; qui lui en ferait le reproche
?), Honoré Laval raconte les 36 années de
mission quil conduisit aux Gambier. Ses trois
dernières phrases résument son sentiment au
crépuscule de sa vie : Mgr (ndlr : Jaussen),
pour apaiser cette tempête, mécrivit au
mois de mars 1871, de me rendre à Tahiti, où
je continuerais dêtre son Provicaire tout le
temps que jy resterais. Mais que je my suis
dûment ennuyé !!! Est-ce donc là ma
récompense de 36 ans de Mission !!!
A lire
également Mangareva et les Gambier
(François Vallaux, 208 pages, 1994). Publié
par le ministère de lÉducation de
Polynésie française et lETAG,
Établissement territorial dachats
groupés.
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Situation
politique confuse
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La
situation politique des Gambier demeura longtemps floue,
sinon confuse. Certes, dès 1844, le roi Maputeoa
demanda à être placé sous le protectorat
de la France, mais cette demande ne fut jamais
ratifiée à lépoque par le
gouvernement de Louis-Philippe. Et Bruat se garda bien de
lavouer
Le 13
décembre 1869, une assemblée constituante,
sous la houlette du régent Aarone qui avait
succédé à Maria Eutokia à sa
mort, adopta une constitution, un document qui ne faisait
pas la moindre référence à la France.
Mieux même, le 18 janvier 1870, cette même
assemblée, se déclarant législative,
adoptait un code de justice dont les textes navaient
pas de rapport direct avec les lois françaises, ce
qui mit le commissaire impérial, à Tahiti,
dans une rage folle.
Entité
juridique semi-indépendante depuis 1844, le
protectorat ne fut reconnu par la France que bien plus tard,
cet archipel nétant annexé formellement
aux Établissements français de
lOcéanie quen 1881, à la demande
des habitants. Le code mangarévien sera abrogé
définitivement en 1887, date qui marque
lannexion définitive de larchipel
à lensemble français.
En 1887, on
comptait 463 habitants aux Gambier, contre peut-être 5
000 au moment de sa découverte à la fin du
XVIIIe siècle et 2 141 en 1838. Laval était
convaincu que la population avait été bien
plus nombreuse auparavant : Juste avant notre
arrivée, une maladie où la diarrhée
dominait, et dont lintroduction était
probablement due à quelque navire venu pêcher
la nacre, avait fait de grands ravages.
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François
Vallaux, dans son remarquable ouvrage Mangareva et les
Gambier, cite un épisode étonnant de
lhistoire de cet archipel.
Au
début du XXe siècle, les EFO coûtant
bien plus quils ne rapportaient, des rumeurs de vente
aux États-Unis ou à lAngleterre
circulèrent, notamment à San Francisco,
Londres et Paris. Si, finalement, compte tenu de
louverture prochaine du canal de Panama, les EFO ne
furent pas bradés, il nen demeure pas moins
quun courrier du ministre de la Mer à son
homologue de la Marine révèle que le
gouvernement britannique était prêt à
accepter un échange de territoires : la Gambie
(enclavée dans lactuel Sénégal)
contre une île des Gambier (Mangareva à
lévidence).
Evidemment,
perdre la perle des Gambier serait dommageable,
mais le ministre des Colonies précisa tout de
même : Etant donné
lintérêt considérable qui
sattacherait pour nous à la possession de la
Gambie, cette proposition mérite un très
sérieux examen.
On voit mal,
au sein du lagon des Gambier, quelques petites îles
demeurer françaises et Mangareva sous pavillon
britannique ; cela naurait guère eu de sens.
Mais enfin, la question a été posée et
a été étudiée. La Marine ne
donna pas suite..
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Archipel
des Gambier
- Latitude
: 23°07
- Longitude
: 134°58
- Surface
des terres émergées : 32
km²
- Pourtour
récifal : 90 km
- Dimensions
de Mangareva : 9 km de long pour une largeur de 600 m
à 3 km.
- Archipel
composé de 11 motu coralliens (dont Totegegie,
laéroport), de 4 grandes îles
volcaniques (Mangareva, Taravai, Akamanu, Aukena) et de 6
petites îles volcaniques (citées
ci-après dans lordre décroissant :
Agakauitai, Kamaka, Makaroa, Mekiro, Manui,
Makapu).
- Le
marnage maximum (marée haute/marée basse)
est modeste : 1,20 m.
- Les
Gambier sont âgées de 6 à 7 millions
dannées.
- Point
culminant : Mont Duff 441 m (le Mont Mokoto, dans son
prolongement, mesure 411 m).
- Le point
le plus bas du lagon est à 80 m. Celui-ci
compte trois passes ouvertes sur locéan.
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compléments
sur les Gambier
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les photos d'Henri
(2014)
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erci
de fermer l'agrandissement sinon.
https://www.stleger.info