De
tout temps, le café de Vy-les-Lure fut un haut lieu de
l'animation du village.
Au début du siècle, au
temps du "Brandon restaurant" de la carte postale, les clients
venaient chez "le père Benoît". L'auberge
possédait des écuries importantes et quelques chambres.
Elle accueillait des voyageurs comme ceux qui se rendaient à
la foire de Villersexel et avaient pris l'habitude d'y loger.
Vy-les-Lure au
début du siècle, au temps du "Brandon restaurant
"
Acheté en 1913 par Jules
Hacquard, l'estaminet devint le "Café de la Poste". A la mort
de Jules, en 1925, il fut repris par Clotaire Mourey qui avait
épousé une de ses filles. Tout le monde le baptisa
alors "Chez Clotaire" et ce nom lui resta jusqu'en 1972.
Clotaire était également bourrelier. Son atelier se
trouvait dans la salle attenante à celle de l'actuel "Dany
Bar". Il fabriquait et réparait les harnachements pour les
boeufs ou les chevaux qui étaient utilisés en grand
nombre dans les transports et l'agriculture de l'époque. Il
possédait également un petit train de culture et c'est
surtout sa femme qui tenait le café. Les chevaux disparaissant
peu à peu, son activité de bourrelier diminua, mais il
continua à l'exercer jusqu'à la fin des années
40, rendant des services et faisant de petits travaux pour les gens
du village qui faisaient encore appel à son savoir-faire.
"Chez Clotaire" fut une véritable institution dans la vie de
Vy-les-Lure. Tous les mariages s'y déroulaient. Quand les
élus sortaient d'une séance du conseil municipal, ils y
faisaient une halte obligatoire.
La Grand-Rue a bien
changé, mais le bar est toujours là
!
Le café possédait un
piano mécanique qui faisait danser les invités des
noces ou les fêtards de carnaval. Il s'équipa d'un jeu
de quillettes, puis d'un billard russe et d'un baby-foot, mais il
connut surtout ses heures de gloire à l'occasion de la
fête patronale.
Le patron de la paroisse est saint
Léger. On le célèbre le 1er octobre.
"La fête patronale était un événement
et tous les habitants du village y participaient. Pour les gens,
c'était bien plus important que Noël ou le Nouvel An...
", se souvient Mme Affolter qui aida, plus tard, sa tante
à tenir le café.
"Clotaire était responsable du bal monté qui se
tenait rue Saint Léger, en face de son café. Les
propriétaires du terrain n'hésitaient pas à
démonter la clôture de leur jardin pour permettre
l'installation d'un chapiteau ! A côté du café se
tenait un tir où les hommes allaient "casser les pipes". Il
fut longtemps tenu par les "Borgnet". Plus loin, jusqu'à
l'église, se trouvaient des bancs où l'on vendait du
nougat, des sucreries, des loteries... Le manège pour les
enfants était monté dans la cour de l'école. On
trouvait également des balançoires et des cricris.
Cette distraction était l'une des seules de l'année et
le bal était toujours plein. Les anciens allaient regarder
danser les plus jeunes, et les commentaires allaient bon train ! Ce
jour-là, le premier prix du concours de quilles était
un mouton que tous se disputaient. Les conscrits en profitaient et
faisaient durer la fête toute la semaine. Enrubannés,
ils allaient donner l'aubade à leurs conscrites. Cuny,
l'entrepreneur du bal, les accompagnait avec son
piston."
Passé le temps des
fêtes, "Chez Clotaire" resta un lieu où se donnaient
rendez-vous les habitués. Certains venaient de Lure pour
"taper le carton". L'ancien garde-champêtre de Vy-les-Lure,
lorsqu'il fut à la retraite, fut l'un des rois de la belote.
Comme l'ambiance était détendue et comme le patron
n'hésitait jamais à offrir "sa tournée", on
comprend que le souvenir de Clotaire soit encore bien présent
dans la mémoire de nombreux habitants du village !
Remerciements à Danièle
Henry, Robert Stadler, Mme et M. Affolter, André et Jacques
Lassauge
Source : http://www.alsapresse.com/jdj/00/08/23/HS/article_1.html
Textes et photos : Michel
Bregnard
Mercredi 23 août 2000
vue aérienne
de Vy les Lure
http://mairie.wanadoo.fr/mairievyleslure/index.htm
https://www.stleger.info