Cette
Notice contient un instructif plan de St Léger de
l'époque (1885).
Vous pouvez le consulter en cliquant ici
Sauf mention particulière, toutes les photos datent
d'août 2005.
(...) "Il est tout naturel que nous fassions
suivre l'histoire d'Authie d'une petite notice sur St-Léger,
attendu que ces 2 villages, très rapprochés l'un de
l'autre, sont unis dans l'histoire par plus d'un lien.
En effet, outre les rapports quotidiens
qu'entretiennent leurs habitants, outre les relations de
parenté qui existent entre certaines familles, il y a toujours
eu quelque dépendance du second par rapport au premier, sous
plusieurs points : ainsi St-Léger a toujours relevé et
relève encore d'Authie au point de vue spirituel ; son ancien
château mouvait de la châtellenie d'Authie ; le prieur
d'Authie était gros décimateur sur son terroir ; enfin,
cette communauté, comme l'on disait jadis, était
régie par la Coutume d'Authie.
Nous avons puisé une grande partie de
nos renseignements dans les archives du château de Couin, que
M. le comte de Louvencourt a mises très gracieusement à
notre disposition.
'où
St-Léger-les-Authie tire-t-il son nom ?
Quel est le titulaire de son église ?
Un mot sur le martyre et la sépulture de
l'évêque d'Autun
|
Il y a en France cent quatre bourgs, villages
et hameaux qui portent le nom de St-Léger.
Il y a dans le diocèse d'Arras 59
paroisses placées sous le vocable de St-Léger, 27 dans
le diocèse d'Amiens, 14 dans le diocèse de Beauvais, et
une foule d'autres dans toute la France. Tous le tirent du nom du
célèbre évêque d'Autun qui jouit à
bon droit d'une immense popularité. Il est de toute justice
que nous saluions ici le grand saint qui est deux fois le patron du
village qui nous occupe : en effet, il a toujours été
le titulaire de son église, et il donna son nom à cette
localité.
Sous la dernière période des
Mérovingiens, sous le règne des Carolingiens, et enfin
du temps de la féodalité, au fur et à mesure que
les villages se formaient autour des châteaux-forts ou
autrement, des paroisses étaient fondées selon les
besoins spirituels des populations. Un grand nombre d'entre elles,
érigées dans l'intervalle qui s'écoula depuis la
fin du VIIIe siècle jusque vers le milieu du XIIIe, se
placèrent sous le vocable de ce grand saint ; et de
l'église ou de l'autel dédié à
St-Léger, le nom passa au village. D'autres prirent ces
dénominations lors de la translation de ses reliques à
travers la France : ce sont les seules manières d'expliquer
l'origine d'un nom donné à tant de pays à la
fois.
Très nombreux sont les historiens qui
ont parlé de St-Léger et raconté sa fin
tragique, mais tous sont loin de s'accorder soit sur le lieu de son
martyre, soit sur celui de sa sépulture.
Quant au martyre, exécuté sur les
ordres d'Ebroin, maire du palais, il est assez prouvé
maintenant qu'il eut lieu dans la forêt de Sarcing, ancienne
forêt d'Iveline, appelé plus tard forêt de
Saint-Léger près de Lucheux* en 675.
* M.
l'abbé Lefèvre, aumônier à Doullens, a
fait là-dessus un travail important. Voir le tome VII des
Mémoires de la Société des Antiquaires de
Picardie. Voir aussi l'Hagiographie du diocèse, par M.
Corblet
Le lieu du martyre faisait autrefois partie du
diocèse d'Arras, et même de celui de Cambrai, à
l'époque où ces derniers étaient réunis
sous une seule juridiction : c'est ce qui a occasionné bon
nombre d'erreurs et de confusions. Il est actuellement compris dans
la paroisse de Lucheux, du diocèse d'Amiens.
Quelques auteurs, tels que MM. Pringuez,
Warmé, Delgove, Daire, etc, se montrent favorables à
St-Léger-les-Authie, et inclinent à croire que le grand
évêque y aurait reçu et les honneurs du martyre
et ceux de la sépulture. Pour ce qui est du martyre, ce n'est
point exact, et nous maintenons l'assertion en faveur de Sarcing ;
mais quant au lieu de la sépulture, c'est une autre question.
Les historiens de St-Léger les plus autorisés,
entr'autres Balderic, font une distinction entre le lieu du martyre
et celui de la 1re sépulture. Or une tradition locale, de la
plus haute antiquité, veut que le corps du saint martyr ait
été inhumé à St-Léger-Ies-Authie
avant d'être transféré à Poitiers. Le
père Daire s'en faisait l'écho au siècle
dernier. En cela il n'y a rien d'invraisemblable, car le cruel
Hébroin "avait ordonné que l'on conduisit le saint
dans une forêt et que l'on jetât ses restes dans quelque
ravin écarté, afin qu'il ne restât point la
moindre trace de sa sépulture*."
* Les Bollandistes : Biographie de
saint Léger
Le village de St-Léger-les-Authie qui
n'existait probablement pas alors, est bien situé dans un
ravin profond, et il est assez éloigné pour que le
corps n'ait pu être retrouvé, mais pas trop cependant
pour que la chose paraisse impossible, car il n'est pas distant de
trois lieues de l'ancienne forêt de Sarcing. On objectera que
la femme du comte Robert fit ériger un oratoire à
l'endroit même du martyre ? Très bien, mais cela ne
prouve pas que le corps du saint s'y trouvait.
Quant à nous, nous avouerons avoir un
faible pour la tradition locale. Il est étonnant combien les
traditions conservent le dépôt de la
vérité à travers les révolutions et les
bouleversements des empires : nous l'avons constaté cent fois
pour Authie et St-Léger au moment où nous avons mis la
main sur les précieux documents qui nous ont servi à
baser notre travail. Et nous avons compris pour la première
fois pourquoi l'Eglise catholique, qui porte avec elle
l'expérience de tous les siècles, attache tant
d'importance aux traditions orales.
e
village de St-Léger
Ce qu'il était autrefois et ce qu'il est
aujourd'hui
Culture - Industrie - Population
|
Le village de St-Léger est situé
à l'un des endroits les plus resserrés de la
vallée de l'Authie et comme enseveli dans un ravin profond,
car à 300 mètres avant d'y arriver, soit au Sud, soit
au Nord, on ne l'aperçoit nullement.
La vallée, dans laquelle il est assis et
dont nous avons suffisamment parlé, s'élargit à
l'Est vers Couin et Coigneux, mais plus encore à l'Ouest du
côté d'Authie. D'après cela, il est
évident pour nous que le château féodal, qui
remontait à une très haute antiquité, et le fief
principal sis au pied ont donné lieu à
l'agglomération qui forma plus tard le village. A l'ombre
protectrice du château, qui interdisait les invasions ou
incursions des peuplades voisines dans ce large ravin, les
habitations ont pu s'élever en toute
sécurité.
Il est difficile d'expliquer autrement le choix
de ce site si désavantageux sous plus d'un
côté.
Nico et
Printane
Il est parlé de St-Léger pour la
première fois, à notre connaissance, dans la charte de
Mgr Garin, évêque d'Amiens, vers 1140, car ce
prélat est mort en 1144. L'un des signataires de cette charte
est Ménard de St-Léger, gentilhomme ou chevalier, et,
selon toute apparence, seigneur de ce lieu.
Il en est parlé aussi dans la Bulle du
Pape Eugène III confirmative des biens de l'abbaye de
Molêmes en 1145, ainsi que dans celles du Pape Alexandre III en
1179 et 1180.
Autrefois et surtout au siècle dernier,
St-Léger était plus considérable que de nos
jours. La présence d'un château et de plusieurs fiefs
dont l'un n'est plus, l'existence d'un établissement
désigné sous le nom de Couvent de St-Martin, la
résidence d'un curé, la présence de nombreux
employés des Fermes du roi, une population d'un chiffre
plus élevé : toutes ces choses réunies donnaient
au village une plus grande importance et un autre aspect sous
certains points de vue. C'est à la fin du siècle
dernier, sous la grande Révolution et au début du XIXe
siècle, qu'il commença à
décliner.
En 1840, la population s'était accrue,
mais le choléra de 1848, par les nombreuses victimes qu'il
fit, l'amoindrit assez sensiblement.
Elle reprit de 1855 à 1870, et
excéda le chiffre de 275 ; aujourd'hui, on ne compte plus 200
habitants, par suite de l'émigration des ouvriers, et il ne
reste que 58 feux ou ménages.
En 1692, le village ne comptait que 38 feux ;
cependant, le chiffre de la population était presque aussi
élevé que de nos jours par la raison que dans les
familles les enfants étaient plus nombreux.
Vers 1855, un mouvement se produisit dans la
population à l'arrivée, dans la ferme de M. de
Louvencourt, de la famille Depretz et de tous les Belges que celle-ci
amena à sa suite pour l'exploitation de la chicorée.
Pendant 10 ans, cette plante étrangère au pays fut
cultivée à St-Léger, et exploitée dans
une usine particulière appelée
Tourillière, construite au centre de la vaste ferme.
Après le départ de la famille Depretz en 1872, il n'est
guère resté de Belges dans la
localité.
On y cultive les céréales, les
plantes oléagineuses telles que les colzas, les
illettes, surtout le lin ; et depuis quelques années, la
betterave à sucre.
De 1850 à 1865, la fabrication du
velours de coton fut la grande industrie du pays où elle
répand quelque bien-être. L'industrie linière y
fleurit simultanément, mais elle eut bientôt le
même sort qu'à Authie.
De nos jours, on en est réduit à
peu près aux travaux ordinaires de la culture qui a fait des
progrès étonnants depuis 40 ans*.
* En 1867,
au nombre des quelques communes du canton d'Acheux qui furent
primées par le Comice Agricole de Doullens, figura
St-Léger. Un simple cultivateur recevait la médaille et
une prime de 200 fr. pour l'ensemble de ses récoltes, et la
bonne tenue de sa ferme.
L'absence d'une industrie quelconque, surtout
pour l'hiver, oblige bon nombre d'ouvriers à quitter le pays.
le village de St
Léger les Authie durant l'hiver 2004-2005
hâtellenie
de St-Léger
Ancien château - Famille de Landas
Fiefs - Lieutenants et baillis de la terre de
St-Léger
|
Dans le plan que nous donnons de
St-Léger, nous marquons l'emplacement de l'ancien
château.
[plan
]
Il était situé sur le point
culminant de la côte abrupte qui se dresse derrière la
grande ferme et dominait non seulement le village, mais toute la
vallée à l'Est et à l'Ouest. Sa position
élevée, le ravin profond* qui l'avoisinait d'un
côté, le bois qui l'enveloppait de l'autre, formaient
comme une défense naturelle.
* Appelé
fossé Leturque, du nom d'un particulier qui habitait
auprès, en descendant la côte
Jusqu'ici son existence ne nous était
attestée que par la tradition ; par un accident de terrain, au
sommet de la côte dont nous venons de parler, qui est le
périmètre des anciens sous-sols ; et par des
lieux-dits, tels que le Bosquet du château, le
Guet, la Porte rouge reliée autrefois à
l'antique castel par un mur dont il restait encore des vestiges il y
a 40 ans.
A ces souvenirs viennent s'ajouter des
données historiques très positives notamment en ce qui
concerne les seigneurs.
La famille de Landas qui possédait tant
de châteaux ne pouvait guère habiter celui de
St-Léger dont elle était propriétaire. En 1748,
M. de Landas adressa au gouvernement une demande d'exemption
d'impôts pour le château de St-Léger. Elle
fut accordée à condition qu'il serait démoli. Il
le fut bientôt, et ses débris entrèrent dans la
construction de celui de Couin. Une partie des matériaux
servit à construire les magnifiques sous-sols de ce dernier,
tandis que les poutres énormes de la charpente servirent
à édifier les combles (...)
[château de
Couin]
(...) La famille de Landas suffit à elle
seule pour illustrer un petit pays comme St-Léger.
En 1645, elle fournit la preuve de ses
soixante-quatre quartiers ! C'est une des familles les plus anciennes
et les plus illustres du Hainaut : ses membres ont occupé les
plus grandes charges, ont été investis des plus hautes
dignités à la Cour de Mons et ailleurs. Plusieurs
furent députés aux Etats d'Artois et aux Etats du
Royaume. Au surplus, voici une note qui achèvera de nous
instruire sur cette célèbre maison :
"Nous, Claude de Berlaymont, conseiller du Roy,
son Prévost civil et criminel de la Prévoté
royale de Landrecy et ses dépendances, en Hainaut, savoir
faisons à tous ceux qu'il appartiendra qu'il est constant et
notoire, tant aux quartiers de la gouvernance de cette ville que tous
les environs et en plusieurs autres, que la famille de Messires de
Landas passe pour être une des plus nobles et des plus
anciennes sans contredit ; et qu'elle porte effectivement les armes
emmanchées de dix pièces, les unes dans les autres, de
gueules à dextre, et d'argent à senestre, avec un
cercle ou couronne de comtes ornée et enrichie à la
façon qu'elle se porte de pierreries et relevée de
dix-huit perles ; ayant connaissance de cette famille pour avoir
travaillé en qualité d'avocat pendant plusieurs
années, tant au Parlement de Tournay... qu'au service de MM.
Philippe-Ernest-André de Landas, chevalier, seigneur de Landas
même, les Potes en Hainaut, Rosme, etc, Baron de Grincourt et
autres lieux, originaire de la même famille, pour être
fils de feu seigneur de Landas, vicomte de Fleurival, seigneur de
Poix, gouverneur du Quesnoy... et pour être cousin germain du
seigneur de Landas, chevalier, seigneur de Louvignies près de
la ville de Bavay en ce même pays de Hainaut... "
Puis il prouve par de nombreux et divers témoignages que les
membres de cette famille ont toujours porté ces armes... Fait
en 1694.
Quant aux armes des Louvencourt, elles sont
d'azur à la fasce d'or chargée de trois merlettes,
accompagnée de trois croissants du second émail,
couronne de marquis. Supports : deux lions.
Le village de St-Léger a de tout temps
compté de bons établissements de culture, parmi
lesquels nous devons signaler celui qui a toujours existé au
pied même du château, et qui est actuellement la
propriété de la comtesse Monthureux. Une partie notable
de cette ferme (toute l'aile située à l'Est et l'angle
Nord-Est) fut incendiée le 20 Novembre 1864. Bon nombre de
bestiaux furent brûlés vifs sans qu'il y ait eu moyen de
les sauver.
Cette ferme est exploitée de nos jours
par M. Jean Grimbert et son beau-frère M. Hidoux.
Le Père Daire, dans son Histoire de
la Ville et du Doyenné de Doullens, après avoir
parlé d'Authie et de St-Léger, cite en terminant : "Le
fief de l'Escume, près de La Folie, mouvante de
Picquigny, tenu de la châtellenie de Vignacourt..."
La Folie, ferme située à
300 mètres du village, entre les deux chemins qui montent vers
Bus, figure sur la grande carte de Cassini présentée
aux Etats Généraux de 1789. L'établissement qui
y est marqué n'est autre que cette ferme. Des personnes
âgées se rappellent très bien en avoir connu les
restes, notamment une grange, au commencement du siècle. La
limite inférieure des bâtiments bordait le talus qui
court du calvaire au nouveau cimetière, entre les deux
chemins.
[carte de Cassini
]
Le nom de Folie lui fut sans doute
donné à cause de sa position singulière,
à mi-côte en dehors du village. Si c'était une
folie au point de vue de l'habitation, ce n'en était pas une
du point de vue de la culture, car il faut avouer que sous ce rapport
St-Léger est bien mal placé.
Il n'y a rien d'étonnant que ce fief
important ait relevé de Vignacourt en 1784, date de l'ouvrage
du P. Daire, car cette châtellenie était tenue par
les Louvencourt.
Quant au fief de l'Escume, nous ignorons
laquelle des fermes du village portait ce nom au siècle
dernier.
La seigneurie de St-Léger a toujours eu
son lieu de justice. Nous avons trouvé au château
de Couin le registre des minutes des jugements rendus par le bailli
de St-Léger en la salle des audiences.
Voici les noms de quelques lieutenants et
baillis :
- JEAN DE TRAMECOURT, bailly de
St-Léger-les-Authie
- COLARD CATELLAIN signe la coutume d'Authie
en sa qualité de lieutenant de Messire de St-Léger
en 1507.
- CHARLES HOURDENIQUET, lieutenant de la
terre et seigneur de St-Léger en 1678
- LENAIN, bailli de 1700 à
1720
- DELAMBRE François-Joseph, bailli de
1720 à 1750
- Messires D'HEILLY père et fils,
baillis de 1750 à 1775
- DOUDAIN paul, lieutenant de 1775
à 1793.
La seigneurie de St-Léger était
tenue noblement en fief et plein hommage de la seigneurie et
châtellenie d'Authie." (...)
Notice
sur St-Léger-les-Authie - 1885
Le nom du village
St-Léger, autrefois et aujourd'hui
L'ancien château
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Les Fermes du Roi à
St-Léger
L'ancienne église et la moderne
La commune
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Les coutumes
Les rues et les lieux-dits
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erci
de fermer l'agrandissement sino
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