la chapelle de Saint-Léger (Lucheux - 80)

 

Nous vous proposons 2 textes :

  • le 1er date de 1863 et est tiré de "Histoire de la ville de Doullens et des localités voisines", de A.J. Warme
  • le 2e date de 1936 et est tiré de "Visite archéologique à Lucheux" de Raymond Dubois.

Toutes les photos (hors la carte postale ancienne !) ont été prises en août 2005.

Septembre 2007 : Marcel Phalempin, secrétaire de l'association des Amis de St Léger (Lucheux), nous précise que des religieux Carmes construisirent, au XVe siècle, une nouvelle chapelle sur les ruines de l'ancienne et la desservirent jusqu'à la Révolution. En 1867, le chanoine Lematte, curé de Lucheux, racheta et restaura la chapelle de Saint-Léger mais ce sanctuaire, malmené par les nombreuses troupes au repos à l'arrière du front en 14-18, s'écroula en 1922. La nouvelle chapelle, sur laquelle veille les Amis de St Léger, a été bénite le 2 octobre 1932.

 

Pour faire le lien entre Lucheux et Sus St Léger

 

 

(...) "L'église est placée sous le vocable de Saint-Léger, et lorsque les habitants de Lucheux sont interrogés sur le motif qui a porté leurs ancêtres à l'adoption de Saint-Léger pour leur patron, ils montrent le lieu où il a été martyrisé, sur l'un des points les plus rapprochés de leurs habitations, où il existe encore debout une vieille chapelle abandonnée qui paraît avoir été construite en mémoire de l'évènement dont nous parlons et que plusieurs légendaires ont expliqué, ainsi que nous croyons devoir le faire nous-même d'après la tradition parfaitement conservée sur les lieux et la vie écrite de saint Léger.

 

fresque à l'intérieur de la nouvelle chapelle de St Léger

 

Tous nous disent avec l'éloquence du panégyriste le plus éclairé : que saint Léger est né Poitevin, au commencement du VIIe siècle ; qu'il fut appelé en 656 à la Cour par la reine de Neustrie, sainte Bathilde, pendant la minorité de son fils Clotaire III ; qu'il la servit utilement de ses conseils ; qu'à la mort de ce prince, il contribua puissamment à l'élection de Chilpéric II, au détriment de Thierry III, que soutenait Ebroin ; mais qu'ayant été calomnié auprès du roi, il fut disgracié en 678 et s'enferma au château de Luxeuil ; que Thierry, successeur de Chilpéric, l'en fit sortir et le rendit à son diocèse ; qu'à peine rentré dans Autun, cette ville fut investie par Ebroin, maire du palais ; que le saint évêque, pour éloigner les maux d'un siège, se livra à son ennemi, qui lui fit crever les yeux (676) puis trancher la tête (678) dans la forêt de Lucheux.

 

 

On ajoute que saint Léger fut transporté après sa mort, malgré l'évêque d'Arras dont Lucheux dépendait et celui d'Autun qui le réclamait également comme ayant été le prélat diocésain de cette ville, du lieu de sa sépulture provisoire à Saint-Maixent, province du Poitou, lieu de sa naissance, avec beaucoup de solennité et de stations nécessitées par l'affluence des populations qui se précipitaient sur son passage pour réclamer sa protection et ses prières. Les détails qui précèdent sont confirmés par les habitants de Saint-Léger-lès-Domart, qui ont aussi saint Léger pour patron ; mais ceux de Saint-Léger-lès-Authies, canton d'Acheux, prétendent que leur patron, qui est également saint Léger, fut inhumé dans leur village, peu après qu'Ebroin l'eut fait mourir dans le bois de Lucheux ; ce qui forme une dissidence sur laquelle on pourrait s'éclairer en consultant les archives du diocèse de Poitiers.

Sur un‘ point de la forêt de Lucheux opposé à celui sur lequel nous venons de nous arrêter et où nous avons pu voir la chapelle de Saint-Léger qu’on paraît se disposer à restaurer, se trouve une vaste pelouse où on ne doit rencontrer que la joie et des amusements plus ou moins bruyants, puisque ce lieu solitaire n’est visité que dans ce but par les habitants des lieux voisins ; la pelouse invite à la danse, une fontaine se plaît à donner son eau pure pour la mêler au besoin au vin qu’on a apporté, et des allées solitaires se présentent pour la promenade. Ce sont tous ces attraits qui plaisent aux nombreuses familles qui visitent cette partie du bois pendant la belle saison.

Les bois de Lucheux offrent des ressources de toutes natures, puisqu’en y faisant des ventes annuelles considérables, les marchands de bois y trouvent des aliments à leur commerce, en même temps que les artisans en achètent pour faire des sabots, des planchettes à tonneaux et autres objets de cette nature, des instruments façonnés avec plus ou moins d’art par les tourneurs, et il en reste encore assez pour alimenter les foyers des habitants des lieux voisins" (...)

Histoire de la ville de Doullens et des localités voisines
A.J. Warmé - 1863

 

 

Lucheux (Somme) - Chapelle St-Léger
Ruines d'un hospice et d'une chapelle, bâtis vers 1600 par les Carmes
sur l'emplacement où St-Léger subit le martyre, le 2 octobre 678

 

Lucheux - Ruines de la Chapelle St-Léger
Cette chapelle a été bâtie vers 1600, par les Carmes,
sur l'emplacement où St-Léger subit le martyre en 678.

 

La Chapelle de Saint Léger

Je suis une chapelle au fond d'un petit bois
Une chapelle où j'ai prié souventes fois
Il faut, pour la trouver dans son nid de verdure
Descendre un long chemin caché sous la ramure

Persécuté, martyrisé, c'est en ce lieu
Que l'évêque d'Autun, patron de mon village
Dont l'ennemi cruel avait crevé les yeux
Fut jeté dans un puits, après un long voyage
C'était il y a plus de mille trois cents ans
Le 2 octobre de l'an 678
Mais la foi, triomphant depuis la nuit des temps
Fit élever des sanctuaires
Des lieux de culte et de prières

Saint Léger a laissé son nom depuis toujours
A des églises, des villages et des bourgs
Mais c'est près de Lucheux, de Sus et d'Humbercourt
Aux confins de l'Artois de la Picardie
Qu'il a donné sa vie

Texte écrit par un monsieur originaire de Sus Saint Léger

 

 

CHAPELLE SAINT-LÉGER

(...) "A quinze cents mètres de la sortie du bourg, vers l'est, quelques restes de l'ancienne chapelle Saint-Léger se voient encore. Grâce au zèle de M. l'abbé Espinouze, curé actuel de Lucheux, une chapelle neuve, de style très moderne, vient d'être construite tout contre ces ruines.

 

 

On lit sur la façade de cette nouvelle chapelle : "Ici, le 2 octobre 678, Saint Léger, évêque d'Autun, fut martyrisé et inhumé." Or les innombrables auteurs qui ont traité le sujet (le dernier en date est Dom H. Leclercq, art. Léger du Dict. d'Archéol., Chrét., Paris, Letouzey, 1928, col. 2486) ne s'accordent que sur un point : le lieu de la sépulture est différent de celui du martyre.

 

la nouvelle chapelle, datant de 1932, édifiée sur le site de la mort du saint
Un pèlerinage annuel a lieu le 1er dimanche de septembre.

 

L'un des édifices qui ont précédé cette ancienne chapelle sur le même emplacement, l'oratoire de la "villa" mérovingienne de Sarcingum, avait abrité pendant deux ans (678-680) le premier tombeau de saint Léger. Les chapelles qui au cours des siècles se sont succédées en cet endroit (devenu désert à mesure que les habitations de Sarcingum se rapprochaient des murs de la ville pour former le Cherchin actuel) ont rappelé aux générations le souvenir du martyre de saint Léger. Cependant le lieu même du martyre était différent. Il avait eu pour théâtre les profondeurs d'une forêt voisine, nommée, de ce fait, Sylva Sancti Leodegarii (cf. Baldéric, Chron. d'Arras et de Cambrai, éd. Le Glay, 1834 (et autres), lib. I. cap. XX.). Ce nom, modifié en Selve Saint Légier puis Sen Saint Légier, est devenu celui du village de Sus-Saint-Léger qui, à la suite de défrichements, s'est trouvé construit à l'emplacement des solitudes boisées où le saint trouva la mort." (...)

Visite archéologique à Lucheux
Raymond Dubois - 1936

 

 

 

La légende (?) veut que saint Léger, décapité, ait marché de son lieu de martyr jusqu'à Lucheux en portant sa tête dans les mains.

Ci-contre une représentation de saint Léger céphalophore (= qui porte sa tête) dans l'église de Peyrilhac (Haute-Vienne - 87).

 

 

 

l'église Saint-Léger de Lucheux

 

l'église Saint-Léger de Lucheux, photographiée en 1905

 

Les exceptionnels chapiteaux romans historiés de l'église de Lucheux ont été sculptés au cours de la première moitié du XIIe siècle et n'ont jamais été restaurés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

une femme tenant son bâton
et poursuivant un âne
au-dessus, un monstre agressif
dont la queue s'épanouit sous la croupe
 

 

Si la Picardie est plus connue pour la beauté de ses cathédrales gothiques, la période romane, beaucoup plus discrète, ne subsiste qu'à travers de nombreux édifices ruraux.

L'église de Lucheux, par ses curieuses voûtes d'ogives du chœur et par ses chapiteaux est un rare témoignage du talent et de l'inventivité des bâtisseurs du Moyen Âge.

 

Deux personnages obèses et accroupis s'opposent par les coudes et les genoux.
A remarquer leur chevelure et leur barbe soignée,
ainsi que l'encolure de leurs vêtements ornée de perforations.

 

Un personnage au visage grossier, richement habillé, et portant une ceinture autour du cou,
semble mal conseillé par un pourceau et un serpent curieusement noué 2 fois sur lui-même.

 

L'église fut construite en 1130-1140 par Hugues II de Campdavesne, seigneur de Lucheux. Elle fut dès l'origine dédiée à St Léger, évêque d'Autun, venu évangéliser la région au VIIe siècle et qui a été martyrisé et décapité en forêt de Lucheux.
Elle est classée Monument Historique.

 

 

meurtre en pleine messe dans l'église Saint-Léger

"C'est dans cette commune de la Somme, près de Doullens, qu'un crime a été commis par Hugues III Campdavesne. Son père, bâtisseur en 1120 du château fort de cette cité médiévale, l'avait envoyé combattre en terre sainte. Mais les nombreux combats et les massacres durcirent le cœur du valeureux chevalier. De retour dans la cité, il devient comte de Saint-Pol, puis baron de Lucheux, à la mort de son père. Mais le chevalier se conduisait en seigneur tyrannique. On ne comptait plus ses exactions et ses actes de cruauté : incendie de l'abbaye de Saint-Riquier avec ses moines enfermés à l'intérieur, assassinat de son voisin, le comte de Ponthieu, attiré dans un guet-apens en forêt de Lucheux...

En 1131, Hugues III décide d'assassiner, en pleine messe, le curé de Beauval qui lui avait fait une remontrance pour être entré dans la maison de Dieu avec son chien et armé de sa dague.
"Pour toute réponse et sans autre forme de procès, Hugues Campdavesne le transperça de son épée alors que le prêtre descendu de sa chaire revenait vers l'autel" précise Pierre Laloi, passionné d'histoire locale et plus particulièrement de celle de Lucheux, où il était instituteur et secrétaire de mairie.

Pierre Laloi nous montre l'endroit où le curé de Beauval a été assassiné.

Le pape Innocent II prononça l'excommunion du comte de Saint-Pol. Cette sanction suprême était infamante en ces temps de grande croyance et de piété. Pour faire amende honorable et essayer de se racheter, il fit don d'une grande partie de ses immenses domaines et finança la construction de trois grandes abbayes dont celle de Cercamps, près de Frévent."

Source : Eric Sara - le Courrier Picard du 19 août 2010

http://www.courrier-picard.fr

 

 

 

diverses représentations du saint Léger dans l'église

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les vitraux datent de 1948.

 

 

 


tiré de "Les beffrois de la terre jusqu'au ciel"

Les beffrois de la terre jusqu'au ciel

L'ouvrage vous propose un voyage initiatique autour de 52 beffrois du Nord-Pas de Calais, de la Picardie et de la Belgique. Les aquarelles de Jean Pattou invitent le lecteur à une promenade entre ces tours singulières, depuis la baie de Somme jusqu'aux confins de la Flandre belge. Au travers de contes symboliques, de clins d'œils historiques ou encore de récits contemporains, Marie-Lavande et Philippe Laidebeur mettent en scène le quotidien de ces beffrois.

 

 

 

Hommage à l'évêque d'Autun

"Il y a des traditions qui ne se perdent pas chez les Amis de Saint-Léger. Et cette cérémonie en l'honneur de Saint-Léger ou Léodegard - l'évêque martyr d'Autun qui a joué un rôle politique important dans les soubresauts de la monarchie mérovingienne finissante - en est, d'ailleurs, la preuve.
Car c'est justement dans la forêt de Lucheux qu'il a été torturé vers 678 par Ebroïn, seigneur du palais de Neustrie, qui ne supportait pas de voir cet évêque plus apprécié que lui par la population.

Dimanche, les pèlerins ont organisé une grande procession au départ du camping.

Juste après la moisson, la tradition veut que l'association des Amis de Saint-Léger lui rende hommage. Une manifestation qui s'est déroulée dimanche et qui a débuté au au camping municipal de Lucheux par une procession.
Une fête un peu particulière cette année puisque c'est la première fois que la messe dominicale n'a pas été célébrée à Doullens.
L'abbé Arnaud Lejeune est venu officier directement dans la petite chapelle érigée dans la forêt de Lucheux en la mémoire du saint.
Les abbés Jacques Gressier - en retraite depuis l'année dernière - et Jean-Louis Guérin-Boutaud étaient aussi présents aux côtés du curé responsable des paroisses Saint-Pierre et Saint-Paul.
Cette fête très conviviale s'est poursuivie dans la clairière autour du verre de l'amitié. Une bonne centaine de personnes a ensuite partagé un repas composé notamment de filets de saumon grillé et de jambon à l'os."

Source : Eric Sara - le Courrier Picard du 4 septembre 2013

http://www.courrier-picard.fr

 

 

 

Lucheux, petite ville moyenâgeuse de Picardie

le beffroi et le château du village

 

 

 

 

https://www.stleger.info