l'abbé anicourt

 

Voici la Notice sur l'abbé Danicourt tirée du "Dictionnaire biographique international des membres du clergé catholique" publié en 1895 à Paris sous la direction de M. Henry Carnoy.
Source :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5604110d

 

 

"DANICOURT (abbé Ernest-Jean-Charles-Adéodat), né le 17 août 1846, à Saint-Léger-les-Authie (Somme), curé de Naours, diocèse d'Amiens, membre de la Société des Antiquaires de Picardie, de la Société d'Emulation d'Abbeville, de la Société française d'Archéologie, de la Société de Spéléologie, etc.

Les parents de M. l'abbé Danicourt, originaires d'Authie, se fixèrent à Saint-Léger vers 1834. Son père, Constantin Danicourt, fut longtemps maire de ce village. Sa mère, Sidonie Danicourt, était la sœur de Mgr Danicourt, lazariste, évêque missionnaire, durant 27 années consécutives, en Chine, où il fonda une foule d'œuvres et d'établissements. Mgr Danicourt introduisit en Chine les Filles de la Charité, malgré les difficultés causées par les mœurs du pays. Deux fois condamné à mort pour la Foi qu'il confessa généreusement, Mgr Danicourt put cependant revenir en France et rapporter les restes du martyr Perboyre. Il mourut à Paris en 1860 et fut inhumé dans le sanctuaire de l'église d'Authie.

M. l'abbé Danicourt commença ses études au Collège de Montdidier ; il passa bientôt à l'Institution Saint-Stanislas d'Abbeville, et fut reçu bachelier ès-lettres.
Encore sur les bancs du Collège, M. Danicourt eut la passion de l'Histoire. A Abbeville, on ne parlait que de Boucher de Perthes et de ses travaux. Le Moulin-Quignon, où eut lieu l'une des plus belles découvertes du grand savant, était voisin du lieu de récréation des élèves de Saint-Stanislas. Le jeune homme prit goût aux sciences préhistoriques et archéologiques.
Sa théologie terminée au grand Séminaire d'Amiens, il fut ordonné prêtre le 17 décembre 1871, et nommé vicaire de Ham, où il passa 14 années d'un ministère fécond en excellentes œuvres. Il remplit en même temps les fonctions d'aumônier militaire au fort de Ham, de 1874 à 1880. Depuis, il a conservé le titre d'aumônier volontaire en cas de mobilisation.

 

l'abbaye de Ham

 

Le 27 septembre 1885, M. l'abbé Danicourt était nommé curé de Naours, commune de 1 300 âmes, qui a conservé un grand esprit religieux et qui est regardée comme l'une des plus belles paroisses du diocèse d'Amiens.

 

l'église de Naours

 

M. l'abbé Danicourt consacre les loisirs de son ministère aux études d'Histoire et d'Archéologie.
Il se voua à ces recherches à la suite de visites fréquentes qu'il dut faire dans la riche Eglise abbatiale de Ham, dans sa Crypte incomparable et dans le célèbre Château-Fort.
Il publia, en collaboration avec M. Elie Fleury, une Histoire populaire de la ville et du Château de Ham.
La même année, M. Danicourt publia, dans le Journal de Ham, une notice sur Nicolas Flajollot, garde du génie, qui joua un certain rôle pendant la captivité du prince Louis-Napoléon.
En 1883, il collabora au Petit Almanach de Ham. En 1884, il publia dans la Picardie une étude qui fut tirée à part : Restauration de la Façade de l'Abbaye de Ham. En 1885, il donna, dans le Journal de Ham, une Notice biographique sur M. Ch. Gomart, le premier historien de Ham, auteur d'une foule d'ouvrages d'Histoire et d'Archéologie.

La même année, il publia : Histoire d'Authie, de son Prieuré conventuel, de son Château féodal, suivie d'une Notice sur Saint-Léger-lès-Authie. Pour réunir les matériaux de cet ouvrage, il avait fait des recherches considérables, notamment à Dijon et à Versailles, et il avait pratiqué des fouilles sur l'emplacement de l'ancien château d'Authie, dans le bois du Plouis, et sur l'emplacement d'un village voisin d'Authie qui a disparu depuis longtemps, ainsi que dans l'ancien cimetière mérovingien de ce hameau.

En 1888, M. l'abbé Danicourt publia son premier travail sur les souterrains de Naours, lu précédemment dans la séance publique du 21 février 1888 à la Société des Antiquaires de Picardie. L'année suivante, il publia un travail plus complet sur le même sujet, à la suite de nouvelles fouilles qu'il avait pratiquées. Il donna également : La Vie de Mgr Danicourt, de la Congrégation de la Mission, Evêque d'Antiphelles, Vicaire apostolique du Tchéé-Kang et du Kiang-Sy.
Entre temps, M. Danicourt a publié un certain nombre d'articles, dans le Dimanche, Semaine religieuse du diocèse, particulièrement des articles biographiques ou nécrologiques rarement signés. Une de ces études : Le Culte de la Sainte-Vierge à Ham, fut reproduite par les soins de Mgr Jacquenet dans les Sanctuaires de la Sainte-Vierge en Picardie. Dans l'Echo de la Somme, M. l'abbé Danicourt publia, de 1886 à 1888, divers articles sur ses fouilles et ses découvertes. Enfin, il a réuni tous les matériaux nécessaires pour une Monographie de Naours et un travail complet sur les Souterrains, qui sera orné de 30 planches.

M. l'abbé Danicourt est un historien doublé d'un archéologue dont les œuvres resteront. On lui doit la Restauration de l'Abbaye de Ham, monument du style Louis XIV, orné d'un portique grec d'une grande élégance. Cette restauration a été faite de 1880 à 1885.

 

le portique de l'abbaye de Ham

 

C'est aussi à ce prêtre distingué que l'on doit la Restauration du Chœur de Naours qui mérite d'être classé parmi les monuments historiques. C'est un des rares spécimens de l'architecture gothique du commencement du XIVe siècle ; il est de l'Ecole cistercienne, car les Bénédictins de Corbie avaient une résidence à Naours, dont ils étaient seigneurs et curés. Ce monument remarquable avait été mutilé et était devenu méconnaissable. Il fallut l'œil exercé d'un archéologue pour en soupçonner les beautés cachées. M. Danicourt coupa les toitures de deux sacristies qui dissimulaient de superbes rosaces, enleva les tableaux, les retables, les boiseries sans valeur qui encombraient les trois absides, au risque de mécontenter la population. Lorsque tout fut restauré, que les rosaces, les fenêtres géminées, les crédences, l'ancien sacrarium, les colonnes mutilées, les chapiteaux couverts d'un épais badigeon, lorsque tout cela fut remis en valeur, le bon goût se réveilla dans l'esprit de la population et il n'y eut plus qu'un cri d'admiration pour ce chef-d'œuvre d'architecture et de sculpture, l'un des plus beaux de l'arrondissement cite Doullens. Le Congrès archéologique de France vint, en 1893, sanctionner le sentiment populaire et augmenter l'admiration générale.

 

un graffiti - http://www.grottesdenaours.com
On y découvre toutes sortes de graffiti : de nombreuses inscriptions, du 14e au 18e siècle / des noms de rues et de places écrits par l'Abbé Danicourt, qui lui ont servi de repères dans ce labyrinthe / des noms et des dates gravées par les soldats lors des 2 guerres mondiales

 

l'autel - http://www.grottesdenaours.com
Cette table se trouve dans une des douze salles publiques où se réunissait la population.
Elle pouvait servir d'estrade pour les orateurs ou peut être pour des sacrifices d'animaux.

 

le grenier à sel - http://www.grottesdenaours.com
Vers 1750, au temps de la gabelle, les faux-sauniers (contrebandiers du sel) installent
leurs dépôts de sel dans des petits greniers et y attendent le départ des gabelous (douaniers).

 

Mais l'œuvre principale de M. Danicourt, celle qui lui fait le plus honneur, celle qui a eu le plus grand retentissement, c'est la Découverte et le Dégagement des Souterrains-Refuges de Naours. Cet infatigable chercheur y trouva la récompense de ses persévérants efforts et de ses longs travaux.
C'était en 1887. Depuis plus d'un an, il remuait le sol de sa paroisse, si fécond en souvenirs gallo-romains (on compte actuellement 16 emplacements de villas, de vigies, d'établissements des IIe et IIIe siècles), lorsqu'il fut amené par hasard à rechercher l'entrée des carrières de Naours comblées depuis 67 ans et que les octogénaires avaient connues. Après 15 jours de travail, M. Danicourt put pénétrer dans ce village souterrain. Aussitôt il en saisit l'importance et la beauté, et résolut de le déblayer. Pendant cinq hivers, il y travailla.
Chaque année amena de nouvelles découvertes. Le Congrès archéologique de France, réuni à Abbeville pour sa 60° session, consacra aux Souterrains de Naours une de ses six grandes excursions. Il a décerné à M. Danicourt une Médaille d'argent grand module.

 

le parc des Grottes de Naours 

 

Le vaillant curé a fouillé les terrains quaternaires de Naours. Il y a découvert de précieux témoins des âges préhistoriques. Débris de l'ancêtre du cheval, haches taillées et polies, dents de squales, débris monstrueux de l'Elephas primigenius, collection complète d'oursins, etc., sont venus, sous la pioche du terrassier, répondre à l'appel du disciple de Boucher de Perthes.

N'est-elle pas noble, cette carrière de prêtre laborieux ?
Le Clergé catholique ne donne pas que l'exemple de toutes les vertus : il est encore, comme au moyen-âge, un merveilleux foyer de science et de travail."
 

 

11 mai 1912
enterrement de l'abbé Danicourt, mort dans un certain dénuement

 

 

la sépulture de l'abbé Danicourt, dans le cimetière de Naours

 

 

 

 

 

Pour lire l'intégralité de Histoire d'Authie, de son Prieuré conventuel, de son Château féodal, suivie d'une Notice sur Saint-Léger-lès-Authie (19 Mo), cliquez ICI

 

 

 

 

 

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