Saint-Léger, village disparu

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la petite chapelle Saint Léger - St. Luggert près de Hirtzbach

 

Le passage qui suit est tiré de l'ouvrage de Maurice Higelin "Altkirch au cours des siècles - Notes historiques avec guide d'Altkirch et des environs", paru en 1919.
Les photos proviennent de la page
http://j-ehret.com/kapellen.htm qui recense les chapelles en Alsace - L'accueil du site est ici : http://j-ehret.com/.

 


 

En avril 1446, les Bâlois marchèrent contre Altkirch. Ils firent dix prisonniers et tuèrent quatre hommes devant la ville.
Carspach et Hirtzbach furent, avec 8 autres localités du Sundgau, incendiées et pillées, et c'est vraisemblablement aussi au cours de cette expédition que le village de Saint-Léger (Sankt-Luggert), situé entre Carspach, Hirtzbach et Fulleren, fut complètement anéanti. Mais il n'est pas impossible que Saint-Léger fût déjà dépeuplé par la peste funeste de 1427.
Saint-Léger appartenait à l'abbaye d'Oelenberg. Dans son livre "L'ancienne Alsace à table", Ch. Gérard nous donne la liste des mets qui devaient être servis au prieur quand il venait à Sankt-Luggert : pour l'arrivée, pain blanc, poule, fromage et fruits ; avec cela du vin nouveau ; pendant la durée du séjour, deux repas par jour comprenant : bœuf, veau, poulets rôtis et le vin.

 

la chapelle Saint Léger

 

La tradition rapporte que, lors de la destruction, seuls trois habitants purent se sauver, l'un vint à Carspach, l'autre à Hirtzbach et le troisième à Altkirch. Il arriva ainsi que la possession du ban de la commune fut revendiquée par les trois bourgs. Ces propriétés communes, notamment les bois et les prairies, donnèrent lieu à de continuels conflits.
Il n'est pas impossible que les Altkirchois reçurent alors le surnom de "fendeurs de lentilles" à cause de la mesquinerie dont, au dire de leurs ennemis, ils faisaient preuve dans ces conflits. L'autre surnom de "lécheurs d'assiette" est partagé avec les habitants d'autres villages.
Il existe dans les archives d'Altkirch un jugement de Sigismond d'Autriche, de 1480, qui ratifie un compromis établi en 1467 entre la ville et la commune de Hirtzbach. Altkirch et Hirtzbach devaient profiter en commun des revenus du village.
En 1833, la vieille église de Saint-Léger était si délabrée qu'elle dut être abattue ; le chœur subsista et fut transformé en chapelle. Celle-ci a été démolie par les obus allemands pendant la première guerre mondiale.

 

la chapelle Saint Léger

 

En 1865, on a entrepris des fouilles à l'emplacement de l'ancien cimetière du village disparu. Tous les ossements trouvés furent réunis dans une tombe commune et le baron Hesso de Reinach de Hirtzbach y fit élever un monument qui porte sur les quatre côtés ces inscriptions : "A la mémoire des habitants de l'ancienne commune de Saint-Léger qui reposent en ces lieux." – "Arrêtez-vous, pieux passants et priez pour eux." – "Demeurez en paix" – "Ce monument a été érigé par le maire de Hirtzbach, le 2 octobre 1865."
Des lieux-dits rappellent encore l’existence de ce village, comme "Sankt Glücker", "Kohlacker", "Glückermatten", "Bergstell" (l’emplacement du château mentionné dans un terrier de l’Oelenberg), "Glückerwald", "Weschenwasen".
On prétend encore aujourd'hui que l'on y aurait vu autrefois des processions de revenants, qu'on y aurait entendu des cloches souterraines et qu'une dame blanche, certaines nuits, hante les lieux : cela n'est pas étonnant dans ce pays du Sundgau, si riche en légendes ! 

 

 

 

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