Grand-père
fut toujours à la hauteur de ses ambitions. D'ailleurs, le mot
hauteur n'est pas de la démesure car à l'âge de
dix-huit ans, il battait le record départemental du saut
à la perche avec un bond de trois mètres quinze. Oh,
pas de coussins d'air ni de mousse pour la réception, mais un
simple bac à sable assoupli et allégé par les
dents d'un râteau. Il s'entraînait avec une perche en
bois et relevait souvent les défis pour épater la
galerie. C'est ainsi qu'il sauta plusieurs fois au-dessus de la
transversale des buts du terrain de foot. Il était connu
à Trith Saint Léger pour ses petits exploits. Hardi
et volontaire, il appréciait les enjeux et les confrontations
sportives. Un jour, les fumées des laminoirs du village
vinrent lécher les hauts sapins qui entouraient le stade
situé près de l'Escaut. Le vent se mit à
souffler en bourrasques et fit danser le sable du sautoir dans les
volutes d'une brume naissante. Spectres éthérés
dans un tourbillon de grains dorés
Voilà ce qu'il
voyait. Rien de plus. Il savait que le vent pouvait contrarier sa
course ! Mais dans chaque défi n'y a t-il pas un peu
d'excitation inconsciente ? "Oser pour ne pas regretter" était
sa maxime. Alors, avec sa perche comme balancier, il pointa les
éléments et s'élança cheveux au vent.
"Plus haut, encore plus haut, allez !". Il nargua le ciel devenu
proche, s'élança à vive allure et la perche,
dans un bruit sec, se cassa net en s'enfonçant dans le sol
sablonneux. Elle se transforma en lance acérée et lui
transperça le mollet. Semonce de vie ? Réprimande
d'action mal maîtrisée ? Nul ne le sait mais depuis lors
il ajusta la barre de ses envies à la hauteur de ses
compétences pour franchir sans encombre les étapes de
sa vie.
La guerre lui serra la ceinture,
surtout quand il se retrouva déporté en Allemagne,
parqué comme du bétail et rossé de coups et
d'injures. Dicté par la générosité d'un
cur sans rancune, il avait appris à pardonner pour se
libérer l'esprit. On pouvait emprisonner son corps mais pas
son esprit qui vagabondait encore dans le ciel de son enfance.
Là était sa force et les images qu'il se projetait
sentaient l'herbe tendre. Les bleuets. Les champignons. Le plat qui
mijote et les confitures de sa mère. Il se nourrissait des
beautés de son village. Il parcourait les sinueuses ruelles
aux secrets enfouis. Il longeait le sentier des fontaines près
des sources jaillissantes du coron Cocu qui doit son nom à un
boxeur régionalement connu. Il taquinait les brèmes
carpées du grand étang paradis des pêcheurs
fanfarons et rodomonts. Il arrivait à s'isoler, à
voyager, à vivre ses rêves qui détrônaient
l'injustice présente. Son âme devenait un écran
gigantesque de souvenirs où les films de sa jeunesse se
projetaient. Il se protégeait ainsi avec esprit contre les
griffures et les meurtrissures d'un ennemi sans cur. Alors il
se disait chanceux d'être encore habité de doux
souvenirs qui l'aidaient à vivre. Il se sentait fort et
n'hésitait pas, de ce fait, à tendre la main aux
âmes en détresse, démunies d'envie de former des
espérances.
Dans ces camps de
déportés, dans ces parcs où tout le monde
pataugeait sur des terres hostiles, la mort rôdait
inlassablement et frappait les moins résistants. Mon
grand-père n'avait jamais fumé et pourtant il ramassait
les mégots qui pigmentaient cette terre grillagée
d'humiliations, de flétrissures et d'avanies. Dire que son
action fit un tabac serait trop facile, mais de cette récolte
il allumait souvent la dernière cigarette aux hommes
étiques, faméliques et cachectiques. Il accompagnait
ainsi dans leurs derniers voyages ces moribonds
persécutés qui s'éteignaient lentement, les yeux
hagards, dans les volutes d'une dernière bouffée.
Difficiles années de sursis où tant d'amis sont
tombés près de lui et tant de fois la mort semblait
dire : "Je suis près de toi et je ne te lâcherai pas
!" Alors dans ces parcs de non vie, mon grand-père, qui
pensait lui aussi bientôt partir, marmonnait, soliloquait et
s'envolait bien souvent dans le ciel de son enfance. Un jour, alors
qu'il était perdu dans ses pensées lointaines, le vent
se leva soudainement. Les nuages s'entrelacèrent dans un ciel
mouvementé et lui écrivirent ce message : "Tout ce
qui meurt a vécu. Tout ce qui ne meurt pas ne vit pas."
Cette phrase avait une résonance particulière dans ces
antichambres de la mort. Valait-il mieux mourir que de ne pas vivre
intensément ? Valait-il mieux mourir pour que l'on reconnaisse
sa vie, son existence ? Mais il était encore jeune et
l'expérience lui manquait ! Il devait acquérir un
enseignement avant de partager un savoir ! Dans ces enclos d'hommes
décharnés et vidés d'envie, y avait-il un espoir
de se voir grandir ? Là où il n'y a pas de vie, il n'y
a pas de mort ? Vivait-il ? Tout s'embrouillait dans son esprit
Des larmes de pluie frappèrent ses yeux aux paupières
diaphanes et lui lavèrent ses noires idées. Un peu
groggy tel un boxeur sonné, il supplia le ciel qui pleurait
lui aussi à grosses gouttes. Il s'agenouilla. Ferma les poings
et hurla à s'en casser la voix ces mots de condamnés :
"Laisse-moi vivre ! Laisse-nous vivre !" Alors et allez donc savoir
pourquoi, la mort prit peur de l'immensité d'un cur.
Elle recula sous un ciel grommelant et le laissa vivre en
s'inclinant. Depuis ce jour, il s'accrocha fermement à la vie
et la savoura pleinement pour braver ainsi la fatale nuit des
temps...
Grand-père a toujours
aimé lire et connaissait Zola par cur. Tiens, il avait
inventé un procédé mnémotechnique sur son
uvre et le déclamait comme suit : "A Paris, Rome ou
Lourdes, l'Argent fait La joie de vivre des Nanas
qui pensent au Rêve d'Une page d'amour sans
Fécondité sur La terre qu'on appellerait
Au bonheur des Dames. Point de coup d'Assommoir sur le
prix du Travail mais de La vérité dans
Le ventre de Paris où L'uvre des femmes
non rabaissées au rang de Bête humaine embellira
nos pensées de Boutons de rose soufflés par un
Ouragan d'esprit." Il terminait tel un orateur qui revendique
ses droits : "Cha ch'ed mi et j'l'ai pondu en Germinal ! Oui
M'sieur, en Germinal." Que de belles soirées avec aussi
son auteur préféré, le poète mineur de
Denain, Jules Mousseron. Homme d'écriture et de scène,
ce conteur avait fait de Cafougnette son personnage fétiche.
Il colportait ses histoires dans tout le nord de la France et
glissait ses idées dans une musette remplie de papiers
griffonnés.
Ah ! le nord de la France ! Une des
grandes passions de mon grand père ! Les histoires de
Cafougnette bien sûr, les récits de Mononque Hubert et
ceux de Kapio, un personnage qu'il avait inventé de toutes
pièces. Les guinguettes et leurs flonflons. Les
accordéons des gloires locales. Les kermesses, les ducasses,
les carnavals et leurs géants. Dans la tristesse, il parlait
de l'horrible catastrophe de Courrières près de Lens du
10 mars 1906. Là, 1099 personnes périrent lors d'un
coup de poussière. Putains de poussières de carbone qui
s'enflammèrent et ravagèrent cent dix kilomètres
de galeries après une explosion d'une rare violence. Larme
à l'il, il contait le courage de treize hommes qui,
vingt jours durant, se creusèrent un passage dans les galeries
écroulées. Ils rampèrent et marchèrent
sur des kilomètres et des kilomètres pour enfin voir la
première main propre tendue. Dans ces boyaux de terre, ils
trouvèrent la force en se nourrissant d'avoine et de la viande
d'un cheval mort. Il poursuivait dans la douleur sur le récit
des obsèques du treize mars 1906 à la fosse commune de
Billy les Mines. Sous une tempête de neige, quinze mille
personnes se recueillirent dans le respect le plus profond pour
former le cortège humain le plus déchirant et le plus
long d'Europe.
Il était intarissable. Tenez !
Le soir, quand il nous racontait des histoires près de la
cheminée, même les mouches s'arrêtaient de voler
pour l'écouter. Il était un véritable conteur
venu d'ailleurs. Il s'exprimait parfois de façon emphatique,
mais ses mots étaient des pétales, ses phrases des
fleurs et ses histoires des bouquets de senteurs
Il aimait
tellement sa région qu'il voyageait toujours avec un petit
flacon empli de terre natale mélangée à quelques
éclats de "gaillette" d'anthracite et de boulets. "Ceci est
mon sol et je ne dois jamais l'oublier" disait-il. Parfois, et
c'était rigolo, il parlait en rouchi, patois de Valenciennes,
qu'il revendiquait avec force : "Essayer de faire taire le parler
d'un terroir, c'est tenter de réduire l'histoire au silence
pour oublier la parade du temps dans son défilé de
cultures." Je crois même qu'il était fier de sa
trouvaille. Tel un homme d'état ou un comédien sur les
planches, il hochait la tête en signe d'approbation et rythmait
ses mots de son index. Il défiait le ciel qu'il connaissait
tant et terminait toujours par : "Et cha ch'ed mi !" Il se faisait
fort de réciter en ch'ti aux bonnes gens venus d'ailleurs,
un de ses poèmes sur Trith Saint Léger, village
de son enfance et surtout de ses belles amours.
ACCUEIL TRITHOIS
T'as
biau aller bin lon à cacher et' quémin
Té peux pinser bin sùr qu'ailleurs ch'est
mieux qu'ichi
Et aller vir aute part cheux qui font des chichis
Mais ch'est toudis à t'village qu'é
t'arviendras d'main.
Les gins qui t'ont quer
et qui connaissent et' pére
Sont d'el même souche qu'é ti et ne t' f'ront
pas braire.
Ravisse autour ed' ti, arliève tes vrais amis
Et té verras qu'é té pinseras à
cheux d'Trith.
In a pas peur ed' taper
du poing sur el tap
Mais comme té sais, nos poings sont moins greux que
not' cur
Et y'aura toudis du rassacache et du rap
Pour chelui qui connot dins l'instant el
malheur.
Cacher : Chercher
Quémin : Chemin
Vir : Voir
Avoir quer : Aimer
Rassaquer : Retirer
Braire : Pleurer
Toudis : Toujours
Rassacage : Potée de haricots, de pommes de terre,
carottes, navets et chou cuite dans une soupe à la
jambette de porc d'où on la rassaque (retire)
|
Invité par un groupe de jeunes
de son âge à un pique-nique sur le Mont Houy, mon
grand-père fut troublé au premier regard par une jeune
femme aux pas hésitants. Elle avait des yeux d'un vert lagon
dans lesquels il ne pouvait que plonger. Ses longs cheveux noirs
contournaient son cou de déesse pour venir en natte caresser
le devant de son corsage. Broderie ou dentelle de Valenciennes ? Il
n'en savait rien, lui le sportif ! Pourtant la finesse de ce
chemisier à broderies blanches et bleues, gonflé par
deux seins cachés sous un tissu moiré, trahissait son
émoi. Elle s'avança timidement et lui présenta
un assortiment de tartes à gros bords, à la rhubarbe,
à "papin" et au coulis de myrtilles. Leurs yeux se
brouillèrent d'un trouble jamais rencontré
Leurs
mains hésitantes se frôlèrent et, quand mon
grand-père embrassa la tarte aux myrtilles, une douce chaleur
l'envahit et gonfla sa poitrine à en faire exploser son
marcel. Dieu n'existait pas. Il en était sûr et certain.
Qui lui envoyait cette émotion jamais rencontrée ? La
surprise attirante d'un hasard aimanté ? Le début d'un
destin prononcé ? Son esprit vagabondait dans les cieux et son
cur battait la chamade. Mais
Cette grâce
caressante, qui embrasait son cur d'un rouge émoi
d'amour, d'où venait-elle ? C'est alors, et allez donc savoir
pourquoi, qu'une voix intérieure lui murmura ceci : "Te
voilà amoureux et c'est elle qui t'accompagnera !" Il baissa
les yeux et cueillit délicatement une pâquerette pour
sauver sa face rubescente. Il tourna son regard et sourit au papillon
qui signait sur les bleuets échappés d'un champ de
blé l'instant de cet élan d'émotion et de
félicité
Isabelle
Gosset
Orpheline à l'âge de 10
ans des suites d'une guerre qui a laminé le nord de la France,
elle s'est retrouvée, tout simplement, pupille de la nation
dans un orphelinat à Orchies, près de Lille.
Accablée de désespoir, déchirée de sa
famille et séparée de son frère jumeau, elle dut
supporter le fardeau de l'existence sans pour cela renoncer à
la vie. Dans ces moments de désarroi où une main tendue
serait appréciée, l'impensable peut également
arrivé. C'est ainsi que le gestionnaire peu scrupuleux de cet
orphelinat s'est emparé des subventions de l'état
à l'adresse des pupilles de la nation pour s'enrichir à
l'étranger. Pas un sou pour ma grand-mère et pas un sou
pour ces orphelins innocents à l'adolescence détruite,
humiliée et mal chérie. Alors, à vingt et un
ans, elle se retrouva dans la vie active seule au monde,
désemparée et démunie de l'obole compensatrice
de l'état. Férocement déterminée à
affronter et combattre la folie des hommes qui martelaient encore de
leurs bottes les pavés du nord, elle claqua la porte de son
purgatoire et partit la tête haute, fusillant du regard son
passé. Doit-on pleurer et maudire ou se reconstruire et
construire ? Vivre dans le passé ou livrer bataille pour
organiser son avenir ? Animée d'une force de caractère
exemplaire, elle a su balayer du revers de la main l'hostilité
des hommes qui l'avait évincée du bonheur de
l'adolescence. Elle qui aurait apprécié Gérard
de Nerval quand il disait : "Profitons de l'adolescence car la coupe
de l'existence ne pétille que sur les bords...". Ou encore
Louis Pauwels : "L'enfance trouve son paradis dans l'instant. Elle ne
demande pas du bonheur, elle est le bonheur."
Alors, quand elle rencontra mon
grand-père lors d'un pique-nique, là-haut sur la
colline du Mont Houy qui surplombait l'Escaut, ses yeux se
brouillèrent d'émotion. Elle se sentit de suite
dévisagée, plutôt caressée d'un regard qui
avait tendance à lorgner ses dentelles. Travaillait-il aux
cent mille chemises sur la Place d'Armes à Valenciennes
? Aurait-il remarqué ses rougeurs monter ? Son teint rubescent
et son visage mal poudré ? Pourtant cet homme au regard gris
bleu acier et au corps d'athlète si bien moulé dans son
marcel aimait admirer virevolter les papillons, effeuiller d'amour
les pâquerettes et respirer l'air des collines aux senteurs
"champignonnées". Ceci, elle l'avait remarqué et
remarqué encore
Mais pourquoi avait-il choisi sa tarte
aux myrtilles ? Pourquoi dans tous ces assortiments avait-il choisi
SA TARTE ? Elle baissa les yeux, passa ses doigts dans ses cheveux et
allongea le pas dans le vent léger aux senteurs suaves. Un
souffle duveté vint alors lui caresser sa joue rubescente d'un
baiser qu'elle ne pouvait refuser... Dieu lui faisait un signe, c'est
sûr, et par cette grâce que rien ne pouvait repousser,
elle se mit à rêver en souriant aux anges. Son cur
se mit à battre la chamade et soudain une voix
intérieure lui murmura ceci : "Tu l'aimes déjà
et c'est lui qui te conduira."
Un jour, un cabas à la main,
elle traversa le pont en arc qui enjambait l'Escaut non loin des
écluses. Elle venait de Maing comme tous les mercredis acheter
sa viande chez Charlot Stevens dans le quartier du Fort à
Trith-Saint-Léger. Charlot était connu pour avoir
caché, face aux Allemands, des chapelets de saucisses dans son
pantalon. Il apportait ainsi aux personnes démunies quelques
réconforts tant recherchés. Dire qu'il avait
sauvé ses amis de la faim pendant la guerre, peut-être
pas, mais on en parle encore au village au banquet des anciens.
- Quel brave type ce Charlot ! Et sans faire un jeu de mots, on peut
dire qu'il en avait dans la culotte
Quand même, face aux
Allemands, ces bouffeurs de saucisses ! Vous vous rendez compte ?
Enfin d'un pas rapide elle
s'avança vers la boucherie charcuterie de ce
célèbre Charlot. Elle poussa la porte et un ding se fit
entendre :
- Bonjour ma p'tite dame ! lança le boucher.
- Bonjour m'sieurs dames ! répondit-elle d'une voix
fluette.
Les têtes se
retournèrent au bonjour de la p'tite dame. Et soudain ses yeux
cherchèrent le bout de ses chaussures. Une étrange
sensation l'envahit et elle piqua un fard. Elle n'allait quand
même pas défaillir ? Ce n'est pas ces lapins
dépiautés accrochés aux esses qui l'effrayaient
? Cette langue de buf qui la rebutait ? Mais quoi alors ? Elle
se ressaisit et releva la tête tout doucement. Des yeux gris
bleu acier la fixaient. Il était là. C'était
lui. L'homme qui avait choisi sa tarte là-haut sur le Mont
Houy lors du pique-nique. Qu'il était beau ! Il portait une
veste noire à rayures verticales sur une chemise blanche
à col arrondi. Son pantalon un peu large tombait sur des
chaussures
Oh ! Pas de cirage chez lui ? Serait-il un peu
souillon ? Non, il devait être pressé ce matin. Mais
quand même! Le jeune homme regarda lui aussi ses chaussures
poussiéreuses et d'un geste maladroit essaya de les faire
briller sur ses mollets. Qui n'a jamais fait ça ? Il fit alors
un petit pas de travers qui le mit mal à l'aise. C'est
à ce moment là qu'elle eut un léger sourire et
qu'ils se regardèrent.
Sa viande achetée, elle prit
le chemin du retour vers le village voisin, Maing. Arrivant au pont,
elle vit le beau jeune homme qui l'attendait. Oh mon dieu ! Le vent
m'a sûrement décoiffée. Il ne va pas me
remarquer
- Rebonjour ! essaya t-il.
- Rebonjour.
- Vous allez à Maing ?
- Oui je rentre chez moi. J'habite là-bas sur l'autre rive du
canal.
- Oh ! Moi je suis de l'autre côté, sur le chemin de
halage. En fait nous sommes face à face.
- On peut dire ça
- Nous nous sommes déjà rencontrés au Mont Houy
? Non ?
- Oui, à un pique-nique.
- Oh oui ! Les tartes !
- Pardon ?
- Vous m'avez servi ma tarte préférée. Je me
souviens, c'était une tarte aux myrtilles. Ma mère
pourrait en être jalouse car celle que j'ai savourée au
Mont Houy était bien meilleure que la sienne.
- Oh ! souffla-t-elle en rougissant
Oui je me souviens
aussi.
- Un prénom ?
- Comment ?
- Vous avez un prénom ?
- Hélène, dit-elle du bout des lèvres.
- Alfred. Moi c'est Alfred. C'est joli, Hélène.
Dîtes-moi, Hélène, nous pourrions-nous revoir
?
- Je ne suis pas souvent libre. Je travaille à la maison d'une
grande famille et je dois m'occuper des enfants
- Le dimanche aussi ?
- Dans l'après-midi je peux quand même me
libérer.
- Dimanche nous pourrions aller à la guinguette au champ
d'aviation ? Vous aimez danser ?
- Oh oui ! Mais voilà bien longtemps
- Taratata
Je vous emmène. Nous boirons une bonne
bière et nous danserons
D'accord ?
- D'accord.
- Je viendrai vous chercher dimanche à trois heures moins le
quart ici, sur ce pont. D'accord ?
- D'accord. Bon il faut que j'y aille. A dimanche donc ?
- A dimanche. Je serai ponctuel, Hélène.
- Je l'espère
Alfred.
Je l'espère, mais quelle sotte
je fais ! Que va-t-il penser de moi ? En fait je m'en fiche car je
suis heureuse et toute chamboulée. L'a-t-il remarqué ?
Je ne me retournerai pas car je sais qu'il me regarde. L'attente sera
interminable je le sais déjà. Mais chaque minute
passée dans l'attente ne peut que me rapprocher de MON
rendez-vous
Le ciel s'éclaircit et une légère brise vint
caresser son visage. C'est alors, et allez donc savoir comment,
qu'une voix venue d'ailleurs lui souffla ces quelques mots :"Le
bonheur n'arrive jamais seul et tu l'as trouvé."
- OUI ! explosa-t-elle en levant son cabas au ciel
Jean-François
Grégoire
Grand-père
ch'ti d'esprit
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Le
trésor magique, ou Secrets de famille
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